CONFITURES, GLUTEN & COLÉOPTÈRES

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Avec l’automne, les comptoirs de libraires se remplissent de nouveaux titres. En voici trois que rien n’associe en apparence. Et pourtant ! Les trois livres présentés ont pour point commun de connaitre un peu mieux la nature qui nous entoure. Soit pour mieux la comprendre, soit pour mieux se régaler des fruits ou des légumes qu’elle produit.

Les confitures de Lise Bienaimé

Encore un livre sur les confitures, allez-vous dire ! Oui, mais quel livre ! C’est d’abord un produit des Editions de La Martinière avec juste le luxe qu’il faut, son grand format, son papier glacé et sa maquette grandiose de simplicité. On ne peut attendre pour l’ouvrir, car l’envie est trop forte de tourner les pages et en savoir plus sur les confitures qui nous accompagnent tout au long de notre vie.

« Confitures » est un livre qui renseigne sur la façon de les faire ! la moindre des choses dira-t-on et sont passées en revue 110 confitures et 40 recettes de cuisine à la confiture, en dessert pour l’essentiel. Mais c’est aussi une publication où la connaissance des fruits a son importance. Chaque chapitre décline l’état-civil du fruit considéré, son origine géographique et botanique, avec mention de ses caractéristiques et de sa richesse en pectine, élément fondamental pour que la confiture tienne juste ce qu’il faut dans son pot et se conserve durablement.

Pour nous faire rêver de tartines sucrées, adorablement croquantes et parfumées comme il faut, deux femmes talentueuses se sont réunies. On les rencontre en début de livre. En fondant « La Chambre aux confitures », une épicerie fine avec quatre boutiques à Paris, une à Lille, Aix-en-Provence, Lyon, Nantes et Strasbourg, Lise Bienaimé est décidée à faire partager son amour pour l’ultime gourmandise et retrouver ses souvenirs émerveillés d’enfant. En rencontrant Sabrina Delattre, confiturière exigeante et passionnée, Lise sait qu’elle a trouvé la perle qui va l’aider dans sa conquête de nouvelles saveurs en développant d’audacieux assemblages pour faire chavirer nos papilles. A titre personnel, Lise aime le goût de la poire et du coing twisté avec une épice ou un des nombreux agrumes disponibles et Sabrina adore le côté acidulé de leurs productions à base de citron, orange, mandarine et yuzu, un citron japonais au parfum emblématique de la gastronomie japonaise.

Livre cadeau par excellence car Noël n’est pas loin, avec 400 pages dont on sort enivré et plein de projets.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Yuzu
https://lachambreauxconfitures.com
www.editionsdelamartiniere.fr 45 euros

Intolérance au gluten et comment contourner la difficulté

Communément, le gluten est l’appellation générique donnée à un ensemble de protéines présentes dans le blé, l’orge et le seigle, ainsi que leurs dérivés comme froment, épeautre, triticale qui sont reconnus toxiques pour les coeliaques, c’est à dire les personnes qui sont victimes de cette maladie. Chez eux, l’ingestion de gluten provoque une réaction immunitaire induisant des lésions inflammatoires de la paroi de l’intestin grêle et la destruction des villosités intestinales. Cela entraine une mauvaise absorption des protéines, lipides, glucides et de certaines vitamines. Une analyse de sang est le premier examen préconisé pour affirmer le diagnostic. Ensuite, c’est une affaire de médecins spécialisés et de la bonne volonté des patients qui doivent prendre au quotidien d’immenses précautions pour éviter la dégradation de leur santé.

L’intolérance au gluten (comme ses dérivés allergie et hypersensibilité au gluten) n’est pas si rare de nos jours. L’était-elle jadis ? on l’ignore puisqu’on vivait avec les symptômes sans en connaitre les raisons. Depuis une dizaine d’années, les souffrances que provoquent cette matière sont mises à jour et font l’objet de nombreuses publications. « Ma lunch box sans gluten » est l’une des plus récentes. Elle prend la forme d’un charmant petit livre bien illustré édité par Terre Vivante et qui a été écrit par Frédérique Barral.

Atteinte de la maladie coeliaque, Frédérique a choisi de cultiver le positif d’une vie sans gluten en cherchant de nouveaux produits, de nouvelles saveurs et de nouvelles expériences culinaires. Auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, elle est avant tout fondatrice et rédactrice de Niepi, premier magazine traitant de l’alimentation sans gluten.

Ce qu’on appelait il y a bien longtemps « la gamelle » est devenue « lunch box ». C’est plus branché et tout de suite plus appétissant. Boîte plastique à compartiments ou bocal en verre qu’on remplit selon ses goûts, le tour est joué. Le temps passé à cuisiner le soir son menu du lendemain est vite rattrapé à l’heure du déjeuner loin des files d’attente. Et chaque coeliaque sera certain d’avoir échappé à son poison ingéré à son insu. Frédérique propose une vingtaine de menus bio classés par saison, gourmands, complets, équilibrés : flan d’asperge verte, soupe froide de tomates aux fraises, gaufres salées à la noisette, salade de lentilles au jus de clémentine, porc aux abricots, crumble fraise-rhubarbe, muffins pomme-châtaigne. Les recettes proposées sont rapides à préparer et bien entendu faciles à transporter !

Ma lunch box sans gluten 14 euros
http://www.terrevivante.org
http://www.niepi.fr

Découvrir les Coléoptères

Les Coléoptères, vous connaissez ? C’est Aristote qui le premier semble les avoir ainsi nommés. Traduit du grec, cela donne « ailes couvertes d’un fourreau, d’un étui ». Ce sont des insectes dont les ailes sont protégées au repos par de solides élytres. Ils sont apparus sur la terre à l’ère primaire, soit il y a environ 285 millions d’années et ont su s’adapter aux changements climatiques et terrestres.

Les scientifiques les classent de différentes manières dont le régime alimentaire n’est pas des moindres. Il y a les carnivores comme les coccinelles qui s’alimentent de leurs proies capturées vivantes. Puis les coprophages qui se régalent de matières fécales, les héliciphages qui préfèrent les escargots, les mycophages amateurs de champignons, les nécrophages goûteurs de proies mortes. Quant aux phytophages ils mangent des végétaux, les xylophages uniquement du bois et ainsi de suite.

Vincent Albouy et Denis Richard inlassablement commentent ce vaste monde fait de petites bestioles que le non connaisseur a vite fait de prendre l’une pour l’autre. Ils en ont sélectionné 800 espèces parmi celles qu’on a le plus de chance de rencontrer en Europe. L’illustration de ce guide encyclopédique est parfaite. L’éditeur nous explique que ce sont des photos. En fait, on les prend en feuilletant le livre pour des dessins méticuleusement tracés. On lit l’ouvrage par séquence lorsqu’on cherche un renseignement sur tel ou tel insecte. On aime se perdre dans les pages avec volupté tant l’écriture fait penser à ces romans policiers de Georges Simenon où l’écrivain de génie savait camper les scènes avant de nous livrer le coupable. Vincent Albouy et Denis Richard racontent la vie intime des coléoptères comme un jeu de piste, d’où viennent-ils, où vont-ils et comment vivent-ils. Ils parviennent à gommer le côté scientifique du sujet par leur talent de conteur, ce qui immanquablement réjouira les plus jeunes, futurs entomologistes de demain.

Coléoptères d’Europe, septembre 2017, 34,50 euros
http://www.delachauxetniestle.com

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HOMMAGE A UN PHÉNOMÈNE MÉDIATIQUE

Le jardin secret Coffe

Une quarantaine de signatures viennent de rendre un ultime hommage à leur ami Jean-Pierre Coffe décédé en mars 2016 dans un beau livre de la collection Larousse. A lire leur propos qui témoignent des souvenirs qu’il leur a laissés, on comprend que notre homme savait s’y prendre pour déclencher des ondes amicales. Presque tous parlent de son amitié fidèle et de sa générosité. Allons donc à sa rencontre !

Jean-Pierre Coffe, voici un nom connu de tous ! Décédé l’an dernier, sa voix à nulle autre pareille résonne encore dans nos oreilles. L’homme savait tout faire et les nombreux livres qu’il a produits et ceux qui ont été écrits à son propos l’ont rendu immensément populaire. Michel Drucker l’invitait souvent dans ses émissions de télévision. Avec lui, on était certain de passer un bon moment tant son parler direct le faisait apprécier.

Sa spécialité avouée et reconnue, c’était la cuisine. Ses recettes vantaient la simplicité. Comment arranger des morceaux peu coûteux et se régaler pourtant. Sa cuisine personnelle, cette vaste pièce qu’il avait aménagée dans sa maison de Lanneray, en Eure-et-Loir, a servi de studio pour beaucoup de prises de vues et de films sur la gastronomie façon Coffe. Sa connaissance du vin était bonne, tout autant. Le petit coup de blanc avec des rillettes ou du saucisson, on s’en souvient.

Ce personnage de légende désormais avait de nombreux amis : des gens de cinéma, de théâtre, des journalistes aussi. On peut citer Jean Carmet, Gérard Depardieu qui l’accompagnaient dans les soirées bien arrosées. Il y avait aussi Jean-Claude Carrière, Natalie Dessay, Laurent Ruquier, Claude Sérillon et tant d’autres.

Ce qu’on savait moins, c’était son goût pour le jardin. Jean-Pierre Coffe, grand collectionneur de plantes, était heureux de faire découvrir son jardin de quelques deux hectares, entre Beauce et Perche, quand l’un ou l’autre lui rendait visite pour diner ou déjeuner. Le tour de jardin était quasi obligatoire avant ou après de repas, selon l’heure et l’humeur, car il tenait à communiquer sa passion et expliquer la nature, les plantes, la vie, la beauté et tout ce bonheur vert dont il ne pouvait se passer.

Dans un beau livre publié par Larousse « Le jardin secret de Jean-Pierre Coffe », installé en librairie cette semaine, son compagnon, Christophe Dolbeau, parle avec tendresse et respect de Jean-Pierre. Il a par ailleurs obtenu de beaucoup de ses amis qui ont fait le voyage de Lanneray de témoigner de leur amitié pour ce personnage fantaisiste et un peu trublion tout de même, il faut bien l’avouer.

Mardi dernier, 26 septembre, Christophe Dolbeau a demandé à Lydia Polster de revenir à la maison cuisiner quelques bons plats comme elle savait le faire lorsque Jean-Pierre recevait sans avoir le temps de passer lui-même le tablier ni de préparer ses plats préférés. Christophe a invité les personnes de chez Larousse qui l’ont guidé quand il rédigeait son livre, ainsi que des amis et une douzaine de journalistes pour communiquer sur le contenu du livre. Le repas fut bon, inutile d’en douter et Christophe, à la place du maestro, a guidé son petit monde dans les allées du jardin et de sa petite forêt en évoquant des souvenirs et en imaginant le futur. Il a passé en revue les plantes les plus belles, les plus rares et celles pour lesquelles il a une affection particulière, les érables et les cornouillers par exemple aux écorces luisantes, colorées, peau de serpent. Le livre dit tout cela et mille autres choses encore sur plus de trente années passées à façonner un champ de ronces en ce merveilleux jardin.

www.editions-larousse.fr
Le Jardin secret de Jean-Pierre Coffe, 260 pages, 29,95 euros

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