S’il y avait des précédents pour les animaux, rien n’existait pour sauver les espèces végétales en danger d’extinction jusqu’à ce que Jean-Yves Lesouëf mette sur pied un concept original : créer un jardin pour cultiver, conserver et présenter les plantes en danger. C’est ainsi que, en 1975, le Vallon du Stang-Alar à Brest, en Bretagne, est retenu pour accueillir la première institution au monde à se consacrer à la flore menacée d’extinction. Grâce au climat doux océanique, à la présence de l’eau, à l’encaissement de la vallée et aux pentes escarpées, le site est idéal pour cultiver des plantes du monde entier. C’est de plus un beau projet de réhabilitation pour cette ancienne carrière qui offre de majestueuses falaises. Aujourd’hui, le jardin du Conservatoire botanique du Stang-Alar est un lieu de découverte, d’émerveillement et de promenade pour les familles sur 30 hectares. Les plantes rares bien identifiées côtoient des plantes que chacun reconnait. Entrée gratuite et vastes parkings. Excellente crêperie à proximité.
Je laisse la parole, ou plutôt la plume, à Stéphane Buord, directeur scientifique des actions internationales, pour présenter sa vision personnelle de l’action du Conservatoire botanique national de Brest :
« Lancée officiellement il y a 2400 ans par Théophraste, la botanique, science protéiforme, a toujours su dialoguer avec son époque, mue par un cycle ininterrompu de métamorphoses. Longtemps assujettie à la médecine, la botanique fut compilatoire et encyclopédiste, puis le creuset des premières grandes classifications qui porteront en germe le concept révolutionnaire d’une possible évolution du vivant. Les jardins seront l’instrument de ces métamorphoses, de l’humble carré de simples aux grands jardins botaniques tournés vers l’acclimatation d’espèces nouvelles et l’agrément de leurs visiteurs.
« La fin du cycle ? Non ! Un nouveau défi agite aujourd’hui la communauté des botanistes. Ils estiment que 85000 des 420000 espèces de plantes sont menacées d’extinction. À partir de ce constat d’intense érosion de la biodiversité végétale, l’institution botanique se devait de réagir. Le Conservatoire botanique national de Brest fut le premier établissement au monde à se spécialiser, dès 1975, dans la conservation des flores menacées. Initialement conçu pour accueillir dans l’urgence les derniers représentant d’espèces condamnées dans leur milieu naturel, l’essentiel de son action reposait alors sur ses collections et son jardin devenu théâtre de la conservation.
« 39 ans plus tard, la préservation de la biodiversité est plus que jamais d’actualité et le concept initial de Conservatoire botanique s’est adapté aux nécessités de l’action de proximité, au plus près des enjeux, des populations et des décideurs. Sur ce modèle, onze Conservatoires botaniques ont ainsi vu le jour en France. Ces outils intégrés assurent désormais l’inventaire général de la flore, accompagnent les pouvoirs publics pour définir les priorités de conservation, assistent les gestionnaires de sites naturels, mènent diverses actions de sensibilisation et obtiennent des résultats concrets.
« Fort de son expérience pionnière, le Conservatoire de Brest compte bien poursuivre sur cette dynamique en l’adaptant aux besoins et aux contextes locaux, de l’Ouest de la France à la Méditerranée, du Bouclier des Guyanes aux archipels chiliens, des Mascareignes à l’Indonésie… «