LA NORMANDIE ET SES JARDINS

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La Normandie est depuis très longtemps une terre de jardins. La Seine-Maritime en particulier. Sans doute grâce à deux domaines qui ont fait école et dont le grand public connait les noms depuis plus de 40 ans. Ces deux lieux ont émergé de l’anonymat à la faveur de circonstances historiques.

D’abord le Bois des Moutiers. Mary Mallet qui en a la charge décide par générosité d’ouvrir sa porte vers 1965. Nous sommes à Varengeville-sur-Mer, sur la Côte d’Opale à une dizaine de kilomètres de Dieppe. On surplombe la mer du haut des falaises. Guillaume Mallet son beau-père, fervent admirateur des grands parcs britanniques des Devon et Cornwall, achète un peu avant 1900 quelques hectares de terre impropres à l’agriculture pour voir ce qu’il saura en faire. L’homme a de solides moyens financiers et l’entregent nécessaire pour décider le jeune Edwin Lutyens à venir lui bâtir un manoir « Art & Craft », style alors très en vogue en Angleterre. Edwin a coutume de travailler avec une excellente jardinière déjà bien connue. C’est Gertrude Jekyll. Son nom a traversé le 20ème siècle et elle est restée une référence. Le duo s’accorde avec les Mallet. On place un jardin de sous-bois à l’anglaise comme c’est la mode. Cent vingt ans plus tard, c’est à dire aujourd’hui, les rhododendrons plantés par centaines hauts comme trois pommes sont devenus des arbres de 5 à 8 mètres porteurs de nuages de fleurs blanches, roses, rouges, mauves, selon les espèces et les variétés. Le Bois des Moutiers n’a cessé d’être une destination de rêve depuis. Et pour tout le monde, qu’on soit jardinier ou simple promeneur. On reste bouché bée devant la puissance des plantations faites sur ce vallon qui descend vers la mer. http://www.boisdesmoutiers.com

Pendant que Mary Mallet fait portes ouvertes, s’installe sur la commune voisine de Sainte-Marguerite-sur-Mer un couple qui vingt ans plus tard va devenir une référence dans le monde des jardins : le prince et la princesse Sturdza. Lui est agriculteur et élève des bêtes. Il offre à son épouse Greta des volumes incroyables de fumier qui, avec les feuilles mortes méticuleusement ramassées sur la propriété, va constituer un amendement décisif. Greta Sturdza est une femme du monde. Elle a énormément voyagé avant de s’atteler à l’oeuvre de sa vie : le jardin Vasterival (nom emprunté au lieu-dit qui le reçoit). Le jardin commence petit autour de la maison, petite aussi et un temps propriété du musicien Albert Roussel. Au fur et à mesure que les Sturdza défrichent les quelques dix hectares que couvrent à ce jour le jardin, Greta découvre un vallonnement insoupçonné et de l’humidité dans les fonds, là où les fougères font maintenant de fort élégants massifs. Elle aussi a connu des jardiniers anglais qui lui éduquent le regard et lui enseignent les pourquoi et les comment de la vie des plantes. Lionel Fortescue, jardinier connu et respecté du Devon est son mentor. Elle en aura beaucoup d’autres. Greta est décédée il y a quelques années en ayant assuré la pérennité du jardin. On voit de tout à Vasterival, la végétation est merveilleusement orchestrée. Ce jardin se veut « sans période creuses ». Il y a du spectacle douze mois par an, des floraisons et du charme. Greta Sturdza avait les talents d’un magicien. Cela se voit encore. Les conditions de visite ont été assouplies. Réservations possibles par Internet : https://www.vasterival.fr

Ces deux domaines ont éveillé la curiosité du monde horticole. Avec l’art des jardins devenu une mode dans les années 70 et 80, les visiteurs se sont faits plus nombreux. Les vocations de jardiniers tout autant. Lorsque les pouvoirs publics (Conseil Général de la Seine-Maritime surtout) apportent aide matériel et soutien publicitaire, les bonnes adresses se découvrent. Qui n’a connu en leur temps les beautés des jardins Agapanthe, Angélique, Bosmelet ! En 2015, de nouveaux jardins ou d’anciens rénovés servent d’arguments au CDT76 pour encourager le tourisme vert.

Le château musée de Martainville

C’est le plus jeune des jardins présentés puisque ses dernières plantations datent de l’an passé. Elles seront complétées prochainement par des palissades en clôture faites de charmes plantés en quinconce. C’est Thierry Hay de la direction de la culture et du patrimoine qui veille sur le nouveau né. Plus tard il y aura des gloriettes toujours en charme, hauteur trois mètres. Le château musée date du 15ème siècle. D’anciens jardins ont existé au 18ème. On les a laissé péricliter au siècle suivant. La vogue actuelle pour les jardins est le déclencheur du renouveau. Pour s’adapter au site, on lui offre une trame classique Renaissance de jeux de formes géométriques fort plaisantes remplies de végétation contemporaine, des scènes de graminées en particulier.
76116 Martainville-Epreville, 02 35 23 44 70, http://www.chateaudemartainville.fr

Le parc animalier de Clères

Au coeur d’un village exquis, un immense parc blotti autour d’un château très ancien. Les Béarn qui l’ont habité au 18ème siècle ont commissionné les bons paysagistes de leur temps. On le voit aux arbres immenses et âgés qui le peuplent par endroits. En 1919, l’ornithologue et botaniste Jean Delacour achète l’endroit. Sa fortune et ses travaux lui permettent d’introduire des collections animales et végétales sans équivalence dans la région. Après une période creuse, le jardin a réaménagé ses plates-bandes pour les conduire à des standards internationaux et a su conserver une faune qui séduit les familles. C’est l’endroit parfait pour passer une journée au calme, dans le rêve absolu.
76690 Clères, 02 35 33 23 08 http://www.parcdecleres.net

Le jardin collection de Bellevue

Martine et Francis Lemonnier ont fait la connaissance des végétaux par le dessin puisque Martine était dans sa jeunesse une aquarelliste distinguée. On les a connu il y a une trentaine d’années quand ils organisaient des journées autour des Meconopsis et des Hellébores, les premières vedettes de leur jeune pépinière. Ils ont aussi planté les arbres et les arbustes qui étaient censés devenir des monstres sacrés. De fait leurs collections de Prunus, Betula, Nothofagus, Viburnum, Cornus, Taxodium et mille autres vedettes sont maintenant d’une haute valeur. On gagne à suivre leurs visites guidées pour connaître les caractéristiques de ce que l’on admire. La vue panoramique sur le Pays de Bray dont on profite depuis leur maison est un intérêt supplémentaire.

Jardins de Bellevue, 76850 Beaumont-le-Hareng, 02 35 33 31 37
http://jardin-de-bellevue.e-monsite.com

Le potager du château de Miromesnil

Guy de Maupassant est né en ce lieu en 1850 et y passa les trois premières années de sa vie car ses parents avaient loué le château. Mais si l’on visite le domaine c’est bien sûr pour le château que trois générations de Vogüé ont restauré et pour le parc avec un célèbre potager de plus en plus beau au fil des années. Nathalie Romatet, la petite-fille, a ouvert la maison aux chambres d’hôtes et l’on se réveille le matin le nez dans les fleurs et les fruits et légumes du jardin. Bonne adresse à tous égards. Histoire, élégance, botanique, décontraction (Nathalie est un clown merveilleux !), savoir-faire, connaissance des jardins, tous les éléments sont réunis pour le bonheur d’un week-end.

76550 Tourville-sur-Arques, 02 35 85 02 80
http://chateaumiromesnil.com

La roseraie du château de Mesnil-Geoffroy

Un potager à l’ancienne, tout en courbes romantiques et légumes de choix, est venu compléter la roseraie immense et le jardin classique qui faisaient un riche ordinaire jusqu’alors. Jardins d’iris aussi et de dahlias, selon les saisons. Visite du château avec meubles d’époque. Une plongée inouïe dans le 18ème siècle dont la princesse Anne-Marie Kayali est spécialiste.
76740 Ermenouville, 02 35 57 12 77
http://www.chateau-mesnil-geoffroy.com

Le village jardin de Veules-les-Roses

Village de bord de mer sur les deux rives de la Veules, cours d’eau de 1,2 km né de sources communales, ce qui en fait le fleuve côtier le plus court de France. On y a compté des moulins dans le passé et des cultures de cresson. Le village vit de tourisme désormais tant il est coquet. Les roses qui couvrent murs et clôtures lui apportent une réelle plus-value. Restaurations et hôtellerie à la mesure de ce lieu de détente en bord de mer. Visites guidées :
http://www.plateaudecauxmaritime.com/xit_avoir/visite-commentee-du-plus-petit-fleuve-de-france/

Pour dormir et se régaler selon les budgets :
Consulter seine-maritime-tourisme.com

DESTINATIONS JARDINS EN REGION NORD/PAS-DE-CALAIS

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Qui souhaiterait passer à côté d’une escapade estivale jardin-nature assortie de riches découvertes, avec à la clé un hébergement vert de 3 ou 4 étoiles selon la formule choisie ? Cela se déroule à partir de la Chartreuse du Val Saint-Esprit, dans cette région du Nord/Pas-de-Calais où les journées sont longues et chaudes entre juin et septembre.

La Chartreuse du Val Saint-Esprit

Des moines de l’ordre des Chartreux ont vécu là au 14° siècle. Après tous les conflits guerriers, épidémies et aventures humaines que la région a connus, le domaine arrive entre les mains de Jean Constant, homme d’affaires toujours en quête de challenges audacieux. Les bâtiments attendaient un sauveur. Ce sera lui, en 1984. Il rase le plus mauvais, restaure ce qui reste et construit d’autres pavillons dans un esprit de cohérence. Les plus beaux arbres de l’ancien parc sont préservés et des plantations nouvelles apportent du sang neuf. Le Domaine de La Chartreuse avec ses deux hôtels et ses trois restaurants est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques et les tables se distinguent vite par la qualité de la nourriture servie. Jean Constant a alors l’idée de parfaire le système en produisant des légumes maison. Il n’est pas difficile de trouver un hectare et demi pour en faire un potager. Afin de s’assurer du meilleur, les jardiniers de La Chartreuse vont en Touraine au Château de Villandry, s’inspirer du célèbre potager Renaissance que les Carvallo entretiennent depuis quatre générations. Pas de meilleur exemple de ce type en France ! Après quelques années et la plantation de 24.000 buis pour délimiter les parcelles de culture, le nouveau potager tient la route et alimente les cuisines. Un apiculteur local a déposé ses ruches dans un coin reculé de la propriété. La fierté de Jean est de pouvoir proposer miel maison aux petits-déjeuners. Et d’offrir à ses hôtes parc et potager libres à la visite. A La Chartreuse, on se sent comme chez soi !

Fondation Prouvost au Château du Vert-Bois

Le Château du Vert-Bois et son parc sont installés sur 60 hectares de verte nature de la commune de Marq-en-Baroeul. C’est le siège de la Fondation Prouvost, due à l’initiative en 1975 d’Anne et Albert Prouvost, riches industriels de la région. C’est d’abord un village de métiers d’art où sont réunis une vingtaine d’artisans, avec restaurant et brasserie. C’est aussi un parc avec sculptures contemporaines qui depuis quarante ans ne cesse de voir grandir des milliers d’arbres devenus des géants tant le sol est fertile. On s’égare avec délices dans l’allée des noisetiers de Byzance, celle de Nyssa sylvatica et d’autres plantées de tilleuls, platanes, hêtres pourpres, tulipiers, pommiers. Un jardin bouquetier qu’on peut qualifier « de curé » est rempli de rosiers. La promesse de milliers de roses parfumées en juin. Et de bien d’autres fleurs le reste du temps. Ouvert toute l’année, sauf lundi.

Senteurs Parc

Avec l’étape suivante, on change de proportions pour deux hectares d’un jardin nommé avec humour Senteurs Parc. Il faut être prêt à ouvrir les narines tout autant que les yeux. Véritable enquête policière au menu : mais d’où vient ce parfum tantôt mielleux, tantôt épicé ? La pâture à vaches autour de l’ancienne ferme s’est progressivement transformée en collection de plantes attractives par le parfum qui tantôt vient de la fleur, de la feuille, de l’écorce. Cette accumulation élégante et bien mise en scène, on la doit au docteur Jean Sapelier, ancien pédiatre. L’homme vit par le parfum et pour le parfum. Il a mille choses à raconter si on lui demande une visite guidée. Il faut téléphoner car les visites sont sur rendez-vous. Son savoir sur les rosiers est énorme. Les roses de l’Anglais David Austin sont heureuses sur ses terres. Leurs parfums sont multiples, étonnants parfois comme l’est celle de ce beau Cytisus battandieri, cytise marocain à odeur d’ananas.

La Peylouse

Manoir Belle Epoque où la quête du bonheur a commencé en 1914 ! C’est du moins l’argument de Monsieur et Madame Rousseau qui habitent les lieux et reçoivent en chambres d’hôtes. La visite de leur site internet est captivante. Elle ne néglige aucun des détails littéraires et artistiques qui ont enrichi l’historique de la propriété. Avoir la rivière « La Lys » dans le village, frontière naturelle par le passé, était l’assurance de voir les puissances militaires s’y rencontrer avant de combattre. La Peylouse joue cette carte culturelle. On y croise des célébrités politiques telles de Douglas Haig et Siegfried Sassoon. Le parc est une belle promenade arborée où les spécimens d’arbres largement plus que centenaires résistent au temps avec une immense pièce pièce d’eau autour de laquelle pointent par endroits des racines aériennes de cyprès chauves de Louisiane, pompeusement nommées « pneumatophores ».

Une promenade à Mosaïc s’impose. C’est le jardin des cultures. Ce parc est une aventure humaine ayant impliqué beaucoup de personnes depuis l’époque où Pierre Mauroy était président de la communauté urbaine de Lille. Pour redonner vie à sa région sinistrée par le déclin de l’industrialisation qui avait fait sa fortune pendant un siècle, il fallait trouver des idées nouvelles. Sur 120 hectares, le Parc de la Deule fut une des réponses. Ce site, en bord de la rivière de même nom, jadis pollué par l’industrie, défigurée par la pollution, devait être rendu aux populations pour leurs loisirs. Un peu plus tard en 2004, sur une parcelle de 23 hectares du parc, ce fut la mise en place de Mosaïc, dit le jardin des cultures. Chaque année, au prorata des populations migrantes qui composent la métropole lilloise, une équipe par jardin invente un projet : 10 projets, 10 jardins. Venir à Mosaïc, c’est entrer dans le royaume du rêve, de l’improbable. Tout est fait pour surprendre les familles avec enfants. On va déambuler dans des lieux où l’atmosphère transporte de l’Espagne aux Flandres, de la Méditerranée à l’Angleterre, de l’Europe Centrale à l’intérieur d’un corps de dragon imaginaire. Le rêve absolu ! (photo ci-dessus)

Au Conservatoire botanique national de Bailleul la nature est offerte en libre-service. On peut y flâner des heures à son rythme pour découvrir l’infiniment petit si l’on se penche sur la délicieuse petite orchidée Ophrys abeille ou l’étonnante violette de Rouen, exclusivité des coteaux calcaires de la Seine. Où des scènes composées pour reconstituer tel ou tel biotope. Si vous êtes à Bailleul le 15 juillet par exemple, le menu est déjà affiché. C’est la découverte de la mare avec focus sur la myriade d’insectes qui la fréquentent, les guirlandes de batraciens qui l’habitent et sa ceinture de plantes à fleurs qui ont colonisé son sol humide. Univers de paix et de beauté, ce jardin est évidemment lieu de culture et d’apprentissage tant l’étiquetage des végétaux est parfaitement fait. Apporter appareil photo et carnet pour consigner connaissances et émotions.

Carnet d’adresses

* Maison du Tourisme, rue du Palais Rihour au coeur de Lille, 03 20 14 57 57
http://www.tourisme-nordpasdecalais.fr
* Association Régionale des Parcs et Jardins, 03 21 03 62 31
http://www.parcsetjardins-npdc.fr
* Domaine de La Chartreuse, 62199 Gosnay. 03 21 62 80 00
http://www.lachartreuse.com
Idées de séjour au domaine pour deux personnes, chambre, petits-déjeuners, dîner avec boissons à partir de 232 euros
* Fondation Prouvost, 59700 Marcq-en-Baroeul, 03 20 46 26 37
http://www.fondationseptentrion.fr
* Senteurs Parc, 49, Braemveldstraete, 59470 Volckerinckhove, 03 28 29 10 18
http://www.parcsetjardins.fr/nord_pas_de_calais/nord/senteurs_parc-1243.html
* La Peylouse, 23 rue du 8 mai, 62350 Saint-Venant, 03 21 26 92 02
http://www.lapeylouse.fr
* Mosaïc, 103 rue Guy Moquet, 59263 Houplin Ancoisne, 03 20 63 11 24
http://www.enlm.fr/home/mosaic.html
* Conservatoire de Bailleul, hameau de Haendries, 59270 Bailleul, 03 28 49 00 83
http://www.cbnbl.org

UNE ENVIE DE JARDINS EN VAUCLUSE

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« Touristes de Jardins » qui avez planifié un voyage de découverte de jardins en Provence, voici une sélection vauclusienne. Elle répertorie cinq jardins du Vaucluse de genres très différents. Cela va d’un jardin au décor à la fois classique et contemporain chez Guy Hervais, homme aux multiples talents, au jardin de collections typiquement 19ème, celui du naturaliste Jean-Henri Fabre qui passa sa vie à étudier les insectes et les plantes méditerranéennes.

Liste espérée exhaustive disponible sur : www.provenceguide.com

Comme toutes visites appelées à s’étaler sur plusieurs jours, il faut trouver un abri pour le soir. La Provence est riche d’habitats variés. Voici deux adresses où les jardins ont leur place pour vous recevoir dignement.

Dans la catégorie des hébergements classiques et chics, l’hôtel Le Mas de Guilles à Lourmarin mérite son appartenance à la chaine Relais du Silence. La maison est ancienne, bien restaurée et sans excès, avec piscine. Le restaurant n’est pas la moindre des attractions : bon chef, service sobre et élégant et nourriture parfaite.

Pour passer une nuit « branchée », réfugiez-vous dans une ferme restaurée cachée dans la campagne de Le Thor. Son nom : Couleur Lavande. Vous serez reçus par deux jeunes Suisses, lui de Genève avec l’accent du Léman, elle de Fribourg élevée en allemand et en français. Les deux parlent anglais « as well ». Piscine écologique, poulailler écologique, potager écologique. Chez les Renaud, votre santé ne court aucun risque. Sinon celui d’escalader l’escalier en colimaçon de la chambre avec mezzanine pour accéder à la salle de bain haut perchée, mais quelle découverte. Le bio se mérite !

Le Pavillon de Galon et son hectare de jardin, entre quatre hectares de vignes, figuiers, cerisiers, lavandes et plus encore, est devenu le jardin-phare du Vaucluse. Du jardin, on voit le clocher de l’église de Cucuron distant d’un kilomètre. Proche d’un village typiquement provençal donc, resserré sur lui-même avec son labyrinthe de rues étroites, et tout en paraissant si éloigné du monde ! Du Pavillon de Galon, le paysage de la plaine sud au pied du Luberon laisse espérer toutes les récoltes, toutes les félicités. Habitat d’une rare élégance, restauré pour l’usage d’une famille et deux chambres d’hôtes, Galon est un exemple pratiquement intact d’une maison de villégiature, précédée d’un jardin d’agrément. Anciennement villa patricienne romaine devenue ferme, puis pavillon de chasse construit à la fin du 18ème siècle pour un riche armateur marseillais. Celui-ci fit édifier quelques fontaines et utilisa le bassin olympique romain (disparu un temps puis retrouvé enfoui sous un marais) pour l’agriculture. Tous ces points d’eau sont alimentés par les sources de la propriété. Le couple Bibi et Guy Hervais a repris cet endroit en mauvais état en 1999, restauré avec des techniques anciennes le corps de bâtiment, replanté des jardins, créé un verger patrimonique, un potager, une figuière, une oliveraie et « redoré » le vignoble. Guy Hervais, ancien photographe devenu à la fois cultivateur, restaurateur en même temps que le « créatif » de sa société de design, est aux manettes.

Tout est dit à www.garden-secret.com

Au fil de ces dernières années, le Pavillon de Galon est devenu membre de l’Association des Parcs et Jardins de Provence-Côte d’Azur et a reçu la distinction de Jardin Remarquable. Sa visite est donc possible, essentiellement sur rendez-vous.

Autant il faut « montrer patte blanche » pour découvrir les fastes créatifs des jardins de Galon, autant il est aisé de rendre visite à ceux de Val Joanis à Pertuis. Val Joanis est un espace de 400 hectares dont 100 de vignobles avec en son coeur un château, dont les bases sont du 16ème siècle, posé sur un promontoire entouré de beaux arbres dont certains sont plus que centenaires. Cécile Chancel qui habitait là il y a quelques années a toujours eu du goût pour les jardins. Il y a vingt ans, on se pressait à sa porte pour admirer ses essais, ses dessins, ses plantations. Femme admirable, infatigable, entreprenante, tantôt en Provence, tantôt à Paris ou Guernsey ou New York, malgré ces nombreux déplacements son oeuvre prenait forme. Elle et son mari ont cédé Val Joanis pour d’autres aventures. Son oeuvre reste le joyau du domaine, le potager préservé, le mulch couvre-sol de mulcao continue de parfumer les parcelles et les visites sont faciles. Contigu à l’espace commercial du vignoble, ce jardin est accessible à la belle saison aux heures d’ouverture de la boutique. Val Joanis propose des bouteilles dans les trois couleurs de vins, régulièrement primés dans les concours viticoles. S’il faut consommer le vin avec modération, la visite des jardins n’exige pas la même prudence.

Alors direction Bonnieux, un des villages phares du Luberon, sans accent sur le « e » et bien que par confort de prononciation on prononce souvent « é ». Peter Mayle n’est pas loin, l’Anglais qui se fit connaître avec « Une année en Provence », livre à succès. Peter avait des anecdotes à propos des « étrangers » qui s’installent pour quelques années en Provence et les populations locales qui assurent le service. Il avait notamment écrit que lorsqu’un entrepreneur, maçon ou menuisier, vous dit que « normalement » le chantier sera terminé pour « telle date », c’est que lui-même en doute déjà. A Bonnieux, il a dû y avoir des situations de ce genre. Mais les amateurs de jardins lorsqu’on mentionne Bonnieux devant eux finissent la phrase par une formule magique : « Ah oui ! « La Louve de Nicole de Vésian ». Femme exquise et talentueuse, Nicole de Vésian, décédée en 1997, après avoir fait les beaux jours d’Hermès, avait acquis une petite maison de village en 1986 sur un escarpement desservi par un chemin plutôt qu’une route (le chemin de Saint Gervais). Pharmacie et coeur de village sont à moins de 500 mètres et pourtant à La Louve on tourne le dos à la civilisation, orientée sans vis à vis vers une forêt de l’autre côté du vallon. Ceux qui ont vu un des multiples reportages publiés sur le jardin de Nicole de Vésian savent de quoi on parle. Sylvie Verger en avait lu assez pour devenir une « accro ». Comment faire un jardin dans une zone pierreuse comme la colline de Bonnieux, à flanc de calcaire ? Sylvie habitait la Normandie à cette époque et devait s’entendre avec vents et marais. L’heure de la retraite de son mari Pascal et de la sienne venues, on déménage avec l’idée de se rapprocher du Midi. Entretemps Judith Pillsbury, qui avait acheté La Louve pour son jardin de romarin, buis, germandrée, lavande, cotinus et toutes sortes de petits arbustes qui pouvaient supporter la taille sans se plaindre, avait décidé de se séparer du joyau. Affaire réglée en un instant l’année dernière, joie de Judith de savoir que son jardin ne sombrerait pas et larmes d’émotion de Sylvie qui jamais n’aurait pu imaginer qu’un jour elle serait la jardinière à temps plein de La Louve, propriété qui depuis quelques années, elle aussi, était honorée de la mention « Jardin Remarquable ». A ce titre, la visite est possible sur rendez-vous, mais personne invalide s’abstenir en raison des nombreux escaliers de rocailles étroits qui ponctuent les différents étages de l’oeuvre d’art.

Suite avec Harmas de Jean-Henri Fabre à Sérignan du Comtat et Couleur Garance à Lauris. Le premier est un musée de plein air pour toutes les espèces végétales de cette partie de la Méditerranée que le célèbre naturaliste Fabre étudia sa vie durant (1823-1915) et des collections d’insectes dans la maison qu’il rassembla avec ferveur. Sa réputation est aussi le fait de ses nombreux écrits devenus célèbres et traduits en plusieurs langues. Le second est un jardin très récent dû à l’initiative de Michel Garcia et géré sur le mode associatif avec adhésion et protection des pouvoirs publics. Objet du jardin : rassembler en un seul lieu (centre ville de Lauris), sur un site largement ouvert sur la vallée de la Durance, un maximum d’espèces végétales qui ont joué un rôle petit ou grand (la garance n’est pas des moindres) dans l’étude et la fabrication des teintures depuis les périodes les plus anciennes. Ces deux jardins disposent de sites internet qui détaillent leur mission. Et dans les deux cas les écoles ciblent l’enseignement des sciences naturelles.

carnet d’adresses
www.provenceguide.com
http://www.guilles.com
http://chambres-hotes.provence.couleurlavande.com
http://www.pavillondegalon.com
http://www.val-joanis.com
La Louve, Chemin Saint Gervais, 84480 Bonnieux, pascalverger@me.com
http://www.mnhn.fr/fr/visitez/lieux/harmas-fabre
http://www.couleur-garance.com