La Dordogne est nonchalante quand elle passe dans le département auquel elle a donné son nom. Vive sur les hauteurs du Mont-Dore où elle prend vie, grossie des nombreux affluents qu’elle rencontre en chemin comme la Maronne, la Cère, la Vézère, elle est sage et large en été. Mais soumise aux crues à la saison des pluie, elle sait montrer son caractère impétueux. Parmi les villes qu’elle traverse, La Roque-Gageac est l’une des plus belles. Son environnement estival est engageant et la cité a su en profiter.
La Roque-Gageac est blottie dans une courbe de la rivière facilement accessible. L’homme s’y est installé très top car la roche calcaire largement entaillée de vides était propice à l’habitat troglodytique durant la préhistoire. Après différentes invasions et la Guerre de Cent-Ans, la vallée retrouve le calme à la Renaissance. Le bourg en profite pour s’agrandir et s’embellir de superbes maisons bourgeoises dont le manoir de la famille Tarde qui impressionne encore. Pour mémoire, il faut se souvenir de Gabriel Tarde (1843-1904), criminaliste remarqué et un temps juge d’instruction à Sarlat. Il a interprété les comportements humains en étudiant les criminels et a terminé son parcours au Collège de France.
BATELLERIE DE PLAISANCE
Après la Révolution, la batellerie s’intensifie et fait de la cité un port de gabariers très réputé tout en continuant à être un village de pêcheurs. L’envolée commerciale du transport sur l’eau à l’aide des gabares (bateaux à fond plat) qui fait la richesse de l’économie locale va souffrir de la mise en place du réseau ferroviaire. Par bonheur, l’industrie des loisirs apporte d’autres perspectives dont la navigation de plaisance à partir des différentes stations touristiques qui sont nombreuses dans la Dordogne des châteaux. Les Gabares Norbert, par exemple, installées à La Roque-Gageac, en sont une figure bien connue des riverains. Il est plaisant en effet de voir ces embarcations gracieuses entre avril et octobre filer paisiblement sur l’eau et entendre les commentaires d’un guide connaisseur de l’histoire et de la géographie de la région.
PALMIERS, BIGNONES & PASSIFLORES
Après le circuit en gabare, il est aisé de trouver la sente pentue qui circule entre les maisons serrées les unes aux autres et dont les toits dépassent avec difficulté une forte végétation méditerranéenne. La Roque-Gageac bien orientée vers le soleil à toutes les qualités pour stocker la chaleur de ce dernier. On croise pendant la montée une petite église qui fut pendant des siècles la chapelle d’un hôpital miniature construit à même le roc. D’une manière inattendue, sur le parcours verdoyant s’entassent bananiers, orangers, lauriers-roses, hibiscus, yuccas, bignones et passiflores. Sans oublier les bougainvilliers aux tiges lianes qui vont à l’assaut des palmiers. Ce miracle végétal, on le doit à Gérard Dorin, un diplomate venu s’installer dans une des maisons de la colline pour vivre le temps de sa retraite. Il comprit assez vite les avantages climatiques de cette roche abondante comme on peut la voir sur la Riviera franco-italienne autour de Menton. Certes, les coups de froid peuvent anéantir les espèces sub-tropicales, mais en choisissant bien et avec un peu d’expérience, on apprend à connaitre les moins fragiles.Le diplomate passionné de botanique avait en effet remarqué que les brouillards qui montaient l’hiver de la rivière, comme un ouattage, freinaient la morsure des gelées. Quand on se promène sur le sentier-jardin de la Roque-Gageac, on a le sentiment de s’être égaré sans avoir envie de retrouver les bruits de la ville tant le chant des oiseaux les remplacent avec bonheur !
Visites possibles à proximité de nombreux châteaux :
www.marqueyssac.com
www.eyrignac.com
www.milandes.com
www.chateau-beynac.com
www.castelnaud.com
www.sarlat-tourisme.com/la-roque-gageac
www.norbert.fr