Le TGV entre en gare de Remiremont, son terminus. A partir de Nancy, il roule à vitesse réduite, comme pour nous faire sentir qu’on va vivre deux journées langoureuses. En moins de trois heures, depuis Paris, c’est le dépaysement assuré. Je dis trois heures, cela peut être plus si une biche se fait bousculer par le bolide de fer ! Ce qui arrivera lors du trajet de retour. Un groupe de journalistes se déplace à Remiremont dans les Vosges pour découvrir (et tester !) des hébergements insolites associés à des activités sportives qui « décoiffent », au propre comme au figuré. C’est particulièrement le cas à La Bresse, une ville voisine de moyenne montage, posée au pied des pistes enneigées l’hiver et au coeur de promenades multiples le reste de l’année. Pas de saison creuse à La Bresse car restaurants et hébergements ne manquent jamais.
Régis et Jocelyne Laurent sont les poids lourds de la station. Années après années, ils ajoutent des activités pour petits et grands, ainsi que des chalets construits de leurs mains et décorés par leurs soins. Ils dirigent maintenant en haute saison une équipe d’une cinquantaine de personnes, plus amis qu’employés d’ailleurs. Au « Bol d’air », puisque c’est le nom de la société, tout est possible. Régis a su concrétiser ses rêves d’enfant en se souvenant combien il aimait grimper dans les arbres, s’y blottir et observer la vie animale, à priori secrète mais se laissant voir à celui qui sait regarder.
En plus des hébergements assez classiques qu’il possède par ailleurs et afin de réussir une immersion réussie dans la nature sauvage, il recommande de s’installer pour une ou quelques nuits dans la « Clairière aux cabanes ». Ce sont 15 univers, 15 ambiances, 15 escales insolites qui constituent un petit village au coeur d’une forêt de deux hectares. Asterix n’est pas loin ! Les plus courageux, à la recherche des sensations d’une vie de trappeur, vont choisir un des trois abris qui sont posés comme des nids dans un arbre haut de 15 mètres. On parle de « La tribu perchée ».Mais attention, contrairement à tous les autres hébergements qui sont munis du confort moderne, ces trois nids ne disposent pas d’arrivée d’eau. Donc ni douche ni baignoire. Et pour faire du thé ou du café, il faut monter quelques bouteilles. Pour avoir de l’eau un robinet au niveau du sol et pour les ablutions le pavillon d’accueil y pourvoit. En cas d’urgences nocturnes il y a bien sûr la forêt … ou la toilette sèche (avec sciure) disponible au milieu de l’arbre à 10 mètres de haut. Chauffage électrique impeccable et salle à manger-salon bien pourvue en assiettes et couverts. Literies très confortables dans le style Davy Crockett, ou du moins comme on l’imagine. On accède aux trois nids par des escaliers et passerelles sur lesquels on ne court aucun danger. Les enfants de moins de six ans doivent tout de même être accompagnés. Atmosphère garantie et souvenirs durables.
Tout comme les souvenirs que les plus intrépides rapporteront du « Fantasticable », une attraction connue dans plusieurs autres endroits sous le nom de tyrolienne. Et pour qui l’ignorerait, imaginez-vous ficelé, sanglé, allongé sur le ventre, casqué comme il se doit pour une protection contre les chocs qui ne sont pourtant pas inscrits au programme. Et vous voilà partis sur un point haut de la forêt. Le début d’un câble vous attend et vous serez briffé avant le départ pour savoir quand écarter les bras, quand les ramener le long du corps pour jouer à l’oiseau rapace qui fonce sur sa proie. On peut bien parler de « foncer » car la vitesse de pointe dépasse 100 km/heure. Trajet de 1300 mètres environ. Durée du pseudo-vol un peu plus d’une minute. D’où le conseil d’être chaudement vêtu s’il fait frais. Les témoignages à l’arrivée sont unanimes : c’est fantastique !
D’autres activités complètent les loisirs : parcours sportifs, sauts à l’élastique, propuls’air, parapente, snowkite en hiver. Impossible de s’ennuyer à La Bresse !
Sur un autre lieu : au Val d’Ajol, dans le grand parc aux arbres centenaires, derrière l’hôtel-restaurant « La Résidence » connu des gourmets, trois maisons de bois dans l’esprit des « chellos » d’antan, ces abris où l’on entreposait le grain de la ferme et les richesses de la famille (parce qu’ils étaient moins susceptibles de prendre feu que les fermes), viennent d’ouvrir. C’est un habitat plus rustique que les chambres hyper confortables de l’hôtel, mais moins cher. Il répond à un besoin nouveau, celui d’être plus en communion avec la nature et la simplicité. Et à l’avantage de s’inclure dans la route touristique des Chalots (autre façon d’écrire chellos) qui serpente sur sept communes entre Vosges et Haute-Saône sur plus de 100 kms de long.
Quant à la Ferme Aventure, nichée à l’orée du village de La Chapelle aux Bois, c’est là même où est partie l’idée il y a dix ans des maisons dans les bois et des loisirs pieds nus. On peut passer une journée à courir d’une activité à l’autre et séjourner plus longtemps dans un des abris rustiques mais si curieux des lieux : maison flottante, tipis amérindiens, chariot western, yourte, pyramide de verre et même grenier pour une nuit enivrée par une odeur fleurie de foin. La plupart de ces niches d’un soir sont sans rideau pour voir la nuit et ses secrets. Hors du site et à quelques kilomètres de là, sur une prairie, Denis Duchêne le propriétaire de l’ensemble a installé une Caravelle, cet avion mythique des années 1960, après l’avoir achetée, démontée, transportée par convoi exceptionnel et remontée puis aménagée en deux chambres d’hôtes. Pas d’hôtesse en tenue toutefois pour servir le petit déjeuner.