FRANCHE-COMTE : CULTURE, DEPAYSEMENT ET GRAND AIR GARANTIS

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Cité riante propice aux promenades, Dole a rejoint le club fermé des Villes d’Art et d’Histoire. Pour le faire savoir au plus grand nombre, les services de l’Animation du Patrimoine et ceux de l’Office de Tourisme ont confectionné un circuit-découverte jalonné au sol qui permet d’aller à la rencontre des lieux d’exception au rythme et envies de chacun. C’est le circuit dit « du chat perché » pour rendre hommage à une des gloires locales, Marcel Aymé. Dole peut être le point de départ d’une promenade à pied, à cheval ou VTT qui accordera une grande place à la culture.

Marcel Aymé (1902-1967), auteur des fameux Contes du Chat Perché, a passé à Dole ses jeunes années. Adulte, il sait peindre ce lieu avec précision et tendresse. Par une espiègle homonymie, c’est donc un fléchage au sol, sous la forme d’un chat, qui montre le chemin à suivre. Il est d’ailleurs connu que le chat est un grand promeneur curieux de son environnement. On lui emboîte le pas avec délices. Un petit fascicule « Laissez-vous conter le circuit du chat perché » offert par l’office du tourisme complète l’information. L’essentiel est condensé sur moins de 50 grammes de papier. Et après avoir laissé la voiture sur un des nombreux parkings qui s’étirent le long du Doubs au niveau du port de tourisme, deux ou trois heures de promenade s’offrent à chacun. La collégiale Notre-Dame qui s’impose au regard à faible distance est une construction du XVIème siècle souvent prise à tort pour une cathédrale en raison de son importance.

Entre port et collégiale, on trouve aussi la maison natale de Louis Pasteur, avec musée, où le savant se découvre sous diverses facettes, de l’artiste en herbe au bienfaiteur de l’humanité. La suite du parcours passe au numéro 3 de la rue Marcel Aymé, lieu de vie de l’écrivain. A proximité, une grande fontaine est mentionnée pour avoir fortement inspiré Marcel Aymé dans son roman « Le moulin de la Sourdine ». La promenade se poursuit vers le Musée des Arts Décoratifs, le Bastion Saint-André et l’Hôpital de la Charité pour ne citer que trois monuments. Dole est née aux flancs d’une forteresse en pierre bâtie au XIIème siècle par le comte-empereur Frédéric Barberousse, posée sur une corniche calcaire bordée au sud par le Doubs. La ville se développe au siècle suivant le long de l’antique voie romaine reliant Châlons-sur-Saône à Besançon. Avant que cette province rejoigne la couronne de France en 1678, le comté sera tour à tour Bourguignon et possession des Habsbourg.

Une croisière au fil de l’eau en bateaux à moteur électrique « Runaboat » organisée par la société José Vincent que l’on trouve avenue de Lahr offre la possibilité d’autres sensations sur quelques kilomètres. Cette évasion lente permet de découvrir comment à côté du panorama urbain subsiste un tout autre environnement végétal et animal. Contact au 06 82 99 78 99.

Suggestion. Faire étape à Dole implique une nuit à La Chaumière. Il serait regrettable en effet de manquer un hôtel tout confort et une table étoilée avec des menus où les émulsions réjouissent les papilles. Quelques exemples :

* Escargots Bonvalot, crème glacée à la gentiane et émulsion de persil
* Poulette, morilles vin jaune, carottes gingembre
* Cancoillotte maison au Savagnin

Des vins locaux Savagnin du Domaine Pignier accompagnent ces fastes.

Le Lac de Vesoul, entièrement situé sur la commune de Vaivre-et-Montoille, est un des poumons verts propre à la détente de l’agglomération de Vesoul. Avec 90 hectares d’eau et de sauvagine, il y a de quoi distraire cette communauté avec des loisirs sportifs : voile, planche à voile, pêche, natation, randonnée pédestre mais aussi culturels avec la réserve ornithologique qui se découvre grâce à un chemin agrémenté de panneaux aux explications didactiques. Un restaurant bon enfant nommé « La Promenade du Lac » (03 84 77 05 14) positionné au point stratégique de l’accueil propose une nourriture de bonne qualité à prix raisonnable.

Luxeuil-les-Bains se découvre ensuite avec plaisir sous les propos amusés et érudits de Florence, guide conférencière (03 84 40 06 41). Nichée au pied des Vosges saônoises, Luxeuil se fait connaître dès l’Antiquité par les bienfaits de ses sources d’eau chaude. Son établissement thermal qui est considéré comme un des plus anciens de France trouve sa place dans un bâtiment de grès rose du 18ème siècle, classé monument historique en 1862 et dont l’architecture est largement inspirée des bâtiments du célèbre architecte Nicolas Ledoux. Sa piscine offre le plaisir de plonger dans une eau à 32 degrés. Le bassin de baignade est assorti de jets directionnels qui servent de massages relaxants à eux seuls. Même la plante des pieds est concernée. Détente totale assurée ! L’établissement est agréé bien entendu pour les soins de remise en forme et cures médicales.

Luxeuil offre d’autres attraits. Un projet communal de réaménagement de la Place Saint-Martin nécessita des diagnostics archéologiques préalables voici une dizaine d’années. A très faible profondeur sont apparus alors de nombreux sarcophages de grès, jouxtant une église du haut Moyen-Age. La densité des vestiges, leur état de conservation et leur rareté chronologique a justifié des campagnes de fouilles qui sont encore en cours comme en témoigne le chantier visible par tous les promeneurs. A deux pas de ces trésors, un autre, le plus ancien monument de la ville : la basilique Saint-Pierre et Saint-Paul, classée monument historique depuis 1846. On y vénère Saint Colomban, moine venu d’Irlande au VIème siècle, le premier pasteur ayant séjourné sur cette terre de Luxovium. Le grand orgue de la basilique possède toutes les qualités pour émerveiller les spécialistes d’orgues anciennes. Ce grand corps d’orgues en plusieurs jeux date du XVIIème. Son buffet en bois de chêne offre des sculptures d’une force et d’une qualité stupéfiantes : Atlas soutenant un plateau de feuilles d’acanthe, Sainte-Cécile au clavier accompagnée d’un ange violoniste, le roi David jouant de la harpe.

La Franche-Comté localisée en limite des Vosges et des montagnes suisses est un territoire de nature, de promenades sous toutes ces formes : à pied, à cheval, à VTT. Particulièrement la zone connue comme « Le plateau des mille étangs » qui s’étend sur 220 km2. Un itinéraire touristique de 60 kms démarre à Melisey et il fait le tour de ces multiples étangs résultant du retrait des glaciers il y a 12.000 ans. Les moines du Moyen-Age ont su mettre en place un système de gestion de l’eau et développer la pisciculture. Plusieurs gîtes et chambres d’hôtes en pleine nature proposent des accueils à la ferme. Possibilité de découvrir en ces lieux des tourbières avec droséras, plantes carnivores qui ne mangent que mouches et insectes les plus petits qui se posent sur leur feuillage collant et ne peuvent plus s’en séparer. Contact : Maison de la Nature des Vosges Saônoises (MNVS).

Une autre découverte aquatique est à deux pas de Belfort : c’est la presqu’ile du Malsaucy, avec sa base nautique et sa base de loisirs. Toutes les activités de sports, de détente, de découverte de l’environnement sont réunies autour d’un étang de 64 hectares. Ce site naturel aux qualités écologiques attestées héberge aussi une maison départementale de l’environnement et un refuge de la ligue de protection des oiseaux. Sorties d’observation des oiseaux migrateurs ou non régulièrement proposées. L’auberge du lac de la commune voisine d’Evette-Salbert est idéale pour une restauration dans les meilleures conditions.

Et si votre circuit découverte se termine par Montbéliard, capitale gastronomique locale, il est amusant d’aller flâner sur le port de plaisance et prendre un repas sur une péniche amarrée rue du port, au milieu des promeneurs et des pêcheurs. C’est le Vog Restaurant. Renseignements : 06 84 83 44 50. Dépaysant !

Toutes les informations complémentaires sont disponibles auprès du CRT
Comité Régional du Tourisme de Franche-Comté
03 81 250 800
www.franche-comte.org

http://restaurant.michelin.fr/restaurant/france/39100-dole/la-chaumiere/2buz227
http://www.domaine-pignier.com/nos-vins/blancs/savagnin
http://www.les1000etangs.com
http://mnvs.fr
http://www.belfort-tourisme.com/fr/incontournables/malsaucy.php

DIDIER WILLERY SE RACONTE DANS « DINGUE DE PLANTES »

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Avoir été un très bon élève à l’Institut de Genech pour apprendre les métiers de la pépinière, avoir eu pour maître de stage le fameux « Pierrot Hennebelle » pépiniériste aussi savoureux dans la vie que connaisseur de la flore ligneuse des jardins décoratifs et, enfin, avoir eu l’opportunité d’être un des stagiaires « chouchou » de la princesse Sturdza au jardin « Le Vasterival » avant d’en devenir le conseiller botanique : voici trois raisons majeures qui ont fait de Didier Willery un de nos meilleurs experts français en Art des Jardins. Et si l’on ajoute le poste de conseiller éditorial qu’il occupe dans la branche française de l’éditeur Eugen Ulmer, voici à grands traits le CV de ce garçon brillant qui signe les textes et les photos d’un gros livres de 400 pages « Dingue de plantes ».

Cet excellent communicant a démarré son jardin personnel il y a 25 ans, autour de sa maison de Camblain-Châtelain (62). La parcelle a grossi avec le temps pour atteindre à ce jour un quart d’hectare, ce qui est assez peu si l’on considère tout ce qu’on y trouve. Didier a un talent singulier pour associer les plantes entre elles. On sent l’enseignement reçu au Vasterival, puisque Greta Sturdza était connue pour les mélanges réussis. Avec sa position au coeur d’un tissu horticole collaboratif, il est à la bonne place pour recevoir les nouveautés. Il teste leurs qualités. Il les observe durablement pour voir comment elles se comportent : arbres, arbustes, vivaces, rosiers, grimpantes, fruitiers. Cela donne des articles bien documentés pour la presse : l’Ami des jardins en premier lieu, avec reprise sur son blog : http://didierwillery.com

C’est un jardin de structure forte inspiré des jardins à la française. Il se divise en douze parcelles qui ont des thèmes. Toutes ont un point commun : une allure naturelle et spontanée qui dissimule la rigidité du cadre fait de bordures taillées et de petites haies.

Dans ce pavé littéraire et horticole passionnant d’expériences jardinières toujours vécues et souvent nouvelles, on passe en revue la plupart des plantes invitées chez Didier et comment il les organise entre elles. Forte influence des souvenirs accumulés dans le jardin de la princesse et les autres jardins et pépinières qu’il a visités ! Son domaine est un miroir de ce qu’on peut faire chez soi sans dépenser des sommes folles et sans que cela prenne trop de temps. Ne dit-il pas pour lui une demi-journée par semaine ! même s’il est un peu aidé par épouse et enfant.

Les expériences qu’il mène dans ce jardin de charme et jardin d’essai à la fois en font un lieu tout autant unique que son livre est abondant et généreux. Pas une seule page sans une observation judicieuse, sans un message d’encouragement pour les lecteurs qui vont s’y plonger. Succès, échecs, tentatives risquées, tout y passe, tout est décrit. Les lecteurs sont aussi avertis d’entrée : aucun produit phytosanitaire n’a jamais franchi le seuil de cette maison.

* Dingue de Plantes, par Didier Willery, 35 euros, Editions Ulmer. ISBN : 978-2-84138-801-1

LEGENDES D’ARBRES : UN DES BEAUX LIVRES DE L’AUTOMNE

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* Grands arbres de nos campagnes, quel âge avez-vous et d’où venez-vous ?
* Grands arbres de nos jardins, quelle est votre famille et quelles dimensions allez-vous atteindre ?
* Jolis arbres disponibles en pépinières et jardineries, vous plairez-vous dans le sol et le climat que j’ai à vous offrir ?

Autant de questions que chacun se pose un jour ou l’autre à l’occasion de rencontres de sujets exceptionnels dans les parcs botaniques et de réflexions sur quoi choisir quand on veut planter. Catalogues de producteurs et sites internet sont là pour informer, mais ils le font sommairement et même quelquefois de façon maladroite.

Ceci n’est pas le cas avec la production récente d’un livre écrit avec intelligence par Noël Kingsbury et parfaitement illustré des photos des plus beaux sujets rencontrés par Andrea Jones. Son titre : « Légendes d’arbres ». Alors s’étalent sous nos yeux les histoires illustrées racontant vie et secrets de 90 arbres. Certains d’entre eux sont exotiques, mais la plupart peuvent vivre durablement sous nos climats. Livre cadeau par excellence à placer au pied du sapin de Noël pour vivifier la fibre jardinière de vos amis tentés par le vert et former le regard sans le tromper des jeunes gens qui veulent s’orienter vers les métiers du paysage.

L’histoire la plus symbolique concerne le pommier que les botanistes nomment désormais Malus domestica (page 205), c’est à dire le pommier domestiqué. Les études scientifiques modernes ayant recours à des analyses ADN estiment que nos pommes aujourd’hui présentes sur les étals des marchés ont toutes pour ancêtre lointain Malus sieversii, pommier sauvage asiatique du Tadjikistan et contrées voisines contestant alors la paternité jusqu’alors supposée de Malus pumila, autre espèce asiatique. Certains spécialistes voient une probable parenté et même synonymie entre ces deux espèces ! A notre niveau, cela importe peu. Toutefois ces quelques pages consacrées au pommier et aux variétés anciennes et récentes font rêver à tous ces siècles passés par les hommes à sélectionner les fruits dont nous nous régalons afin de les rendre plus gros, plus goûteux et surtout transportables et le plus possible résistants aux maladies.

A l’inverse et pour passer du fruit le plus consommé par les Français de l’hexagone, on rencontre le « Durian » (page 231), arbre fruitier exotique surnommé le « Roi des fruits » : nom latin Durio, famille des Malvacées comme notre mauve officinale, origine Indonésie et régions voisines. Hauteur, jusqu’à 50 mètres dans la nature. A quoi doit-il sa célébrité alors qu’il dégage une odeur nauséabonde ? On veut en savoir plus. Noël Kingsbury narre l’histoire de ce voyageur s’installant dans un hôtel 5 étoiles en Chine qui s’étonne qu’on lui présente dans sa chambre en cadeau de courtoisie un fruit dont l’odeur hésite entre l’ail pourrie, les eaux usées et les végétaux en décomposition. Mais la chair a la texture et le goût de crème anglaise. Seulement il faut faire abstraction de l’odeur. Sa saveur subtile, très agréable écrit Noël, n’est pas sucrée. Il ajoute : « Elle provoque un appel comme celui d’une phéromone qui s’adresserait à la partie profonde, animale, de notre cerveau. Une fois apprivoisé, son goût ne se compare à rien d’autre ! »

Une autre histoire nous ramène chez nous (page 255). C’est celle du cyprès, tantôt nommé de Provence ou d’Italie. Nom latin : Cupressus sempervirens. Origine : rives nord de la Méditerranée. Longévité : jusqu’à 1000 ans. L’auteur ajoute « voire plus ». D’autres rétorqueraient « beaucoup moins » en raison des maladies qui dévastent souvent son feuillage et fragilisent l’arbre. Toujours est-il que ce cyprès a été fort utilisé dans les villas antiques et dans nos jardins du Midi, de la Renaissance à nos jours. Sa pousse verticale qui s’inscrit dans le paysage comme un point d’exclamation a permis de faire des alignements et des perspectives bien repérables et fortes élégantes. Ce conifère se dresse facilement à dix mètres, parfois le double mais rarement le triple quoi qu’en dise l’auteur.

Restent 87 histoires à découvrir dont celles des ginkgo, séquoia, houx, andromède en arbre, hêtre, cyprès chauve, eucalyptus, pin sylvestre et palétuvier. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir au fil de ces rencontres quelquefois inattendues et le plus souvent fort attachantes.

Légendes d’arbres. 42 euros

Delachaux et Niestlé Editeurs. ISBN : 978-2-603-02193-4