LES GABARES DE LA ROQUE-GAGEAC

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La Dordogne est nonchalante quand elle passe dans le département auquel elle a donné son nom. Vive sur les hauteurs du Mont-Dore où elle prend vie, grossie des nombreux affluents qu’elle rencontre en chemin comme la Maronne, la Cère, la Vézère, elle est sage et large en été. Mais soumise aux crues à la saison des pluie, elle sait montrer son caractère impétueux. Parmi les villes qu’elle traverse, La Roque-Gageac est l’une des plus belles. Son environnement estival est engageant et la cité a su en profiter.

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La Roque-Gageac est blottie dans une courbe de la rivière facilement accessible. L’homme s’y est installé très top car la roche calcaire largement entaillée de vides était propice à l’habitat troglodytique durant la préhistoire. Après différentes invasions et la Guerre de Cent-Ans, la vallée retrouve le calme à la Renaissance. Le bourg en profite pour s’agrandir  et s’embellir de superbes maisons bourgeoises dont le manoir de la famille Tarde qui impressionne encore. Pour mémoire, il faut se souvenir de Gabriel Tarde (1843-1904), criminaliste remarqué et un temps juge d’instruction à Sarlat. Il a interprété les comportements humains en étudiant les criminels et a terminé son parcours au Collège de France.

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BATELLERIE DE PLAISANCE
Après la Révolution, la batellerie s’intensifie et fait de la cité un port de gabariers très réputé tout en continuant à être un village de pêcheurs. L’envolée commerciale du transport sur l’eau à l’aide des gabares (bateaux à fond plat) qui fait la richesse de l’économie locale va souffrir de la mise en place du réseau ferroviaire. Par bonheur, l’industrie des loisirs apporte d’autres perspectives dont la navigation de plaisance à partir des différentes stations touristiques qui sont nombreuses dans la Dordogne des châteaux. Les Gabares Norbert, par exemple, installées à La Roque-Gageac, en sont une figure bien connue des riverains. Il est plaisant en effet de voir ces embarcations gracieuses entre avril et octobre filer paisiblement sur l’eau et entendre les commentaires d’un guide connaisseur de l’histoire et de la géographie de la région.

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PALMIERS, BIGNONES & PASSIFLORES
Après le circuit en gabare, il est aisé de trouver la sente pentue qui circule entre les maisons serrées les unes aux autres et dont les toits dépassent avec difficulté une forte végétation méditerranéenne. La Roque-Gageac bien orientée vers le soleil à toutes les qualités pour stocker la chaleur de ce dernier. On croise pendant la montée une petite église qui fut pendant des siècles la chapelle d’un hôpital miniature construit à même le roc. D’une manière inattendue, sur le parcours verdoyant s’entassent bananiers, orangers, lauriers-roses, hibiscus, yuccas, bignones et passiflores. Sans oublier les bougainvilliers aux tiges lianes qui vont à l’assaut des palmiers. Ce miracle végétal, on le doit à Gérard Dorin, un diplomate venu s’installer dans une des maisons de la colline pour vivre le temps de sa retraite. Il comprit assez vite les avantages climatiques de cette roche abondante comme on peut la voir sur la Riviera franco-italienne autour de Menton. Certes, les coups de froid peuvent anéantir les espèces sub-tropicales, mais en choisissant bien et avec un peu d’expérience, on apprend à connaitre les moins fragiles.Le diplomate passionné de botanique avait en effet remarqué que les brouillards qui montaient l’hiver de la rivière, comme un ouattage, freinaient la morsure des gelées. Quand on se promène sur le sentier-jardin de la Roque-Gageac, on a le sentiment de s’être égaré sans avoir envie de retrouver les bruits de la ville tant le chant des oiseaux les remplacent avec bonheur !

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Visites possibles à proximité de nombreux châteaux :
www.marqueyssac.com
www.eyrignac.com
www.milandes.com
www.chateau-beynac.com
www.castelnaud.com
www.sarlat-tourisme.com/la-roque-gageac
www.norbert.fr

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LES MEILLEURS CRÉMANTS DE BOURGOGNE

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Pour beaucoup de palais, le vin pétillant signe une table de fête, qu’il soit champagne, vin mousseux ou crémant. Les bulles qui s’élèvent à grande vitesse du fond du verre vers la bouche et le nez du consommateur sont en elles-mêmes une invitation à la dégustation. Un rapide historique permet de se situer dans le temps.

Sans difficulté, le champagne a su conquérir ses lettres de noblesse. Les grandes maisons telles Veuve Clicquot, Roderer et tant d’autres ont hissé leurs terroirs de productions à la première marche du prestige. Mais combien de fois a-t-on entendu qu’un bon crémant valait largement un champagne moyen ! Il est intéressant de suivre la fresque historique de ce crémant devenu si populaire de nos jours.

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Une fresque historique pétillante
A la fin du XVIIIème siècle, le vin mousseux connait un succès notable et la Bourgogne se distingue en produisant des vins de base à destination des vins mousseux. La course est engagée. Voici quelques dates qui sont des repères pour cette mise en vedette.
* 1813, les premières bouteilles apparaissent à Tonnerre, dans l’Yonne.
* 1818, Joseph-Jules Lausseure convertit ses plus belles cuvées de Pinot Noir en vin mousseux : Côtes de Nuit, Chambertin, Clos Vougeot, Romanée Conti …
* 1822, les frères Petiot, négociants à Chalon sur Saône et propriétaires de vignes à Mercurey et Rully embauchent François-Basile Hubert, jeune champenois prometteur.
* 1826, le premier vin mousseux des frères Petiot est commercialisé sous le nom de « Fleur de Champagne – Qualité supérieure ».
* 1827, plus d’un million de bouteilles de mousseux de Bourgogne sont déjà vendues en France.
* 1830, François-Basile Hubert fonde sa propre maison à Rully et se spécialise dans la méthode champenoise.
* 1840, la maison Simonnet-Febvre, dans l’Yonne, élabore un Chablis mousseux et rencontre un franc succès à l’étranger.
* 1858, le vin mousseux de Bourgogne part à la conquête des marchés d’Asie, d’Afrique et des Etats-Unis. Il est même servi à la cour du Tsar de Russie.
* 16 mars 1943, le Mousseux de Bourgogne réussit à s’imposer et obtient l’appellation d’origine contrôlée « Bourgogne Mousseux » pour les trois couleurs.
* Années 1960, alors que les viticulteurs connaissent une période difficile, une réflexion est envisagée sous l’impulsion de René Chevillard et sous l’égide de l’INAO pour renforcer les règles de production d’un grand vin de Bourgogne mousseux.
* 1970, un groupement de viticulteurs voit le jour dans l’Auxerrois, à l’appel de Michel Esclavy. Les prémices du Crémant de Bourgogne sont pressentis, avec les premières réglementations pour son élaboration. Cette première collective apporte une amélioration du niveau de qualité de la production.
* 17 octobre 1975, l’AOC « Bourgogne Mousseux » devient l’AOC « Crémant de Bourgogne » pour les blancs et les rosés. Les vins rouges effervescents ne changent pas de nom. A la même date, l’Union des Producteurs et Elaborateurs de Crémants de Bourgogne est créée. Siège actuel : UPECB, 132 route de Dijon 21200 Beaune.

Eminents & Grands Eminents
Depuis cette date, quoi de neuf ? Dès 2015, pour fêter les quarante ans du crémant de Bourgogne qui, il faut le rappeler, concerne seulement quatre cépages : chardonnay, pinot noir, gamay et aligoté, la profession a organisé une montée en gamme. Pour identifier les meilleures productions, les marques « Eminents » et « Grands Eminents » ont vu le jour. Elles représentent les offres premium et super premium (vocabulaire professionnel). Le vieillissement sur lattes (période de vieillissement en bouteille sur socle de bois) est l’un des facteurs de l’attribution de cette mention. Le vieillissement est porté à 24 mois pour le crémant éminent et 36 mois pour le grand éminent. Celui-ci réclame d’autres exigences : deux cépages seulement, chardonnay et pinot noir, et l’utilisation du premier jus de presse qui est le meilleur et qui représente les premiers 75% des jus.

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En s’associant à l’expertise d’AgrosupDijon, institut qui forme des ingénieurs en sciences agronomiques, l’UPECB organise une dégustation d’un genre nouveau et qui se veut un événement unique et original centré sur l’évaluation sensorielle. Il est bien précisé qu’il ne s’agit pas d’un concours mais d’une évaluation annuelle des cuvées par un double pannel de dégustateurs fait d’environ 60 professionnels et 100 consommateurs. L’opération 2018 s’est tenue le 10 mars dans l’auditorium de l’Opéra de Dijon. Les résultats sont réservés à la profession.

Les bonnes tables
Un déplacement dans le cadre d’une telle manifestation est également prétexte à visiter deux restaurants étoilés :
* Aux Terrasses à Tournus https://www.aux-terrasses.com/fr/
* Chez Stéphane Derbord à Dijon http://www.restaurantstephanederbord.fr/fr/
avec des alliances mets-vins recherchées fort réussies.

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Et les bonnes caves
Restaurants mais aussi des caves parmi les meilleures de l’appellation, avec rencontre de leurs gestionnaires :
* François Piffaut responsable de la communication et oenotourisme chez Veuve Ambal
https://www.veuveambal.com
* Philippe Chautard, directeur de la Maison Louis Picamelot http://www.louispicamelot.com/fr/
* Sylvain Martinaud, oenologue & maître de chais chez Bailly Lapierre
http://www.bailly-lapierre.fr
* Jean Musso, propriétaire du Château de Sassangy
https://www.chateau-de-sassangy.com

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Nuit calme et bel accueil à l’Hôtel Wilson qui jouxte le restaurant de Stéphane Derbord
www.wilson-hotel.com

https://www.youtube.com/watch?v=5viysuH4xUc
http://www.grandeminent.fr
http://www.cremantbourgogne.fr

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LES TROIS BELLES JOURNÉES DE SAINT-JEAN DE BEAUREGARD

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Photos fournies par le Domaine de Saint-Jean

Deux fois l’an, la Fête des Plantes de Saint-Jean de Beauregard (Essonne) est le rendez-vous botanique de référence pour tous les amateurs de jardin. La prochaine cession se déroulera du vendredi 6 au dimanche 8 avril. Près de 250 exposants spécialistes de l’horticulture et de l’art de vivre au jardin seront là pour répondre aux désirs et questions des visiteurs.

Pour cette édition printanière, c’est le thème des Plantes Insolites qui a été retenu. Pour les organisateurs, Muriel et François de Curel et leurs conseillers, la nature offre bien des trésors : des plantes inconnues et celles qu’on peut qualifier de bizarres par leurs formes inhabituelles, leurs couleurs, leurs dimensions ou encore leurs parfums. Il faut profiter de ces nouveautés encore rares pour les planter au jardin afin d’en pimenter son intérêt.

Une remise de Prix & Trophées récompense chaque année les pépiniéristes pour leurs travaux de recherche et de création ainsi que les artisans de l’art de vivre au jardin pour l’originalité et la beauté de leurs créations.

Voici quelques espèces appelées à concourir.
Pleione formosa d’Aldo Airplant
Orchidée de pleine terre et de plein air capable d’affronter des froids de -10°C. Hauteur entre 10 et 20 cm avec de jolies fleurs roses pour sols riches en humus et pas trop secs. On peut en espérer de jolies colonies au fil des années. Ennemis : escargots et limaces.

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Rhododendron macrosepalum linearifolium de Pépinière de Kerfandol
On est vite dérouté à la vue de ce buisson bas qui prend place partout. Ses feuilles linéaires surprennent par leur grande minceur. Arbuste encore plus étonnant quand arrivent les fleurs roses printanières, toutes aussi effilées que le feuillage. Culture facile. Eviter le plein soleil en région chaude.

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Dicentra scandens de Pépinière Bellec
Cousin inattendu de cette jolie plante vivace connue sous le nom de Coeur-de-Marie et grand classique des jardins de curé. Mais celui-là est grimpant car ses tiges sont couvertes de vrilles qui s’entortillent facilement sur grillage et petits tuteurs. Sa végétation peut dépasser 2 mètres et les fleurs sont jaunes, tachées de brun.

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Hydrangea involucrata ‘Late Love’ de Pépinière Pescheux-Thiney
Dans la grande famille des hortensias et de leurs cousins, tous nommés Hydrangea, apparaissent tous les ans des variétés nouvelles. Dans l’espèce involucrata, dotée de tiges tendres et de feuilles veloutées, les nouveautés portent souvent de grosses ombelles de fleurs doubles, telle ‘Late Love’. Pour mi-ombre fraîche.

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Asarum splendens de Jardin du Morvan
Asarum, l’exemple même de la plante couvre-sol qui grâce à son couvert très dense fait de larges feuilles bien dessinées et persistantes, vertes marbrées d’argent, occupe l’espace et le pied des arbres avec élégance sur tous les sols, même secs, Ombre ou soleil.

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Chordospatium stevensonii de Pépinière de Saint-Méloir
Sorte de genêt extrêmement rare qui forme des buissons de taille inférieure à 2 m de haut. Les branches fines et retombantes se couvrent de fleurs identiques à celles des pois en été, couleur lavande rosé. Pour terre filtrante sans calcaire. A placer le plus possible à l’abri des vents et des courants d’air.

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Des conférences et des séances de dédicaces permettent aussi pendant ces trois journées de découvrir et d’acheter les derniers ouvrages dédiés au jardin. Entre le 6 et le 8 avril, cette année, se relaieront des auteurs confirmés comme Didier Willery, et Dominique Brochet. Et d’autres tel Dominique Evrard, Pascale Prieur, Guénolé Savina. Voir le site internet de Saint-Jean pour programme complet.

Des animations et ateliers pour petits et grands sont aussi prévus pour égayer les journées avec : paillage, bourse d’échange de plantes, coloriage botanique, repiquage…. Tout le monde sera en mesure d’apprécier ces moments de partage offerts par les exposants.

www.chateaudesaintjeandebeauregard.com

 

4 BELLES LECTURES POUR LE PRINTEMPS

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Quatre livres en ce début d’année ont attiré mon attention. Deux traitent de cueillette dans la nature, celle des champignons et celle des plantes sauvages consommables. Un autre donne des directions pour guider nos gestes quotidiens afin de trouver le juste équilibre entre nos idées, nos désirs et nos actes à l’égard de la nature. Et le dernier nous encourage à redécouvrir les lentilles, un légume si riche en protéine qu’il nous permet de limiter notre consommation de viande.

L’INDISPENSABLE GUIDE DU CUEILLEUR DE CHAMPIGNONS
Il existe en France métropolitaine quelques 30.000 champignons différents. Il est donc illusoire d’imaginer les identifier tous. Les Editions Belin ont confié à deux spécialistes du genre le soin de rassembler 200 d’entre eux parmi les plus connus, pour leurs qualités gustatives ou pour leur dangerosité. 125 jouissent en effet d’une excellente réputation et c’est bien ceux-là qu’on cherche avec intérêt dans les sous-bois et les prairies. Et 75 autres sont des espèces mortelles, toxiques, immangeables ou très indigestes. L’essentiel étant de ne pas les confondre !

Les deux auteurs, Guillaume Eyssartier, docteur ès sciences du Muséum d’histoire naturelle, et Pierre Roux, pharmacien, sont deux experts en mycologie et ont à leur actif beaucoup de livres et d’articles scientifiques sur le sujet. On peut leur faire confiance et les féliciter pour la mise en page et la présentation de l’ouvrage. D’abord son format ramassé qui tient bien dans la main malgré ses 352 pages qui en font un document certes épais mais facile à loger dans une grande poche de vêtement de campagne. En effet, et grâce à sa couverture protégée par un habit plastique bien solide et transparent, ce livre va vous accompagner pour « Aller aux champignons ». Par ailleurs, les photos sont excellentes et les conseils judicieux et pratiques abondent. Par exemple la notion d’insertion des lames, c’est à dire la façon dont celles-ci s’attachent sur le pied. Ce détail évite beaucoup de confusion lors d’une détermination. On évoque la texture des chairs. Il y en a qui sont dites grenues chez les russules et les lactaires et les autres filamenteuses. Comment les distinguer ? Saveurs et odeurs sont également mentionnées. C’est un facteur aidant là encore. Puis l’époque de l’année où on rencontre telle ou telle espèce. Et, bien entendu, les risques de confusions entre un bon et un mauvais champignon. Ce livre didactique doit vous accompagner à chaque sortie !

L’indispensable guide du cueilleur de champignons
février 2018 15 euros
www.editions-belin.com

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PLANTES SAUVAGES COMESTIBLES ET TOXIQUES
Avant les débuts de l’agriculture, il y a environ 12.000 ans, l’homme ne consommait que les plantes qui poussaient spontanément dans son environnement. Les choses ne changèrent pas brutalement et le ramassage des plantes sauvages cohabita longtemps avec la culture des céréales et des légumineuses. Les récoltes dans les potagers et les vergers venant finalement beaucoup plus tard. L’histoire des plantes sauvages est écrite dans les livres depuis bien longtemps. D’abord par les gens d’église et quelques savants. Puis au XIXème et bien entendu au XXème siècle par des botanistes, des médecins, des homéopathes et de nombreux amateurs des sciences végétales.

François Couplan est l’un d’eux. Ses écrits sont très nombreux depuis 1983 et sa réputation excellente. Avec ce livre, son oeuvre la plus récente, François Couplan dresse un état des lieux limité à 200 espèces comestibles et 80 autres dont il faut se méfier en raison des substances dangereuses contenues dans leurs tissus. Puisqu’on évoque les plantes sauvages, il est fait mention de celles qui, à force d’être récoltées, sont devenues rares et même en voie d’extinction. En fait ce livre se lit un peu comme on pratique un jeu de piste. Une information renvoie à une autre. C’est un joli parcours historique et un puzzle culturel en même temps, car rien n’est seul et tout se tient. L’auteur réussit un ouvrage au contenu botanique et scientifique, à la fois distrayant et érudit. Une production de 64 planches couleur d’Eva Styner accompagne cette bible de connaissances. Un véritable régal !

Plantes sauvages, comestibles et toxiques
mars 2018 38,50 euros
www.delachauxetniestle.com

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LA PERMACULTURE
« Nul besoin de faire de la terre un paradis : elle en est un. A nous de nous adapter pour l’habiter ». Ces mots écrits par Henri Miller dans « Le cauchemar climatisé », publié par Gallimard, accompagnent la page d’introduction du dernier livre de Grégory Derville consacré à la permaculture. En moins de dix ans, ce mot d’allure scientifique a fait florès. Dans son sens premier, la permaculture est définie comme un ensemble de méthodes de jardinage faciles à mettre en oeuvre sur un petit terrain, un balcon ou une cour pour produire des aliments sains tout en travaillant le sol le moins possible par respect pour la nature. Grand bond philosophique pour les anciens jardiniers à qui on avait appris à mettre en oeuvre des labours bien profonds pour ameublir le sol !

Cet enseignant à l’Université de Lille prolonge le concept en proposant une dimension nouvelle à la permaculture. Il entraine son lecteur comme l’ont fait Bill Mollison et David Holmgren les créateurs du concept dans les années 1970 à produire au meilleur compte les produits les plus sains sans laisser dans l’environnement des résidus toxiques. Mais il s’intéresse aussi pour les avoir remarqués, et en avoir fait une longue liste, à nos gestes du quotidien qu’il classe dans le déraisonnable. En fait il nous apprend à réfléchir. Au fil des pages, il décline l’art de remplacer un mur de clôture par une haie végétale bien meilleure pour filtrer le vent. Il recommande de faucher les prairies pour remplacer la tondeuse ou le rotofil en signalant le Comptoir de la faux qui propose des formations et un outillage de grande qualité. Il signale l’invention du tracteur à poules qui est une cage sans fond montée sur roulettes et dans laquelle on installe les poules afin qu’elles grattent le sol pour manger les insectes et le nourrissent de leurs déjections. On avance le tracteur dans les parcelles à désherber à la demande en évitant ainsi que les poules abiment les zones fragiles du jardin. Il évoque le phénomène de la succession écologique pour transformer des surfaces tel un court de tennis dont on ne veut plus et qu’on oublie en le laissant à lui même. Sans entretien, les plantes pionnières vont s’installer : ronce, noisetier, genêt, prunelier et en quelques années on aura une parcelle nouvelle sauvageonne sans avoir fait l’effort de casser le revêtement de bitume ni l’évacuer vers le déchetterie. En fait Grégory Derville nous communique sa réflexion qu’il résume en « Que demain soit meilleur qu’aujourd’hui ».

https://www.youtube.com/watch?v=cV9lz9k2eZk
La permaculture en route pour la transition écologique
janvier 2018 25 euros
www.terrevivante.org

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VIVE LES LENTILLES
Hélène Schernberg et Louise Browaeys, toutes deux ingénieures agronomes, ont décidé de vous faire aimer les lentilles. La première tient le blog culinaire green-me-up.com et la seconde est spécialisée en nutrition. Ensemble, elles adorent cuisiner et réinventer des recettes à la fois saines, bonnes et faciles à mettre en oeuvre. Pour ce livre, elles s’attaquent aux lentilles que tout le monde connait mais n’utilise que rarement car jugées fades car souvent mal cuisinées ou mal assaisonnées. Et pourtant, quand on sait que ces petites graines, pas chères à l’achat, si faciles à trouver et à conserver, sont très riches d’un point de vue nutritionnel, notamment en protéine végétale, on est en droit de s’étonner.

Alors, oublions les préjugées et ouvrons leur petit livre fait d’une centaine de pages. C’est un joli papier mat sur lequel on trouve, par double page, une photo du produit fini et la recette en face clairement exprimée en termes simples qui vont donner confiance au cuisinier débutant. Et quand on finit par apprendre que les lentilles, qui appartiennent à la famille des Fabacées, apportent au sol qui les reçoit autant d’éléments fertilisants qu’elles en prélèvent (caractéristique de cette famille botanique), on apprécie d’autant plus cette neutralité écologique !

Vive les lentilles, 40 recettes bio, faciles & créatives
février 2018 12 euros
www.terrevivante.org

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HIPPOCRATE MEDECIN DU MONDE

PAR FRANÇOISE PERIER & GEORGES LÉVÊQUE.

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Petite île grecque du Dodécanèse semblant bénie des Dieux, voici Kos ! Située à l’extrémité orientale  de la Mer Egée et à quelques kilomètres seulement des côtes turques, Kos est fréquentée pour ses atouts touristiques. Côté soleil, c’est non-stop d’avril à octobre avec des températures idylliques. Hôtels et restaurants sont partout, bons, discrets, accueillants et ils pratiquent des prix séduisants. La pleine saison commence maintenant. Kos est aussi un site historique puisque c’est ici qu’Hippocrate y fonda une école de médecine qui le rendit célèbre dans le monde méditerranéen de l’Antiquité, une position qu’il a conservé à ce jour au niveau planétaire.

Kos : haut lieu de l’histoire de la médecine
Au sud de la ville même de Kos s’élevait Asclepeion, sanctuaire dédié à Asklepios, dieu de la médecine antique. Le site, découvert en 1902 par l’archéologue allemand Rudolph Herzog, a fait de Kos une île star. C’est ici même qu’Hippocrate, issu d’une lignée de médecins célèbres, fonda son école de médecine et posa les bases d’une nouvelle pratique qui lui valut le nom de « père de la médecine clinique ». La soixantaine de livres qui lui est attribuée, le « corpus hippocratique », consacra un modèle de médecine qui allait dominer jusqu’au dix-huitième siècle et transmettre des valeurs qui perdurent encore : recherche de l’équilibre, de l’harmonie, de la santé et du bonheur.

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La Fondation d’Hippocrate
Difficile aujourd’hui de se représenter Hippocrate sur les vestiges de ce que fut l’Asclepeion, cet immense sanctuaire doté d’un hôpital pouvant accueillir jusqu’à 4000 patients. Mais il est facile d’aller à sa rencontre au musée de la fondation qui cultive sa mémoire. C’est là que nous pouvons apprécier l’importance de ses travaux et de ses apports tant au plan thérapeutique que philosophique. Au delà d’un art médical qui se focalise sur le malade et non sur la maladie, Hippocrate est le créateur d’une philosophie naturelle dont se réclament aujourd’hui encore médecins, naturopathes, professionnels de la santé & du bien-être, ainsi que les créateurs de spas à vocation holistique. Le jardin de la fondation cultive environ 220 plantes dont Hippocrate a consigné les vertus thérapeutiques dans ses écrits.

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Le legs d’Hippocrate
Une conception révolutionnaire de la médecine qui estime que l’homme a la responsabilité de sa propre santé est formulée en aphorismes célèbres.

Médecine des Dieux versus Médecine de l’Homme
« Si tu es malade, recherche d’abord ce que tu as fait pour le devenir. »
Les Dieux ne sont responsables ni des maladies ni de leur guérison.
Médecine respectueuse
« Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté. »
C’est sur le site d’Asclepeion qu’Hippocrate a prononcé son fameux serment qui a traversé les âges. En Occident, les médecins le prêtent encore avant de commencer à exercer.
Médecine globale
« Le malade doit être examiné comme un tout composé d’un corps, d’un esprit et d’une âme. » « L’homme doit harmoniser l’esprit et le corps. »
Facteurs environnementaux, nutrition et mode de vie sont des acteurs santé importants.
Médecine naturelle et humaniste
« C’est la nature qui guérit les malades. »
Air, eau, soleil et terre sont les éléments naturels qui ont un rôle thérapeutique. La marche, par exemple, permet de privilégier le contact avec la terre.
« La force qui est en chacun de nous est notre plus grand médecin. »
Confiance et optimisme sont de précieux atouts pour la guérison.
Art de la diététique
« Il faut être mesuré en tout, respirer de l’air pur (…) et soigner ses petits maux par le jeûne plutôt que par les médicaments. »
Les médecins grecques de l’antiquité prônaient déjà les vertus du régime méditerranéen et recommandaient le jeûne pour purifier l’organisme, le régénérer et accroitre la longévité.
L’art anatriptique
« Le médecin doit posséder l’expérience de beaucoup de choses et entre autres celle du massage. »
Pour Hippocrate, gymnastique corrective, massages et réflexologie orthopédique sont des spécialités médicales à part entière. Convaincu des effets bénéfiques du massage (sauf pour les enfants), il estimait que tous les médecins devaient s’initier à cet art dont il a établi les règles dans un traité sur les articulations.

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Pour la petite histoire
« Hólos », du grec ancien signifiant « entier », a donné naissance à la terminologie médicale « médecine holistique ».
Hygiénique et préventive, la médecine grecque fait la distinction entre médecine curative (thérapie) et la médecine conservatrice (hygiène). Elle accorde de l’importance à la pratique du régime, du sport et de l’esthétique. Elle considère la beauté du corps comme le reflet de la santé intérieure et affirme que la santé relève d’un équilibre avec l’âme. Hippocrate a inventé la chirurgie, l’art de réduire les fractures, ainsi qu’une méthode de trépanation. On lui doit aussi le stéthoscope et l’utilisation du vin comme antiseptique, non à cause de l’alcool mais par les polyphénols qu’il contient. Les enseignements hippocratiques ont inspiré à l’Allemagne le naturisme  et à la Suède gymnastique et massages « suédois » !

Office National hellénique du Tourisme
3 avenue de l’Opéra
75001 Paris
01 42 60 65 75
www.visitgreece.gr

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LASCAUX LA GROTTE LA PLUS VISITÉE AU MONDE

Dan Courtice - 3_Atelier -CIAP - (6)photos fournies par www.lascaux.fr

Depuis sa découverte en 1940, la grotte de Lascaux fascine voyageurs et savants du monde entier. Les peintures et les gravures qu’elle renferme sont estimées à 17.000 ans. Les artistes qui les ont produites sur les parois d’une enfilade de cavernes sur environ 250 mètres appartiennent à l’époque du magdalénien ancien. Les visiteurs de 2018 n’ont plus accès à la grotte originale mais à sa réplique. Car son ouverture à l’air libre et à la respiration des visiteurs modifiait l’état des lieux et concourait à la dégradation des peintures.

Après avoir effectué une première réplique Lascaux 2, puis Lascaux 3 démontable et destinée à être exposée dans les grands musées étrangers, voici Lascaux 4 inaugurée en décembre 2016. Celle-ci, somptueusement référencée comme Le Centre International de l’Art Pariétal, se déploie sur 8500 m2 d’espace de visite. Il y a d’abord la réplique complète de la grotte originale puis plusieurs salles d’exposition qui retracent l’histoire de sa découverte, ainsi que sa place dans l’art pariétal mondial et la création contemporaine.

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GEOGRAPHIE ET GEOLOGIE
La grotte située sur la commune de Montignac dans la Vallée de la Vézère est installée dans une colline calcaire du Crétacé supérieur. Elle est relativement sèche si on la compare à d’autres grottes de la région car une couche de marne imperméable l’isole bien des infiltrations. Elle est positionnée sur un petit domaine noble dès le XVème siècle et passe de famille en famille jusqu’aux La Rochefoucauld-Monbel en 1940, propriétaires au moment de sa découverte.

DECOUVERTE
Inconnue de tout le monde au XXème siècle, différentes versions de son invention (nom savant pour une découverte) ont été rapportées. La plus plausible est la suivante. En septembre 1940, quatre garçons sont en promenade sur la colline. Un chien qui les accompagne poursuit soudain un lapin qui se réfugie dans un trou situé à l’endroit où un arbre a été déraciné. Un orifice de 20 cm s’ouvre au fond du trou impossible à explorer sans l’agrandir. En jetant quelques pierres pour faire sortir le lapin, Marcel Ravidat, maitre du chien découvreur, constate que le trou communique avec une vaste cavité. Quelques jours plus tard, le jeune homme revient avec d’autres camarades et un matériel de fortune pour élargir l’orifice et éclairer la cavité. Ils s’y faufilent et découvrent les premières peintures. Les parents sont prévenus, puis l’ancien instituteur Léon Laval, qui à son tour informe Henri Breuil, un préhistorien réfugié dans la région. Devant l’importance pressentie par Henri Breuil qui s’enflamme d’enthousiasme, la grotte est classée au titre de monument historique l’année même de sa découverte, ainsi que les parcelles cadastrales où elle est installée et les voisines. Pour faire « bon poids » Lascaux devient dans ses présentations « la chapelle sixtine du Périgordien » et même « le Versailles de la préhistoire ». Sa popularité trouve un écho favorable. Et son inscription en 1979 au patrimoine mondial de l’Unesco confirme son importance. Wikipedia est très documenté sur l’historique de Lascaux, son exploitation touristique et les problèmes de conservation. Il faut aussi renvoyer à l’Encyclopedia Universalis, tome 13, pages 488 à 491, où Denis Vialou traite remarquablement le sujet.

Dan Courtice - Lx Exterieur -CIAP -

DESCRIPTION DE LA GROTTE
Pour faciliter sa présentation, la grotte est subdivisée en zones, salles et couloirs. Il y a la première nommée « salle des taureaux », plus loin le « diverticule ou cabinet des félins ». Qui est intéressé trouvera les détails dans les références mentionnées ci-dessus. On considère que la « salle des taureaux » est la composition le plus spectaculaire. Ses parois en calcite se prêtant mal à la gravure, elle est uniquement ornée de peintures, souvent de dimensions impressionnantes,  jusqu’à 5 mètres de long. Deux files d’aurochs se font face, deux d’un côté, trois de l’autre. Les deux aurochs du côté nord sont accompagnés d’une dizaine de chevaux et d’un grand animal énigmatique, portant deux traits rectilignes sur le front qui lui ont valu le surnom de « licorne ». Pour les chercheurs, il y a la matière à une recherche sans fin. Pour la majorité d’entre eux, elle est considérée comme un sanctuaire, une sorte de monument à caractère religieux. Et jamais comme un lieu d’habitation !

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LASCAUX 4
La dernière et toute récente création reprend désormais le flambeau pour expliquer l’art pariétal, mot dérivé du latin « paries, partietis » signifiant mur, muraille, paroi d’une cavité, et désignant l’ensemble des oeuvres réalisées par l’homme sur les parois des grottes. On visite Lascaux 4 d’abord par petits groupes accompagnés de médiateurs, des guides plutôt jeunes, dynamiques, enjoués, prêts à plaisanter pour attirer l’attention et rendre bien vivante cette visite dans les couloirs du temps. Ensuite, à l’aide d’un compagnon de visite remis à l’arrivée, une tablette numérique et des écouteurs, chacun va poursuivre à son rythme. Les enfants ne sont pas oubliés car la réussite d’une entreprise commerciale comme celle-ci est intimement liée au nombre de visiteurs, dans lequel les familles comptent pour beaucoup.

www.lascaux.fr
www.sarlat-tourisme.com
www.dordogne-perigord-tourisme.fr
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_de_Lascaux

SebastienLaval