De longue date, les hommes ont observé la disparition automnale de certains oiseaux et leur réapparition au printemps, ce qui n’a pas manqué de les intriguer et de donner lieu à des théories qui peuvent aujourd’hui faire sourire, mais qui ont pourtant perduré plus de deux millénaires. Dans son « Histoire des animaux », le philosophe naturaliste grec Aristote admet le principe de la migration de certains oiseaux : « Il y a des animaux qui trouvent dans les lieux mêmes où ils habitent de quoi se défendre contre les inégalités des températures, d’autres changent absolument de domicile. «
« Les grues par exemple passent des plaines de la Scythie (actuels Kazakhstan et Ukraine) aux mares de la Haute-Egypte, vers les sources du Nil. Les pélicans changent également d’habitat. Ils vont du Strymon (fleuve qui coule en Grèce et Bulgarie) au Danube et c’est là qu’ils font leurs petits. » Mais il écrit aussi l’incroyable : « Il ne faut pas croire que tous ceux qui disparaissent s’en aille dans des climats plus chauds. » Selon lui en effet, pour passer la mauvaise saison, milans, hirondelles, cigognes, merles, tourterelles et alouettes tombent dans une sorte de léthargie au fond des étangs après avoir perdu leurs plumes et n’en sortent qu’au printemps suivant, alors revêtus d’un beau plumage.
Marc Duquet observe et étudie les oiseaux depuis plus de 45 ans. Co-fondateur et rédacteur-en-chef de la revue d’ornithologie de terrain Ornithos, cet expert des passereaux et des rapaces de l’hémisphère Nord est l’auteur de nombreux ouvrages comme « Identifier les oiseaux par la couleur » ou « Le petit guide ornitho » des guides spécialement conçus pour les débutants et de beaux-livres thématiques comme « Sexe et séduction chez les oiseaux » ou « Il faut sauver nos oiseaux ! » tous parus chez Delachaux et Niestlé. Chez le même éditeur il produit en 2021 « Migrations, Pourquoi et comment migrent les oiseaux » que voici.
Aristote avance également une autre théorie fantaisiste, qui n’est rien d’autre que la transmutation saisonnière des rouge-gorges en rouge-queues. Il écrit en effet « Les rouges-gorges et ceux que l’on appelle rouge-queues sont une métamorphose de l’un et de l’autre : le premier étant un oiseau d’hiver, l’autre un oiseau d’été. »
Le comportement migratoire des oiseaux peut apparaître comme une réalité immuable. Pourtant les oiseaux primitifs, descendants directs des dinosaures, n’étaient pas migrateurs. Au cours de l’évolution, certains oiseaux modernes le sont devenus, mais parmi eux quelques-uns ont entrepris de cesser de migrer. Exemple avec l’étourneau sansonnet : originaire d’Eurasie qui a colonisé l’Amérique du Nord. Mais seuls les oiseaux nichant dans les régions nordiques du continent ont conservés leur comportement migrateur. Les autres sont devenus sédentaires.
Mouette de Sabine. Après s’être reproduite en juin-juillet dans la toundra sibérienne, cette belle mouette longe les côtes européennes en fin d’été pour aller hiverner en mer à l’ouest de l’Afrique australe.
Photo ci-dessus. Eperviers à pieds courts. Au printemps, des vols de quelques centaines voire de milliers d’éperviers à pieds courts migrent à Eilat, le record journalier étant de 25522 oiseaux le 25 avril 1994 ! Avec près de 1,2 millions de rapaces migrateurs chaque printemps (février-mai), Eilat, station balnéaire israélienne située à la pointe nord du golfe d’Aqaba, est l’un des principaux sites migratoires mondiaux, après Veracruz et Panama.
Photo ci-dessous. Autre record : un courlis corlieu a parcouru en cinq jours et d’une seule traite 5500 kms au dessus de l’Atlantique pour revenir nicher en Islande depuis ces quartiers d’hiver ouest-africains.
Photo tout en bas. Hirondelles rustiques. Compte tenu de sa répartition cosmopolite, l’hirondelle rustique peut être vue le long de toutes les grandes voies migratoires mondiales.
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29,90 euros
novembre 2021