DE LA BOTANIQUE COMME DISTRACTION

Dumont_geometrie dans le monde vegetal

« On ne peut se passer d’une méthode pour se mettre en quête de la vérité des choses » écrit Descartes dans le « Discours de la méthode » fait remarquer Elisabeth Dumont en introduction de son récent livre « La géométrie dans le monde végétal » Editions Ulmer 2014. Et d’ajouter « contempler la nature permet d’approcher l’intimité du monde ». Les amateurs de jardins ne disent pas autre chose.

La science contemporaine a fait évoluer les lignes de la botanique. Alors, à défaut de renouveler leurs connaissances, jardiniers et botanistes se privent des découvertes les plus récentes qui expliquent tant de choses. Elisabeth Dumont a su s’approprier, analyser et comprendre ces informations. Elle nous les sert avec clarté et simplicité.

Elle commente :

« Pour qui contemple souvent la nature et en particulier le végétal, la question des formes se formule petit à petit, jusqu’à devenir de plus en plus précise : certaines formes sont récurrentes chez les plantes. Mais d’où viennent ces formes ?

« Cette question est d’autant plus passionnante dans le monde végétal que ces formes sont créées par un organisme vivant qui oscille en permanence entre « le hasard et la nécessité » pour employer les termes de Jacques Monod. La forme végétale que l’on observe est à la fois le résultat d’un déterminisme génétique et le résultat d’une adaptation continuelle à l’environnement. Elle est dirigée pendant la croissance de la plante par les injonctions du génome et modulée par une communication non interrompue avec ce qui est son extérieur, c’est à dire le vent, la nourriture, l’eau disponible, etc. « Cette adaptation permanente à l’environnement est une condition sine qua non de sa survie si l’on considère son immobilité : pour la plante pas de fuite possible !

« Il apparait rapidement au cours de l’observation qu’un nombre restreint de formes géométriques constitue le vocabulaire formel du végétal. Mais que ces formes géométriques, donc abstraites, ne sont jamais aussi parfaites que dans un livre de mathématiques. La forme idéalisée est toujours altérée par les aléas subis pendant la croissance. Un regard attentif nous fait découvrir que, au bout du compte, c’est dans cette tension entre la forme géométrique abstraite et la forme vivante que se situe la beauté du végétal.

« Imaginons un univers où tout ne serait que géométrie parfaite et nous sentons une angoisse percer derrière la toute puissance de la forme rigide. Imaginons de même un univers uniquement chaotique où aucune régularité ne vient atténuer le désordre, et un sentiment d’insécurité viendrait immanquablement nous déstabiliser. Et c’est sans doute dans cette liberté prise par la plante, avec le déterminisme, que réside la beauté du monde ».

Ce livre a reçu le Prix Saint-Fiacre 2015 décerné par l’Association des journalistes du jardin et de l’horticulture ainsi que le Prix spécial du jury dans le palmarès 2015 du Prix Pierre-Joseph Redouté décerné par un jury lors de la Fête des Jardiniers au Château du Lude.

La géométrie dans le monde végétal par Elisabeth Dumont
ISBN : 978-2-84138-699-4 Editions Ulmer 24 euros