UNE LECTURE PAR GEORGES LÉVÊQUE LE 22 JUIN 2018

Il faut bien le reconnaitre ! Le choix des couleurs est un élément de réflexion important pour qui s’attèle à la création d’un jardin, d’un massif, d’une plate-bande, ou tout simplement qui remanie une bordure en déclin. Car il est vrai que certaines espèces prennent le pas sur d’autres au fil du temps. C’est donc en pensant aux difficultés à conjuguer les couleurs au jardin que deux paysagistes diplômées de l’Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles ont décidé de consacrer un livre à des portraits de plantes classés par couleur. L’éditeur Ulmer s’est laissé entrainer dans le projet et le résultat est fort plaisant à découvrir.

Précisons que les deux auteures sont des figures connues de l’Agence Canopées, à Sèvres (Hauts-de-Seine) : Alexandra Torossian, pour l’avoir créée en 2007, et Morgane Ilin qui a rejoint Alexandra en 2013. Entre la conception de leurs jardins, leur chaîne Youtube, la création d’un tee-shirt « spéciales mauvaises herbes à enlever », elles diffusent une vision gaie, originale, dynamique et simple du jardinage.

UN GRAND LIVRE D’IMAGES
C’est un grand livre d’images, enfin de photos pour être exact, où les végétaux sont identifiés par des portraits en gros plans ou plans rapprochés au moment où la couleur qu’on attend d’eux se présente. Les identifications sont quasi-parfaites et il ne reste plus au lecteur qu’à faire son tour de jardin en pensant couleur. On commence par le blanc. On finit par le noir ou presque noir, en voyageant par les teintes jaune, orange, saumon, rouge, rose clair, rose foncé, mauve, violet, striées et leurs variations. Toutes ces couleurs sont décortiquées avec bonheur au fil de 3500 photos. Un ouvrage de ce type est assez rare pour être signalé et en recommander chaudement la lecture.

ET SI TOUT COMMENÇAIT PAR LA COULEUR
« Et si, dans les envies de jardin, tout commençait par la couleur commentent Morgane et Alexandra dans leur préambule. Le vert omniprésent. Le rouge tellement dense et souvent inattendu. Le bleu si rare qu’il en devient parfois surréaliste. Le jaune, mal aimé de nos clients, qui éclaire comme un phare dans la nuit. Et le rose dans toutes ses nuances. Puis le blanc, le pourpre, le violet, l’anis, l’orange et tous les autres. La nature regorge de teintes incroyables que l’homme n’a cessé de reproduire dans ses créations.

« Si le jardin est pour nous une aquarelle vivante, alors les plantes en sont les pigments. La richesse des variétés cultivées aujourd’hui est telle que notre travail de paysagiste s’est approfondi, affiné, enrichi. La palette des couleurs est devenue quasi infinie et les associations possible aussi. Sauf qu’il nous manquait un outil.

« Comment se souvenir des teintes de toutes les vivaces, bulbes, arbustes et arbres ? Comment se diriger dans ce monde complexe de fleurs et de feuillages ? Et du coup, comment ne pas se tromper en les associant ? Nous avons voulu rassembler et classer un grand nombre de plantes, en suivant uniquement le filtre de la couleur. Etablir un repère colorimétrique, le plus précis possible pour que les paysagistes, les jardiniers et  tous les amoureux de jardins puissent composer les tableaux au plus proche de leur goût et libérer leur créativité. »

MODE D’EMPLOI DU LIVRE
Morgane et Alexandra livrent quelques clés complémentaires pour expliquer leur démarche.
« Gênées dans notre travail de paysagistes par le grand nombre de photos dont la couleur est peu fidèle à la réalité, nous avons voulu créer un ouvrage pouvant servir de référence. Pour cela nous avons travaillé de la manière la plus précise possible. Toutes les photos ont été prises avec le même appareil numérique, choisi pour son excellent rendu des couleurs. Un nuancier Pantone® a été utilisé comme repère. Les photos, même si certaines ont été retouchées pour correspondre à la couleur réelle, n’ont pas été enjolivées. L’objectif étant d’éviter la photo d’art qui s’éloigne du rendu sur le terrain. Concernant la sélection des plantes choisies, elle s’est faite assez naturellement. C’est un mélange équilibré de grands classiques, de variétés nouvelles et parfois de végétaux rares ou peu connus. Nous avons aussi choisi de mettre l’accent sur les végétaux rustiques plutôt que sur les plantes trop frileuses. »

Le nuancier du jardinier
2018 Les Editions Ulmer, Paris
www.editions-ulmer.fr
150 pages   29,90 euros

L’oeuvre du peintre Jean Cotelle (1646-1708) est présentée au Grand Trianon du Château de Versailles jusqu’au 16 septembre 2018. C’est la première exposition consacrée à cet excellent miniaturiste. Il avait touché le coeur de Louis XIV qui lui avait confié la décoration du Grand Trianon. L’ensemble de sa carrière est ici présentée, au travers d’une centaine d’oeuvres, dont les 21 tableaux de la grande galerie récemment restaurés grâce à la mobilisation de mécènes. Pour l’occasion, les jardiniers du Grand Trianon refleurissent les parterres à l’image des représentations de l’artiste.

UN ENSEMBLE UNIQUE
Très apprécié à son époque, il se voit confier l’essentiel de la décoration de la Grande Galerie, soit 21 tableaux exécutés à partir de 1688. Pour ce lieu, long de 53 mètres et rythmé par 16 grandes baies donnant sur les jardins, Jean Cotelle opte pour des toiles de format vertical. Elles représentent chaque bosquet des jardins de Versailles agrémenté de personnages tirés de la mythologie ou de fables, disposés en deux registres (terrestre et céleste), en prenant modèle sur les paysages bucoliques du peintre bolonais l’Albane. Ce cycle constitue un ensemble unique, révélateur du goût de Louis XIV pour ses jardins. En écho aux toiles sont également présentées 14 gouaches de Cotelle représentant en miniature les tableaux de la galerie. Béatrice Sarrazin, conservateur général du patrimoine, est commissaire de l’exposition.

DU ROI IL A SAISI LES RÊVES
Pour Catherine Pégard, présidente de l’Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, qui reçoit la presse le 11 juin, faire revivre Jean Cotelle dans la galerie du Grand Trianon qui porte son nom a d’abord relevé d’un défit, celui de restaurer des oeuvres passablement outragées par le temps. D’une carrière longue et contrastée, qui aurait pu être plus brillante, émerge cette création unique dont la singularité mystérieuse renforce le charme. A l’exception de ces 21 tableaux qui lui ont dessiné une postérité, tout semble éclipse dans la vie de Cotelle, avant même que son travail ne se perde. Et pourtant, il a côtoyé le soleil, Louis XIV, sans qui rien n’aurait été possible. Plus étonnant encore, il en a saisi les rêves. Si on ne sait pourquoi Louis XIV le choisit pour exécuter l’essentiel de la commande destinée à illustrer le manuel qu’il écrit  lui-même sur « la manière de montrer les jardins », on comprend que l’artiste épouse le regard du roi. Ses tableaux sont un condensé des jardins dans la précision de leurs frondaisons, de leurs allées et de leurs jets d’eau. Mais on ne déambule pas seulement dans la galerie des Cotelle comme dans les bosquets de Versailles. Les jardins s’animent de la mythologie puisée chez Ovide et La Fontaine. Ils ont l’élégance des tracés de Le Nôtre mais sont aussi une spectacle comme ils le sont dans la réalité.

UN POINT D’HISTOIRE
1668 Achat du village de Trianon par Louis XIV et création à son emplacement d’un jardin de treillages.
1670 Construction d’un premier château par l’architecte Louis Le Vau. C’est le Trianon de porcelaine qui est achevé par François d’Orsay pour abriter les amours du roi avec Madame de Montespan.
1687 Destruction du Trianon de porcelaine et construction du Trianon de marbre par Jules Hardouin-Mansart, rapidement transformé par Robert de Cotte, avec la création d’un péristyle. André Le Nôtre est chargé des jardins.
1688 Le château est terminé et meublé. Premières commandes des peintures.
1689 Représentation d’un ballet dansé par les dames de la cour, le Palais de Flore, en présence de Jacques II, roi d’Angleterre en exil à Saint-Germain.
1692 Le roi installe son nouvel appartement dans l’aile gauche du château.

LA GALERIE DES COTELLE
Reliant de plain-pied le Salon Frais et le Salon des Jardins, la galerie ouvre sur les parterres au sud et le bosquet des Sources au nord. Baignée par la lumière, envahie par le parfum des fleurs et dotée de miroirs, cette longue pièce devient le reflet de la nature environnante. Vingt-quatre tableaux représentant les jardins de Versailles répondent aux grandes ouvertures vers cette nature. Cotelle en signe vingt et un, Etienne Allegrain deux et Jean-Baptiste Martin un. Dans ces tableaux, Cotelle fait du bosquet un décor adapté à la narration d’épisodes mythologiques ou de fables. Un monde idéal et galant s’y déploie : celui de l’Olympe descendu sur Terre ; un monde de figures aux physiques semblables, éternellement jeunes, pareillement vêtues, de dieux reconnaissables à leurs attributs, et d’amours souvent dissipés.

UN FLEURISSEMENT EXCEPTIONNEL
Pour accompagner l’exposition et inviter à la découverte des jardins du Grand Trianon, les jardiniers du domaine se sont inspirés du tableau et de la gouache de Cotelle « Les parterres du Trianon de marbre avec Zéphyr et Flore endormie » pour créer une nouvelle composition des parterres hauts pour la belle saison. Comme les essences représentées étaient difficiles à identifier avec précision, l’objectif des jardiniers n’était pas de réaliser une restitution exacte mais d’offrir une composition riche et subtile dans l’esprit des parterres de la fin du XVIIème siècle.

REPORTAGE DE LUCY ANDERS & PHOTOS DE GEORGES LÉVÊQUE

« La tendance la plus forte aujourd’hui est, pour les voyageurs, la recherche d’expériences authentiques. » Ces propos ont été tenus par Elena Kountoura, Ministre du Tourisme de la Grèce.

Spa de plein air et bains régénérateurs, une expérience unique

Kos est une île volcanique, riche en eau chaude (80°C) qui surgit des profondeurs de la montagne pour aller se jeter dans la mer, s’y refroidir et alimenter les piscines naturelles délimitées par d’énormes rochers. Elle atteint alors 40/42°, la température idéale pour des bains thérapeutiques. Gratuits, en accès libre, aménagés sommairement, ces thermes de la mer, qui changent de forme au gré des vents et des tempêtes, sont fréquentés de jour comme de nuit. La pratique des bains à la pleine lune est un « must ». Thermal Loutra est le plus emblématique. Il est situé en bord de mer à Aghios Fokas, à 10 km de la ville de Kos. Ses eaux, riches en potassium, sodium, calcium, magnésium, soufre (d’où l’odeur d’oeuf pourri) sont réputées pour la relaxation, la peau, les affections gynécologiques, les rhumatismes et l’arthrite. Au bout de 20 minutes, on repart totalement requinqué !

Aqua blu, hôtel-boutique et spa iconique

Cet hôtel à l’architecture moderne aux lignes épurées est membre des Small Luxury Hotels of the World. Doté d’un très beau spa à la déco intérieure élégante, raffinée et contemporaine, il est membre officiel du réseau international de Spa Cinq Mondes. Le spa dispose de quatre salles de soins, d’une piscine d’hydrothérapie, d’un sauna, d’un bain turc et d’une salle de sport. Son ambiance feutrée et intimiste est propice à la dispense de soins du visage, enveloppements et gommages corporels, massages, manucurie et pédicurie.

Des soins d’aromathérapie et d’hydrothérapie sont à la carte. Vivian Kiousi, spa manager, est fière d’être à la tête du Tamaris Spa et de travailler avec la marque Cinq Mondes dont le choix de rituels s’est imposé pour satisfaire les aspirations d’une clientèle jetset. Le spa a été développé en collaboration avec les experts spa de la Société Orloff, spécialiste de la représentation de belles marques et de l’implantation de spas en milieu hôtelier. « Un spa, c’est bien plus que des équipements, des salles de soins, des douches sophistiquées, un jacuzzi ou des baignoires. Encore faut-il que la qualité du service et l’esprit soient là. Le personnel se doit d’être expert et, pour ce faire, doit recevoir une formation appropriée afin d’acquérir cette attitude spa, qui réponde aux critères de qualité internationale. »