LIMOGES LA FRAIRIE DES PETITS-VENTRES

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La réputation du Boeuf Limousin Label Rouge donne envie de goûter sa viande quand on est de passage à Limoges. Il est servi par de nombreuses bonnes tables du centre ville. En particulier dans et près des Halles. Voici quelques découvertes à faire pleines de charme.

Réjouissance de bouche
Stéphanie Cuq c’est avant tout un sourire et un dynamisme enjoué. Son restaurant « Les Petits Ventres » de la rue de la Boucherie est une enseigne qu’elle tient depuis vingt ans. Elle est née à Limoges, en est partie avec ses parents quand elle était jeune fille et y est revenue. Les bouchers maîtres du Quartier de la Boucherie -moins de dix familles encore au début du 20ème siècle- ont vu leur profession évoluer vers d’autres quartiers de la ville. Leurs boutiques ont changé de mains. Et de la viande et de la tripe -les abats- on est passé aux galeries d’art et aux restaurants. Cette ville dans la ville a revisité son architecture. Les maisons à pans de bois pluriséculaires, sans confort ni gaz ni eau courante dans les étages, ni wc privé dans la plupart des cas, ont été rénovées ces dernières décennies, avec l’aide et sous les directives de la ville pour devenir un quartier historique plaisant et fréquenté, un lieu emblématique de la cité. Donc bien situé tout près des halles centrales, du palais de justice, des maisons publiques comme l’hôtel-de-ville, le quartier est devenu touristique. Stéphanie Cuq a saisi cette opportunité et, sur trois niveaux, elle reçoit décontractée et souriante sur des petites tables joliment décorées. L’éclairage du soir est discret et les convives peuvent parler sans partager la conversation des voisins. La maison offre l’apéritif à base de cidre ou jus de pommes additionné du sirop de châtaigne de Mathilde Turin-Labidoire, une boisson locale qui accompagne fort bien l’entrée si on prend un boudin noir coupé en rondelles avec des pommes cuites en beignets sur feuilles de salade. Cela met en appétit pour l’escalope de veau poêlée à la moutarde. Un verre de Pécharmant, vin de Bergerac, est conseillé par le serveur. Un énorme profiterole à deux choux et à la sauce choco-noisette complète le diner. Moins de 30 euros.

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Dormir au calme
Les hôtels sont nombreux en centre ville, grands et petits. Toutefois et en raison de son bon rapport qualité-prix, on peut aller les yeux fermés au Saint-Martial, de la chaine Inter-Hôtels. Rénové récemment, il offre des chambres bien conçues avec TV grand écran et salle de bains-wc en état de marche ! Bravo à la grosse pomme de douche qui livre une eau facile à régler en température. Chambres silencieuses, même celles qui regardent sur la rue en raison des fenêtres à haute capacité insonorisante. Il faut avouer que la rue Armand Barbès est peu passante.

La frairie des Petits-Ventres
Si l’on visite Limoges le 3ème vendredi d’octobre, la visite du quartier des Halles, avec sa Rue de la Boucherie, est indispensable car, depuis 1973, on y célèbre la « Frairie des Petits Ventres ». Toute la journée, principalement depuis l’heure du déjeuner jusqu’au milieu de la nuit, la ripaille est de rigueur. Tous les animaux offrent leur contribution : veau, vache, cochon, mouton. Pas de sectarisme! On sert les bons morceaux comme les plus modestes, ou les plus rares et même ceux qui n’osent pas dire leur nom pour ne pas offenser les bonnes moeurs. Que chacun sur ce point cherche à savoir ce qu’on nomme pudiquement « les amourettes ». François Brun, le dernier boucher-charcutier à avoir pignon sur la rue sait les cuisiner pour les rendre gouteuses, sautées dans d’immenses poêles  à feu vif et juste salées et poivrées comme il faut. Cet homme, dans la cinquantaine, a appris le métier à Châlus. Son statut d’apprenti l’a initié à toutes les façons de faire revenir la viande pour la révéler sous son meilleur angle aux palais les plus exigeants. Il a son stand dans les grandes halles voisines où les fines bouches viennent le solliciter tous les matins. L’homme est bavard, amusant, et il trouve toujours le mot qui va mettre les rieurs de son côté. La jeune Marion, de Haute-Vienne Tourisme, le considère comme un pion majeur de l’alimentation carnée locale. Parlez-lui de ses nez-d’amour, sa tête de porc farcie et ses pieds de veau désossés, façon pieds et paquets. Ses viandes sont toujours locales, race limousine quasi-exclusive, avec Bellac au nord et la Corrèze au sud comme points cardinaux extrêmes. Rien d’Europe Centrale, rien non plus de Nouvelle-Zélande.

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Côté sucré
Marion Mangin a un autre chouchou gastronome, cette fois côté sucré avec tartes et autres desserts et les nourritures où farines, crèmes, beurres et fruits ont un rôle majeur. Elle conduit les journalistes qui enquêtent sur le sucré à un stand bien coloré des Halles pour retrouver Matthieu Clavaud. Avec sa compagne Cindy, du mercredi au dimanche, il façonne les galetous (crêpes fines au sarrasin), les pâtés de viande du Limousin qui trônent sur le comptoir. On vient de loin pour les manger tant son tour de main est réussi. Il excelle également dans les pâtisseries locales comme flognardes, treïpais, burgous, tartes aux pruneaux, cacalous fourrés aux noix et châtaignous à base de châtaignes. A la saison des champignons, et même plus tard tant les champignons se congèlent bien, il propose son pâté limousin aux girolles à 16 euros le kilo. Après être passé au four afin d’être servi chaud, ce pâté est une excellente entrée. Matthieu affirme qu’avec deux parts et une belle salade c’est un repas entier pour les jours où le déjeuner occupe un temps réduit.

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Et puisqu’on est aux Halles, il ne faut pas manquer de goûter aux plats de saison servis au Bistrot d’Olivier. L’ambiance y est conviviale et hautement chaleureuse. Gens tristes s’abstenir. Petits prix. Réservation conseillée 05 55 33 73 85.

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