Nos régions françaises organisent de multiples événements culturels ou touristiques en fonction de leurs richesses et possibilités. Quand elles parviennent à jumeler plusieurs festivités, le succès est au rendez-vous puisque beaucoup plus de gens sont sollicités. Ce fut le cas de la région Champagne-Ardenne qui, le week-end du 20 au 22 septembre, en réunissait trois, à Charleville-Mézières et Sedan. Revue de détail entre les marionnettes et les dégustations.
« Parfois, il fait beau. D’autres fois, il y pleut. Mais personne ne s’aviserait d’affirmer qu’il fait mauvais temps. C’est juste du temps de saison. De temps à autre, il neige. Principalement en hiver. De temps en temps, une inondation fait tomber les poissons du lit. Comme partout on parle « de crue du siècle ». Le siècle a toujours bon dos … » C’est ainsi que démarre le livre de Franz Bartelt « Charleville-Mézières ». Ce livre a de la présence. On ne l’oubliera pas sur un coin de table avant de l’avoir lu jusqu’au bout. Et bien qu’il ait été publié en 2006, il n’a pas pris une ride. Son texte fort bien documenté nous entraîne dans les rues de l’ancienne Mézières et de la plus récente Charleville, deux villes façonnées par des raisons historiques et réunies pour cohérences administratives. L’illustration est à la mesure du texte, avec d’excellentes photos de Thierry Chantegret et Jean-Marie Lecomte.
Les passionnés de littérature auront plaisir à marcher sur les traces du jeune Arthur Rimbaud qui est né ici en 1854 et qui y a grandi. C’est encore là qu’il a composé ses premiers écrits. Il n’avait que quinze ans. Devinait-il que sa vie serait courte (décès en 1891) ? Il fallait aller vite, vivre intensément. « L’homme aux semelles de vent », comme le nommait son ami Verlaine, marqua son époque par la vigueur de ses écrits, par le rythme de sa vie, toujours plus loin, à l’aventure. Une vie de découvertes et d’entreprises dans des contrées lointaines. Sa maison natale de Charleville et le musée qui porte son nom sont des lieux de visite.
Le comité régional du tourisme (CRT) invitait la presse pendant le week-end des 20/22 septembre 2013 pour une autre raison que retrouver les traces de l’auteur du Bateau ivre. Le rendez-vous était donné pour le vendredi : « Ce soir, Place Ducale, soyez présent car c’est l’ouverture du Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes. Le coeur de la ville sera livrée aux festivaliers. » Une centaine de troupes sont invitées. Elles sont choisies sur dossier. Plus une centaine pour le festival off. Et encore un nombre élevé d’individualités en recherche de reconnaissance venues installer leurs tréteaux dans les coins de rues. Toute la ville bruisse de joie et les hôtels affichent complets six mois à l’avance. Et beaucoup d’intervenants trouvent hébergement chez l’habitant. C’est une coutume d’inviter les artistes à la maison depuis que Jacques Félix, il y a plus de cinquante ans, lança l’idée de tels spectacles. Il en va de Charleville-Mézières comme d’Avignon avec son festival de théâtre, Menton avec sa fête du citron, ou encore Nice avec son festival de chars fleuris. Ces communautés invitent le monde entier à les rejoindre. Le professionnalisme est évident. Ce que confirme les pouvoirs publics locaux qui ont créé une école de marionnettistes dont le cycle d’étude s’étale sur trois années. Un des spectacles du premier jour, « La ferme des animaux » de George Orwell, compagnie Ljubljana Puppet Theatre, joué en slovène, sous-titré anglais/français, donne la mesure de l’événement. Prochaine édition dans deux ans.
Les festivités régionales trouvaient une suite à Sedan pour la 3ème édition de la Fête de la Gastronomie en France, en profitant du fait que l’Unesco a inscrit le repas gastronomique des Français sur la liste du patrimoine culturel et immatériel de l’humanité. De quoi faire déplacer le ministre délégué à l’artisanat, au commerce et au tourisme. Ainsi que l’incontournable Thierry Marx, aussi à l’aise comme chef de cuisine au Mandarin Oriental à Paris que devant les caméras de l’émission Top Chef sur M6. Sedan accueillait le 21 septembre la finale du concours national de cuisine amateur. Les lauréats de toutes les régions s’affrontaient au pied du château fort féodal, dans un environnement festif et commercial de produits régionaux. Et comme en France tout finit par des repas, à défaut de chansons, quatre grands chefs locaux alliaient leurs talents pour réussir un repas de gala. Repas arrosé des vins de grande qualité. La région Champagne-Ardenne étant bien placée pour cela. Gardons nous d’oublier la visite du Musée au Château Fort, le plus grand d’Europe, où en fin de visite le guide malicieux nous soumet à la question sur l’origine de l’expression « Passer l’arme à gauche ». Il fournit une réponse. Wikipédia une autre. Acceptons les deux qui se valent.
Bien lire
Charleville-Mézières, Editions Noires Terres. ISBN : 9 782915 148077
Bien manger
Au cochon qui louche, 31, rue Victoire Cousin à Charleville-Mézières. 03 24 35 49 05
La table d’Arthur, rue Bérégovoy à Charleville-Mézières. 03 24 57 05 64
Bien dormir & manger
Le château fort, hôtel&restaurant, à Sedan. 03 24 26 11 00