L’EMOUVANTE BEAUTE DES FEUILLES : UN GRAND LIVRE DE GERARD JEAN

couverture livre

Beautés ciselées dans leurs formes, dimensions, textures et couleurs, les feuilles ont de tout temps inspiré Gérard Jean dans ses compositions paysagères. Son jardin de la Baie de Pellinec en Bretagne a tout lieu de s’en réjouir. Et nous aussi, visiteur d’un jour de ce jardin sublime ou lecteur d’un livre unique écrit et photographié par Gérard Jean lui-même et mise en pages par Les Editions Ulmer.

Pour Gérard Jean, les feuilles dans un jardin comptent autant que les fleurs. Le jardin du Pellinec est un sanctuaire spectaculaire des feuillages les plus inattendus, portés par des plantes bien rares par moment et qui fleurent bon l’exotisme. Plantes exotiques pour certaines certes mais toujours en adéquation avec le climat doux et humide du rivage breton des Côtes d’Armor.

Quand chaque matin notre jardinier d’exception part au jardin, c’est un peu comme s’il allait passer en revue ce qui est déjà planté et
réfléchir à ce qu’il devrait ajouter pour améliorer les effets visuels et culturels qu’il tente d’obtenir. Le Pellinec, c’est comme un herbier
géant mais bien vivant fait de collections végétales rarement vues ailleurs et dans une mise en scène pleine d’émotion.

Son goût pour les feuilles remonte à l’enfance puisque, dès l’âge de 8 ans, sur le chemin de l’école, il s’était pris d’intérêt pour une vigne
vierge dont les feuilles s’habillaient chaque octobre des teintes faites de cramoisi, orange et jaune. Il les ramassait précieusement tant il
les aimait. Son livre « L’émouvante beauté des feuilles » n’est jamais que le prolongement d’un goût immodéré pour cette matière à qui la Nature
a confié le soin d’organiser la fonction chlorophyllienne.

Grand livre dont les pages présentent des photos sublimes de feuilles, plus de 200, dans lesquelles les connaisseurs reconnaitront à coup sûr
des plantes convoitées. C’est également l’oeuvre d’un jardinier érudit. Gérard n’accumule pas les végétaux pour leur seul graphisme. Non ! Il
les aime un point c’est tout. Et il en veut le plus grand nombre avec l’obligation qu’ils soient heureux entre eux. Pas de simples objets de
décor, mais bien un patrimoine en forme d’éco-système élégant. Il plante pour cela par affinité d’élégance tout autant que par affinité
culturale, en quelque sorte l’alliance du beau et du pratique. A tous les végétaux signalés, photographiés et parfaitement nommés, s’ajoutent
l’essentiel des renseignements culturaux. Le lecteur qui « flashera » sur telle ou telle plante sera documenté sur ses goûts et comment la faire
pousser dignement.

Voici quelques exemples en regard des photographies les plus émouvantes.

* Page 22. Dans son jardin de marécage spécialement construit pour recevoir une merveilleuse et géante collection d’Iris kaempferi, G.J. a invité Rodgersia podophylla, aux feuilles bien dessinées et pourpre jusqu’en juin, plus pâles ensuite. Il conseille d’ajouter astilbe et alchémille.

* Pages 25/28. Le chapitre des mahonias est fantastique. Avec Mahonia confusa qui se présente sous un manteau de givre, alors que Mahonia savilliana s’habille en un rouge rutilant à faire des envieux. Puis Mahonia eurybracteata et lomariifolia exhibent des ramures qui font penser à des squelettes de poissons ou encore à des carapaces de crustacées. Toutes les espèces citées s’avèrent encore plus enviables quand on apprend qu’elles sont rarement malades, qu’elles supportent l’ombrage et qu’elles résistent étonnamment à la sécheresse.

* pages 41/45. Les photos qui illustrent le géant Gunnera manicata du Brésil ne peuvent que séduire. En bon pédagogue, G.J. explique les différences entre les deux espèces de gunnera les plus souvent proposées. G. manicata est la plus énorme avec des feuilles larges qui dépassent 2 mètres, mais elle est plus sensible au froid que G. tinctoria. En revanche, les feuilles de G. tinctoria sont réduites de moitié.

* Pages 68/69. Plein feu sur les piéris asiatiques qui, avec leurs feuillages souvent teintés de rouge (de vert aussi, d’argent, de jaune) s’avèrent trouver les climats breton et normand bien à leur goût. Ce sont alors au printemps des montagnes enflammées.

* Pages 87/88. Des feuilles duveteuses, c’est l’apanage de nombreux rhododendrons. La photo de R. pachysanthum est éloquente à ce titre. Les explications font découvrir que ce « tomentum » a pour raison de protéger du soleil brûlant.

* Pages 90/91. Une photo en double page qui montre le rêve réalisé du « fan de rhodos ». Superbe assortiment qui mêlent rhododendrons et fougères arborescentes. Rêve assorti d’explications techniques pour permettre à chacun de tenter de faire chez lui une scène comparable à cette allée himalayenne.

* Pages 102/109. Tout est dit sur les phormiums. On les imagine sans mal droit sortis d’un atelier de peintre.

* Pages 111/117. Rencontre avec les restios, sortes de graminées inconnues dans nos jardins il y a seulement dix ans et à qui on peut promettre un bel avenir sans trop craindre de se tromper.

Par ce livre, on voit qu’au jardin toutes les beautés sont disponibles à qui saura les comprendre. Un peu de science, pas mal de persévérance et beaucoup d’imagination !

http://www.apjb.org/fr/parcs/jardin-pellinec.html
Jardin du Pellinec 22710 Penvenan
visite d’avril à septembre, le samedi après-midi
gj.pellinec@orange.fr

L’émouvante beauté des feuilles. Editions Ulmer. 32 euros. ISBN : 978-2-84138-793-9