L’hiver au jardin n’est pas forcément une saison triste. Tout le monde sait que c’est en hiver précisément qu’ont choisi de s’épanouir les fleurs des roses de noël et celles des perce-neige. En fait, beaucoup d’espèces végétales révèlent leurs trésors floraux pendant les jours courts. Le froid ne les rebute pas, même si le gel peut retarder leur épanouissement. Seulement, ces floraisons sont si discrètes qu’on les remarque peu. Il est vrai aussi qu’on sort moins au jardin. Donc moins de chance de les apercevoir.
Voici les portraits de quelques arbustes qui vont nous charmer entre décembre et mars. Je les ai tiré d’une liste plus longue en raison de leur charme et de leur facilité de culture. Ces arbustes sont rarement exigeants sur la qualité des sols à qui on les confie. Mon numéro un, c’est l’hamamélis. Pendant longtemps, on l’a cru délicat. Il n’en est rien. Le seul reproche qu’on peut lui faire c’est qu’il prend son temps pour pousser. Environ cinq ans pour atteindre les deux mètres en tous sens. Et un peu plus encore pour voir ses petites inflorescences en quantité autour de février. Imaginez des centaines de petites fleurs en forme de fins rubans posées sur des tiges poussant à l’horizontale plus ou moins, comme de petits papillons, rouge ou jaune selon les variétés. Diane, Jelena, pallida sont les variétés les plus connues et recommandables. Quelques fins nez déclarent déceler du parfum dans ces fleurs. Alors s’il y a du parfum que je n’ai guère trouvé, il faut le chercher avec application.
Si l’on est en recherche de parfum, toutefois, c’est vers le sarcococca qu’il faut aller. En Angleterre où il est fréquemment planté, on le connait sous son petit nom de « Christmas box », à traduire par « buis de Noël ». De Noël parce qu’il fleurit dès la fin décembre et buis parce que ces deux arbustes sont de la même famille, les Buxacées, et parce que leurs feuillages ont de vagues ressemblances, bien que la feuille de buis soit plutôt arrondie alors que celle du sarcococca plutôt allongée. Les fleurs blanches entre Noël et la fin février-début mars exhalent un parfum qui ne ressemble à aucun autre et présente une suavité extrême. Et comme ma photo le suggère, il supporte très bien la neige et les froids les plus violents. Autre avantage : les fruits en forme de petites boules rouges ou noires selon les espèces contiennent des graines très fertiles qui vont tomber sur le sol quand elle seront mures. Et les plus chanceuses germeront sans que vous vous en occupiez. J’ai vu ainsi les sarcococcas de mon jardin proliférer à mon insu.
Qui a fréquenté les jardins bretons ou ceux du Pays Basque sait que les camélias sont des fleurs du printemps, de mars et avril surtout. Je veux parler des camélias grands classiques des parcs du 19ème siècle et début 20ème. Ils appartiennent à l’espèce « japonica », grosses fleurs dont le diamètre varie autour de 8 à 10 cm. Moins connus sont les camélias de l’espèce « sasanqua » dont la vogue progresse depuis une vingtaine d’années. Les camélias sasanqua sont disponibles en beaucoup de variétés, fleurs blanches, roses, rouges, panachées. Les fleurs sont plus petites, autour de 4 à 5 cm. Elles apparaissent dès novembre sous climat doux comme l’Aquitaine, en janvier en Val de Loire, Normandie, Bretagne. Un peu plus tard si le froid tarde à s’évacuer. Ces floraisons abondantes à l’occasion sont accrochées du haut en bas de l’arbuste, appuyées sur un feuillage vert bien sain. Belle constellation. En terre calcaire et sèche, s’abstenir !
Et il reste les bruyères ! Des bruyères, il en existe de toute sortes. On connait celles qui tapissent des pans entiers de sous-bois entre août et octobre. Celles d’hiver sont autres, même si elles ont le même pouvoir tapissant. On les trouve dans le commerce (jardineries et pépinières) sous les noms de Erica carnea et Erica darleyensis. Là également, certaines variétés se hissent en haut de podium par la qualité de leurs floraisons. Groupe carnea: Springwood White en blanc, Winter Beauty en rose, Myretoun Ruby en rouge. Groupe darleyensis : Kramer’s Rot en rouge, Darley Dale en rose et Silberschmelze pour le blanc. Il faut fournir beaucoup d’humus à la terre qui va recevoir les bruyères : terreaux et composts sans lésiner. Rusticité au froid excellente. Se méfier des expositions très ensoleillées dans les zones à étés secs. Arrosage des feuillages au jet en soirée si la sécheresse se fait alarmante.