PARC BOTANIQUE DE CORNOUAILLE

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Quimper, Pont-l’Abbé, Bénodet, le triangle magique de part et d’autre des rives de l’Odet pour les charmes d’une campagne marine et des plages. C’est aussi le point de départ pour les Iles de Glénan que l’on visite pour leur aspect sauvage et leur école de navigation à voile. Le naturaliste voit dans cet archipel la réserve d’un narcisse endémique identifié en 1803, Narcissus triandus capax, mis sous protection depuis. A voir au printemps ! En été, l’amateur de jardins qui croise dans les environs se doit de visiter une autre beauté : le Parc Botanique de Cornouaille à Combrit.

Dans ce parc de plus de 4 hectares (ouvert de mars à mi-novembre et associé à une pépinière) il faut se laisser guider par les sens. C’est selon la saison en fonction des floraisons et des parfums. Cette promenade arborée, on la doit à Jean-Pierre Gueguen, un pépiniériste qui après avoir visité le jardin patrimonial de son illustre confrère britannique Hillier de Winchester décida dans les années 1980 d’en offrir une réplique au Finistère. Beaucoup de courage ! Mais la terre et le climat de Combrit allaient lui donner raison.

Le printemps vous dirigera vers les rhododendrons, azalées, cornouillers. L’été venu, de juillet à septembre, vous irez plus volontiers au bas du domaine voir le jardin d’eau. Sur la route de l’eau, vous trouverez les collections d’hortensias, ou « Hydrangea » dans le langage latin international. Ce jardin aquatique de 6000 m2 voit le jour en 1996. Beaucoup d’hémérocalles et d’iris dans les massifs de berges et des plantes flottantes comme les nénuphars. Remarquable spectacle qui inclut les gunneras brésiliens à feuilles gigantesques. Ces dernières jaillissent du sol chaque printemps et forment des touffes impénétrables jusqu’à l’entrée de l’hiver.

Hydrangeas : quelques variétés récentes méritent d’être essayées dans nos jardins :

Magical Jade. A partir de juillet ses petites fleurs forment des pompons blanc vert. En cours d’été, la couleur passe doucement vers le rouge. Excellent pour fleurs coupées.

Macrophylla Adria. Grosses fleurs en boules bleues de juin à septembre. Ce bleu profond est acquis par la fixation de l’aluminium dans les pigments des pétales en sols acides (pH inférieur à 7). D’où l’importance d’avoir une bonne proportion de terre de bruyère naturellement acide. Paillage (mulch en couverture de sol) avec aiguilles de pin ou écorce de conifère.

Macrophylla Blue Sky. Autre sorte d’hortensia. Au lieu d’être réunies en boules, les fleurs sont disposées selon un plan courbe bombé comme une pomme d’arrosoir.
Paniculata. Ces hydrangeas ont des fleurs réunies en gros cônes, un peu à la manière du lilas mais en beaucoup plus impressionnant. Couleurs disponibles : blanc avec Bobo, rouge avec Diamant rouge et rouge rosé avec Ruby qui démarre blanc avant de virer au rouge rosé.

Tous les hydrangeas aiment les places ensoleillées en Bretagne où les pluies occasionnelles gardent un sol humide et l’air frais porteur de rosée matinale. Ailleurs, il faut se méfier des situations cuisantes qui brûlent feuilles et fleurs. Voir site internet du parc botanique pour conseils de culture.

Ailleurs dans le Finistère

Amateurs d’hortensias, le Finistère offre deux autres sorties. Toute l’année, le Parc de Moulin Neuf à Ploudalmézeau vous attend. Voici une petite ville qui s’est organisée avec une association de retraités bénévoles pour planter, entretenir et organiser la gestion du parc public. Budget en équilibre et donc gratuité au quotidien pour les visiteurs. Hortensias par centaines. Mais pas que cela. Un parc zoologique. Une réussite !

Egalement le village de Mahalon où une autre association a su allier ses talents à ceux d’un maire entreprenant. Promenade en sentier forestier fleuri d’hortensias et gigantesque exposition de fleurs coupées d’hydrangeas le temps d’un week-end de juillet. Identification des fleurs parfaite par les membres de l’association. Spectacle plein d’intérêt par la documentation qu’on y trouve.

http://www.finisteretourisme.com
http://www.parcbotanique.com
http://parcdumoulinneuf.free.fr/Bienvenue.html
http://www.mahalon.fr/festival_hortensia.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Réserve_naturelle_nationale_de_Saint-Nicolas_des_Glénan

INTERIEUR A CIEL OUVERT

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Dominique et Benoît Delomez appartiennent au monde des arts. Tous les deux sont artistes plasticiens. Autour de leur maison contemporaine, ils ont commencé leurs aventures jardinières en mars 2000, avec 3000 m2 à organiser sur un horizon en partie rural à l’orée d’un village de l’Orne.

Les beaux jardins restent rarement secrets très longtemps. L’Orne, c’est la Normandie et les jardins comptent beaucoup pour les organisateurs du tourisme. En 2011, la fanfare médiatique s’empare de leur oeuvre. Le nouveau jardin est nommé « Intérieur à ciel ouvert ».

Respect de l’environnement et de la biodiversité sont au rendez-vous. La visite complète du jardin fait passer par une dizaine d’ambiances, toutes poétiques. L’intime se mêle au sauvage apprivoisé au fil de la découverte. Luxuriant par endroits, plus dénudé à d’autres, c’est un mélange de genres étonnant de prime abord car déconcertant. Mais de l’ensemble se dégage beaucoup d’humour, un bon savoir-faire jardinier et un goût évident pour les plantes, dont celles du terroir. On franchit des talus, on longe des bassins, on côtoie des fontaines et l’on se glisse sous la ramée vers les secrets des petites mares. On peut aussi laisser son regard passer au travers d’oculus découpés dans les haies pour cadrer un pan de la campagne voisine. Sorte de tableau vivant ! Paix, rêve, flânerie sont des mots qui viennent spontanément à l’esprit quand on se remémore la visite.

Les Delomez sont aussi botanistes. Ils se sont forgés une solide connaissance au fil des ans qui réjouira les amateurs de jardins. Belle collection d’arbustes, de plantes vivaces à fleurs, de graminées et beaucoup de fougères au menu. Ces dernières profitent des zones humides, ou simplement fraîches, et ombragées.

Le potager tient une belle place dans ce show jardinier.On le repère vite grâce aux miroirs avec cadres qui l’animent et lui donnent de la profondeur. C’est un travail de bois peint de rouge et d’orange. Arbres fruitiers palissés, légumes, plantes aromatiques et médicinales se partagent l’espace. Riche source d’idées à rapporter de ce lieu. D’autant plus que des oeuvres d’art contemporaines se rencontrent ici et là. De belles surprises à découvrir donc au fil des espaces nommés « passage luxuriant », « pierrier », « bassin aux tritons » ou « créations sonores ». Voir sites internet pour détails :

http://www.jardin-interieuracielouvert.com
http://www.delomez.net

Benoît Delomez
6, chemin du lavoir
61430 – Athis de l’Orne
Tel. : 02 33 65 70 38

SUR LE SENTIER DU CHIMONOBAMBUSA

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Chez Martine, ni herbicide ni pesticide ! c’est déjà un appel pour avoir envie de frapper à sa porte au coeur de l’agglomération d’Hellemmes. Le grand Lille est à un jet de pierre et pourtant, franchi le seuil de la maison, que rien ne distingue des autres sinon cette plaque où l’on peut lire « Jardin Remarquable », tout bascule. Dépaysement complet ! En quelques secondes, nous voici transportés dans un autre univers. Nous sommes au Japon. La petite maison est une réplique des demeures japonaises comme on peut les voir dans des films. Et au-delà de la grande baie vitrée, le jardin se laisse deviner avec des bassins, des sentiers dallés, des cannes de bambous dressées haut vers le ciel, des statues et différents ornements des pays du Levant. En s’approchant un peu plus, on découvre un vrai jardin japonais, des dizaines d’érables, quantités d’arbustes et petites plantes à belles fleurs ou feuillages curieux d’allure exotique.

Le jardin de Martine Vandenbussche est une sorte de caverne d’Ali-Baba où depuis une dizaine d’années, Martine a donné corps à son rêve de jeunesse. Depuis son plus jeune âge, dit-elle, le Japon l’a attirée. Et plus extraordinaire, elle n’a jamais fait le voyage pour aller vérifier in-situ à quoi ce pays ressemble. Son rêve lui suffit. Ses lectures aussi. Et son enthousiasme bien sûr. Sans parler de son bon goût naturel tant l’oeuvre est réussie.

Ce jardin que Martine a nommé « Le sentier du Chimonobambusa », clin d’oeil au bambou avec lequel Charlie Chaplin faisait tailler ses cannes souples et raides à la fois et qu’il faisait tournoyer dans sa main, libère une atmosphère reposante et relaxante. Le bruit de la ville est filtré par les murs de séparation et le vent qui fait bruire les feuilles de bambous. Et puis il y a les chants d’oiseaux qui eux ne gênent personne. En effet, la gent à plumes a vite répertorié les multiples cachettes dans lesquelles la nidification serait possible. Et cohorte d’insectes qui trouvent ici gîte et couvert. Les batraciens aussi qui apprécient l’eau présente en quantité. Et, clous du spectacle, les carpes koï, superbes poissons aux écailles multicolores, parfois arc-en-ciel. Celles-ci ne viennent pas seules, il faut les acheter dans les commerces spécialisés. On trouve aussi dans ces lieux la nourriture qui leur convient. Ces carpes sont affectueuses. Elles reconnaissent la main qui les nourrit. En présence des visiteurs, les granulés sont lancés en direction de ces bouches insatiables. Spectacle garanti.

Au fil des ans, la connaissance progressant, sont venues s’ajouter quantité de petites merveilles répondant aux doux noms de Arisaema, Hepatica, Podophyllum, Epimedium. Pour avoir une allure japonaise encore plus présente, sur les arbustes qui s’y prêtent le mieux, Martine pratique la sculpture végétale « Niwaki », c’est à dire la taille en nuage. Un grand classique au Japon.

Ce jardin est aussi un lieu de rencontres et d’activités avec différents intervenants : lecture de contes Haïku, exposition de peintures, atelier de dessin à l’encre, atelier d’art floral, cérémonie du thé. Informations sur : www.lesentierduchimonobambusa.fr

Visites sur rendez-vous : du lundi au dimanche, téléphoner au 06 47 54 57 34,
5 euros par personne, gratuit moins de 12 ans.
97, rue Roger Salengro, 59260 Hellemmes.

CAMILLE MULLER LE PAYSAGISTE

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Avez-vous entendu parler de Camille Muller ? le paysagiste ! Les Editions Ulmer lui ont consacré un livre magnifique pour témoigner de son oeuvre et de sa vie de jardinier marginal. Avec un titre sec comme un coup de fouet « Les mains dans la terre ».

J’ai rencontré Camille Muller chez Gilles Clément à « La Vallée », le jardin de son maître à l’Ecole d’Horticulture de Genech, le 17 août 1980. Avec beaucoup d’autres étudiants en botanique, horticulture ou paysage, la joyeuse bande allait l’été donner un coup de main à leur gourou qui construisait sa maison de bois et son jardin écolo, près de Crozant dans la Creuse. Depuis Camille a tracé son chemin et au niveau des multiples créations qui sont aujourd’hui les siennes, oserais-je dire qu’il a dépassé le maître !

« Les mains dans la terre » est un livre capital. S’il permet de visiter une vingtaine de lieux les plus parlants, divinement photographiés par Claire de Virieu, souvent au clair obscur des petits matins brumeux ou en soirée juste avant que le soleil ait disparu à l’horizon, il donne tout autant une leçon de vie et le goût de ne pas désespérer de l’avenir. Car Camille est un inconditionnel de la Nature et de l’Ecologie. S’il a déstabilisé à ses débuts quelques bourgeois trop figés, au fil des ans il a pris de l’épaisseur et a su servir des discours cohérents et convaincants à ses clients. Camille est devenu fin stratège au point de séduire des gens des arts et de la finance comme Peter Klasen, Didier Decoin, Claire et Bertrand de Virieu, Gilles de Brissac, César (le sculpteur), Claude et François-Xavier Lalanne, la famille Rothschild.

Son approche écologique est avant tout une attitude : s’adapter au lieu sans le contraindre. C’est aussi bien une éthique qu’un gage de réussite. Affranchi des concepts et des modèles, Camille se laisse conduire par son intuition et par les opportunités présentes sur le lieu. Il est pour cela inclassable. Son oeuvre renouvelle la discipline du paysage. Jusqu’à une période récente, l’homme est au centre des jardins dans son obsession de contrôler la nature. Des créateurs comme Camille Muller réinventent l’idée du jardin qui ne sera plus l’expression de la puissance supposée de l’homme, mais bien une ode à la Nature : réintroduire la vraie nature dans le jardin.

Camille Muller, Les mains dans la terre, Editions Ulmer. ISBN : 978-2-84138-594-2