« Mes chers oiseaux ! Sont-ils condamnés à disparaître ? » Ainsi nous apostrophe Marc Duquet dans son dernier livre publié chez Delachaux et Niestlé : « IL FAUT SAUVER NOS OISEAUX ! » Passionné de nature et biologiste de formation, Marc observe et étudie les oiseaux depuis plus de 40 ans. Rédacteur en chef de le revue Ornithos, il est aussi en charge de rubriques dans L’oiseau magazine et auteur de nombreux livres. Cette position lui donne un grand crédit pour dénoncer les causes de la raréfaction de certains oiseaux et proposer des solutions pour remédier au péril. Un choix iconographique généreux rend ce livre à la fois bien documenté et très élégant.
La majorité des espèces d’oiseaux d’Europe sont menacées de disparition à court ou moyen terme, même si certaines s’en sortent mieux que d’autres. De plus en plus affectés par les effets des activités humaines -on évoque toujours l’agriculture moderne et la destruction massive des habitats qu’elle engendre- et aussi par le changement climatique, la plupart des oiseaux sont aujourd’hui en danger. Il est temps d’en prendre conscience et d’agir avec énergie. Ce livre s’adresse à tous les âges et, bien entendu, à la jeunesse qui est toujours très concernée par les périls du futur. Voici une sélection de photos accompagnées de commentaires relevés parmi les plus pertinents.
Autrefois très commune, l’alouette des champs disparait des campagnes. Photo de Thierry Quelennec.
La moitié d’entre elles ont disparu d’Europe depuis les années 1980. Et dans de nombreuses régions agricoles ce passereau jadis typique des campagnes ne niche plus du tout. Beaucoup de raisons à cela : l’utilisation accrue des pesticides qui réduit la quantité des plantes à petites graines et d’invertébrés servant à la nourriture des alouettes. Mais aussi la chasse excessive puisqu’on parle de 5 millions d’oiseaux tués chaque année dans l’Union européenne.
La queue des hirondelles rustiques adultes est prolongée par des filets typiques, plus longs chez le mâle. Photo de Franck Dhermain.
A l’image de l’alouette des champs et de la perdrix grise, les effectifs de l’hirondelle rustique d’effondrent à cause de l’intensification de l’agriculture moderne. L’élevage intensif du bétail, par exemple, en stabulation libre, à grands renforts de traitements vétérinaires, réduit grandement le nombre d’insectes. Or, les petits insectes volants constituent la quasi-totalité de l’alimentation de l’espèce.
Les tiges d’ombellifères sèches constituent des perchoirs très appréciés par le tarier des près. Photo de Thomas Perrier.
Voici un petit oiseau des prairies humides et des marais à hautes herbes. Beaucoup de raisons pour expliquer le déclin de sa population. Et en premier lieu, c’est l’avancement des dates de fauche. Autrefois, les prairies étaient fauchées après le 30 juin, ce qui laissait aux couples de tariers, qui font leurs nids au sol dans les herbes, le temps de mener à bien une nichée, voire deux. Mais les fenaisons qui sont maintenant conduites avant la fin mai détruisent la plupart d’entre elles.
En dépit de ses petites ailes, qu’il utilise pour nager lorsqu’il plonge, le macareux moine vole très bien et très rapidement. Photo de Fabrice Jallu.
Le macareux moine est présent dans tout l’Atlantique nord. Comme on l’a bien observé en Bretagne, les menaces actuelles qui pèsent sur lui au niveau européen sont la prédation par les espèces introduites, la pollution marine, la pénurie alimentaire causée par l’épuisement des ressources halieutiques et la mortalité des adultes dans les filets de pêches.
En anglais, le moineau friquet est appelé moineau des arbres (Tree Sparrow), ce qui traduit bien le caractère arboricole de l’espèce. Photo de Raphaël Bussière.
Qu’il soit domestique ou friquet, le moineau est la victime désignée des pratiques agricoles qui ont recours à l’année aux herbicides et insecticides. Car ces derniers font disparaitre une part importante des insectes dont il se nourrit. Il y a également la généralisation des semis de céréales en automne, qui privent l’espèce des chaumes d’hiver et des grains qu’elle y trouve. Une étude anglaise a aussi montré que le moineau friquet trouvait en bordure de zones humides les invertébrés nécessaires à l’élevage de ses poussins. Et ce type d’habitat régresse un peu partout. Alors !!!
Chez la tourterelle turque, comme chez les autres représentants de la famille des pigeons, mâle et femelle sont identiques. Photo de Marc Duquet.
A l’inverse des oiseaux cités plus haut, la tourterelle turque, qui devait à l’origine avoir son aire de répartition limitée à l’Inde et l’Afghanistan, se porte bien. Et bien qu’elle soit sédentaire, cette espèce a une grande capacité à coloniser de nouveaux territoires. Cela s’explique par sa bonne résistance aux hivers froids, par sa période de reproduction qui commence tôt au printemps et par le nombre important de jeunes qu’elle est capable d’élever : jusqu’à six nichées par an. Il faut ajouter son attrait pour les zones habitées par l’homme où elle trouve facilement de quoi se nourrir et un endroit pour installer son nid.
A l’automne et jusqu’au coeur de l’hiver, les fruits représentent une ressource alimentaire importante pour les merles et les grives (ici une grive mauvis). Photo de Thierry Quelennec.
Pour qui possède un jardin et souhaite aider les oiseaux, la conduite numéro un à tenir est la plantation d’arbustes. La mode des pommiers décoratifs (les Malus d’ornement) a beaucoup fait. L’automne venu et jusqu’au coeur de l’hiver, une multitude de passereaux se posent sur les petites tiges et consomment les fruits. La liste des arbustes partenaires est sans fin. Voici quelques noms : arbousier, vigne vierge, lierre, chèvrefeuille, viorne, merisier, sureau, aubépine, églantier, sorbier, cotoneaster, chalef, pyracantha.
http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/il-faut-sauver-nos-oiseaux-/9782603026533 29,90 euros