Elever quelques poules à la maison, quelle bonne idée ! Avoir des oeufs sains et frais à la demande, le rêve ! Tout cela parait simple au premier abord et puis viennent les interrogations pour la mise en place du projet : combien ? quelle forme de poulailler ? coq ou pas coq ? quelle race ? faut-il couper les ailes ? que leur donner à manger ? comment les vermifuger ? Autant de questions et autant de réponses que livre Pascale Nuttall, éleveuse de poules depuis plus depuis plus de 25 ans, à la Ferme de Keres, à Langoat, Côtes d’Armor. Cela a fait l’objet du dernier et admirable « Guide Larousse des poules et du poulailler » publié en février 2020. 500 pages et des centaines de photos.
Quelques mots de l’auteur en guise de présentation : « Ce livre, je l’ai écrit pour les poules. J’ai rencontré cet animal par hasard il y a vingt-sept ans, alors que j’étais jeune doctorante en sociologie. Mes deux premières poules rousses, rapidement mariées à un coq multicolore, chavirèrent mon coeur et décidèrent du cours de ma vie. Envahie d’une passion dévorante à leur endroit, j’abandonnai rapidement toute velléité universitaire pour me consacrer à elles et en fis mon métier : je devins éleveuse de poules de race. Je cohabite ainsi avec les poules, en immersion quasi totale depuis. Ma vie leur est consacrée de A à Z, car être éleveur dans une petite ferme relève plus du sacerdoce que des 35 heures par semaine. »
Acquérir des poules. Ainsi démarre le livre et Pascale Nuttall explique qu’un élevage de poules c’est du sérieux dès qu’on dépasse 50 animaux. C’est là le cadre légal. On se fera donc la main sur une quantité réduite. Elle passe en revue les premières questions : où et quand acheter des poules, quelle sorte de poule acheter, comment transporter une poule. On apprend dans ce paragraphe que les poules achetées doivent être transportées dans une cage à leurs dimensions et dans l’obscurité, car le noir les rassure. Puis comment les installer dans leur nouvel habitat. Et comment tenir une poule pour qu’elle se sente bien. Avec cette dernière recommandation, on comprend que Pascale milite pour le bonheur des animaux.
La poule est omnivore, comme les humains. En clair, elle mange de tout. Si l’on pouvait analyser le contenu d’un estomac de poule en liberté, on trouverait graines, fruits, baies, insectes, larves, vers et même des petits rongeurs, des grenouilles et des serpents ! Pascale passe en revue les besoins alimentaires des volailles en élevage et comment les satisfaire. On peut commencer par ce qu’on nomme dans le commerce l’aliment composé complet qui est fabriqué principalement à partir de céréales et de matières premières d’origine végétale. Une quarantaine de pages précisent le sujet : offrir de l’eau propre en quantité, comment donner à manger, dans quoi donner à manger. Et un autre point capital, les poules : qu’est-ce qu’elles aiment ?
Ne pas oublier la verdure ! Les poules mangent volontiers les feuilles et les graines des plantes sauvages qui leur apportent leurs principes actifs. Sur un parcours un peu sauvage, elles en retirent de grands bénéfices, des orties en particulier. Cette plante a de tout temps été utilisée dans la basse-cour, hachée, fanée ou séchée pour perdre son pouvoir urticant. Elle est très riche en protéines, en calcium, en vitamines A, E, C, B1, B9 et en minéraux utiles comme le fer. Tout est passé en revue sur l’ortie, le pissenlit, les herbes aromatiques, les plantes fourragères, les fruits et les légumes.
L’univers des races. On n’échappe pas à l’histoire des poules et des races car si les poules ont toujours existé ou presque, il en va différemment des races qui ont été élaborées par l’homme relativement récemment. Les poules que nous connaissons descendent des coqs rouges de la Jungle d’Asie du Sud-Est. Et de ces ancêtres, elles ont gardé le régime alimentaire, une adaptation aux sous-bois et une organisation sociale en harems menés par un coq. Quand les poules quittent l’Asie pour arriver dans nos contrées, ces oiseaux exotiques sont d’abord des cadeaux offerts aux élites.
Animaux de compagnie avant d’être une source de nourriture. En parallèle, les nouveaux acquéreurs considèrent davantage les poules comme des animaux de compagnie, suivant en cela les mouvements en faveur du bien-être animal. Vers le milieu du XIXème siècle, l’arrivée des très grandes races asiatiques bouleverse le paysage de l’aviculture européenne. Les Brahmas et les cochinchinoises géantes rapportées par les Américains et les Anglais séduisent les puissants dont la reine Victoria et l’impératrice Eugénie. On parle même de « cochinmania » qui verra le sang asiatique se mêler abondamment aux vieilles souches européennes.
Quelle race choisir ? Une fois passées ces considérations historiques se pose la question du choix de la ou des races qui conviendraient le mieux pour peupler notre jardin, sachant que plusieurs races peuvent cohabiter. Le guide Larousse des poules fait un point précis sur les caractéristiques de chacune. Souhaitons-nous des races spécialisées dans la ponte, la fourniture de chair, des races couveuses, des races à oeufs colorés comme la Marans qui pond des oeufs couleur chocolat, ou l’Araucana (photo ci-dessus) qui étonne par ses oeufs bleu-vert et tous ses dérivés comme la Cream Legbar et l’Ameraucana ? Et on se gardera d’oublier les races qui ont du look : à plumes duveteuses comme la Poule soie, les poules huppées comme la Padoue, ou des plumes aux pattes comme la Pékin.
Le monde du concours avicole. Comme pour tous les animaux, il existe des championnats de beauté pour les poules. On y mesure la conformité aux standards de la race. Les meilleurs éleveurs obtiennent des prix. Celui du salon annuel de l’agriculture à Paris est l’un des plus recherchés. Afin d’être informé des règlements, des nouveautés, des dates et lieux des salons et expositions, il est souhaitable de rejoindre la SCAF http://scaf-aviculture.com qui organise les prestations avicoles au niveau national. Pascale Nuttall recommande de visiter les expositions, discuter avec les éleveurs de concours rarement avares de leurs connaissances, suivre un juge avicole pour pénétrer ce monde insoupçonné. Car démarrer un élevage, même familial, avec des animaux de qualité est essentiel pour entrer dans le monde passionnant de l’aviculture.
Commentaires de Liza Person-Liziecki, éditrice du livre pour Larousse, à sa publication : « Enfin il est sorti ! Trois ans de travail pour Pascale Nuttall, éleveuse de poules depuis 25 ans, qui a fait un travail co-los-sal ! Caroline Lesage et Laurent Bessol ont su dompter les lumières bretonnes pour offrir de très belles photos de gallinacés. Quant à Claire Morel Fatio, graphiste de talent, elle est parvenue à rendre ces 496 pages très agréables à lire. Des infos inédites sur le comportement et le langage des poules, un chapitre santé exhaustif, toutes les clés pour avoir des poules heureuses et pour longtemps ! »
https://www.editions-larousse.fr/livre/le-guide-larousse-des-poules-et-du-poulailler-9782035939647