Plantes mellifères de nos jardins

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Texte Georges Lévêque & photos Jacques Piquée

L’amateur de miel sait celui qu’il préfère ! On peut aimer le miel d’acacia parce qu’il reste liquide très longtemps. Ou bien celui du châtaignier pour son goût très puissant qui le distingue des autres. On sait aussi que les abeilles sont victimes des insecticides déversés sans réserve. Aidons les abeilles à survivre en les respectant et en les attirant dans nos jardins. Elles viendront d’autant plus volontiers que vous leur proposerez des espèces mellifères.

Si l’apiculteur connait les grandes floraisons qui référençient les différents miels, colza, acacia, lavande, bruyère, tournesol, tilleul, châtaignier, sapin, les abeilles, elles, consomment beaucoup d’autres fleurs. Celles-ci sont moins nombreuses en volume et non identifiées par l’homme des ruches, mais tout aussi importantes pour l’alimentation quotidienne des colonies. Un maximum de fleurs sont nécessaires pour la continuité alimentaire qu’elles permettent et par la diversité des protéines que requiert la bonne santé des abeilles.
A propos de bonne santé, les médias nous rapportent que les abeilles disparaissent, victimes des traitements chimiques administrés aux cultures. Des mesures doivent être prises par le législateur et les services concernés pour freiner ces assassinats en règle. Mais on sait aussi combien ce type de décision est long à prendre, puis à faire appliquer. Alors, chacun, dans son petit jardin, doit décider de ne pas ajouter du fléau au fléau. Et même si une plante est malade, fermons les yeux. Feignons de ne pas voir. Et si même elle finit par disparaitre , elle sera vite remplacée par une autre tant la nature a peur du vide. J’ai assez vu de jardins splendides pour savoir que la réussite esthétique n’est pas associée à la mesure des pesticides dispensés. Les beaux jardins d’aujourd’hui sont de plus en plus cultivés selon la recette « zéro phyto ».
Dans son récent livre, « Les plantes mellifères, mois par mois », l’excellent Jacques Piquée dresse la liste des plantes faciles à vivre qui vont nous aider à la sauvegarde des abeilles. Cela commence dès le coeur de l’hiver où le soleil de février réveille les abeilles de leur hibernation. Précisément quand les premier crocus fleurissent. Il faut faire confiance au Crocus tommasinianus qui a la capacité de se naturaliser, c’est à dire coloniser des pans entiers de pelouses ou de sous bois clairs. Il poussera en rangs serrés. Et les abeilles se vautreront avec délectation dans ces fleurs mauve à coeur jaune orangé. Super joli et très utile.
Grâce à l’apiculture les pissenlits au jardin cesseront d’être considérés comme mauvaises herbes. Certes, on peut les éliminer par trois coups de binette dans les cultures. Mais qu’on les laisse en paix ailleurs, car c’est une mellifère de premier ordre. Sa floraison jaune est séduisante. Quant aux graines ailées de sa fructification, la Librairie Larousse en a fait son symbole avec le fameux « Je sème à tout vent ». La bourrache, elle, n’a que des qualités. La finesse de sa floraison gracieuse est d’abord un plaisir visuel. Puis ses fleurs et ses feuilles sont comestibles. Et les abeilles se régalent de son abondant nectar. Toutes les lavandes plantées en cultures industrielles dans les Alpes de Haute-Provence sont inséparables de l’apiculture à grande échelle. Alors, il faut suivre l’exemple au jardin. Des bordures de lavande délimitent agréablement les allées. Du soleil, une terre un peu argileuse et tout est parfait. Les abeilles du voisinage vous diront merci.
Quelques chardons dans les zones où l’on a toléré les pissenlits feront l’affaire des abeilles car Cirsium et Carduus (chardons classiques) régalent nos amies ailées. Il en va de même avec épilobes et bruyères, hôtes réguliers des jardins. Et quant aux arbres fruitiers (poirier, pommier, cerisier, prunier), enfin tous à des degrés divers, ce sont des partenaires de choix !

Les plantes mellifères, mois par mois, de Jacques Piquée

Editions Eugen Ulmer, mars 2014, ISBN : 978-2-84138-705-2

L’apiculteur Jacques Piquée est aussi enseignant en biologie, écologie et connaissance des végétaux. Il est actuellement consultant auprès du Conseil général des Vosges dans le cadre du plan « Abeilles, insectes pollinisateurs et biodiversité. »