LES ANIMAUX NOUS PARLENT, SACHONS LES ECOUTER

Couv livre Marc Giraud

Marc Giraud a décidé de faire plaisir à Victor Hugo. Le grand homme avait constaté que hommes, nature et animaux, si proches jadis, s’étaient éloignés les uns des autres. «C’est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas » avait-il écrit un jour.

Le naturaliste Marc Giraud, naturaliste de terrain précise-t-il, chroniqueur radio, écrivain spécialisé en zoologie (une bonne vingtaine de livres à son mérite) est surtout un conteur qui aime séduire l’auditoire. Cela explique ses succès de librairie car il écrit comme il parle et l’on s’amarre sans peine à ses histoires. Il s’est fait une spécialité de livres remplis d’images fortes accompagnées de légendes courtes mais percutantes.

Son dernier ouvrage « Les animaux en bord de chemin* » dévoile des pans entiers de la vie secrète des insectes, oiseaux et autres animaux qui nous entourent au quotidien et qu’on rencontre dans nos déplacements. Ce livre de 256 pages nous apprend à décoder leurs attitudes lors des parades, bagarres, toilettes et autres comportements avec, à l’appui, 700 photos choisies avec discernement et beaucoup d’humour dans la plupart des cas. Excellent communicant, Marc Giraud réussit dans cette approche des animaux à plaire à tous les publics, jeunes et moins jeunes, débutants et connaisseurs. Que veut donc le moineau qui frétille des ailes ? pourquoi les chevaux ont-ils peur de tout ? quelle fonction a la danse nuptiale des mouettes ? A toutes ces questions et à beaucoup d’autres, Marc Giraud répond, mais en toute modestie précise-t-il dans son introduction, en nous distillant ce que ses années d’observation sur le terrain et ses lecteurs lui ont appris.

Ainsi pour les coqs, leurs cris dépendent des circonstances. Dans la basse-cour, le coq est un tyran mais il est galant. Il appelle les poules lorsqu’il trouve de la nourriture et il les laisse se servir en premier. Mais le coq peut mentir à l’arrivée d’une nouvelle poule qu’il désire attirer. Il lance l’appel de nourriture même s’il n’y en a pas.

Oies, chevaux et autres animaux vivant en troupeaux ont un code. Un des leurs est toujours en alerte et assure la surveillance générale, ce qui permet aux autres de se nourrir tranquillement.

Les mammifères doivent leurs noms à leurs mamelles car leur caractéristique est de produire du lait pour leurs petits. Les veaux abordent parfois les femelles par l’arrière pour téter. Il peut s’agir d’imposteurs qui ne sont pas les petits de la vache sollicitée. Dans cette position, ils ne sont pas flairés, donc pas identifiés par la nourrice improvisée.

Les canards se divisent en deux grandes catégories. Les colverts sont des canard de surface ou barboteurs. Pour s’alimenter, ils n’immergent que la tête ou la moitié du corps alors que les fuligules plongent complètement.

Se nourrir est une activité animalière primordiale. A la saison chaude, il est facile de voir les insectes butineurs se gaver du nectar des fleurs. Avec les abeilles et d’autres papillons, le flambé est du nombre. Le nectar sucré caché au fond des corolles est un véritable carburant de vol énergisant. En même temps l’insecte assure la pollinisation. Moment essentiel pour la fabrication des graines.

En couverture du livre. Les renardeaux commencent leur vie gris-noir, avec une tête bien ronde et des oreilles courtes. Lorsqu’ils sortent du terrier à l’âge d’un mois leur pelage commence à s’éclaircir. Puis leur museau et leurs oreilles s’allongent et ils deviennent roux et blancs. Les petits renardeaux croquants font place à d’élégants prédateurs.

* Delachaux et Niestlé, mars 2015, 24,90 euros, ISBN : 978-2-603-02075-3

POMMES DE TERRE : DU JARDINAGE A LA PORTEE DE TOUS

Pompadour_Tubercule

Aquarelle de Gismonde Curiace

Dans un récent livre à la gloire des pommes de terre, on a confié à Claude Rich le soin de rédiger la préface. L’homme est aussi à l’aise pour écrire que pour parler ou jouer en scène. Claude évoque un souvenir de son jeune âge lorsque l’épicier de la rue Saint Jacques à Paris, pendant les années de guerre, lui en glissait trois ou quatre dans la main, comme si c’était de l’or, en lui disant « c’est pour ta mère ».

Ce « Grand livre des variétés de pommes de terre » publié aux Editions Ad Hoc, on le doit à Dorothée Bourget, ingénieur agronome, qui dans la vie est rédactrice en chef de « Potato Planet » revue professionnelle exquise autant dans son look que dans son contenu. C’est dire le sérieux du sujet !

La pomme de terre, il faut s’en régaler d’abord et avant tout. Depuis trois siècles elle a sauvé des populations de la famine (cher Parmentier !). Maintenant on la cuisine avec soin et diversité. Certains chefs de bonnes tables ont créé des recettes uniques. Joël Robuchon n’a-t-il pas lancé la mode d’une purée à la Ratte, une variété à « drôle de forme » mais au goût on ne peut plus exquis disent ses défenseurs.

Chacun dans son coin de potager peut tenter l’aventure. C’est le moment puisque les plants sélectionnés apparaissent sur les points de vente consacrés au jardin. Avant de planter, il faut faire germer le plant, dans une pièce claire à température oscillant entre 10 et 15 degrés, c’est l’idéal. Attendre le temps de la floraison du lilas pour mettre les tubercules germés en pleine terre, germe vers le haut en recouvrant d’une dizaine de centimètres de terre. A défaut de lilas comme point de repère, pas avant mi-avril (risque de gel). On peut attendre juin et même juillet et on aura des récoltes plus tardives mais toutes aussi bonnes. Et que les sans-jardin se rassurent. La Nature est bonne fille. Confiez un plant de pomme de terre à un pot rempli de terre un peu lourde et collante. Vous aurez aussi une récolte.

Les pommes de terre germées qu’on a oubliées dans le garde-manger peuvent être mises en terre pour espérer des tubercules très consommables. Il est toutefois plus sage de s’approvisionner en plants certifiés venant de lieux de production destinés à cet effet. Une étiquette bleue délivrée par le service officiel de contrôle témoigne de la certification. Choisir les plants certifiés germés disponibles par 10 ou 25 unités conditionnés en clayettes fermées. L’étiquette mentionne le nom de la variété. Si le choix porte sur quelques deux cents variétés, le jardin du débutant doit aller vers celles qui ont fait la preuve d’un maximum de qualités.

Le choix va commencer par la Ratte connue depuis 1872, peu productive mais résistant bien aux maladies. Quatre mois vont s’écouler entre plantation et récolte. Sa chair est fine et ferme, de couleur jaune. Bonne tenue en cuisson. Très haute qualité culinaire. En voici d’autres citées par ordre alphabétique. Amandine, la reine des primeurs avec une excellente qualité de bouche. Belle de Fontenay, le fleuron des années 1960-80, parfaite dans tous les cas. BF15, amélioration de la précédente avec de meilleurs rendements. Bintje, célébrée depuis 1935 et appréciée pour sa productivité. Charlotte, bonne conservation et toute forme de cuisine, à choisir si l’on devait n’en garder qu’une. Franceline, sur le marché depuis une vingtaine d’années, à peau rouge et chair jaune, mi-précoce pour faire en salade, en chemise ou rissolée. En raison de sa ressemblance avec la précédente, on la nomme aussi Charlotte rouge. Mona Lisa, déjà trente ans de bons et loyaux services. Bon rendement de tubercules assez gros. Résistance notable à la maladie du mildiou. Pompadour, adaptée aux cuisines délicates, excellentes qualités culinaires. Bonne conservation. Roseval, grand classique des années 1950 avec beaux tubercules rouges à chair jaune et ferme. Excellent rendement, mais sensible au mildiou. Safrane, connue pour ses très hauts rendements. On peut commencer à la récolter après trois mois de culture, puis au fur et à mesure des besoins. Assez bonne tenue en cuisine quelle que soit la recette. Spunta, remarquée dans les années 1970 et toujours appréciée autant dans les cercles professionnels que chez les jardiniers amateurs.

Commercialement, il faut savoir se distinguer de la concurrence ! A cette fin, la société Bernard dans la région Nord, opérant la sélection des plants de pommes de terre, a créé « Le club des jardiniers gourmands » et sous cette appellation distribue des variétés nouvelles disponibles en BIO ! Voici quelques noms à repérer sur vos lieux de vente habituels afin de tester ces nouveautés : Bernadette, Rose de France, Corne de Gatte, Bleue d’Artois, Jeannette.

http://biblio.rsp.free.fr/Pdf/pdt1.pdf
http://www.larattedutouquet.com/joel-robuchon-puree-ratte/
http://plantdepommedeterre.org/index/la-parade-des-pommes-de-terre-au-jardin

SAS Bernard à Gomiecourt, Pas-de-Calais « Le club des jardiniers gourmands »

L’HIVER AU JARDIN AVEC DES FLEURS

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L’hiver au jardin n’est pas forcément une saison triste. Tout le monde sait que c’est en hiver précisément qu’ont choisi de s’épanouir les fleurs des roses de noël et celles des perce-neige. En fait, beaucoup d’espèces végétales révèlent leurs trésors floraux pendant les jours courts. Le froid ne les rebute pas, même si le gel peut retarder leur épanouissement. Seulement, ces floraisons sont si discrètes qu’on les remarque peu. Il est vrai aussi qu’on sort moins au jardin. Donc moins de chance de les apercevoir.

Voici les portraits de quelques arbustes qui vont nous charmer entre décembre et mars. Je les ai tiré d’une liste plus longue en raison de leur charme et de leur facilité de culture. Ces arbustes sont rarement exigeants sur la qualité des sols à qui on les confie. Mon numéro un, c’est l’hamamélis. Pendant longtemps, on l’a cru délicat. Il n’en est rien. Le seul reproche qu’on peut lui faire c’est qu’il prend son temps pour pousser. Environ cinq ans pour atteindre les deux mètres en tous sens. Et un peu plus encore pour voir ses petites inflorescences en quantité autour de février. Imaginez des centaines de petites fleurs en forme de fins rubans posées sur des tiges poussant à l’horizontale plus ou moins, comme de petits papillons, rouge ou jaune selon les variétés. Diane, Jelena, pallida sont les variétés les plus connues et recommandables. Quelques fins nez déclarent déceler du parfum dans ces fleurs. Alors s’il y a du parfum que je n’ai guère trouvé, il faut le chercher avec application.

Si l’on est en recherche de parfum, toutefois, c’est vers le sarcococca qu’il faut aller. En Angleterre où il est fréquemment planté, on le connait sous son petit nom de « Christmas box », à traduire par « buis de Noël ». De Noël parce qu’il fleurit dès la fin décembre et buis parce que ces deux arbustes sont de la même famille, les Buxacées, et parce que leurs feuillages ont de vagues ressemblances, bien que la feuille de buis soit plutôt arrondie alors que celle du sarcococca plutôt allongée. Les fleurs blanches entre Noël et la fin février-début mars exhalent un parfum qui ne ressemble à aucun autre et présente une suavité extrême. Et comme ma photo le suggère, il supporte très bien la neige et les froids les plus violents. Autre avantage : les fruits en forme de petites boules rouges ou noires selon les espèces contiennent des graines très fertiles qui vont tomber sur le sol quand elle seront mures. Et les plus chanceuses germeront sans que vous vous en occupiez. J’ai vu ainsi les sarcococcas de mon jardin proliférer à mon insu.

Qui a fréquenté les jardins bretons ou ceux du Pays Basque sait que les camélias sont des fleurs du printemps, de mars et avril surtout. Je veux parler des camélias grands classiques des parcs du 19ème siècle et début 20ème. Ils appartiennent à l’espèce « japonica », grosses fleurs dont le diamètre varie autour de 8 à 10 cm. Moins connus sont les camélias de l’espèce « sasanqua » dont la vogue progresse depuis une vingtaine d’années. Les camélias sasanqua sont disponibles en beaucoup de variétés, fleurs blanches, roses, rouges, panachées. Les fleurs sont plus petites, autour de 4 à 5 cm. Elles apparaissent dès novembre sous climat doux comme l’Aquitaine, en janvier en Val de Loire, Normandie, Bretagne. Un peu plus tard si le froid tarde à s’évacuer. Ces floraisons abondantes à l’occasion sont accrochées du haut en bas de l’arbuste, appuyées sur un feuillage vert bien sain. Belle constellation. En terre calcaire et sèche, s’abstenir !

Et il reste les bruyères ! Des bruyères, il en existe de toute sortes. On connait celles qui tapissent des pans entiers de sous-bois entre août et octobre. Celles d’hiver sont autres, même si elles ont le même pouvoir tapissant. On les trouve dans le commerce (jardineries et pépinières) sous les noms de Erica carnea et Erica darleyensis. Là également, certaines variétés se hissent en haut de podium par la qualité de leurs floraisons. Groupe carnea: Springwood White en blanc, Winter Beauty en rose, Myretoun Ruby en rouge. Groupe darleyensis : Kramer’s Rot en rouge, Darley Dale en rose et Silberschmelze pour le blanc. Il faut fournir beaucoup d’humus à la terre qui va recevoir les bruyères : terreaux et composts sans lésiner. Rusticité au froid excellente. Se méfier des expositions très ensoleillées dans les zones à étés secs. Arrosage des feuillages au jet en soirée si la sécheresse se fait alarmante.