Les journées des plantes de Courson

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Qui s’intéresse de près ou de loin à l’Art des Jardins et à la pratique du jardinage a probablement entendu le nom de Courson. Courson, c’est un château entouré d’un parc superbe, tenu par les familles Nervaux et Fustier. Depuis près de trente ans, une fois en mai et une fois en octobre, c’est la grand messe. Horticulteurs, pépiniéristes, paysagistes, artisans et grandes maisons qui travaillent dans le décor des jardins se réunissent durant trois jours pour recevoir la visite de milliers d’amoureux des jardins qui viennent dans un joli village d’Essonne pour faire leur shopping ou tout simplement découvrir des végétaux rares ou connus qui s’épanouiront un jour chez eux. Droit d’entrée : 17 euros en 2013, exposition, parking, navette avec le RER, visite du parc, conférences, etc. inclus dans ce prix. Prévoir de séjourner sur le lieu de 10 à 18H00 si l’on veut tout voir. Pique-nique possible à l’écart sur l’herbe dans le parc.

Chaque session de Courson propose un thème sur lequel les exposants peuvent broder à loisir et construire leur stand. Celle des 18-19 & 20 octobre avait retenu le thème du vent. D’où la rédaction de la fiche technique intitulée avec humour « Courson, les plantes dans le vent ». Sur la vingtaine d’exposants qui avaient choisi de coller au thème, la firme Truffaut fit une présentation de jardin de bord de mer, en reconstituant une plage avec son sable, ses cabines volontairement peintes dans des couleurs visibles et ses clôtures à clairevoie, les ganivelles, qui participent à retenir le sable des dunes. Tout cela était mêlé aux végétaux qu’on trouve localement et qui résistent ordinairement au sec et aux embruns. Les graminées sont du nombre : Truffaut avait planté une centaine de Stipa et les grandes vivaces d’automne : Salvia, Rudbeckia, Echinacea, Hydrangea. D’autres stands présentaient bruyères, Olearia, Elaeagnus, conifères adaptés à la situation et un grand échantillonnage d’autres graminées : Sporolobus, Miscanthus, Phragmites, Panicum, Deschampsia, Calamagrostis.

Pour construire sa réputation de première manifestation française de journées des plantes, les organisateurs de Courson ont constitué des jurys, dont les membres ont des compétences horticoles, afin de mettre en valeur un choix de végétaux particulièrement remarquables. C’est le rendez-vous des mérites et chaque manifestation en présente dix à quinze. Cet automne a mis les projecteurs sur Persicaria filiformis ‘Painter’s Palette’, une vraie palette de couleurs comme son nom l’indique. Puis une plante bulbeuse extrêmement rare : Scilla lingulata. Ainsi que Platycladus orientalis ‘Franky Boy’ aux allures de genêt, encore plus rare. Le show prend par endroits des allures de fleuristeries où de jolies présentations en pots peuvent provoquer des achats « coup de coeur ». C’était le cas cette fois avec les assortiments de plantes grasses cultivées dans des globes de verre ouverts ou jolis petits pots. www.arreesucculentes.com.

Et pour fêter l’automne en se mettant un instant en retrait de l’animation commerciale, un tour dans le parc si bien arboré s’impose. Près de l’étang existe un cèdre pleureur dont les tiges retombent jusqu’à l’eau. C’est un arbre un peu stupide dans sa présentation habituelle. Mais quand il plonge vers l’eau et s’y reflète, le phénomène qu’il provoque apporte de la noblesse. A la mi-octobre, les premiers feuillages de quelques espèces troquent les verts pour des tons chauds. Ce sont Acer freemanii ‘Jeffersred’, Acer triflorum, Acer japonicum ‘Aconitifolium’ et un Prunus sargentii, ce dernier également au bord de l’eau. Le spectacle se poursuivra ainsi jusqu’à la mi-novembre. Renseignements : 01 64 58 90 12  et  www.domaine-de-courson.fr

Texte et photos Georges Lévêque

Le château du Rivau et son jardin de légumes pour la beauté, l’histoire et la gastronomie

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Patricia Laigneau a fait un jardin de légumes au cœur du Domaine du Rivau. Elle le nomme « le potager de Gargantua » en raison des racines historiques qui lient son château féodal à l’oeuvre de Rabelais. Octobre est un mois idéal pour découvrir les légumes qui s’y trouvent tant leur opulence de formes et de couleurs en font un lieu d’exception. Après une visite au Rivau, vous ne regarderez plus jamais choux et citrouilles de la même façon qu’aujourd’hui. Patricia explique son œuvre.

« Après avoir franchi la porte Renaissance du Rivau, le promeneur pénètre dans un monde clos et merveilleux où transparaît la prodigieuse joie de vivre de Rabelais. Un festin pantagruélique est en effet dressé dans la cour des communs du Rivau, inspiré par Maître François qui, dans Gargantua, avait offert Le Rivau au vaillant capitaine Tolmère.
« L’intention qui préside à la forme du potager a été de rappeler le passé agricole du site, d’en remémorer l’histoire équestre (les écuries du Rivau fournissaient les étalons de guerre des rois de France) et d’évoquer Rabelais notre «  génial paillard, penseur et botaniste », qui souvent cite Le Rivau dans Gargantua. La demi-lune du potager de Gargantua, évoquant le fer à cheval, présente des légumes épicuriens plantés sur un plessis surélevé, comme une sorte de mise en bouche, annonciatrice des délices des jardins du château ! Les fleurs s’entrelacent à une kyrielle de courges et à des choux de toutes les couleurs en leur apportant protection et couleurs. Les dahlias à fleurs simples rouges et blancs et des capucines écarlates attirent les insectes bénéfiques. Le co-voisinage de ces fleurs assure la pollinisation des cucurbitacées. Les capucines protègent les choux de la redoutable mouche selon les préceptes du compagnonnage. Les végétaux sont soignées uniquement au purin d’ortie, stimulant foliaire, par Claire et Sophie, jardinières au Rivau. Le paillage limite la corvée des mauvaises herbes. En fin de saison, elles surélèvent aussi les fruits du sol pour empêcher leur pourriture.

« Les courges choisies pour leur dimension pantagruélique, flamboyantes citrouilles nommées Gargantua, Etampes et Gros de Paris, mettent en valeur les peaux bleutés des Potirons de Hongrie, les pustules des Galeux d’Eysines, la brillance des Potimarrons, les jolies Melonnettes jaspées de Vendée et les curieux Turbans d’Aladin, sélectionnés, eux, pour leurs textures et couleurs. Les rangés de choux s’entremêlent aux potirons : teints bleutés des choux Cabus, noirs des choux de Toscane, pourpre des choux rouges, frisés choux de Milan. Les artichauts rapportés d’Italie par Rabelais, dit-on, symbolisent les chandeliers de cette table ouverte. Les poireaux glauques et les éclatantes blettes rythment et aromatisent ces tapisseries vivantes et comestibles. On cultive aussi dans notre jardin les légumes oubliés, ou en voie disparition dans la Région Centre, tels que le Chou-navet jaune de St Marc, le haricot demi-sec Comtesse de Chambord, le Flageolet de Touraine, le haricot Barangeonnier. Ils tiennent compagnie aux Citrouilles de Touraine et Sucrines du Berry. Le Potager du Rivau est ainsi Conservatoire du Patrimoine légumier du Centre.

« Ce festin attire les paons, vedettes des jardins. Un système de protection (un grillage) a dû être mis en place pour que ces magnifiques volatiles ne fassent pas qu’une bouchée des végétaux comestibles. De telle sorte que, à la Table des Fées, le restaurant situé dans les jardins à proximité du Potager, nous puissions proposer des soupes de citrouille avec chaque jour une variété différente au moment des vacances de la Toussaint. »
Le potager de Gargantua n’est qu’un des éléments qui font du Rivau un lieu haut en intérêt et couleurs. On le trouve à Lémeré, près de Chinon. Une visite du site www.chateaudurivau.com renseigne sur l’ensemble des découvertes à faire autant dans le parc que dans le château.

Horaires 2013 : tous les jours jusqu’au 11 novembre, ouvert entre 10 et 18H00.
Château du Rivau
Le Coudray
37120 Lémeré
02 47 95 77 47