Périgueux appartient au réseau national des villes et pays d’art et d’histoire. A ce jour, 181 villes profitent de cette distinction par laquelle le Ministère de la Culture et de la Communication garantit la compétence des guides-conférenciers ainsi que la qualité de l’action des animateurs de l’architecture. Un rapide tour de ville confirme combien cette cité riche de plus de 2000 ans d’histoire entre de plein droit dans ce club. A Périgueux, la mise en valeur du patrimoine n’est pas un vain mot.
Une première visite s’impose. Celle de la Tour de Vésone datée du 1er siècle après J.C. C’est une construction imposante de 25 m de haut sur 20 m de diamètre qui après vingt siècles de présence nous livre un témoignage du savoir-faire des architectes de l’époque.
En écho à cette oeuvre majeure : une autre beaucoup plus récente qui est située sur le même périmètre. Voici le musée gallo-romain Vesunna . Unique en France, le site protège les vestiges d’un ensemble de constructions dont une partie est abritée par une coque transparente faite de verre et d’acier, création du célèbre architecte Jean Nouvel en 2003, sorte de serre de 3000 m2 qui a trouvé sa place dans un parc public de belle tenue, mélangeant arbres centenaires et plantations toutes récentes faites dans le style toscan.
Mais Périgueux réserve d’autres surprises et réjouir vos papilles n’est pas la moindre. En effet, tous les deux ans, la grande cité périgourdine organise « Le salon international du livre gourmand ». Du 21 au 23 novembre derniers se déroulait la 13ème édition du SILG et pour cela la ville avait revêtue son plus beau tablier en vue de dresser une table festive. De la littérature gourmande aux ateliers de cuisine, des produits du terroir aux dernières tendances culinaires, les visiteurs étaient embarqués dans un voyage gustatif réjouissant, sous le parrainage de Michel Troisgros, digne représentant d’une lignée de grands cuisiniers. En plus des chefs déclinant leur savoir-faire en public, en plus des ateliers d’une nouvelle génération de blogueurs toujours à l’affût des tendances du jour, les libraires étaient là accompagnés de leurs meilleurs auteurs, plumes talentueuses dans l’art de faire saliver : 130 auteurs et 260 ouvrages. Et encore beaucoup de stands débordant de tous les bons produits que nos gens des campagnes savent produire : miel, châtaigne, salaisons ou encore safran. Ce salon était résolument ainsi tourné vers nos merveilleux paysans.
Le catalogue du salon, généreusement distribué ne sera pas jeté pour une fois la fête terminée. Car il a offert à quelques talents un espace d’expression. Tel celui d’ Alain Bernard, auteur et journaliste périgourdin, qui nous réjouit de ses considérations à propos de la truffe et du cèpe, de l’oie et du canard et du cochon, bien sûr, « Lo Mossur », ce « Monsieur » qu’on invitait jadis découpé et cuisiné pour toutes les grandes occasions. Il évoque l’importance des femmes, dont la mémoire accumulât des siècles de savoir-faire avant qu’on parle de livres de recettes. Tout en réservant aux hommes la responsabilité du sacrosaint « chabrol » de début de repas consistant à additionner un fond de soupe encore chaude d’une belle rasade de vin rouge.
Les nouveaux modes de consommation ne sont pas oubliés à Périgueux puisque le « slowfood » était invité. Avec lui, le consommateur cesse d’être gavé. Il se met à réfléchir à ce qu’il mange. Où est produite la nourriture. Et par qui. Il devient un « consomm’acteur » soucieux de l’impact de ses choix sur l’économie locale. C’est sous cette bannière qu’intervenait l’ingénieur du goût Paul Le Mens, vice-président du convivium Slowfood de Bordeaux dans des ateliers du goût à propos de chocolat, miel, pain et charcuterie.
D’autres initiatives ont ainsi fait connaître les nourritures d’horizons plus lointains préparées par des associations d’expatriés portugais, espagnols, malgaches, lituaniens dans une grande « Bodega des mets tissés ». Il y avait aussi « Le chemin des soupes » où une dizaine de restaurants locaux s’étaient réunis pour proposer chacun sa recette. L’artiste plasticien Pierre Malphettes intervenait sur la tradition perdue des mantels à bestiaux en proposant le sien fait selon le dessin d’un jeu de dames. A cela pour la fête, vide-greniers et bal-concerts n’ont pas été oubliés.
Les deux prix du Salon ont été attribués cette année aux livres suivants :
* Prix La Mazille à Fish de Philippe Emanuelli, Editions Marabout
* Prix Jeunesse à Le festin de Raccoon de Marianne Ratier, Editions Marmailles et compagnie.