Laval – printemps 2016. Qui aurait imaginé lors de son ouverture le 20 juin 1967 le succès international de ce qui s’appelle alors modestement « le Musée Henri Rousseau » et aujourd’hui de manière plus informative « le Musée d’Art Naïf et d’Arts Singuliers »? C’est le premier et unique établissement français consacré à l’art naïf. Le château de Laval sert d’écrin à cette collection exceptionnelle qui présente le travail d’artistes autodidactes majeurs à l’image de Henri Rousseau (1844-1910), dit « le douanier Rousseau ». C’est l’écrivain Alfred Jarry, l’auteur du bien connu d’Ubu Roi, qui le surnomme ainsi en raison du rapprochement qu’il fait avec l’emploi de Rousseau à l’octroi de Paris. Rousseau occupe ses temps libres à peindre. Il se veut un peintre classique et fréquente le musée du Louvre en recherche de culture et d’inspiration.
Le terme « naïf » a été employé dès la fin du 19ème siècle pour qualifier les oeuvres du douanier Rousseau. Utilisée tout d’abord de façon péjorative, cette appellation reste de nos jours en usage pour désigner les productions d’artistes autodidactes pratiquant un art qui se situe en dehors de toute catégorie stylistique. Chaque peintre naïf a son propre imaginaire et sa propre expression picturale. Rousseau est leur chef de file et sa renommée dépasse nos frontières, du Japon aux USA qui possèdent beaucoup de ses toiles. Natif de Laval, il a marqué l’art par la poésie et l’extravagance de ses jungles.Toutefois, au musée de Laval on découvre une autre facette de cet artiste avec des paysages urbains.
Dans une veine comparable, on trouve les oeuvres d’André Bauchant, Séraphine Louis, plus connue sous le nom de Séraphine de Senlis, Louis Vivin, Camille Bombois, Jean Eve, Henri Trouillard et surtout Jules Lefranc. Ce dernier (1887-1972), lui aussi d’origine lavalloise, a des rapports permanents avec le monde de l’art et se lie avec de nombreux artistes naïfs dont il collectionne les oeuvres tout en peignant lui-même. En 1966, inquiet du devenir de sa collection, Jules Lefranc fait don à sa ville de 32 oeuvres qui vont servir de base à la création du musée d’Art Naïf dès l’année suivante.
Le musée de Laval, installé dans le vieux château de pierre et bois construit au 11ème siècle, puis remplacé par une forteresse de pierre au 13ème, abrite donc la collection des peintres naïfs. Mais aussi une collection impressionnante d’oeuvres d’artistes nommés « singuliers ». Cette production se situe à mi-chemin entre l’art naïf et l’art brut. Au travers de nombreuses innovations plastiques, ces artistes hors-normes apportent un nouveau souffle à la création. Les productions des singuliers tirent parti de toutes les sortes de pratiques et de matériaux. Ces bricoleurs de l’imaginaire réunissent des matières les plus diverses en plus de la peinture et de la sculpture.
Le coeur de la ville, en bord de Mayenne et tout autour du vieux château, offre bien d’autres raisons d’être visité. Par son appartenance au réseau des Villes et Pays d’Art et d’Histoire, Laval propose une excellente documentation disponible à l’office du tourisme local et assure les visiteurs de la meilleure compétence des guides-conférenciers.
Pour un week-end de découverte, Laval ne manque pas de formules hôtelières pour tous les budgets. Une bonne adresse s’impose aux amateurs d’une cuisine raffinée (menus entre 26 et 71 euros), avec service de bonne tenue sans être pesant. C’est l’Alliance des Saveurs, à Bonchamp-les-Laval. A moins de dix minutes du coeur de la capitale régionale, c’est un hôtel-restaurant installé dans un parc boisé de deux hectares, au calme assuré. Stéphane Louveau, chef de cuisine et propriétaire avec Julie son épouse, est fier d’être entré en 2015 dans la chaine Châteaux et Hôtels collection. Le petit menu du midi en semaine propose les trésors du marché. Les autres menus avancent crescendo vers la réjouissance des papilles avec les dernières créations du chef. Le menu « Saveurs » à 53 euros proposait le 10 mars dernier : homard bleu de nos côtes servi avec mousseline de patate douce et bouillon de carapaces à la noix de coco, filet de Saint Pierre breton, avec purée de chou-fleur, légumes au vert et bouillon de poule au safran, plateau de fromages, et un dessert dans l’esprit du vacherin avec framboises du pays, glace à la fève de tonka et crémeux chocolat blanc. Stéphane travaille avec des fournisseurs proposant le meilleur rapport qualité/proximité : poissons à Rennes, coquillages d’Agon-Coutainville dans la Manche, viande d’Angers, légumes chez un maraîcher de Jumelles, Maine-et-Loire, fromages bio du Maine à Entrammes en Mayenne. Et lorsque Jérémy Durand, chef de salle, se présente avec une jolie truffe noire du Périgord dans un main et une râpe dans l’autre, les plats qui sont gratifiés de ces précieux copeaux prennent une dimension complémentaire. Les trésors de la cave sont à la mesure du service !
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