PAR FRANÇOISE PERIER & GEORGES LÉVÊQUE.
Petite île grecque du Dodécanèse semblant bénie des Dieux, voici Kos ! Située à l’extrémité orientale de la Mer Egée et à quelques kilomètres seulement des côtes turques, Kos est fréquentée pour ses atouts touristiques. Côté soleil, c’est non-stop d’avril à octobre avec des températures idylliques. Hôtels et restaurants sont partout, bons, discrets, accueillants et ils pratiquent des prix séduisants. La pleine saison commence maintenant. Kos est aussi un site historique puisque c’est ici qu’Hippocrate y fonda une école de médecine qui le rendit célèbre dans le monde méditerranéen de l’Antiquité, une position qu’il a conservé à ce jour au niveau planétaire.
Kos : haut lieu de l’histoire de la médecine
Au sud de la ville même de Kos s’élevait Asclepeion, sanctuaire dédié à Asklepios, dieu de la médecine antique. Le site, découvert en 1902 par l’archéologue allemand Rudolph Herzog, a fait de Kos une île star. C’est ici même qu’Hippocrate, issu d’une lignée de médecins célèbres, fonda son école de médecine et posa les bases d’une nouvelle pratique qui lui valut le nom de « père de la médecine clinique ». La soixantaine de livres qui lui est attribuée, le « corpus hippocratique », consacra un modèle de médecine qui allait dominer jusqu’au dix-huitième siècle et transmettre des valeurs qui perdurent encore : recherche de l’équilibre, de l’harmonie, de la santé et du bonheur.
La Fondation d’Hippocrate
Difficile aujourd’hui de se représenter Hippocrate sur les vestiges de ce que fut l’Asclepeion, cet immense sanctuaire doté d’un hôpital pouvant accueillir jusqu’à 4000 patients. Mais il est facile d’aller à sa rencontre au musée de la fondation qui cultive sa mémoire. C’est là que nous pouvons apprécier l’importance de ses travaux et de ses apports tant au plan thérapeutique que philosophique. Au delà d’un art médical qui se focalise sur le malade et non sur la maladie, Hippocrate est le créateur d’une philosophie naturelle dont se réclament aujourd’hui encore médecins, naturopathes, professionnels de la santé & du bien-être, ainsi que les créateurs de spas à vocation holistique. Le jardin de la fondation cultive environ 220 plantes dont Hippocrate a consigné les vertus thérapeutiques dans ses écrits.
Le legs d’Hippocrate
Une conception révolutionnaire de la médecine qui estime que l’homme a la responsabilité de sa propre santé est formulée en aphorismes célèbres.
Médecine des Dieux versus Médecine de l’Homme
« Si tu es malade, recherche d’abord ce que tu as fait pour le devenir. »
Les Dieux ne sont responsables ni des maladies ni de leur guérison.
Médecine respectueuse
« Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté. »
C’est sur le site d’Asclepeion qu’Hippocrate a prononcé son fameux serment qui a traversé les âges. En Occident, les médecins le prêtent encore avant de commencer à exercer.
Médecine globale
« Le malade doit être examiné comme un tout composé d’un corps, d’un esprit et d’une âme. » « L’homme doit harmoniser l’esprit et le corps. »
Facteurs environnementaux, nutrition et mode de vie sont des acteurs santé importants.
Médecine naturelle et humaniste
« C’est la nature qui guérit les malades. »
Air, eau, soleil et terre sont les éléments naturels qui ont un rôle thérapeutique. La marche, par exemple, permet de privilégier le contact avec la terre.
« La force qui est en chacun de nous est notre plus grand médecin. »
Confiance et optimisme sont de précieux atouts pour la guérison.
Art de la diététique
« Il faut être mesuré en tout, respirer de l’air pur (…) et soigner ses petits maux par le jeûne plutôt que par les médicaments. »
Les médecins grecques de l’antiquité prônaient déjà les vertus du régime méditerranéen et recommandaient le jeûne pour purifier l’organisme, le régénérer et accroitre la longévité.
L’art anatriptique
« Le médecin doit posséder l’expérience de beaucoup de choses et entre autres celle du massage. »
Pour Hippocrate, gymnastique corrective, massages et réflexologie orthopédique sont des spécialités médicales à part entière. Convaincu des effets bénéfiques du massage (sauf pour les enfants), il estimait que tous les médecins devaient s’initier à cet art dont il a établi les règles dans un traité sur les articulations.
Pour la petite histoire
« Hólos », du grec ancien signifiant « entier », a donné naissance à la terminologie médicale « médecine holistique ».
Hygiénique et préventive, la médecine grecque fait la distinction entre médecine curative (thérapie) et la médecine conservatrice (hygiène). Elle accorde de l’importance à la pratique du régime, du sport et de l’esthétique. Elle considère la beauté du corps comme le reflet de la santé intérieure et affirme que la santé relève d’un équilibre avec l’âme. Hippocrate a inventé la chirurgie, l’art de réduire les fractures, ainsi qu’une méthode de trépanation. On lui doit aussi le stéthoscope et l’utilisation du vin comme antiseptique, non à cause de l’alcool mais par les polyphénols qu’il contient. Les enseignements hippocratiques ont inspiré à l’Allemagne le naturisme et à la Suède gymnastique et massages « suédois » !
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