UN NOUVEAU SOUFFLE A ROYAUMONT

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L’histoire de l’Abbaye de Royaumont court sur près de 800 ans puisque sa fondation est datée de 1228. Louis IX -le futur Saint Louis- et sa mère, Blanche de Castille, en sont les maîtres d’oeuvre. Richement dotée par le roi qui aime s’y retirer, elle connait un rayonnement immédiat qui ne dure pas en raison de la Guerre de Cent Ans et des famines du Moyen-Age. Nouveau souffle culturel depuis une dizaine d’années.

Déclarée « Bien National » en 1790, le nouveau propriétaire transforme l’abbaye en filature de coton en détruisant l’église dont les matériaux sont employés à la construction d’un village ouvrier. Après d’autres vicissitudes, on note l’arrivée de la famille Goüin qui l’acquiert et la restaure. Récompense avec son classement en 1927 aux « Monuments Historiques ».

Une vie de culture
Puis au fil du temps, différentes activités culturelles et musicales s’y développent et aboutissent à la signature d’un partenariat entre la Fondation Royaumont mise en place par les Goüin et le département du Val d’Oise en 1977. Parmi les activités, une nous intéresse particulièrement : la création d’un jardin d’inspiration médiévale en 2004. Ce lieu accueille depuis et pour des cycles de trois ans une exposition botanique qui permet d’illustrer ce que pouvait être le monde botanique médiéval.

Un thème nouveau tous les trois ans
Dans ce lieu nommé « le jardin des neuf carrés », la première exposition rassemble les plantes connues d’Hildegarde de Bingen, sainte et savante du Moyen-Age. Puis en 2007, c’est un voyage coloré dans le monde de la teinture végétale qui est proposé, suivi en 2010 du thème de la magie des plantes. En 2013, la collection « signes et emblèmes » amène à découvrir comment la symbolique des plantes, toujours vivante aujourd’hui, s’est intégrée à notre culture. Et enfin, celle qui se déroule entre 2016 et 2018, une nouvelle exposition végétale pour évoquer le voyage des plantes entre Orient et Occident aux temps anciens.

Une réflexion de paysagistes
Entre croisades, explorations de terres inconnues et échanges commerciaux, les migrations végétales au temps de Saint-Louis permettent d’aborder la notion de l’origine des plantes. L’exposition présentée par les paysagistes Olivier Damée et Edith Vallet oblige à nous interroger sur le métissage, la traçabilité, l’hybridation et les modifications génétiques des graines. Peut-on encore parler de nos jours d’espèces locales ?

Les jardiniers qui plantent et entretiennent …..
Lorsque les plans des jardins ont été acceptés, le temps de la mise en oeuvre est arrivée. Puis ensuite celui de l’entretien. Pour cela beaucoup de doigté et sens d’interprétation pour faire durer avec brio le cycle des trois ans. Deux jardiniers pour cela, dont Justine Marin seule présente le jour de la prise de vues. Elle explique son parcours :

« Un Master de design industriel en poche, j’ai bifurqué vers un tout autre métier, plus « terre à terre » : j’ai repris une formation en maraîchage biologique. Après quelques années à travailler dans une ferme ardennaise, je suis arrivée à Royaumont en même temps que le Potager-Jardin.Travailler aux jardins de Royaumont, c’est à la fois voyager dans le temps, différentes époques et différentes modes (jardin d’inspiration médiévale, jardin du cloître « à la française », parc XIXème, potager contemporain…). Ici les pierres sont plus anciennes que les arbres et une saison de jardinage parait alors bien furtive ! Cet étirement du temps est appréciable à Royaumont parce que cela laisse le temps de construire l’âme d’un jardin et imaginer son évolution sur le long terme. »

Et les plantes dans tout ça !
Au hasard des massifs, Justine est en mesure de renseigner les visiteurs sur les espèces rencontrées. Avec ses mots, voici l’histoire de cinq plantes :
La rhubarbe – Rheum x cultorum.
Venant de Chine, elle est importée en Europe par la route de la soie. C’était alors une plante rare et coûteuse. On l’utilisait pour ses vertus médicinales et ce n’est que beaucoup plus tard (vers 1800) que la rhubarbe est entrée dans notre alimentation.

La jacinthe des bois – Hyacinthus non-scripta.
Cette plante vient du côté atlantique de l’Europe. Au Moyen-Âge, la sève de ses bulbes servait à la confection de colle pour la reliure ou l’empesage des collerettes et fraises.

La Coriandre – Coriandrum sativum.
Originaire du bassin méditerranéen, C’est grâce aux Romains qu’elle voyage au Nord de l’Europe puis jusqu’en Asie. Aujourd’hui, l’Inde est le plus grand producteur de cette plante.

Le Chénopode – Chenopodium bonus henricus
Il doit son nom à Henri IV qui encouragea la création de jardins de plantes comestibles pour nourrir le peuple. Très consommée au Moyen-Âge, elle fut ensuite remplacée par l’épinard dans les habitudes alimentaires.

Le Rosier Musqué – Rosa moschata
Probablement importé d’Asie et Moyen-Orient, le rosier musqué est à l’origine de nombreux hybrides. D’abord en Espagne par les Maures, puis jusqu’en Angleterre au XVIème siècle.

https://www.royaumont.com
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