ALLER A LA RENCONTRE DES COLLECTIONS DU RIVAU

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Amateurs de vins fins et de sites historiques partis à la découverte de Chinon et de sa région, il importe d’ajouter une étape à votre promenade. Je veux parler du château du Rivau, ce joyau rénové du Val de Loire. Il semble que Jeanne d’Arc ait été le premier personnage d’importance à passer par là pour quérir des chevaux en vue du siège d’Orléans. On retrouve le château plus tard dans des histoires de Gargantua et des guerres picrocholines. Château fortifié, le Rivau a gardé son aspect moyenâgeux. La bâtisse semble lourde tant elle a été pensée pour être indestructible. Elle a franchi les siècles et a même survécu en 2010 à un incendie accidentel qui a frappé une des tourelles et malmené combles et charpentes. Mais tel le phoenix, le château a repris vie après une année de travaux.

Le Rivau se distingue des autres hauts lieux ligériens tout d’abord par son jardin, lieu étonnant à multiples facettes, reflet du vrai talent de paysagiste qu’a su acquérir Patricia Laigneau en plus de dix ans de pratique jardinière. Ajoutons à cela sa connaissance de l’art contemporain et son goût pour les collections d’objets petits et grands, créations variées de plasticiens, d’artistes et collections végétales. Tout se retrouve et s’enchevêtre dans le plus délicieux des mélanges.

Le potager du Rivau inspiré au départ de celui de Villandry a trouvé ses marques propres. Des mulchs de couleur protègent le sol de la sécheresse estivale. Fruits et légumes poussent à profusion dans l’inventivité la plus exquise. On ne sait plus où l’on se trouve dans ce creuset de matières si variées et si élégantes. Le mélange des siècles a quelque chose de surprenant. L’ultra contemporain s’accommode des pavages vieux de cinq siècles. On peut déjeuner durant les beaux jours au coeur de cette scène de conte de fée puisque des tables d’hôtes sont installées dans la cour principale. Et l’on mange dans le calme et la joie sur le mode locavore puisque la région du Chinonais produit de beaux légumes et de divines boissons. Pensons au passage à la « dive bouteille » de Rabelais. Le spectacle est autour de nous et varie selon les saisons. Rosiers, vignes et figuiers palissés sur d’étonnants entrelacs de tressages d’osier et de châtaignier donnent des idées à transposer dans nos jardins plus petits.

Après avoir franchi le pont-levis et rencontré les roses anglaises parfumées (collection nationale), on passe au château proprement dit qui héberge sur deux niveaux les collections de la famille mêlées à une exposition saisonnière. En 2013, le thème est « Si l’art de la parure m’était contée ». Une vingtaine d’artistes l’ont exploré avec des oeuvres grandes ou petites, certaines débordantes d’humour. Au cours d’une telle visite, on perçoit la singularité de la famille Laigneau : Eric et Patricia, accompagnés de leurs filles Caroline et Pauline. Gens d’entreprise, ils ne cessent d’inventer. Ainsi de juin à novembre, leur action se prolonge par quelques animations bien senties. En plus de celle du premier week-end de juin où la France vibre toute entière le temps de la Fête des Jardins, le Rivau organise des pique-niques nocturnes les soirs du 22 juillet et 1er août sur nappes blanches, des joutes équestres les 13 et 14 juillet, une fête de la citrouille et de la vigne le 8 septembre et une vente aux enchères de vins millésimés le 2 novembre au profit d’une association liée à la maladie de l’autisme. Il faut enfin retenir que toute cette dynamique culturelle s’adresse en même temps aux parents et aux enfants. Ce qui fait du Rivau un endroit plein de grâce pour passer en famille des journées délicieuses.

www.chateaudurivau.com

Texte et photos Georges Lévêque, le 22 mai 2013

CHAUMONT SUR LOIRE

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Le festival des Jardins 2013 est lancé.

Comme chaque année depuis sa première édition de 1992, le Festival International des Jardins a ouvert ses portes fin avril. Cela veut dire que chaque jour jusqu’au 20 octobre, de 10 heures du matin jusqu’à 18 ou 19H00 selon la saison, vous pourrez visiter ce lieu de Culture sans égal au coeur de la Vallée de la Loire. Les droits d’entrée s’échelonnent de 16 euros pour un plein tarif adulte à 4 euros selon âge et degré de curiosité. Car au Festival proprement dit peut s’ajouter la visite du Château, des Ecuries et du Parc, autant de lieux qui proposent des expositions complémentaires. Il y a tant de choses riches à découvrir qu’on peut prévoir de passer la journée entière. Pour déjeuner, deux restaurants sont à disposition et les pique-niques ne sont pas interdits. Les bords de la Loire, en contrebas du château, très vastes, ensoleillés et délicieusement herbeux sont également de parfaits lieux de repos pour couper la journée en se reposant au calme.

A qui va se rendre à Chaumont pour voir les nouveaux jardins, on peut conseiller d’attendre quelques semaines. N’oublions pas que, chaque année, la plupart de la trentaine de jardins proposés sont faits sur mesure le temps d’une seule saison. Ce sont des créations qui vont vivre six mois et laisser la place l’année suivante à d’autres projets. Alors il faut laisser quelques semaines à chaque nouvelle création, le temps de prendre forme avec des plantations épanouies. Ainsi en mai les jardins sont encore vides. Si l’on attend juin, c’est mieux. A partir de juillet, c’est toujours superbe. Chaque année voit la manifestation choisir un thème. Celui de 2013 porte le nom de « Jardins des sensations ». L’organisateur explique la formule de la façon suivante : « Le jardin se marche, se sent, s’écoute, se goûte, se voit, se touche : l’air y circule au gré du souffle du vent, l’ombre et la lumière y alternent, le froid et le chaud, le lisse et le rugueux, le liquide et le solide, le plat et l’escarpé s’y succèdent à l’unisson des sens et des sensations ». Les jardins présentés cette année s’efforceront de répondre à la définition qu’on peut lire plus complète sur le document d’information qu’on récupère avec les billets d’entrée.

Parmi les jardins présentés, un m’a ému plus que les autres. Il se nomme « Un paysage à goûter ». Il se présente sous la forme d’un jardin potager vallonné à l’extrême. Intellectuellement, ce jardin donne à réfléchir : peut-on offrir un repas sans évoquer le rituel social qui stimule les sens par le partage et la convivialité ? Au-delà du goût proprement dit, apparaissent de nouvelles notions exprimées par sigles et mots nouveaux tels amap, slow food, locavore. Faut-il favoriser la nourriture produite localement ou consommer à contre-saison fruits et légumes venus à grands frais de pays lointains, ce qui génère des bilans carbone désastreux ? Pour rendre cette leçon de choses attrayante, la scénographie de ce jardin présente quatre collines faites avec 370 bottes de paille. En effet, le projet s’appuie sur la technique du « straw bale gardening » très en vogue aux USA et en UK. La paille n’est pas seulement un support physique mais un véritable substrat de culture qui fournit un compost au fur et à mesure de sa décomposition.

Pour en savoir plus : www.un-paysage-a-gouter.weonea.com