VISITE D’OEUVRES D’ART ARDÉCHOISES SUR LA LIGNE DE PARTAGE DES EAUX

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L’Ardèche se dévoile. Brigitte Mounier, chargée de communication à l’Agence de Développement Touristique, fait découvrir aux journalistes les points forts du département. La nature en premier lieu qui est toujours propre et sauvage et le restera durablement tant on en prend soin. L’hébergement bien sûr, avec un excellent rapport qualité/prix. Mais aussi la part toujours plus importante accordée aux projets culturels et artistiques. C’était là l’objet d’une invitation en octobre dernier.

« Emerveillés par l’Ardèche »  voici le dernier slogan des services du tourisme concernés ! Dans le passé, on avait coutume de parler de terres pauvres quand on évoquait Ardèche, Lozère, Haute-Loire et généralement les hauts lieux du Massif Central. Terres de petites récoltes où la pierre pousse partout et où le vent sait se montrer tempétueux. Mais les marcheurs qui voyagent sur les sentiers de Petites et Grandes Randonnées des Monts d’Ardèche ne s’en plaignent pas.

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La châtaigne est l’une des richesses locales, avec la truffe et bien entendu le tourisme. Comme l’autoroute A6 qui longe le Rhône a eu la bonne idée d’être construite côté Drôme, l’Ardèche peut se vanter d’être sans autoroute et dire que vie trépidante et excès de vitesse ne sont pas son affaire. De fait, l’Ardèche offre ses vallées et ses montagnes aux promeneurs qui prennent leur temps et ne voyagent pas seulement pour arriver. Ils préfèrent goûter les merveilles que leur offre la Nature. Si l’on souhaite en dresser la liste, on peut loger en bonne place les auberges accueillantes, où l’on mange sain, local et pour pas cher. Chambres d’hôtes, gîtes ruraux et hôtelleries de campagne entrent dans cette gamme où tout est fait pour protéger « le silence ». Alors, quelques journées de vacances en Ardèche et nous voilà ressourcés. A cela désormais, il faut ajouter un maillon nouveau et très fort du tourisme ardéchois. C’est la matérialisation artistique de la « Ligne de partage des Eaux ». Explications !

La ligne de partage des eaux traverse le Parc des Monts d’Ardèche. Etre physiquement sur cette ligne, c’est avoir sous un pied les sources se dirigeant vers la Méditerranée et sous l’autre celles se jetant dans l’Atlantique. La ligne a inspiré LE PARTAGE DES EAUX, un parcours à ciel ouvert bien accueillant, au coeur d’un patrimoine exceptionnel, avec des oeuvres d’art, des mobiliers design en bois de châtaignier et des mires paysagères. Le parcours artistique se découvre le long du GR7, fabuleux sentier de randonnée, mais aussi en voiture, à vélo ou encore à cheval. Des premières oeuvres de l’humanité abritées par le Grotte Chauvet à la création contemporaine, l’Ardèche est plus que jamais une source d’inspiration. Un voyage de presse a permis d’aller cet automne à la rencontre de trois de ces créations.

Un phare posé en pleine montagne par Gloria Friedman
Au sud du Col de la Chavade, le plateau ardéchois se termine par une succession de crêtes qui délimitent de profondes vallées, comme celle des rivières l’Ardèche et la Borne. Pas très loin, le hameau de Bez est le point où les voitures s’arrêtent et où commence la marche. Le guide mentionne la présence proche de la Croix de Bauzon, seule station de ski alpin de l’Ardèche. Après avoir marché une bonne heure, supporté un dénivelé proche de 200 mètres, dans un paysage panoramique fait de prairies, de ciel, d’arbres, une tour de couleur bleu monochrome marque un point haut de 1350 mètres. C’est un phare de culture à accès libre car il n’y a qu’à pousser la porte pour se mettre à l’abri du vent fort qui souffle ici par moment. A l’étage, une vue à 360° permet une exploration visuelle fabuleuse. C’est bien de penser aux jumelles ! Pour qui veut passer du temps, une bibliothèque est a disposition  avec des livres sur les voyages, des romans et des essais sur l’eau. Gloria Friedman qui a conçu ce phare souhaite que son oeuvre devienne une machine à ralentir le temps, si les visiteurs y consentent en rêvant durablement la tête dans les nues.

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Petit miracle de l’anamorphose par Felice Varini
Sur les murs de l’Abbaye de Mazan, Felice Varini dessine une myriade d’arcs de cercle à la feuille d’or. Si l’on se place au bon endroit, l’oeuvre baptisée « Un cercle et mille fragments » apparait alors et tout s’assemble en une trame régulière de cercles pour former une géométrie parfaite. On trouve les ruines de l’Abbaye de Mazan dans un fond de petit vallon, au lieu-dit le Mas d’Adam. Fondée au XIIème siècle par des moines cisterciens en recherche de solitude et de grands espaces pour vivre en ermites, elle devient rapidement une des plus importantes institutions religieuses du Vivarais. L’abbaye entame son déclin au XVème siècle et finit par disparaître après la Révolution, pour devenir une carrière de pierres. Le lieu respire encore cette longue histoire et après avoir projeté des cercles sur les façades, les ruines mais aussi sur le paysage, l’artiste en souligne les contours à la feuille d’or. Effet garanti ! on parle d’anamorphose. Les ruines deviennent par ce procédé une oeuvre bidimensionnelle qui se surimpose au paysage !

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Un tour pour puiser de l’eau dans l’air par Gilles Clément
Lorsqu’il a escaladé le Mont-Gerbier-de-Jonc, Gilles Clément, tour à la fois paysagiste, enseignant et écrivain, a remarqué que de l’eau suintait au sommet alors qu’il n’avait pas plu depuis deux mois, comme si la montagne puisait de l’eau de l’intérieur. Il a choisi de lui rendre hommage en édifiant une tour à eau à proximité de la Ferme de Bourlatier, commune de Sagnes-et-Goudoulet. Le principe de la tour à eau est utilisé dans les régions chaudes, comme le Sahel, pour climatiser naturellement les bâtiments : une tour aux murs épais capte l’humidité de l’air et la condense sur ses parois grâce à la circulation de l’air en son intérieur. La tour de Gilles Clément est construite en phonolite, une roche volcanique qui compose aussi le Gerbier situé lui-même sur la ligne de partage des eaux. Cette tour capte donc l’eau présente dans l’atmosphère pour la condenser sur ses parois et la restituer à part égale on espère entre la Loire et le Rhône.

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Dîner et dormir à Vals-les-Bains avec une étoile Michelin :
www.hotel-helvie.com

Organiser son voyage :
www.ardeche-guide.com
www.parc-monts-ardeche.fr
www.lepartagedeseaux.fr

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LIMOGES LA FRAIRIE DES PETITS-VENTRES

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La réputation du Boeuf Limousin Label Rouge donne envie de goûter sa viande quand on est de passage à Limoges. Il est servi par de nombreuses bonnes tables du centre ville. En particulier dans et près des Halles. Voici quelques découvertes à faire pleines de charme.

Réjouissance de bouche
Stéphanie Cuq c’est avant tout un sourire et un dynamisme enjoué. Son restaurant « Les Petits Ventres » de la rue de la Boucherie est une enseigne qu’elle tient depuis vingt ans. Elle est née à Limoges, en est partie avec ses parents quand elle était jeune fille et y est revenue. Les bouchers maîtres du Quartier de la Boucherie -moins de dix familles encore au début du 20ème siècle- ont vu leur profession évoluer vers d’autres quartiers de la ville. Leurs boutiques ont changé de mains. Et de la viande et de la tripe -les abats- on est passé aux galeries d’art et aux restaurants. Cette ville dans la ville a revisité son architecture. Les maisons à pans de bois pluriséculaires, sans confort ni gaz ni eau courante dans les étages, ni wc privé dans la plupart des cas, ont été rénovées ces dernières décennies, avec l’aide et sous les directives de la ville pour devenir un quartier historique plaisant et fréquenté, un lieu emblématique de la cité. Donc bien situé tout près des halles centrales, du palais de justice, des maisons publiques comme l’hôtel-de-ville, le quartier est devenu touristique. Stéphanie Cuq a saisi cette opportunité et, sur trois niveaux, elle reçoit décontractée et souriante sur des petites tables joliment décorées. L’éclairage du soir est discret et les convives peuvent parler sans partager la conversation des voisins. La maison offre l’apéritif à base de cidre ou jus de pommes additionné du sirop de châtaigne de Mathilde Turin-Labidoire, une boisson locale qui accompagne fort bien l’entrée si on prend un boudin noir coupé en rondelles avec des pommes cuites en beignets sur feuilles de salade. Cela met en appétit pour l’escalope de veau poêlée à la moutarde. Un verre de Pécharmant, vin de Bergerac, est conseillé par le serveur. Un énorme profiterole à deux choux et à la sauce choco-noisette complète le diner. Moins de 30 euros.

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Dormir au calme
Les hôtels sont nombreux en centre ville, grands et petits. Toutefois et en raison de son bon rapport qualité-prix, on peut aller les yeux fermés au Saint-Martial, de la chaine Inter-Hôtels. Rénové récemment, il offre des chambres bien conçues avec TV grand écran et salle de bains-wc en état de marche ! Bravo à la grosse pomme de douche qui livre une eau facile à régler en température. Chambres silencieuses, même celles qui regardent sur la rue en raison des fenêtres à haute capacité insonorisante. Il faut avouer que la rue Armand Barbès est peu passante.

La frairie des Petits-Ventres
Si l’on visite Limoges le 3ème vendredi d’octobre, la visite du quartier des Halles, avec sa Rue de la Boucherie, est indispensable car, depuis 1973, on y célèbre la « Frairie des Petits Ventres ». Toute la journée, principalement depuis l’heure du déjeuner jusqu’au milieu de la nuit, la ripaille est de rigueur. Tous les animaux offrent leur contribution : veau, vache, cochon, mouton. Pas de sectarisme! On sert les bons morceaux comme les plus modestes, ou les plus rares et même ceux qui n’osent pas dire leur nom pour ne pas offenser les bonnes moeurs. Que chacun sur ce point cherche à savoir ce qu’on nomme pudiquement « les amourettes ». François Brun, le dernier boucher-charcutier à avoir pignon sur la rue sait les cuisiner pour les rendre gouteuses, sautées dans d’immenses poêles  à feu vif et juste salées et poivrées comme il faut. Cet homme, dans la cinquantaine, a appris le métier à Châlus. Son statut d’apprenti l’a initié à toutes les façons de faire revenir la viande pour la révéler sous son meilleur angle aux palais les plus exigeants. Il a son stand dans les grandes halles voisines où les fines bouches viennent le solliciter tous les matins. L’homme est bavard, amusant, et il trouve toujours le mot qui va mettre les rieurs de son côté. La jeune Marion, de Haute-Vienne Tourisme, le considère comme un pion majeur de l’alimentation carnée locale. Parlez-lui de ses nez-d’amour, sa tête de porc farcie et ses pieds de veau désossés, façon pieds et paquets. Ses viandes sont toujours locales, race limousine quasi-exclusive, avec Bellac au nord et la Corrèze au sud comme points cardinaux extrêmes. Rien d’Europe Centrale, rien non plus de Nouvelle-Zélande.

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Côté sucré
Marion Mangin a un autre chouchou gastronome, cette fois côté sucré avec tartes et autres desserts et les nourritures où farines, crèmes, beurres et fruits ont un rôle majeur. Elle conduit les journalistes qui enquêtent sur le sucré à un stand bien coloré des Halles pour retrouver Matthieu Clavaud. Avec sa compagne Cindy, du mercredi au dimanche, il façonne les galetous (crêpes fines au sarrasin), les pâtés de viande du Limousin qui trônent sur le comptoir. On vient de loin pour les manger tant son tour de main est réussi. Il excelle également dans les pâtisseries locales comme flognardes, treïpais, burgous, tartes aux pruneaux, cacalous fourrés aux noix et châtaignous à base de châtaignes. A la saison des champignons, et même plus tard tant les champignons se congèlent bien, il propose son pâté limousin aux girolles à 16 euros le kilo. Après être passé au four afin d’être servi chaud, ce pâté est une excellente entrée. Matthieu affirme qu’avec deux parts et une belle salade c’est un repas entier pour les jours où le déjeuner occupe un temps réduit.

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Et puisqu’on est aux Halles, il ne faut pas manquer de goûter aux plats de saison servis au Bistrot d’Olivier. L’ambiance y est conviviale et hautement chaleureuse. Gens tristes s’abstenir. Petits prix. Réservation conseillée 05 55 33 73 85.

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UN JARDIN EN HIVER

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Quand une jardinière, finement lettrée, prend la plume pour évoquer un sujet qu’elle affectionne tout particulièrement, cela peut donner un livre qu’on ne va pas oublier au fond de la bibliothèque. Il restera en évidence à la portée de chacun pour être lu et relu longuement. « Mon jardin en hiver » de Snezana Gerbault parait avoir les qualités requises pour entrer dans cette catégorie.

L’hiver au jardin a été très longtemps considéré comme une saison triste jusqu’à ce que des auteurs anglais, jardiniers passionnés, aient traité ce thème avec des titres qui tournaient autour de « My Garden in Winter ». Le livre d’Edward Augustus Bowles, en 1915, fut l’un des plus célèbres. Celui de Rosemary Verey, publié en 2002 par l’éditeur Frances Lincoln, informa les jardiniers sur l’art d’explorer la richesse renouvelée des plantes remarquables sous le vent, la pluie, le froid. Parallèlement, dans son jardin Vasterival, en Seine-Maritime, Greta Sturdza éduqua des milliers de visiteurs dans le but de les initier aux techniques de jardinage qui rendaient l’hiver sympathique en présentant sa collection d’hellébores roses de noël nichées au pied des écorces rouges de certains cornouillers taillés selon sa longue expérience.

Aujourd’hui, c’est Snezana Gerbault qui a pris la plume et son appareil photo pour étudier et relater le sujet à sa façon. Elle a la chance de travailler occasionnellement au Museum national d’Histoire naturelle de Paris et, par complicité, le directeur du Jardin des Plantes a rédigé pour son ouvrage une préface engageante. L’avantage de consulter un livre récent porte sur la présentation de plantes mises nouvellement sur le marché. Et ces dernières sont nombreuses tant les fêtes et journées des plantes qui se tiennent un peu partout sont des lieux d’exposition de nouveautés, en sachant que la demande des acheteurs entraine des efforts de recherche de la profession horticole.

Snezana présente bien sûr les grands classiques. Qui entre décembre et février peut rester insensible aux fleurs miniatures d’hamamélis posées sur ses tiges tels de petits papillons ? C’est un arbuste dont la taille adulte évolue entre 2 et 3 mètres en tous sens. Pas de maladie à craindre, pas de caprice de culture ! Voici un végétal qui est très à l’aise dans les brumes hivernales du nord de la Loire et dont depuis plus de trente ans on a pu vérifier ces caractéristiques. Plus classique et très connu, le Physalis dont les fruits enveloppés dans une sorte de carapace orangée le font nommer « amour en cage ». Cette production proche du papier si mince et translucide en hiver l’a rendu populaire. Au fil des jours froids, l’orange tourne au sépia, puis au blanc. Le final peut être ravissant car la cage devient transparente. Et gardons nous d’omettre aussi les nombreux mahonias, à l’architecture étonnante et leur crête jaune.

L’auteur a fait son marché de découvertes pour enrichir la palette. Elle explique l’attrait de chacune des espèces présentées. D’abord sous son angle botanique, puis son comportement au jardin et les soins à lui fournir quand il y a un régime particulier à observer. Enfin l’intérêt ornemental. Car beaucoup des plantes qui nous font vibrer en hiver ont besoin d’être présentées sous cet angle. Prenons le cas des hortensias pour rester facile à comprendre. La grosse inflorescence de l’hortensia peut être coupée quand elle commence à faner si l’on pense que cela fait plus propre. Et pourtant ! on peut garder les plus gaillardes des car elles vont sécher sur pied et offrir pendant des mois un spectacle de fleurs sèches altières du plus bel effet.

C’est ainsi qu’on part à la rencontre des Berkheya, Acantholimon, Miscanthus, Stipa, Calamagrostis, Molucella pour alimenter le rayon feuilles séchées. Côté arbustes à écorces brillantes qu’on voit de loin, on découvre saules, ronces, cornouillers. Sans oublier les espèces à fruits décoratifs plus ou moins durables. Le choix est vaste avec les Malus (pommiers d’ornement) et les sublimes Callicarpa. Un rappel est sonné par la présentation d’une quantité de petites plantes bulbeuses qui exhibent leurs fleurs comme des moquettes multicolores. C’est du côté des crocus, perce-neige et narcisse qu’on trouve les meilleurs effets. Pour terminer en beauté, Snezana est allée à la rencontre de Stéphane Chapelle un fleuriste parisien bien connu pour ses compositions d’automne-hiver. Un excellent final tout en finesse et émotion.

www.delachauxetniestle.com
Mon jardin en hiver septembre 2017
19,90 euros

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ECOLOGISTE, MÊME APRÈS LA MORT !

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photos du livre par Serge Lapouge essentiellement
portrait de Gilles Clément Georges Lévêque

« Les paysages funéraires racontent une histoire, une vision du monde ». Ainsi s’exprime Gilles Clément, paysagiste bien connu et tout autant homme de lettres, penseur, conférencier et enseignant. Et d’aligner quelques phrases qui résument le regard des civilisations anciennes et actuelles : « L’absence de sépulture architecturale concerne les sociétés anciennes où l’on procédait aux véritables enterrements. Mis en terre, le corps se décompose et disparait. Elle concerne aussi notre époque pour ceux qui préfèrent disséminer les cendres issues de l’incinération des corps plutôt que de construire un bâtiment destiné à les accueillir. Pour le reste des humains, la mort laisse une trace en dur, un lotissement cadastré, une ville à part, on appelle cela un cimetière : du grec koimêtérion, le lieu où l’on dort. » Il amorce ainsi une réflexion qui sert de préface à un nouveau livre bien singulier dans son genre. Rien que le titre est surprenant : « Funérailles écologiques ». Faut-il y voir une technique de marketing ou bien l’amorce d’une réflexion nouvelle ?

L’éditeur, Terre Vivante, en apposant sur la couverture une pastille qui déclare que nous sommes en présence d’un « Guide de survie en milieu funéraire » lance le débat. Chacun pensera ce qu’il voudra mais il faut bien avouer qu’après avoir parcouru ce livre de plus de 250 pages abondamment illustré, un constat s’impose. Nous sommes en présence d’un ouvrage très sérieusement traité qui ouvre une brèche dans la réflexion. C’est quand nous sommes vivants que nous devons décider du chemin que prendra notre dépouille mortelle et réfléchir à de nouveaux usages vis à vis du lieu qui les reçoit.

Les auteurs Brigitte Lapouge-Déjean et Laetitia Royant évoquent les lois du marché des Pompes Funèbres qu’elles qualifient de lucratives et comment réduire les coûts qu’elles génèrent. Ceci concerne le volet financier. Elles abordent ensuite les réglementations des cimetières qui sont laissées en grande partie à l’appréciation des communes. Un argument nouveau va bouleverser assez vite leur gestion. Il s’agit de la loi Labbé, remarquent-elles : « une loi zéro phyto pour la mise en place d’un objectif zéro pesticide » applicable depuis le 1er janvier 2017. Profitant de cette révolution de pensée et de plan de gestion, de plus en plus de villes ne se contentent pas d’y tolérer des allées reverdies. Elles imaginent un changement radical pour faire de ces lieux de mémoire des espaces verts presque comme les autres.

Avant d’aborder les changements essentiels qu’elles imaginent, elles passent en revue les lois et usages du passé. Puis elles partent à la découverte de quelques lieux de sépultures qu’elles proposent comme modèles à suivre. Elles pointent Boissiérette dans le Lot et Nantes où le cimetière moderne Toutes-Aides laisse l’herbe épouser le marbre ou la pierre des tombes. Quand tant de communes font exactement le contraire, où les employés en charge de la « propreté » éliminent avec ponctualité le moindre paturin et la moindre fleurette qui tenteraient de vivre sur un gravier copieusement arrosé de désherbant jusqu’à la veille de l’application de loi. La révolution verte écologique est en marche, même dans les cimetières, sommes-nous en droit d’espérer.

Funérailles écologiques, octobre 2017, 25 euros
www.terrevivante.org

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UN CHATEAU DE BELLE AU BOIS DORMANT

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Après la Guerre de Cent Ans, le Périgord sort meurtri des combats avec les Anglais. La région se tourne vers un avenir plus serein. François de Caumont, Seigneur de Castelnaud, fait édifier sur ses terres en 1489, sur la rive gauche de la Dordogne, le Château des Milandes. Il est plus agréable en effet de vivre dans une demeure Renaissance comme Les Milandes que dans la forteresse de Castelnaud où tout respire la violence des conflits antérieurs.

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Parmi les propriétaires qui se sont succédés dans cette prestigieuse demeure, il faut citer Joséphine Baker, petite américaine à la vie difficile dans ses jeunes années, qui est devenue une star internationale lorsque qu’elle arrive en France en 1925. C’est en effet grâce à la Revue Nègre au Théâtre des Champs-Elysées qu’elle est propulsée sur le devant de la scène. Pour la première fois on découvre à Paris une danseuse noire ayant pour tout vêtement quelques plumes roses. Symbole de sensualité, la danseuse nue violait les tabous. Deux ans plus tard,  directeur des Folies Bergère, Paul Derval, lui propose de se produire dans un nouvelle revue. C’est à cette occasion qu’elle porte la fameuse ceinture de bananes (en tissu) qui lui offre une célébrité définitive. Cette ceinture est exposée de nos jours aux Milandes car la personne de Joséphine Baker est attachée pour toujours à ce lieu.

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C’est en 1937 à l’occasion d’une visite en Périgord qu’elle découvre Les Milandes. Tombée amoureuse du lieu, elle loue la propriété. Puis en 1947, elle a rassemblé les fonds nécessaires  pour acheter ce qu’elle nomme « son château de la Belle au Bois Dormant ». Elle entreprend de créer le premier complexe hôtelier d’Aquitaine et pour cela se rend propriétaire  d’une partie du bourg. Deux ans plus tard, elle inaugure son « Village du Monde » qui est composé d’une ferme, d’un hôtel de luxe, d’un parc de loisirs avec guinguette, théâtre, piscine et mini-golf. Elle évoque les hommes qui ont compté pour elle, notamment son imprésario Pepito Abatino et ses différents maris. Celui de ses 13 ans, Willie Wells. Celui de ses 14 ans, Willie Baker, dont elle gardera le nom toute sa vie. Puis Jean Lion, un industriel français en 1937 et enfin Jo Bouillon, chef d’orchestre alors très connu.

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C’est avec ce dernier qu’elle entreprend l’adoption de cette immense famille dont les journaux de l’époque font des pages entières : dix garçons et deux filles venus du monde entier dont Akio le Coréen qui est le premier. Joséphine dépense sans compter. Elle est impulsive et vit son rêve de mondialisme et de charité. Cela la conduit comme il faut bien le nommer à deux faillites. Ses nombreux amis l’aideront à la première, dont la famille princière de Monaco. La suivante sera fatale.

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On connait donc très bien Joséphine Baker pour sa vie de comédienne et de maman adoptive. Beaucoup moins son passé glorieux pendant la Seconde Guerre Mondiale. Une pièce du château est réservée à cet effet. Y sont rassemblés des souvenirs élogieux et éloquents. Quand elle rencontre le Capitaine Jacques Abtey du service de contre-espionnage en 1939, elle lui déclare « C’est la France qui m’a faite ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle (…) je suis prête à donner ma vie à la France (…) vous pouvez disposer de moi comme vous l’entendez ». Elle est active dès l’Appel du 18 juin lancé par le Général de Gaulle basé à Londres avec un radio installée aux Milandes et des armes cachées dans la cave. Entre 1940 et 1944, elle quitte le château et part en tournée avec les militaires pour chanter et participer de différentes manières à l’effort de guerre. Lorsque de Gaulle installa son quartier général à Alger, Joséphine fut son ambassadrice en Afrique du Nord où elle parlait pour lui. La Croix de Lorraine en or que le Général lui remit en échange fut vendue par ses soins au profit de la Résistance lors d’un gala en Egypte ! Cette épopée est racontée quand on visite aujourd’hui Le Château des Milandes, tous les jours jusqu’au 12 novembre. Voir horaires sur www.milandes.com.

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DES ALLIANCES METS THAÏ & VINS DU MINERVOIS

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La 3ème édition des Tastes en Minervois, un festival vins et gastronomie en Languedoc a rassemblé une foule dense d’amateurs de bon vin et de familles venues partager une soirée festive. La date pour la 4ème édition de 2018 reste à venir.

Initié à l’occasion des 30 ans de l’AOC Minervois, ce festival est désormais le rendez-vous annuel des vignerons de l’appellation. La rencontre du public avec l’alliance vins du Minervois + gastronomie contemporaine a accueilli 3000 visiteurs en 2015, près de 7000 en 2016. Les chiffres pour 2017 ne sont pas publiés mais lors de la soirée d’ouverture, de 17H00 à minuit, le village de Bize-Minervois était noir de monde mais aussi lumineux grâce à l’éclairage public et l’humeur bon enfant d’une population familiale heureuse de sa soirée.

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Profitant de la présence de quelques plumes de presse, d’auteurs de livres et gazettes épicuriennes, Jean-Marc Saleine, président de l’Association Saint-Jean de Minervois, avait demandé au Restaurant Le Thaï de Castigno, du village d’Assignan, d’organiser une dégustation AOC des vins muscats blancs de son appellation. Qu’on pardonne l’expression qui a cours dans le monde des vins, il n’est pas question de « faire pisser » la vigne encore moins à Saint-Jean qu’ailleurs, un village qui se positionne en limite du terroir, côté Nord-Est. Le sol est encore plus pierreux qu’ailleurs et le « Muscat petit grain » s’en accommode très bien. Dans son allocution, Jean-Marc avait déclaré « moins riche ». En le questionnant sur la morphologie du sol, il ajoute en riant « moins de cailloux ». On sait depuis l’époque romaine que le sol du Minervois convient aux vignobles non irrigués si on peut se satisfaire de 20/25 hectolitres à l’hectare. Avec le temps, les racines de la vigne trouvent leur chemin dans les couches profondes du sol où elles rencontrent l’humidité.

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Cathelijne Puyenbroek, qui a grandi et vécu à La Haye et Gand dans une famille en partie indonésienne, chef de cuisine autodidacte, avait élaboré le programme gastronomique en fonction des vins proposés par les vignerons. Sa connaissance des épices avait aussi orienté ses choix. Les voici !

* Un tartare de saumon avec oignons frits délicieusement croquants ouvrait le bal, servi avec un Domaine du Sacré-Coeur 2016 de Luc Cabaret. Impression de longueur en bouche très durable.

* Pour la soupe à la citronnelle avec combava et tomates cerise qui suivait, c’est le Clos Bagatelle Grain de Lumière 2015 de Christine Deleuze et Luc Simon qui avait été choisi. Vin plus dense que le précédent, plus court en bouche, parfait. Geneviève Guihard de la Radio du Goût, une voisine de table, concluait par « il éclabousse de lumière ».

* La salade farce de porc aux herbes fraîches fut agréablement soulignée par un Domaine Marcon 2016 de Philippe Marcon. Il dominait le goût assez puissant du gras de la viande.

* Les rouleaux de printemps à belle saveur qui suivaient étaient soutenus par le Clos du Gravillas 2015, bio, de Nicole et John Bojanowski.

*Puis vint le tour du filet de boeuf à peine poêlé avec son curry rouge, formidablement accompagné par un verre de Cave Le Muscat Eclat Blanc 2016.

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* Feu d’artifices ensuite avec un Domaine de Barroubio Carte Noire 2002 pour accompagner un travers de porc laqué. Son propriétaire Raymond Miquel, présent à table, déclarait garder les flacons qui lui restent pour les amis et les grandes réceptions afin de témoigner de la façon aristocratique dont on élevait les Minervois il y a 15 ans et plus.

* Fin de dégustation avec un Domaine de Montahuc 2014, bio, de Michel Doudou et Alain Leroux, pour accompagner un dessert à base de mangues.

www.leminervois.com
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