Avoir été un très bon élève à l’Institut de Genech pour apprendre les métiers de la pépinière, avoir eu pour maître de stage le fameux « Pierrot Hennebelle » pépiniériste aussi savoureux dans la vie que connaisseur de la flore ligneuse des jardins décoratifs et, enfin, avoir eu l’opportunité d’être un des stagiaires « chouchou » de la princesse Sturdza au jardin « Le Vasterival » avant d’en devenir le conseiller botanique : voici trois raisons majeures qui ont fait de Didier Willery un de nos meilleurs experts français en Art des Jardins. Et si l’on ajoute le poste de conseiller éditorial qu’il occupe dans la branche française de l’éditeur Eugen Ulmer, voici à grands traits le CV de ce garçon brillant qui signe les textes et les photos d’un gros livres de 400 pages « Dingue de plantes ».
Cet excellent communicant a démarré son jardin personnel il y a 25 ans, autour de sa maison de Camblain-Châtelain (62). La parcelle a grossi avec le temps pour atteindre à ce jour un quart d’hectare, ce qui est assez peu si l’on considère tout ce qu’on y trouve. Didier a un talent singulier pour associer les plantes entre elles. On sent l’enseignement reçu au Vasterival, puisque Greta Sturdza était connue pour les mélanges réussis. Avec sa position au coeur d’un tissu horticole collaboratif, il est à la bonne place pour recevoir les nouveautés. Il teste leurs qualités. Il les observe durablement pour voir comment elles se comportent : arbres, arbustes, vivaces, rosiers, grimpantes, fruitiers. Cela donne des articles bien documentés pour la presse : l’Ami des jardins en premier lieu, avec reprise sur son blog : http://didierwillery.com
C’est un jardin de structure forte inspiré des jardins à la française. Il se divise en douze parcelles qui ont des thèmes. Toutes ont un point commun : une allure naturelle et spontanée qui dissimule la rigidité du cadre fait de bordures taillées et de petites haies.
Dans ce pavé littéraire et horticole passionnant d’expériences jardinières toujours vécues et souvent nouvelles, on passe en revue la plupart des plantes invitées chez Didier et comment il les organise entre elles. Forte influence des souvenirs accumulés dans le jardin de la princesse et les autres jardins et pépinières qu’il a visités ! Son domaine est un miroir de ce qu’on peut faire chez soi sans dépenser des sommes folles et sans que cela prenne trop de temps. Ne dit-il pas pour lui une demi-journée par semaine ! même s’il est un peu aidé par épouse et enfant.
Les expériences qu’il mène dans ce jardin de charme et jardin d’essai à la fois en font un lieu tout autant unique que son livre est abondant et généreux. Pas une seule page sans une observation judicieuse, sans un message d’encouragement pour les lecteurs qui vont s’y plonger. Succès, échecs, tentatives risquées, tout y passe, tout est décrit. Les lecteurs sont aussi avertis d’entrée : aucun produit phytosanitaire n’a jamais franchi le seuil de cette maison.
* Dingue de Plantes, par Didier Willery, 35 euros, Editions Ulmer. ISBN : 978-2-84138-801-1