A LA DECOUVERTE DES PLANTES MENACEES DE DISPARITION

Stéphane Buord photo Georges Lévêque 5097

S’il y avait des précédents pour les animaux, rien n’existait pour sauver les espèces végétales en danger d’extinction jusqu’à ce que Jean-Yves Lesouëf mette sur pied un concept original : créer un jardin pour cultiver, conserver et présenter les plantes en danger. C’est ainsi que, en 1975, le Vallon du Stang-Alar à Brest, en Bretagne, est retenu pour accueillir la première institution au monde à se consacrer à la flore menacée d’extinction. Grâce au climat doux océanique, à la présence de l’eau, à l’encaissement de la vallée et aux pentes escarpées, le site est idéal pour cultiver des plantes du monde entier. C’est de plus un beau projet de réhabilitation pour cette ancienne carrière qui offre de majestueuses falaises. Aujourd’hui, le jardin du Conservatoire botanique du Stang-Alar est un lieu de découverte, d’émerveillement et de promenade pour les familles sur 30 hectares. Les plantes rares bien identifiées côtoient des plantes que chacun reconnait. Entrée gratuite et vastes parkings. Excellente crêperie à proximité.

www.cbnbrest.fr

Je laisse la parole, ou plutôt la plume, à Stéphane Buord, directeur scientifique des actions internationales, pour présenter sa vision personnelle de l’action du Conservatoire botanique national de Brest :
« Lancée officiellement il y a 2400 ans par Théophraste, la botanique, science protéiforme, a toujours su dialoguer avec son époque, mue par un cycle ininterrompu de métamorphoses. Longtemps assujettie à la médecine, la botanique fut compilatoire et encyclopédiste, puis le creuset des premières grandes classifications qui porteront en germe le concept révolutionnaire d’une possible évolution du vivant. Les jardins seront l’instrument de ces métamorphoses, de l’humble carré de simples aux grands jardins botaniques tournés vers l’acclimatation d’espèces nouvelles et l’agrément de leurs visiteurs.

« La fin du cycle ? Non ! Un nouveau défi agite aujourd’hui la communauté des botanistes. Ils estiment que 85000 des 420000 espèces de plantes sont menacées d’extinction. À partir de ce constat d’intense érosion de la biodiversité végétale, l’institution botanique se devait de réagir. Le Conservatoire botanique national de Brest fut le premier établissement au monde à se spécialiser, dès 1975, dans la conservation des flores menacées. Initialement conçu pour accueillir dans l’urgence les derniers représentant d’espèces condamnées dans leur milieu naturel, l’essentiel de son action reposait alors sur ses collections et son jardin devenu théâtre de la conservation.

« 39 ans plus tard, la préservation de la biodiversité est plus que jamais d’actualité et le concept initial de Conservatoire botanique s’est adapté aux nécessités de l’action de proximité, au plus près des enjeux, des populations et des décideurs. Sur ce modèle, onze Conservatoires botaniques ont ainsi vu le jour en France. Ces outils intégrés assurent désormais l’inventaire général de la flore, accompagnent les pouvoirs publics pour définir les priorités de conservation, assistent les gestionnaires de sites naturels, mènent diverses actions de sensibilisation et obtiennent des résultats concrets.

« Fort de son expérience pionnière, le Conservatoire de Brest compte bien poursuivre sur cette dynamique en l’adaptant aux besoins et aux contextes locaux, de l’Ouest de la France à la Méditerranée, du Bouclier des Guyanes aux archipels chiliens, des Mascareignes à l’Indonésie… « 

Des fleurs pour le printemps à planter maintenant

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Jacinthes, tulipes, narcisses, crocus, perce-neige … toutes ces plantes sont connues du grand public et c’est un régal de voir leurs fleurs jaillir du sol à partir de février, chacune son tour en fonction des caractéristiques de l’espèce, de la variété. Perce-neige et crocus savent même traverser une mince couche de neige pour nous éblouir de leurs premières couleurs. Ensuite, dès la fin de mars, c’est le rush, un emballement généralisé qui va durer deux bons mois si l’on sait composer sa palette avec recherche. Le site www.promessedefleurs.com émanant d’une société horticole française très sérieuse tient à jour un website remarquable qui explique tout ce qu’il faut savoir avec une grande clarté.

Après s’être initié aux grands classiques, on peut tenter d’aller vers les fleurs qu’on ne connait guère pour élargir la gamme. Il faut toujours garder à l’esprit qu’une plante rare n’est pas forcément une plante difficile à cultiver. L’expérience le prouve. Les curieux sont toujours amateurs de nouveautés. Ils ont raison car nous sommes tenus de tenter l’aventure pour apprendre et ne pas s’ennuyer. Allons dans une boutique spécialisée dans la vente des bulbes à fleurs. Septembre et octobre sont les meilleurs mois pour avoir le grand choix puisque c’est le moment de planter. On découvre des bacs remplis de bulbes, de cormes, de tubercules, toutes les parties souterraines inconnues et d’allure intrigante qu’on ne voit jamais dans le jardin et qui pourtant livrent une fois plantées les floraisons les plus étonnantes, les plus merveilleuses. En voici quatre, très différentes des unes des autres qui vont vous entrainer vers une modification de vos habitudes jardinières.

– Eremurus robustes, le lis des steppes
autour de 10 euros l’unité

Floraison en mai-juin de fleurs fantastiques à qui il ne manque que le parfum et qui se présentent sous la forme de hautes hampes florales (jusqu’à 2 m) en épi ,couvertes de centaines de petites fleurs roses, orangé ou blanches. Ces fleurettes portées sur des tiges robustes s’épanouissent sur plus d’un mètre, progressivement du bas vers le haut. Les feuilles disparaissent au fur et à mesure que les tiges se forment. Résistance au froid : -20°C. On les plante en isolé ou en groupe de 3 à 10 sujets. On étale la souche (à allure de serpent) à 10 cm de profondeur, pas plus, dans tous sols et endroits ensoleillés. Plus le sol est riche (humus, terreau) plus la plante forcira au fil des ans. Si la terre est trempée, ajouter du sable ou du gravier qui fera drainage. Penser à un lit de paille ou de feuilles sèches en hiver pour réduire les effets de l’humidité. Bien cultivés, les Eremurus vont tenir et fleurir régulièrement pendant de très nombreuses années.

– Allium Globemaster, ail décoratif
autour de 7 euros l’unité

Ail d’apparat très impressionnant, florifère, dodu, structurant bien les zones ensoleillées. Au mois de mai, chaque tige solide et bien campée laisse épanouir à son extrémité une boule de fleurs étoilées mauve non parfumées. Hauteur : autour de 80 cm. Là encore les feuilles de la plante sèchent et disparaissent au fur et à mesure de la formation de l’inflorescence. Aime le soleil, en terre ordinaire à tendance souple et légère, où l’eau ne stagne pas après la pluie, car elle risque de pourrir. Quelques poignées de sable près du bulbe aident à contourner la difficulté. Facile à associer aux végétaux d’aspect vaporeux comme les graminées (Stipa en particulier) et les tapis de répéta. Placez la base du bulbe à 15 cm dans le sol. Espacement : au moins 20 cm entre chaque plante. Autant qu’on veut car l’effet de masse est toujours impressionnant.

– Anémone de Caen, anémone des fleuristes à fleurs simples ou doubles
autour de 5 euros pour dix sujets

Très commune il y a 50 ans, oubliée de nos jours, elle est pourtant du niveau « culture à la portée de tous ». Au départ, c’est une plante sauvage poussant dans les zones incultes et les jachères des rives de la Méditerranée, aux hivers doux et étés chauds. Dans ces conditions, cette anémone se reproduit bien par ses graines libérées en grande quantité. Dans le Nord, c’est moins vrai. Pour sols légers, sableux. Une cinquantaine de « pattes » (nom donné à ce petit bulbe tout ridé) au mètre carré est possible pour lancer une belle colonie. On gagne à faire tremper ces pattes une nuit dans de l’eau afin de les réhydrater. Compter 10/15 cm entre chaque plante et 5 cm de profondeur. Ensuite, on s’occupe seulement de couper les tiges fanées. Cela favorise la pousse de nouvelles tiges et donc de nouvelles fleurs. La plantation en pots pour terrasses et balcons est hyper facile. Bien aussi en rocaille, par petites populations de dix ou vingts sujets. On peut encore planter en mars si on a oublié de le faire en automne.
Et puisque nous sommes en phase de découverte de nouvelles plantes et si l’on a la patience d’attendre mars pour planter, il faut donner sa chance à :

– Crinum powellii
autour de 5 euros l’unité

C’est une plante vivace qui développe un feuillage imposant et des grosses hampes florales munies de 10 à 15 fleurs, rose plus ou moins foncé, légèrement parfumées. Pour toutes les terres ensoleillées et même très chaudes. Tenir le sol légèrement mouillé pendant la période de pousse, rien ensuite. Floraison en cours d’été à 70/100 cm de haut. Parfaitement rustique. Tient bien jusqu’à -10°C. En zone à risque, il faut couvrir en hiver le sol d’une forte couche de paille ou de feuilles sèches. Couper les feuillages disgracieux en cours d’hiver. Planter les bulbes qui sont gros à 15 cm de profondeur de manière à ce que le haut du bulbe affleure presque le niveau du sol. Un peu d’engrais en cours de végétation.

Journées européennes du patrimoine au Lude

décor de faïence de Gien au château du Lude

Loin d’être un vieux sarcophage, le Château du Lude décline l’art, l’histoire, la vie de famille et les plaisirs du jardin en faisant de ce lieu vénérable un patrimoine vivant. La visite du potager qui est privé au Lude (on se demande pourquoi !) et les recettes traditionnelles qu’on découvrira dans les anciennes cuisines sont au programme des Journées européennes du patrimoine les 20 et 21 septembre prochain.

A mi-chemin entre Tours et Le Mans, aux portes de l’Anjou, le Château du Lude et ses jardins s’inscrivent dans le parcours des grands châteaux de la Loire. Toutefois, au delà de son aspect imposant, ce lieu a avant tout une âme qu’on perçoit pendant la visite car habité par la même famille et objet de tous les soins depuis 260 ans.

Quatre en un ! Le Château du Lude est un témoignage de quatre siècles de l’architecture française, forteresse défensive transformée en une élégante et fastueuse demeure à la Renaissance et à l’Epoque classique. Au pied du château coule le Loir, paisible et large au niveau de la plus basse terrasse. Le style « grand siècle » du parc sied au paysage rural verdoyant. Toutefois et avec beaucoup d’habileté, Barbara de Nicolaÿ, l’actuelle résidente, a su transformer certains espaces afin de les rendre moins solennels. C’est principalement le cas d’un labyrinthe en if et de la roseraie qui accueille une formidable collection de roses chinoises dans la partie dite « le jardin de l’Eperon ». On s’y promène et on s’y perd avec délice.

Un autre événement majeur fait du Lude une destination touristique, culturelle et jardinière de première importance. C’est la « Fête des Jardiniers », le premier week-end de juin, sur deux journées exceptionnelles au cours desquelles sont réunis 60 exposants et collectionneurs de plantes, des ateliers de jardinage, des expositions diverses autant dans le jardin que dans le château et des animations au potager. C’est à l’occasion de cette fête qu’est remis le Prix Pierre-Joseph Redouté, sorte de Prix Goncourt des ouvrages récents ayant traité de la Nature, la Botanique, l’Horticulture et l’Art des Jardins. C’est un hommage rendu à l’un des plus illustres peintres de fleurs (1759-1840), de roses en particulier, et qui fut très proche de l’Impératrice Josephine. Le Prix Redouté est parrainé par l’Institut Jardiland.

La palmarès des livres de 2014 fut impressionnant en qualité.

* Prix Redouté
Il était une forêt, par Francis Hallé et Luc Jacquet, Ed. Actes Sud.
Ce livre est le fruit de la rencontre d’un botaniste et d’un cinéaste. C’est la version papier, pourrait-on dire, d’un film patrimonial sur les ultimes grandes forêts des zones tropicales. Ambassadeur des forêts, Francis Hallé s’engage pour une révolution intellectuelle et une prise de conscience des hommes pour les forêts primaires menacées de disparition.

* Prix spécial du jury
La biodiversité amie du verger, par Evelyne Leterme, Ed. du Rouergue.
Le verger de demain sera-t-il sain ? L’auteur pose la question et donne des pistes pour comprendre la complexité du problème. Forte d’une expérience qu’elle a acquise auprès des paysans chez qui elle a prospecté des variétés anciennes, elle esquisse ce qui pourrait être le verger de l’avenir. Evelyne Leterme est la créatrice du conservatoire végétal d’Aquitaine.

* Prix coup de coeur du jury
Les abeilles et la vie, par Didier van Cauwelaert, Ed. Michel Lafon.
Didier van Cauwelaert met sa plume d’écrivain au service de ce petit insecte capable de grandes choses dans la nature et les jardins. On entend tous les jours qu’il faut protéger les abeilles des insecticides et autres périls. Avec talent ce livre pourrait bien nous en convaincre !

* Prix pratique
Le jardinage sur bottes de paille, par Joël Karsten, Ed. Rustica.
Avec des bottes de paille en guise de sol, on peut cultiver partout, les légumes du potager en particulier. Ce livre ouvre des horizons inconnus aux gens qui n’ont pas de jardin et modifie le regard des autres.

* Prix artistique
Le jardin du Pellinec, la diversité en beauté, par Gérard Jean, Ed. Ulmer.
C’est l’histoire du plus étonnant jardin récent construit en France (Côtes d’Armor) qui est racontée et photographiée par son auteur, Gérard Jean. Le meilleur livre de jardin du moment pour amateurs de plantes de tous horizons ! Une somme d’observations qui contredit quelquefois ce qu’on a coutume de lire ailleurs.

* Prix historique
André Le Nôtre en perspective, par Patricia Bouchenot-Déchin et Georges Farhat, Ed. Hazan.
Superbe ouvrage de référence qui paraît à l’occasion du 4ème centenaire de la naissance du concepteur des jardins du Château de Versailles, le célébrissime André Le Nôtre.

* Prix botanique
Des fruits et des graines comestibles du monde entier, par Nicole Tonelli et François Galloin, Ed. Lavoisier
Livre écrit par des enseignants chercheurs pour enseignants, étudiants, nutritionnistes et toute personne voulant faire un point érudit sur les nourritures fruitières avec leurs caractéristiques alimentaires. Travail colossal passionnant superbement illustré.

carnet d’adresses
www.lelude.com
02 43 94 60 09
72800 Le Lude

Joutes équestres en Touraine

G.L. Rivau 1000x667

Tombés en désuétude, les tournois médiévaux sont remis au goût du jour par l’Association Chevalerie Initiatique. Ce sport spectacle qui voit s’affronter des chevaliers lors de jeux d’adresse et de faces à faces spectaculaires ravit tous les publics réunis dans des cadres historiques. Des partenaires tels que le Comité départemental d’équitation de l’Eure, la Fédération française d’équitation, les châteaux de Brézé, du Rivau et d’Harcourt s’associent à ces spectacles hauts en couleurs en faisant vivre au public des moments inoubliables. L’association a été fondée en 1996 par Arnaud Léon, le président actuel. Sa motivation : la promotion de la joute équestre historique en tant que nouvelle discipline sportive comme peuvent l’être le polo et le horse-ball. Ces tournois érigés en spectacles sont des reconstitutions historiques du 13ème au 16ème siècle. Les compétiteurs s’affrontent dans différents jeux d’adresse (quintaines, anneaux, écus au sol, jeux de la pomme, javelots) et en joutes, face à face, afin de décerner le titre de champion.

En presque vingt ans d’existence, l’association a effectué plus de 400 tournois à travers l’Europe et brisé plus de 10.000 lances, améliorant sans relâche la qualité de ses armures et la sécurité de ses membres. Chacun est propriétaire de sa monture et de son équipement. C’est donc à cette association assez exceptionnelle que le Château du Rivau fait appel chaque été, le temps d’un week-end. En 2014, c’était les 16 et 17 août.
Sur fond sonore d’époque, les braves cavaliers saluent la foule. On a installé dans les douves du Rivau le matériel nécessaire aux faits d’armes. Plus de mille spectateurs ont les yeux rivés sur les fières montures superbement harnachées. Et la trompette du héraut d’armes retentit de nouveau. Ce tournoi remet au goût du jour et pour la cinquième année consécutive une tradition vieille de plus de 500 ans.

En charge des tournois, les Beauvau, seigneurs du Rivau, organisaient des joutes pour le plaisir du roi et de sa cour. Après avoir revêtu son armure, saisi sa lance, le seigneur du Rivau combattra le seigneur de Brézé en Anjou. Anjou contre Touraine : que le meilleur gagne ! Six tournois ont eu lieu pendant le week-end. Rendez-vous maintenant en août 2015 pour de prochaines festivités.

Pendant cette fête médiévale, le Rivau reste ouvert pour la visite des collections d’art sur deux étages du château moyenâgeux et des jardins, eux-mêmes riches de floraisons délicieuses et d’arrangements minutieux. De multiples animations supplémentaires s’ajoutent pour l’occasion. La Guilde de la griffe ailée pose son campement médiéval et fait des démonstrations interactives de tissage, de broderie, de filage de laine et propose des contes et des jeux d’époque. Les Archers du Richelais initient les enfants au tir à l’arc et les Passeurs de légendes déclinent un spectacle avec d’impressionnants combats d’épées.

Carnet d’adresses

www.chevalerie-initiatique.net
www.lagriffeailee.fr
www.passeursdelegendes.wordpress.com
www.chateaudurivau.com