L’année 2014 s’est montrée jusqu’à présent douce et régulière d’un point de vue thermique. Pas encore de coup de froid. Les promenades nous offrent des arbres couverts de feuilles multicolores. Nous vivons une sorte d’été indien qui provoque de fortes mutations de couleurs. Le réchauffement climatique a au moins ça de bon ! C’est le moment d’aller à l’aventure pendant encore une ou deux semaines. Il faut en profiter.
Parisiens et touristes venus admirer la Tour Eiffel ne s’en plaindront pas. Déjà Guillaume Apollinaire en 1918 dans « Le flâneur des deux rives » nous y engageait : « Descendons vers la Seine, c’est un fleuve abordable. On ne se lasse pas de le regarder ». Alors, suivons le !
Voici un itinéraire pour promenades familiales qui passe par des jardins où les enfants pourront se dépenser. Départ par celui du Trocadéro. Un immense tulipier (Liriodendron tulipifera) (photo 932) appuie sa frondaison orangée au mur sud du Musée de la Marine. Pendant l’été de grosses fleurs en forme de tulipes bien ouvertes s’épanouissent donnant à cet arbre américain beaucoup d’allure. On se laisse ensuite glisser vers la droite en direction du Pont de Bir Hakeim. C’est là que débute au centre du lit de la Seine une île artificielle de presque 900 mètres de long sur 11 de large. Son nom poétique de l’Ile aux cygnes commémore un lieu ancien situé en un autre endroit de Paris aujourd’hui disparu. Louis XIV avait fait venir à grand frais paraît-il, en 1676, du Danemark et de Suède des cygnes pour pouvoir les admirer. Par arrêté préfectoral du 18 mai 1878, la Ville de Paris est autorisée à établir une allée verte. Celle-ci portera le nom de l’Allée des cygnes et sera plantée de deux rangées d’arbres variés. Manifestement certains ont survécu, tellement ils sont grands et beaux. D’autres ont été remplacés. C’est une promenade bien fréquentée de nos jours par les piétons et les joggeurs, bercés par les mouvements des bateaux à gauche comme à droite qui montent et descendent le cours du fleuve. Le bruit de la ville se trouve amorti et l’amateur de botanique peut lire quelques panneaux d’informations qui renseignent sur les arbres jeunes et anciens qui s’alignent sur nos pas et nous protègent du soleil en été. Vous repérerez sans mal un orme résistant à la graphiose, une maladie qui attaque les ormes communs depuis les années 70. Il se nomme Ulmus ’Sapporo Autumn Gold’ (photo 949). Un des arbres les plus grands du lot est un noyer d’Amérique : Juglans nigra (photo 959). Une différence avec le noyer européen : ses noix abondantes sont difficiles à casser car leur coque est très épaisse, au point qu’il existe des casse-noix spéciaux pour les ouvrir.
Au Pont Mirabeau, l’Allée des cygnes trouve un terme sur la réplique moins imposante de la grande Statue de la Liberté offerte aux Américains par le France (photo 971) en 1886. Trois années plus tard, renvoi de la politesse par les Américains qui offrent celle-ci à la France. Les deux statues se font face, mais plus de 5000 kms les séparent.
Rive gauche, le Quai André Citroën conduit au parc du même nom. Sa mise en oeuvre a commencé un peu avant 1990. A 25 ans d’âge, ce parc est désormais en pleine maturité. Il est fait de nombreuses atmosphères sur des thèmes de formes, de textures, de couleurs très variées. La parcelle qui a provoqué le plus de réticences de la part des élus de la Ville de Paris fut celui du Jardin en mouvement qui était dès son origine une friche jardinée où arbustes et une multitude d’herbes et de plantes à fleurs devaient mélanger leurs floraisons. Le côté « mauvaises herbes » de ces sauvageonnes inquiétait l’administration. Gilles Clément, concepteur de cette partie, eut le plus grand mal à la faire admettre. Aujourd’hui les théories de ce paysagiste sont appréciées universellement et sont enseignées à Paris par lui-même au Collège de France.
Le coeur du parc est un vaste espace avec fontaines, bassins, pelouses et beaux arbres dont un bouquet de splendides liquidambars, au feuillage tout feu tout flamme en octobre et novembre (photos 977 et 988). Beaucoup d’espaces ludiques pour les enfants. Petite restauration possible sur site et voyage en ballon captif grâce à une nacelle qui peut recevoir trente personnes, fixée sous une enveloppe sphérique remplie de 6000 m3 d’hélium. Au bout de sa course à 150 mètres d’altitude on voit Paris d’un tout autre oeil.