BELLES LECTURES AUTOUR DU JARDIN

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Quelques idées de livres pour occuper les longues journées d’un bel été, cela ne se refuse sans doute pas. D’une activité manuelle d’origine scandinave, on passe aux questions qui se posent quand on entre dans un jardin et qui concernent petits et grands. On emboîte ensuite le pas à un naturaliste de terrain au regard malicieux. Et pour les soirées où la maison est calme, on peut plonger dans l’étude érudite de la création du domaine de Chantilly.

Himmelis : habileté digitale
Nanné Frémont était attentive à son stand devant deux fillettes. Cela se passait en juin dernier dans les jardins du Château du Rivau, près de Chinon. C’était un jour de fête au jardin comme le Rivau sait les organiser. Selon les saisons, on y honore les roses quand elles sont à leur zénith, les tournois de chevalerie en profitant des douves assez spacieuses au pied du château féodal, la grande famille des cucurbitacées quand courges, potirons et citrouilles arrivent à maturité. Le jeune public est le bienvenu au Rivau car beaucoup d’attractions sont conçues à leur intention.
Nanné était présente avec des brins de paille de seigle et enseignait à petits et grands l’art de créer des himmelis, ces objets de décoration d’une grande légèreté à cheval entre la tradition finlandaise et le design contemporain. Le himmeli est une suspension décorative et intrigante que l’on voit tournoyer dans les intérieurs scandinaves et qui sont fabriqués à la main en associant et ajustant des brins de paille de seigle, d’épeautre ou de paille à boire plastique sous forme de figures géométriques qui vont du très simple au très compliqué. Ce sont des fils de lin blanc qui dans la tradition réunissent les pailles entre elles. Cette complexité est mise à nue par Nanné Frémont dans un livre paru en 2017 : Inspirations Himmelis. 22 euros

www.editions-eyrolles.com
www.himmeli.fr

130 questions 130 réponses
Pourquoi les arbres sont-ils si grands ?
Quel est l’âge de mon arbre ?
A quelle vitesse l’eau circule-t-elle dans une plante ?
Pourquoi les figuiers n’ont-il pas de fleurs ?
En combien de temps le compost se transforme-t-il en terre ?
Qu’arrive-t-il aux grenouilles si leur mare gèle ?
Autant de questions que chacun d’entre nous a pu se poser un jour et autant de réponses données par Guy Barter, horticulteur en chef à la société royale anglaise d’horticulture (RHS). Ses fonctions le conduisent chaque année à répondre à des centaines de questions venant d’un public très varié. On passe ainsi en revue la vie intime des graines et des plantes, des fleurs et des fruits, des vers de terre qu’on voit si peu et qui assument pourtant des missions essentielles. Météo, climats, saisons sont évoqués. Comme le sont tout autant les caprices gastronomiques des limaces qui ont leurs plats (=mets) préférés, ou encore les plantes qui attirent le plus grand nombre de papillons. L’humour, anglais bien sûr, a sa place dans le panorama du questionnaire : Qui a inventé les nains de jardin ? ou encore : Est-ce qu’on peut faire pipi sur le compost ?

Pourquoi mon compost est-il chaud ? livre paru en 2017 18,50 euros
www.delachauxetniestle.com

Sur les pas d’un naturaliste
A la fois patrimoine naturel commun à sauvegarder et nuisance parfois difficile à supporter, les insectes ne laissent personne indifférent, les naturalistes bien sûr encore moins que les autres. Vincent Albouy est du nombre. Ancien attaché au laboratoire d’entomologie du Muséum national d’Histoire Naturelle de Paris, il s’intéresse depuis près de 30 ans aux insectes communs et à leur protection, notamment au travers des jardins. Auteur de nombreux ouvrages « grand public » sur les insectes, il apprécie la collection « Carnets de sciences » à laquelle appartient sa dernière oeuvre car elle s’adresse à un public soucieux d’acquérir une culture scientifique. Pour entrer dans cette collection, il faut être un spécialiste reconnu par ses pairs et se prêter au jeu de la vulgarisation.
Vincent Albouy a la plume facile pour commenter ses souvenirs d’enfant, quand il fréquentait les friches parisiennes à la découverte des insectes. Il enchaine avec des éléments de sa vie professionnelle et ses visites de lieux mythiques pour un naturaliste parisien comme les jardins du Muséum, les friches de Bercy, les terrains vagues de Belleville, le parc des Buttes-Chaumont, le cimetière du Père-Lachaise. Et lorsque de provincial il redevient parisien, il utilise assez peu le métro en préférant marcher dans les rues pour retrouver cette faune qui n’est plus tout à fait la même en raison de l’évolution du climat et des nouveaux arrivants. Il observe et fait ses commentaires, toujours teintés d’humour.
Quelques exemples. Est-ce que la ville de Bruxelles est un paradis pour coccinelles ? L’explication des ruches posées sur les toits de l’Opéra de Paris. Et l’histoire d’un beau papillon « le brun des pélargoniums » d’Afrique du Sud transporté sous forme d’oeufs dans la plante, d’abord à Majorque en 1990 et qu’on retrouve vingt ans plus tard dans toute la France.

Des insectes en ville, livre paru en 2017 22 euros
www.quae.com

Une promenade à Chantilly à travers les siècles
Amoureux de Chantilly et de ses fastes parfaitement conservés depuis le 17ème siècle, retenez qu’une étude érudite sur l’histoire de son parc a été publiée récemment. On la doit à trois auteurs qui ont réuni leurs compétences. Il s’agit des historiens Serge Briffaud et Emmanuelle Heaulmé et du paysagiste d.p.l.g. enseignant Olivier Damée.
La promenade démarre au Rond-Point des Lions, même si la mise en scène commence bien avant par une route étroite, quand on vient de Paris, et qui canalise gens et regards vers une scénographie imaginée par le paysagiste le plus célèbre du moment : André Le Nôtre. En fond de tableau, la lisière boisée forme une écran opaque à environ mille mètres de l’observateur. En plan intermédiaire, des éléments exclusivement minéraux : à gauche contre le ciel se découpe la silhouette du grand château, tandis qu’à droite se dresse le Château d’Enghein, construit au 18ème. Le centre de la perspective est occupé par une statue équestre du propriétaire des lieux à la Renaissance, le connétable Anne de Montmorency, ancêtre du Grand Condé. Ce dernier a voulu par cet aménagement commandé à Le Nôtre s’aligner sur le Parc de Versailles. L’histoire se prolonge par un texte riche orné de gravures et de dessins. Beaucoup de correspondances sont aussi rapportées. Elles témoignent des efforts déployés pour atteindre la perfection. Les auteurs ont retrouvé un texte de Bossuet qui résume le panache mis en oeuvre. Dans son « Oraison funèbre du prince de Condé », prononcée en 1687, Bossuet associe étroitement, dans la renommée du prince, son talent de militaire à l’embellissement de Chantilly, le prince y ayant mis la même volonté et la même intelligence : « qu’il marchast avec une armée parmi les périls, ou qu’il conduisit ses amis dans ces superbes allées au bruit de tant de jets d’eau qui ne se taisaient ni le jour ni la nuit : c’était toujours le même homme et sa gloire le suivait partout. »

Chantilly au temps de Le Nôtre, livre paru en 2013 34 euros
www.olschki.it/libro/9788822262691 langue française
Edité en Italie à Florence par www.olschki.it

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