LE VIN JAUNE DU JURA

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Une fête viticole rassemble des milliers de participants chaque hiver en Jura lorsqu’il s’agit d’ouvrir une pièce d’un vin rare « Le Vin Jaune ». Il est produit sur seulement 4 AOP avec un seul cépage « le Savagnin » après avoir été élevé en fûts de bois pendant un peu plus de six ans. C’est lors de cette fête qui se passe autant dans les caves des vignerons que dans la rue qu’on fait connaissance de ce vin d’exception autant par son goût que son histoire.

L’Association des Ambassadeurs des Vins Jaunes a été créée en 1996. Ses ambassadeurs, gardiens et mémoire de la Percée du Vin Jaune, parés de la tenue officielle aux teintes dorées, défilent chaque année le premier week-end de février dans les rues d’un des quatre villages autorisés à produire ce nectar et escortent une pièce de Vin Jaune de 228 litres portée en procession. C’est un événement jurassien de la plus haute importance. En 2018, il se tenait dans le village de l’Etoile.

Le Vin Jaune : qui est-il ?
Aux dires de tous, le Vin Jaune du Jura est un vin d’excellence aimé du plus grand nombre, ceci dit avec réserve car une bouteille coûte rarement moins de 30 euros, pour seulement 62 centilitres. Ce vin rare est conditionné dans un modèle unique de bouteille : le clavelin. Pourquoi seulement 62 cl ? C’est ce qu’il reste en moyenne d’un litre de vin après un long vieillissement en tonneau qui dure six ans et trois mois. Après la mise en bouteille, le clavelinage, le Vin Jaune est considéré comme impérissable. Sa capacité à bien vieillir est l’une des plus importantes du monde. La légende voudrait qu’un fût ait été découvert au fond d’une cave après plusieurs années d’oubli. On aurait alors trouvé en l’ouvrant un liquide métamorphosé exceptionnel.

Un élément historique confirme l’ancienneté de sa notoriété. Lors d’une rencontre avec Metternich, diplomate et homme d’état autrichien, dans sa résidence du Domaine de Johannisberg, Napoléon III après avoir dégusté l’un des vins en réserve aurait dit : « avoir bu un des meilleurs vins du monde ». Et à cela Metternich aurait rétorqué : « le meilleur vin du monde est produit dans un petit canton de votre empire à Château-Chalon ! »

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Quel cépage pour le Vin Jaune ?
Le Vin Jaune du Jura, une appellation reconnue depuis 1936, tantôt surnommé « le vin des rois ou le roi des vins » par la profession, est issu d’un cépage unique : « le Savagnin ». Il ne peut être produit et élevé que sur quatre Appellations d’Origine Contrôlée : Arbois, Côtes-du-Jura, Château-Chalon et enfin l’Etoile dont le vignoble couvre les côteaux pentus d’un gros bourg du même nom. Sa typicité vient de son processus unique d’élaboration. Après fermentation, il est conservé six ans et trois mois en fûts de chêne (jamais neufs et de préférence ayant hébergés du vin de Bourgogne), sans ouillage, c’est à dire pas d’ajout de vin dans le fût pour compenser ce qui s’évapore. Lors du vieillissement, un voile de levure se forme à la surface du vin. Et pour cela on le dit « vin de voile ». Et plus ce voile aura l’allure d’une fine dentelle, meilleur sera le vin. Ce dernier sert à toutes les occasions : à boire à l’apéritif, en accompagnement de la truite au bleu, de la poularde aux morilles, de la potée comtoise, du foie gras et des fromages, surtout le comté ! Pendant ces six années, il aura eu le temps de développer des arômes et des saveurs complexes orientés vers noix, noisette, amande, pain grillé, miel, cannelle, vanille, caramel, pain d’épices, céleri, curry. Certains fins palais ajoutent d’autres références. D’où l’intérêt de visiter les quelques 230 exploitations et les 4 caves coopératives des vins du Jura afin de déguster et de recevoir des explications avant d’acheter. Pour les amateurs de vin bio, il faut savoir que 15% des 1950 hectares du vignoble jurassien sont conduits en agriculture biologique.

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Le terroir expliqué par Michel Campy
Tout vignoble a ses secrets. Choix du cépage, bien sûr ! Ensoleillement, orientation, pluviométrie également. Et bien sûr, le sol qui sans conteste est déterminant. Le géologue jurassien Michel Campy connait son territoire et la profession viticole lui demande régulièrement d’intervenir pour expliquer le terroir du Jura dont il a étudié les moindres détails. Ancien enseignant, il sait comment expliquer les choses complexes avec des mots simples. En résumé, voici une de ses petites leçons de terroir.
* Le vignoble jurassien est situé sur une zone de rupture géologique. Au départ, Jura et Bourgogne ne font qu’un. Ils ont été séparés par l’effondrement de la Bresse, il y a 30 millions d’années. Cela a généré deux reliefs. Leurs versants se faisant face ont constitué des zones favorables à l’implantation de la vigne.
* On note une prédominance dans notre vignoble des terrains marneux sur les terrains calcaires. Les mers de l’ère secondaire ont permis le dépôt de boues argileuses qui se sont transformées en marnes. Leur qualité minéralogique explique l’originalité de nos terroirs viticoles.
* Il restait à trouver les cépages les plus réceptifs aux conditions locales. Le Trousseau apprécie les terrains légers de graviers et d’éboulis. Le Savagnin s’exprime pleinement sur les marnes grises quand le Poulsard se plait dans les marnes irisées. Quant au Chardonnay qui donne nos vins à bulles, tout lui convient.

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La bonne adresse pour dormir, déjeuner & diner
avec golf, piscine, tennis, sauna
à Vernantois près de Lons-le-Saunier  03 84 43 04 80

www.valdesorne.com/fr/
www.percee-du-vin-jaune.com
http://www.madeinjura.media/2017/09/08/michel-campy-geologue-passionne/

La dégustation du vin
Voici un petit livre excellent de l’Encyclopédie d’Utovie sous la plume de Lilas Carité, publié en 2017, qui donne les bases pour apprendre la dégustation du vin, et particulièrement du vin bio ! 6 euros seulement et sur une soixantaine de pages, on passe en revue les éléments qui permettent de comprendre le vocabulaire des oenologues et des dégustateurs, ceci sans snobisme et avec humilité et simplicité. Comprendre les mots, apprendre à déguster, saisir les subtiles notions de terroirs et de cépages, tout y est !
www.utovie.com

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DEGUSTATION DE MINERVOIS EN PAYS CATHARE

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Une promenade en Languedoc à l’époque des vendanges réunit les plaisirs touristiques purs et ceux de la dégustation à une époque où l’activité viticole bat son plein. C’est bon pour l’ambiance ! Le reste de l’année est plus calme car les vacanciers ont regagné leur domicile, leur emploi, leur famille et les vignerons ont plus de temps pour recevoir les amateurs de bon vin. Une dégustation commentée par un producteur est toujours riche d’enseignements. Le Minervois est à inscrire à une découverte oenologique. La vigne a trouvé dans les terres caillouteuses languedociennes généreusement ensoleillées les éléments qui la rendent inoubliable.

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Minerve attend le promeneur qui souhaite éviter la grande foule. C’est un village languedocien positionné dans la vallée aux gorges profondes de la Cesse, rivière dont le lit souterrain masque au regard ses eaux d’été. L’hiver, c’est tout autre chose et le printemps aussi car les flots bouillonnent entre de hautes falaises de calcaire. Minerve est enchâssé dans un paysage de collines comparable en plusieurs points à celui de l’Ardèche mieux connu. Son adhésion à l’Association des Beaux Villages de France lui a donné des avantages, mais aussi des devoirs. Minerve est une cité touristique, il ne faut pas le masquer. Mais elle l’assume dans la discrétion. Faible population, sans doute une cinquantaine d’habitants en hiver. Et quelques restaurants, des chambres d’hôtes, des boutiques d’artistes et bien sûr des vignerons. Car Minerve qui partage son nom avec l’appellation viticole du Minervois est connu pour ses vins.

Sur les côteaux du Minervois, les Romains ont apporté la vigne. En vingt siècles de culture et d’observation s’est développé un savoir-faire dans l’art de la cultiver. Ce sont des terres calcaires et arides où la seule eau tolérée pour l’irrigation du vignoble est celle qui vient du ciel. Vins rouges pour l’essentiel, 80%, le reste blanc et rosé. Les dégustations sont fréquentes. Il faut appeler les propriétaires pour connaitre dates, rituels et conditions.

Minerve est également connu des historiens. En traversant le village, il est impossible d’ignorer le vestige essentiel d’un château datant des 12 et 13ème siècle et qu’on nomme candelo, chandelle en provençal. Au Moyen-Age, cette cité puissante est un refuge pour les hérétiques cathares. Les ponts naturels creusés par la Cesse et le Brian en font un site facile à défendre. Pendant la période médiévale, les vicomtes de Minerve érigent une cité puissante. En 1210, elle est assiégée par Simon de Montfort, chef militaire de la croisade contre l’hérésie cathare. Bombardés par les catapultes, assoiffés, les Parfaits (nom donné aux Cathares) refusent d’abjurer leur foi et sont condamnés au bûcher. Après le sac de la ville de Béziers en 1209, le siège de Minerve marque un temps fort dans la lutte menée dans la région.

Tourisme et dégustation sont inséparables pour les amateurs de bons petits crus ! Alors cap sur le Mas Roc de Bô, une pépite languedocienne du terroir de Cazelles qui produit de splendides cuvées, certaines sous la dénomination Appellation Minervois Protégée. C’est la propriété de la famille Dondain qui possède par ailleurs le Château Cabezac à Bize-Minervois, village voisin connu pour ses productions de vins excellents.

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Voici le résultat d’une dégustation :
* Château Cabezac, cuvée Les Capitelles. Millésime 2015 à 10,90 euros.
Assemblage de Roussanne et de Grenache Blanc. Robe lumineuse jaune pâle. Nez intense légèrement citronné et notes de zeste d’orange, de fleurs d’oranger, mêlées aux arômes de noisettes grillées, cacao et beurre.
* Château Cabezac, Grande Cuvée Belvèze. Millésime 2014 à 28 euros.
Assemblage de Syrah, Mourvèdre et Grenache Noir. Vendanges manuelles. Robe profonde de couleur cerise noire. Le nez s’ouvre sur des notes fumées et minérales du type pierre à fusil. Bouche puissante. Cette cuvée dévoile sa finesse après avoir été carafée quelques heures avant d’être bue.
* Mas Roc de Bô, cuvée Pépite Vinum Clarum. Millésime 2016 à 11,20 euros.
Assemblage de Grenache Noir et Syrah. Robe d’un joli rose pâle. Nez minéral, frais, intense à odeur de fraise et petits fruits rouges. Bouche agréable soyeuse et ronde.
* Mas Roc de Bô, cuvée Pépite Dorée. Millésime 2015 à 24 euros.
Assemblage de Grenache blanc et Roussanne. Vendanges manuelles. Robe jaune pâle aux reflets brillants. Nez très expressif s’ouvrant sur des notes de fruits exotiques. Bouche ample et ronde de belle fraîcheur qui se termine par de subtiles notes grillées.
* Mas Roc de Bô, cuvée Pépite Noire. Millésime 2014 à 36 euros.
Assemblage de Syrah et de Grenache Noir. Vendanges manuelles. Robe profondément pourpre. Le nez mêle fruits noirs, épices, cuir, vanille et pain grillé. La bouche ample sur notes de fruits noirs et d’épices est de grande longueur.

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La Bonne table : https://www.relaischantovent-minerve.fr
Au coeur du village, un restaurant ouvrant sur la vallée de la Cesse. Excellente présentation et belles recettes. Pour les groupes, sur demande et à la belle saison, la chef prépare de merveilleux pique-niques à prendre sur le lit asséché de la rivière, à l’orée d’une grotte magnifique qui protège du soleil. Voir photos.

www.leminervois.com
www.masrocdebo.com

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