Dans les années 1960, les élèves de l’Ecole du Breuil, située dans le Bois de Vincennes à Paris, travaillaient les quatre branches de l’horticulture. Le potager était l’une d’elles. Je me souviens des trois années pendant lesquelles j’ai suivi cet enseignement. Au potager, on étudiait les légumes, bien sûr, en théorie et en pratique. A cette époque, on apprenait encore à monter des couches avec des amoncellements de fumier de cheval (merci l’Hippodrome de Vincennes tout proche) qui, en se décomposant, produisaient une chaleur intense, chaleur retenue par des châssis pendant les jours froids de l’hiver et du printemps. Pour accompagner les cours théoriques, le livre de bord était « Le Vercier ». Tous les légumes appréciés de l’époque étaient répertoriés et moult détails devaient être appris par les élèves : nombre de graines par gramme de semence, durée des cultures entre semis et récolte ainsi que leurs rotations, listes des principales variétés dans chaque genre que le commerce de détail proposait. C’est une époque où « la laitue gotte » et « le radis de 18 jours » avaient la vedette. A la réflexion, le Vercier était un condensé des documents techniques édités plus avant par la Maison Vilmorin, la référence nationale de la graineterie.
Et puis l’intérêt pour la culture potagère s’assoupit un temps lors de l’avénement des jardins de week-ends. On s’intéressait davantage aux fleurs pour la décoration de vastes massifs sur les fonds de vertes pelouses que réclamait le nouvel habitat individuel. Trente ans plus tard, le potager refait surface. Des ouvrages bien faits sont régulièrement publiés sur le sujet pour informer les nouveaux adeptes du potager qui veulent produire pour eux-mêmes des légumes sains, sans traces de pesticides ni d’herbicides contrairement aux productions industrielles.
Auteurs et éditeurs ont encouragé ce mouvement. Deux livres à l’évidence se sont distingués par leurs qualités esthétiques et pratiques. Il y a deux ans, Alix de Saint Venant théorisait sur les nouveaux légumes à partir de son expérience personnelle au Château de Valmer en Touraine. L’année dernière, Xavier Mathias, horticulteur à Chédigny en Indre-et-Loire, lui emboitait le pas avec de précieuses observations accumulées par une longue expérience dans « Le potager selon Xavier ».
Et aujourd’hui arrive le fin du fin avec le « Grand guide des plantes potagères », fruit d’une alliance subtile entre une belle maquette, de superbes photos, des conseils de culture judicieux et beaucoup d’enseignements pertinents puisque les auteurs Valérie Garnaud et Odile Koenig sont ingénieurs agronomes. Ce gros guide de plus de 300 pages est parti pour être la référence potagère des prochaines années. Parcourons-en les pages afin de nous mettre en appétit !
La betterave. Grand classique dans sa version à peau et chair rouges, la betterave est l’aliment des salades d’hiver mêlée à la mâche et aux endives. Mais les enfants ne l’aiment guère en général. On contourne la difficulté en semant des graines de variétés dont la chair est jaune comme la Burpee’s Golden. On sème au printemps, on récolte en fin d’été ou en automne. Par habitude on fait cuire ces racines trapues. On peut également les râper et les manger crues. C’est alors tout autre chose.
Le bambou. Qui ne s’est régalé de pousses de bambou généralement extraites d’une boite de conserve ? Car on ignore que quelques bambous de grande taille, tel Phyllostachys edulis, acceptent de pousser sans crainte sous les climats tempérés et dans tous les sols sauf inondés. On récolte les jeunes pousses au printemps lorsqu’elles mesurent entre 10 et 20 cm. On les sépare de la touffe mère d’un énergique coup de bêche, outil bien affuté pour l’occasion. Elles ressemblent à cet instant à de grosses asperges. A cuire pour les manger. Remarque : les bambous sont des plantes envahissantes. A surveiller pour éviter la surpopulation !
Le quinoa. Le jardinage familial recommande de produire ce que l’on ne trouve pas facilement sur les marchés. C’est le cas du quinoa qu’on achète habituellement en sachet. Il faut tenter d’en produire dans l’endroit le plus chaud du jardin avec semis en avril. L’apparence de ses graines mûres laisse croire qu’on se trouve en présence d’une graminée. Pas du tout et c’est une nourriture précieuse pour les personnes souffrant d’allergie au gluten. A découvrir pour renouveler vos menus.
Grand guide des plantes potagères, 34,90 euros, parution avril 2015
ISBN : 978-2-603-02011-1
www.delachauxetniestle.com
Carnet d’adresses
« Le potager » d’Alix de Saint-Venant :
http://www.editionsduchene.fr/livre/alix-saint-venant-de-le-potager-dalix-de-saint-venant-3236601.html
« Le potager selon Xavier » :
http://editions.flammarion.com/Albums_Detail.cfm?ID=45613&levelCode=livres
« Culture potagère » de J. Vercier :
http://biblio.rsp.free.fr/Pdf/Cp1.pdf