LES VISAGES MULTIPLES DES HORTENSIAS ET DES HYDANGEAS

Il est un temps déjà lointain où, lorsqu’on parlait d’hydrangéas, on faisait surtout référence aux hortensias. Séduits par leurs qualités florales, les pépiniéristes Lemoine et Mouillère produisirent dès 1908 de nombreuses variétés aux couleurs variant du blanc pur au rouge foncé. La popularité des hortensias ne s’étant jamais démentie, beaucoup d’autres professionnels ont poursuivi la recherche de formes nouvelles. Le goût de la botanique allant, on s’est aperçu que le genre Hydrangea était considérablement plus large que les seuls hortensias ne le laissaient penser. On découvrait progressivement beaucoup d’espèces inconnues via les jardins anglais et les conservatoires botaniques. Un des maîtres contemporains du genre Hydrangea est Thierry de Ryckel. Sa collection et ses pépinières se trouvent en Belgique. Il vient de publier aux Editions Ulmer un ouvrage très complet, pratique et de lecture facile : « Hortensias et hydrangéas d’aujourd’hui » 24 euros.

9782379220371

Dès le début de son activité, Thierry de Ryckel a fait siennes les théories et les techniques mises au point par Greta Sturdza, la princesse du jardin normand « Le Vasterival » célèbre depuis les années 1970. Dans ce livre, son deuxième sur le sujet chez le même éditeur Ulmer, il évoque les préceptes de cette jardinière hors norme. Il faut se souvenir qu’elle a éduqué  des milliers de jardiniers venant à sa rencontre en visites ou en stages. Les visites guidées du Vasterival étaient célèbres. Elles le restent et se poursuivent sous le contrôle de Didier Willery, directeur du jardin, bon auteur et fin photographe sur le sujet.

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De l’humus, encore de l’humus, toujours de l’humus. A son tour Thierry se fait prescripteur. Voici un chapitre qui témoigne de l’essentiel : « La forêt n’a pas attendu les engrais pour pousser ! Si l’on garde cet exemple pour modèle, il est très facile de copier la nature et de couvrir le sol d’une épaisse couche de feuilles mortes en permanence. Elle garde la terre humide et fraîche et sa décomposition suffit à nourrir les hydrangéas les plus voraces. Il est inutile d’enfouir cette matière organique , puisque c’est le rôle des nombreux minuscules animaux et des mycorhizes (champignons utiles au sol) de l’incorporer progressivement aux couches profondes, là où les radicelles peuvent les absorber. C’est cette activité qui rend le sol fertile et permet la croissance des plantes. Toutes les feuilles conviennent, même si certaines se décomposent plus vite que d’autres. Idéalement, les meilleures sont celles qui poussent à cet endroit. En sol pauvre, si les feuilles ne suffisent pas, vous pouvez nourrir vos plantes avec des engrais organiques universels deux fois par an, au printemps et en automne. Ces engrais organiques doivent être partiellement décomposés pour être assimilables par la plante. Ainsi, ce qu’on met au printemps sert à la plante en été et ce qu’on met en automne sert au printemps. »

On évoque souvent les principes de taille. Pour Thierry, la taille sert à maintenir les buissons dans un état de jeunesse. Et se faisant on conserve des plantes florifères. C’est une opération très simple à pratiquer dès lors qu’on a compris les principes de l’intervention et la réaction du buisson. Il faut surtout apprendre à découvrir les hydrangéas qui fleurissent sur les branches qui ont poussé l’été précédent et ceux qui fleurissent sur les branches qui se sont seulement développées au printemps. Le livre précise tout cela en déclinant le propos espèce par espèce. Et des espèces d’hydrangéas il y en a beaucoup, sans parler des variétés et des cultivars qui viennent grossirent cette vaste famille.

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Les meilleurs hydrangéas pour nos jardins. C’est bien là l’essentiel du livre puisque ce dernier présente les anciens dont on apprécie toujours la floribondité et la résistance au temps et aux maladies. Et bien sûr les variétés nouvelles qui stimulent l’envie, la convoitise et le commerce en fin de compte. La présentation commence par les Hydrangea macrophylla espèce à laquelle l’hortensia classique appartient. Sur 150 pages, le monde des hydrangéas est passé en revue. Certes, cela peut faire tourner la tête. Mais leurs floraisons sont si puissantes, si riches, si durables qu’on leur pardonne et on part alors à leur rencontre le coeur léger.

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0ù voir des hydrangéas ? C’est le thème de la dernière page du livre. Thierry conclut ainsi : « Je vous recommande, si vous désirez parfaire vos connaissances sur les hortensias après la lecture de ce livre, d’aller visiter quelques lieux où vous pourrez admirer des collections en compagnie de personnes expérimentées. Et au risque de plaider pour ma chapelle je ne peux que conseiller de venir dans ma pépinière, rue de Nivelles, à Court-Saint-Etienne (GPS village de Faux) tél +32 479 263827. De début juin à fin octobre : entrée libre. En juillet et trois fois par semaine : visites didactiques gratuites. »
Autres jardins recommandés par Thierry de Ryckel :
www.berchigranges.com dans les Vosges
Association Shamrock à Varengeville-sur-Mer, Normandie
https://www.vasterival.fr   également à Varengeville-sur-Mer
Jardin du Petit-Bordeaux, Sarthe

https://www.editions-ulmer.fr/editions-ulmer/hortensias-et-hydrangeas-d-aujourd-hui-677-cl.htm
Thierry de Ryckel, à Court-Saint-Etienne, en Belgique   http://www.pepinieredelathyle.com

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