« Le coq et la poule sont, sans doute, les animaux domestiques les plus répandus sur la Terre. Ils nous fournissent leur chair, leurs oeufs et leur beauté ». Ainsi parle Jean-Claude Périquet, président de la Fédération Française des Volailles (FFV). Ou plutôt l’écrit dans l’avant-propos de son dernier livre « La basse-cour idéale ». Un livre pour tous, débutants ou lecteurs ayant déjà une certaine expérience. Car il présente un vaste panorama des races de volaille disponibles sur le marché avec les caractéristiques majeures de chacune, en particulier la facilité ou la difficulté d’élevage. Si l’on ajoute à cela les dessins somptueux de l’illustrateur Yann Le Bris, nous avons sous les yeux un livre parfait et terriblement tentateur.
Quel enfant n’a rêvé de voir courir deux ou trois poules dans son jardin ! Des parents bienveillants peuvent répondre à ce désir en passant un marché avec le petite garçon ou la petite fille qui réclame une compagnie animale. OK pour quelques individus à plumes à condition de s’occuper de leur bien-être au quotidien ! On a bien dit « chaque jour » en rentrant de l’école pour donner l’alimentation, fermer le poulailler le soir, l’ouvrir le matin, nettoyer de temps en temps et s’assurer qu’un voisin sympathique voudra le faire à sa place pendant les congés, longs ou courts !
Le contrat conclu, on passe à l’étape suivante, c’est à dire déterminer les conditions idéales de la vie de nos pensionnaires. D’abord un jardin, car il serait stupide d’espérer les tenir sur un balcon. J-C. Périquet est catégorique : il faut un minimum de 10 m2 par bec ! Plus on dispose de place, plus la volaille sera heureuse, en bonne santé et pondra comme on l’espère. Le poulailler lui même est une maisonnette ou une cabane. Elle doit être construite en dur, brique ou parpaing. On peut la faire en bois, mais l’isolation contre le froid et l’humidité est moindre en hiver. Pour la toiture, il faut se méfier de la tôle, certes bon marché mais véritable grill en été quand le soleil chauffe un maximum. Il faut aussi penser à la clôture. Si pour des poules naines un grillage d’un mètre de haut est parfait, il n’en est pas de même pour les poules classiques. J.C. Périquet fournit les détails utiles à connaître avant de se lancer dans l’aventure.
Quand l’essentiel a été dit à propos de l’utilité d’un coq dans la basse-cour, la qualité de la nourriture à distribuer, comment et où se procurer les premières poulettes, on passe au choix de la race. Que souhaite-on privilégier ? la production d’oeufs ou de chair ? Ou tout simplement se procurer un spectacle fait de poules naines circulant dans les allées du jardin et dans les massifs. Pour les massifs de fleurs, attention ! nous sommes en présence d’animaux qui grattent avec leurs pattes griffues, même s’ils sont déjà gavés par la nourriture offerte. Un parcours hors les fragiles fleurs est salutaire. Dans une arbusteraie, c’est mieux, surtout les noisetiers car, en grattant le sol, la poule débusque des insectes comme les balanins dont les larves mangent les noisettes. Qui voudra élever des poussins trouvera aussi les renseignements basiques sur ce point, ainsi que sur les parasites et les ennemis qui rôdent dans et autour du poulailler.
Le moment du choix est venu. Les oiselleries en ville sont une piste et les grands marchés de villes de province une autre. Les quotidiens régionaux annoncent les dates en général. La recherche par Internet est une autre solution. On y trouve les dates des fêtes comme celle qui se déroule tous les printemps dans le parc du Château de La Bourdaisière, près de Tours. Louis-Albert de Broglie, connu pour sa géniale idée d’avoir ouvert il y a plus de dix ans un conservatoire de la tomate, invite chaque année maintenant des spécialistes avicoles qui présentent et commercialisent des races de belle venue. C’est une attraction majeure en Région Centre.
On découvre alors des oiseaux insoupçonnés dans leur beauté et leur diversité. La basse-cour fut très en vogue au XIXème siècle dans nos campagnes. Avec la désertification de celles-ci, les élevages ont perdu en tonicité. Presque au point de disparaitre après 1950. Ne restaient que les races les plus communes, les plus résistantes. Et bien entendu l’élevage industriel qui n’est pas l’objet de ce livre. Ce sont les éleveurs amateurs qui avec force recherches et beaucoup de curiosité ont récupéré à travers le monde les belles pièces qui pouvaient relancer cette passion.
Le livre présente tout ce qui compte à notre époque et on peut dire qu’il y en a pour tous les goûts. Partir à cette découverte est un chemin initiatique dont on ne se lasse pas. Avec la race « Australorp » par exemple on a une grosse bête toute habillée de plumes noires, très précoce et à la ponte abondante. Chair délicieuse. Si l’on se tourne vers « La Bresse » c’est l’assurance d’entrer dans une histoire ancienne de trois ou quatre siècles, même si la réputation des chapons et poulardes de Bresse commence seulement avec l’arrivée de la culture du maïs, vers 1800. Sa chair est des meilleures, ses oeufs nombreux. Mais elle est vive et sans doute un peu trop vagabonde. Pour flatter notre élan national, on peut inviter « La Gauloise » une des races françaises les plus anciennes. C’est son coq qui a servi de modèle pour façonner le coq gaulois de nos clochers. Plumage fort coloré très élégant. Aimée autant pour sa chair que ses oeufs.
Avec « La naine hollandaise » on change de registre. On l’invite pour l’ornement tant son plumage est charmant. C’est une des plus petites, autour de 500 grammes. Très vive, elle adore courir, voler, gratter le sol. Il peut être utile de prévoir une volière fermée dessus. Bien sûr ses oeufs sont petits, 25/30 grammes. Autre miniature ornementale avec « La Sebright » parée de plumes comme dessinées par un peintre minutieux, tantôt blanc bordé d’un liséré noir, tantôt doré avec le même liséré noir.
Après s’être fait la main sur les poules et éventuellement les canards, le passionné de basse-cour peut s’intéresser aux dindons comme « le bronzé d’Amérique » qui n’est jamais que la forme domestiquée du dindon sauvage d’Amérique du Nord, chassé ou élevé pour sa chair et ses oeufs. Pour les plus mordus d’élevage, on peut aussi conseiller « la caille japonaise ». C’est une fine introduction à tenter en raison de la beauté simple et la fertilité de ce petit animal. Une mise en garde toutefois, cette caille ne couve pas, d’où la nécessité d’avoir une couveuse électrique. Inconvénient compensé par une croissance rapide. On s’en régale après cinq semaines d’élevage. Car, bien entendu, les volailles sont aussi destinées à être mangées. Ce qui peut choquer la sensibilité de nos enfants. On doit les prévenir dès le début en négociant le deal !
* La basse-cour idéale, Delachaux et Niestlé, janvier 2017, 25 euros.
* FFV, hameau de Pierreville, 55400 Gincrey jeanclaude.periquet@nordnet.fr
* https://www.labourdaisiere.com/portfolio/fete-des-plantes-et-des-poules/