INVITATION AU VOYAGE DANS LES JARDINS DE BELGIQUE

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Photo de Vincent Everarts de Velp.

Ces notes sont extraites de « Jardins d’inspiration en Belgique », livre récent qui conduit le lecteur dans une vingtaine de jardins, belges comme l’indique le titre. L’un d’entre eux est une référence tant il est spectaculaire.

C’est le parfait exemple de la tradition romantique avec toutes ses surprises architecturales mêlées à des végétaux variés plantés par centaines. On trouve ce jardin au chapitre intitulé « passion partagée entre un père et son fils », page 107. Ce sont en fait deux jardins qui n’en font plus qu’un !

Chez Jean et son fils Antoine, il est indéniable que le jardinage fait partie de leurs gènes dominants. Les deux sont férus de botanique, le premier a initié le second. Puis ensemble, ils ont planté. Beaucoup ! Pas dans un souci de collection, de tout avoir ! Non, pour la beauté ! Il y a des effets avec des hêtres, des érables, des ginkgos et des azalées. Pour les azalées, un climat tempéré où l’air ne se dessèche pas en été le permet. C’est bien le cas de la forêt de Soignes, près de Bruxelles.

Jean et Chantal réhabilitent un parc ancien dans l’esprit poétique et théâtral du célèbre domaine anglais de Stourhead, en dégageant les perspectives et en dévoilant l’étang. Les éléments d’époque se retrouvent ainsi visibles : grotte, pavillon, débarcadère et aussi escaliers qui ne mènent nulle part ! Au détour d’un chemin, un monstre semble sortir tout droit du Bois sacré de Bomarzo, dans le Latium. Cette oeuvre contemporaine est signée par l’architecte « grottaiolo » Gabriel Pirlet (expert en construction de fausses grottes). Dans le parc, herbes sauvages et plantes rares cohabitent en un harmonieux équilibre. Chardons et ronces sont tout de même arrachés au fur et à mesure qu’on les remarque.

L’autre jardin qui enveloppe une ancienne ferme, chez Antoine et Donatienne, présente une ambiance différente. La cour de la ferme était trop pentue. Pour adoucir la déclivité, nos concepteurs se sont inspirés du jardin « en contrebas » de Great Dixter, autre jardin anglais célèbre où le « sunken garden » a influencé des générations de jardiniers. L’ancien potager fait liaison entre les deux unités. Il est planté désormais d’arbustes, de rosiers et entouré de clôture en châtaignier.

Des moutons y séjournent de septembre à mars et entretiennent la parcelle en grignotant les branches qui dépassent des clôtures. Au printemps, une prairie fleurie remplace les moutons.

Chineurs dans l’âme, les propriétaires font le tour des démolisseurs à la recherche d’ornements anciens. Ils réinterprètent à leur manière l’éclectisme du style néogothique de la fin du XIXème siècle.

Ces deux oeuvres contiguës sont une invitation onirique au voyage. Les conditions de visites sont impératives. Il faut adhérer à l’Association Jardins ouverts de Belgique contre 25 euros. Détails ci­-dessous.

Editions Racine pour le livre : ISBN 978­2­87386­852­9

Date de publication : novembre 2013

www.racine.be

Association Jardins Ouverts de Belgique :

Mme Dominique PETIT

www.jardinsouverts.be

VINGT ROSIERS EN VEDETTE A CHEDIGNY, INDRE ET LOIRE

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Tous les jardiniers savent que le meilleur moment des plantations de rosiers dans nos jardins se situe entre novembre et mars.

Cela est vrai et cette règle concerne les rosiers commercialisés à « racines nues », c’est à dire les rosiers livrés à l’acheteur sans terre et sans feuille. Car l’hiver, les rosiers sont en dormance et ils peuvent vivre plusieurs semaines hors terre. Pour prolonger le temps des plantations, presque tous les rosiéristes et les fleuristes proposent des rosiers en végétation, cultivés dans des pots ou des conteneurs en plastique. Ainsi, les retardataires ne sont pas pénalisés. Ils paient un peu plus … mais le rêve a toujours un prix ! La population concernée par ce délai supplémentaire se trouve aussi dans les visiteurs d’expositions, de fêtes des plantes et des villages fleuris. Ainsi les passionnés qui vont faire le voyage de Chédigny en Touraine au moment du prochain Festival des Roses, les 31 mai et 1er juin 2014, vont se trouver en présence du village regorgeant de roses autant sur les murs que dans les massifs des rues, ainsi que de rosiers en fleur proposés par plusieurs rosiéristes connus pour leurs compétences.

En photographiant ce village en 2012 et 2013 pour l’édition du livre « Chédigny, la vie en roses », j’ai fait la connaissance de cette remarquable collection de rosiers parfaitement identifiés. Voici mes commentaires sur la vingtaine d’entre eux que j’ai sélectionnés pour l’exposition de photos et que je propose « Au Pressoir », salle d’expo du village,à l’occasion de ce week­end de fêtes. Voir détails de la manifestation sur le site.

http://rosesdechedigny.canalblog.com

6732. Westerland (orange) & Marietta Silva Tarouca (rose). L’inusable Westerland des pépinières allemandes Kordes règne en maitre depuis plus de 40 ans (création 1969). En le maintenant palissé à 2­-3 m de haut, il est rayonnant de puissance et de santé. Toujours en fleurs comme le plus secret Marietta Silva Tarouca (années 1920) dont la floraison rose échevelée s’accorde avec lui, en tout cas à Chédigny !

1609. Toby Tristam. Livre page 82. On le dit d’origine inconnue et l’on est subjugué par sa vigueur (10 mètres) sur un mur ou dans un arbre. Il est palissé sur une façade de Chédigny. Et il faut tailler tous les ans assez fort pour le tenir sous contrôle. Floraison unique en juin. Chaque fleurette donne naissance à un petit fruit rouge. Cela veut dire des milliers qui brillent au soleil d’hiver !

5370. La Belle Sultane. Livre page 122. Les fous de la rose rendent hommage aux roses galliques, parmi les plus anciennes en culture. Fleurs en juin seulement, mais quelles fleurs ! du velours, du parfum, de l’allure !

5447. Neige Rose. Livre page 20. Création Delbard des années 50. Floraison précoce à partir de mai, longue, abondante mais unique qui couvre le rosier de fleurs joufflues au jupon volanté qui rappellent les roses anciennes. Léger parfum. Effet éblouissant. Un gâteau pour les yeux.

5585. Paul Transon. Livre page 61. Une variété de 1900 obtenue par les frères Barbier, C’est un bon grimpant, jusqu’à 5 mètres. Floraison de juin surtout, ensuite les fleurs se font rares. Mais quelle belle forme en gros pompon. De plus leur parfum est surprenant : celui d’une pomme verte disent certains nez.

5877. Madame Solvay. Livre page 63. Hybride moderne obtenu par André Eve, liane vigoureuse parfaitement remontante entre juin et novembre. Fleurs rose carné presque doubles, qu’on peut dire échevelées. On peut le conduire facilement contre un mur ou sur un toit. Allure singulière chic.

5904. Angelina & digitales. C’est un rosier arbuste obtenu par A. Coker dans les années 1970. Peu fréquent dans les jardins mais pourtant bien attachant en raison de ses grosses fleurs semi-­doubles rose vif à coeur blanc. Riche floraison en mai – ­juin et soutenue en août­ – septembre. Superbe en compagnie de digitales.

5960. Golden Wings (jaune en premier plan). Dès son apparition dans les jardins dans les années 1950, le rosier arbuste Golden Wings s’est imposé comme un classique aimé pour ses grandes fleurs simples jaune souffre ornées d’un joli bouquet d’étamines. Floraison soutenue de mai à octobre. Résistant aux maladies.

6565. Phyllis Bide. Livre page 71. Création anglaise des années 1920 de la firme Bide. C’est un petit grimpant qu’on peut palisser ou laisser en petit buisson. Ses tiges vont alors se courber. Beaucoup d’élégance et toujours fleuri, de manière changeante entre le jaune et l’orangé selon le degré de maturité de la fleur. Exquis.

6622. Roseraie de l’Haÿ. Livre page 29. Cette variété fait partie du groupe de Rosa rugosa. Cela lui assure une rusticité sans égale. C’est aussi la rose des sols les plus pauvres puisque ses ancêtres vivent dans les sables côtiers de l’Europe du Nord. Floraison parfumée délicieusement échevelée. Belle floraison de juin et encore un peu en fin d’été.

6653. Zéphirine Drouhin. Livre page 99. Pour les lieux où le soleil manque et pour les gens qui craignent les épines. Ce rosier du milieu du 19ème siècle de la gamme « Bourbon » reste une valeur sûre dans les variétés classiques. Longue floraison, parfum fruité, belle végétation, 2 à 4 mètres.

6995. Guirlande d’Amour (blanc) & Dentelle de Bruxelles (rouge). Ces deux créations de Louis Lens des années 1990 sont à mi­-chemin entre les rosiers arbustes et les rosiers lianes. A l’aise sur clôtures, pergolas et murs. A Chédigny, ils sont réunis sur le même support ce qui leur permet de s’enlacer. La floraison de juin est exceptionnelle. Plus calme ensuite. Pas de maladie.

7284. Sourire d’Orchidée. Livre page 42. Célèbre hybride moderne de Paul Croix en 1985. Florifère. Ses fleurs simples rose pâle nacré se renouvellent tout l’été. On peut le conduire en grand buisson de 2 m de haut ou en petit grimpant si on le palisse sur un mur. Ses petits boutons nacrés sont élégants.

7296. Sir Cedric Morris. Rosier trouvé par l’Anglais Cedric Morris au hasard d’un semis de Rosa glauca. La plante s’est avérée être un rosier liane de grande vigueur et d’une rusticité exemplaire. Sa floraison parfumée de juin subjugue par sa puissance et son romantisme. C’est une constellation de fleurs simples. Les abeilles en raffolent.

7320. Pink Cloud. Devenu un grand classique de nos jardins de régions où il faut chaud l’été, depuis sa création par Boerner en 1952. Ses tiges s’allongent sur trois mètres environ et sont facilement palissables. Belle démonstration à Chédigny où ses fleurs roses se retrouvent réunies sur un toit bas. Charmant spectacle de juin à octobre.

7340. Santa Catalina. Création de Mc Gredy vers 1970. Conseillé pour couvrir une immense façade de maison à condition d’apprécier cette abondance de fleurs chiffonnées rose orangé. Belle floraison parfumée en juin. Remontée en septembre. Décevant à l’ombre, donc recommandée au soleil.

7439. Ballerina. Création anglaise des années 1930 qu’on rencontre dans les roseraies de référence. C’est une véritable boule de fleurs simples, rose frais, du type églantine, de la fin mai jusqu’à tard en fin d’été, s’établissant entre 1 et 1,30 m de hauteur. Tolère l’ombre, attire les butineurs. Bonne résistance aux maladies.

7483. Rush (rose) & Buff Beauty (orange). Livre pages 102 & 103. Rush est une sorte de super églantine créée par le divin rosiériste belge Louis Lens en 1986. Buisson bien campé de la taille d’un homme et des fleurs qui se renouvellent sans cesse. Buff Beauty est une rose anglaise de 1939 de la gamme « Moschata ». Un grand classique des jardins anglais. Floraison assurée entre juin et octobre.

7533. Ghislaine de Féligonde. Livre page 90. Depuis son obtention à Orléans par Turbat en 1916, ce rosier de la catégorie des « multiflora » n’a que des inconditionnels. Vigoureux mais pas trop, résiste aux maladies, à l’ombre, aux sols quelconques. Floraison élégante, bien renouvelée, abondante, joyeuse, dans une gamme de couleurs qui s’accorde avec tout. Hauteur : entre 2 et 4 mètres.

7587. Rosa moschata umbrella. Livre page 125. Origine inconnue … mais bel arbuste au port souple ou petit grimpant, jamais malade. Bouquet de fleurs simples blanches à parfum musqué. Belle floraison en juin et encore d’autres fleurs en automne. Le soleil lui fait du bien.

Visionnage des photos exposées :

http://georgeslevequejardins.com/rosesdechedigny/

Plantes mellifères de nos jardins

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Texte Georges Lévêque & photos Jacques Piquée

L’amateur de miel sait celui qu’il préfère ! On peut aimer le miel d’acacia parce qu’il reste liquide très longtemps. Ou bien celui du châtaignier pour son goût très puissant qui le distingue des autres. On sait aussi que les abeilles sont victimes des insecticides déversés sans réserve. Aidons les abeilles à survivre en les respectant et en les attirant dans nos jardins. Elles viendront d’autant plus volontiers que vous leur proposerez des espèces mellifères.

Si l’apiculteur connait les grandes floraisons qui référençient les différents miels, colza, acacia, lavande, bruyère, tournesol, tilleul, châtaignier, sapin, les abeilles, elles, consomment beaucoup d’autres fleurs. Celles-ci sont moins nombreuses en volume et non identifiées par l’homme des ruches, mais tout aussi importantes pour l’alimentation quotidienne des colonies. Un maximum de fleurs sont nécessaires pour la continuité alimentaire qu’elles permettent et par la diversité des protéines que requiert la bonne santé des abeilles.
A propos de bonne santé, les médias nous rapportent que les abeilles disparaissent, victimes des traitements chimiques administrés aux cultures. Des mesures doivent être prises par le législateur et les services concernés pour freiner ces assassinats en règle. Mais on sait aussi combien ce type de décision est long à prendre, puis à faire appliquer. Alors, chacun, dans son petit jardin, doit décider de ne pas ajouter du fléau au fléau. Et même si une plante est malade, fermons les yeux. Feignons de ne pas voir. Et si même elle finit par disparaitre , elle sera vite remplacée par une autre tant la nature a peur du vide. J’ai assez vu de jardins splendides pour savoir que la réussite esthétique n’est pas associée à la mesure des pesticides dispensés. Les beaux jardins d’aujourd’hui sont de plus en plus cultivés selon la recette « zéro phyto ».
Dans son récent livre, « Les plantes mellifères, mois par mois », l’excellent Jacques Piquée dresse la liste des plantes faciles à vivre qui vont nous aider à la sauvegarde des abeilles. Cela commence dès le coeur de l’hiver où le soleil de février réveille les abeilles de leur hibernation. Précisément quand les premier crocus fleurissent. Il faut faire confiance au Crocus tommasinianus qui a la capacité de se naturaliser, c’est à dire coloniser des pans entiers de pelouses ou de sous bois clairs. Il poussera en rangs serrés. Et les abeilles se vautreront avec délectation dans ces fleurs mauve à coeur jaune orangé. Super joli et très utile.
Grâce à l’apiculture les pissenlits au jardin cesseront d’être considérés comme mauvaises herbes. Certes, on peut les éliminer par trois coups de binette dans les cultures. Mais qu’on les laisse en paix ailleurs, car c’est une mellifère de premier ordre. Sa floraison jaune est séduisante. Quant aux graines ailées de sa fructification, la Librairie Larousse en a fait son symbole avec le fameux « Je sème à tout vent ». La bourrache, elle, n’a que des qualités. La finesse de sa floraison gracieuse est d’abord un plaisir visuel. Puis ses fleurs et ses feuilles sont comestibles. Et les abeilles se régalent de son abondant nectar. Toutes les lavandes plantées en cultures industrielles dans les Alpes de Haute-Provence sont inséparables de l’apiculture à grande échelle. Alors, il faut suivre l’exemple au jardin. Des bordures de lavande délimitent agréablement les allées. Du soleil, une terre un peu argileuse et tout est parfait. Les abeilles du voisinage vous diront merci.
Quelques chardons dans les zones où l’on a toléré les pissenlits feront l’affaire des abeilles car Cirsium et Carduus (chardons classiques) régalent nos amies ailées. Il en va de même avec épilobes et bruyères, hôtes réguliers des jardins. Et quant aux arbres fruitiers (poirier, pommier, cerisier, prunier), enfin tous à des degrés divers, ce sont des partenaires de choix !

Les plantes mellifères, mois par mois, de Jacques Piquée

Editions Eugen Ulmer, mars 2014, ISBN : 978-2-84138-705-2

L’apiculteur Jacques Piquée est aussi enseignant en biologie, écologie et connaissance des végétaux. Il est actuellement consultant auprès du Conseil général des Vosges dans le cadre du plan « Abeilles, insectes pollinisateurs et biodiversité. »