UNE HISTOIRE DE BRUYÈRE EN FORÊT D’ORLÉANS

Il faut se souvenir de Bernard de La Rochefoucauld brandissant le petit livre que les Editions Rustica venaient d’éditer (vers 1979) pour évoquer sa jeune carrière de multiplicateur de végétaux, avec pour spécialité la bruyère, livre qu’il signa avec beaucoup d’à-propos « LA BRUYÈRE PAR LA ROCHEFOUCAULD ». C’était le point de départ d’une aventure de 40 ans maintenant et qui a fait la renommée du personnage.

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Cette aventure professionnelle l’accompagna dans les années 1970-1980 quand il démarrait la création de l’Arboretum des Grandes Bruyères, autour de sa maison en Forêt d’Orléans, sur la commune d’Ingrannes. Il disposait de beaucoup d’espace, plusieurs hectares. Et pour les grandes lignes du plan, les circulations en particulier, il s’entoura des conseils d’un bon paysagiste de l’époque. Les axes principaux partaient de la maison et avançaient avec énergie vers la forêt environnante. Des plantations très variées ont habillé le schéma directeur. Il se trouve que la bruyère n’était pas commode à multiplier. Alors l’expérience tourna court. Des tapis de callune et d’érica plantés dans le parc se sont avérés par contre d’excellents couvre-sols.

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Années après années, le couple Brigitte et Bernard de La Rochefoucauld se sont pris au jeu. Ce qui aurait pu être un agréable divertissement devenait presque de l’acharnement tant ils ont planté. Appartenir à l’Association des Parcs Botaniques de France fut un excellent aiguillon. L’Arboretum des Grandes Bruyères (photos du 24 octobre 2019) est devenu une merveille. Si Bernard est décédé il y a quelques années, Brigitte reste l’âme des lieux et veille à sa bonne marche à travers une fondation. Il s’agit de pérenniser les lieux. Car les collections botaniques sont devenues gigantesques et l’ensemble forme une havre de paix où n’entrent ni désherbants chimiques, ni engrais autre que terreaux, mulchs et amendements organiques. Ces hectares sauvegardés constituent un patrimoine sain et un excellent exemple pour la jeunesse. Par le lien internet du jardin, on a un avant-goût des beautés de l’arboretum et des conditions de visites :   https://www.arboretumdesgrandesbruyeres.fr

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Au titre de souvenir, voici l’article que j’ai écrit après ma découverte des lieux et qui a été publié par la revue Mon Jardin & Ma Maison d’Avril 1980.
A la gloire des Bruyères.
C’est à l’occasion d’un voyage en Hollande, en février 1972, que Bernard de La Rochefoucauld découvrit et admira, au détour d’une petite route et contre une maison, un ravissant massif de bruyères en fleurs. C’était pour lui une surprise de voir, en plein hiver, un massif aussi fleuri. En questionnant le jardinier, il appris qu’il s’agissait de bruyères de jardin appelées Erica carnea et Erica darleyensis. Bernard de La Rochefoucauld rapporta de son voyage quelques-unes de ces précieuses plantes et les planta dans la terre sableuse de la Forêt d’Orléans, où il a une maison. La floraison, d’abord sans éclat, s’améliora fortement quand un peu de terreau fut mélangé au sable et quand on arrosa les bruyères pendant l’été. Satisfait de trouver des plantes aussi belles et surtout aussi adaptées au cadre forestier environnant, qui compte lui-même une bruyère sauvage nommée grondin, notre nouveau jardinier en acheta de nouvelles, agrandit son jardin en gagnant sur la forêt, fit l’acquisition d’ouvrages bien documentés sur la culture des bruyères et visita des jardins anglais et étrangers renommés pour leurs bruyères. Tout cela avant tant d’acharnement et d’esprit d’initiative que B. de La Rochefoucauld est devenu un spécialiste écouté dans ce domaine, l’auteur récent du seul livre sérieux existant en langue française intitulé « La Bruyère » et l’artisan du plus beau jardin de bruyères qui soit, à ce jour, en France.

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C’est ce jardin que nous vous proposons de découvrir. la plupart des photos le présentent en fin d’été, une époque où la végétation a ses formes les plus pleines. On remarque que les bruyères couvrent environ seulement un tiers de la surface disponible. Le deuxième tiers est consacré au gazon, la place restante à quelques plantes herbacées et à une grande diversité d’arbustes à fleurs et de petits conifères. Dans son livre, B. de La Rochefoucauld explique l’intérêt qu’il y a à associer toutes ces espèces entre elles et il dresse la liste des végétaux avec lesquels il a eu le plus de satisfactions. Outre le traditionnel Chamaecyparis ‘Ellwoodii’ dans le chapitre des conifères, on note les excellents Juniperus communis hibernica et Cryptomeria japonica elegans. Au chapitre arbustes et plantes vivaces où les possibilités sont très nombreuses, retenons les rosiers rugueux, particulièrement la version ‘Fru Dagmar Hastrup’ , les érables palmatum, asters, bouleaux, cistes, cornus, genêts, fuchsias magellanica, pernettyas, thyms, ajoncs et les rhododendrons si votre sol leur convient. Car il est très important de noter que, à l’inverse des rhododendrons, les bruyères n’exigent pas de terre de bruyère. Dans la plupart des cas, c’est dans une bonne terre ordinaire de jardin, ni trop sèche, ni trop mouillée, que les bruyères fleurissent bien. Ajoutez de la tourbe et du terreau, mélangez le tout et vous aurez la terre idéale.

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https://www.arboretumdesgrandesbruyeres.fr

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LES OISEAUX : PAROLE D’EXPERT AVEC MARC DUQUET

« Mes chers oiseaux ! Sont-ils condamnés à disparaître ? » Ainsi nous apostrophe Marc Duquet dans son dernier livre publié chez Delachaux et Niestlé : « IL FAUT SAUVER NOS OISEAUX ! » Passionné de nature et biologiste de formation, Marc observe et étudie les oiseaux depuis plus de 40 ans. Rédacteur en chef de le revue Ornithos, il est aussi en charge de rubriques dans L’oiseau magazine et auteur de nombreux livres. Cette position lui donne un grand crédit pour dénoncer les causes de la raréfaction de certains oiseaux et proposer des solutions pour remédier au péril. Un choix iconographique généreux rend ce livre à la fois bien documenté et très élégant.

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La majorité des espèces d’oiseaux d’Europe sont menacées de disparition à court ou moyen terme, même si certaines s’en sortent mieux que d’autres. De plus en plus affectés par les effets des activités humaines -on évoque toujours l’agriculture moderne et la destruction massive des habitats qu’elle engendre- et aussi par le changement climatique, la plupart des oiseaux sont aujourd’hui en danger. Il est temps d’en prendre conscience et d’agir avec énergie. Ce livre s’adresse à tous les âges et, bien entendu, à la jeunesse qui est toujours très concernée par les périls du futur. Voici une sélection de photos accompagnées de commentaires relevés parmi les plus pertinents.

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Autrefois très commune, l’alouette des champs disparait des campagnes. Photo de Thierry Quelennec.
La moitié d’entre elles ont disparu d’Europe depuis les années 1980. Et dans de nombreuses régions agricoles ce passereau jadis typique des campagnes ne niche plus du tout. Beaucoup de raisons à cela : l’utilisation accrue des pesticides qui réduit la quantité des plantes à petites graines et d’invertébrés servant à la nourriture des alouettes. Mais aussi la chasse excessive puisqu’on parle de 5 millions d’oiseaux tués chaque année dans l’Union européenne.

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La queue des hirondelles rustiques adultes est prolongée par des filets typiques, plus longs chez le mâle. Photo de Franck Dhermain.
A l’image de l’alouette des champs et de la perdrix grise, les effectifs de l’hirondelle rustique d’effondrent à cause de l’intensification de l’agriculture moderne. L’élevage intensif du bétail, par exemple, en stabulation libre, à grands renforts de traitements vétérinaires, réduit grandement le nombre d’insectes. Or, les petits insectes volants constituent la quasi-totalité de l’alimentation de l’espèce.

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Les tiges d’ombellifères sèches constituent des perchoirs très appréciés par le tarier des près. Photo de Thomas Perrier.
Voici un petit oiseau des prairies humides et des marais à hautes herbes. Beaucoup de raisons pour expliquer le déclin de sa population. Et en premier lieu, c’est l’avancement des dates de fauche. Autrefois, les prairies étaient fauchées après le 30 juin, ce qui laissait aux couples de tariers, qui font leurs nids au sol dans les herbes, le temps de mener à bien une nichée, voire deux. Mais les fenaisons qui sont maintenant conduites avant la fin mai détruisent la plupart d’entre elles.

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En dépit de ses petites ailes, qu’il utilise pour nager lorsqu’il plonge, le macareux moine vole très bien et très rapidement. Photo de Fabrice Jallu.
Le macareux moine est présent dans tout l’Atlantique nord. Comme on l’a bien observé en Bretagne, les menaces actuelles qui pèsent sur lui au niveau européen sont la prédation par les espèces introduites, la pollution marine, la pénurie alimentaire causée par l’épuisement des ressources halieutiques et la mortalité des adultes dans les filets de pêches.

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En anglais, le moineau friquet est appelé moineau des arbres (Tree Sparrow), ce qui traduit bien le caractère arboricole de l’espèce. Photo de Raphaël Bussière.
Qu’il soit domestique ou friquet, le moineau est la victime désignée des pratiques agricoles qui ont recours à l’année aux herbicides et insecticides. Car ces derniers font disparaitre une part importante des insectes dont il se nourrit. Il y a également la généralisation des semis de céréales en automne, qui privent l’espèce des chaumes d’hiver et des grains qu’elle y trouve. Une étude anglaise a aussi montré que le moineau friquet trouvait en bordure de zones humides les invertébrés nécessaires à l’élevage de ses poussins. Et ce type d’habitat régresse un peu partout. Alors !!!

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Chez la tourterelle turque, comme chez les autres représentants de la famille des pigeons, mâle et femelle sont identiques. Photo de Marc Duquet.
A l’inverse des oiseaux cités plus haut, la tourterelle turque, qui devait à l’origine avoir son aire de répartition limitée à l’Inde et l’Afghanistan, se porte bien. Et bien qu’elle soit sédentaire, cette espèce a une grande capacité à coloniser de nouveaux territoires. Cela s’explique par sa bonne résistance aux hivers froids, par sa période de reproduction qui commence tôt au printemps et par le nombre important de jeunes qu’elle est capable d’élever : jusqu’à six nichées par an. Il faut ajouter son attrait pour les zones habitées par l’homme où elle trouve facilement de quoi se nourrir et un endroit pour installer son nid.

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A l’automne et jusqu’au coeur de l’hiver, les fruits représentent une ressource alimentaire importante pour les merles et les grives (ici une grive mauvis). Photo de Thierry Quelennec.
Pour qui possède un jardin et souhaite aider les oiseaux, la conduite numéro un à tenir est la plantation d’arbustes. La mode des pommiers décoratifs (les Malus d’ornement) a beaucoup fait. L’automne venu et jusqu’au coeur de l’hiver, une multitude de passereaux se posent sur les petites tiges et consomment les fruits. La liste des arbustes partenaires est sans fin. Voici quelques noms : arbousier, vigne vierge, lierre, chèvrefeuille, viorne, merisier, sureau, aubépine, églantier, sorbier, cotoneaster, chalef, pyracantha.

http://www.delachauxetniestle.com/ouvrage/il-faut-sauver-nos-oiseaux-/9782603026533   29,90 euros 

LE VAL DE LOIRE ET SES JARDINS

Aller à la découverte des jardins du Val de Loire est l’une des plus belles expériences de voyage que la France puisse offrir à ses visiteurs. La Loire a de tout temps formé un axe de circulation naturel propice aux échanges économiques. Très tôt, l’habitat s’est concentré sur ses rives et son pouvoir de séduction s’est exercé sur les poètes, les écrivains et surtout les rois qui ont fait la France. S’ensuivent les châteaux, tout d’abord forteresses, puis palais de plaisance. Au fil des siècles et à partir de la Renaissance, les châteaux s’entourent de jardins qui naissent et disparaissent selon les aléas des fortunes dont ils dépendent.

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La plupart des grands ensembles qui ont perduré sont ouverts au public et il est utile de se munir d’un guide pour aller à la rencontre des meilleurs. Le plus récent d’entre eux vient de paraître aux Editions Ulmer sous la plume de Barbara de Nicolaÿ, elle-même en charge du château du Lude, et avec les photographies de Hervé Lenain. Nous n’avons qu’à glisser nos pas dans les leurs pour nous informer par avance des délices qui nous attendent. Mention spéciale au photographe ! Hervé Lenain, qui a développé des compétences techniques lui permettant avec un drone de visiter les jardins comme les oiseaux savent le faire, va éblouir les lecteurs. Ce très bel ouvrage, digne de compter parmi les cadeaux de Noël, présente sur plus de 200 pages de la rêverie à l’état pur. Ci-dessous : présentation de sept jardins.

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CHAMBORD
Le plus célèbre château du Val de Loire et surtout le plus monumental. Chambord, c’est tout d’abord François 1er. Ce souverain ami des arts a voulu un château qui réunisse les symboles de la puissance de son royaume et de son rayonnement artistique. Comme le lieu marécageux semble peu propice à l’installation d’un jardin, on considère Chambord alors comme un excellent territoire de chasse. Il faut attendre le règne de Louis XIV pour qu’un projet de parc se dessine. Des jardins classiques ne verront le jour qu’en 1730. Avec une succession de restaurations et d’abandons jusqu’au XXème. Les lieux comme nous les voyons aujourd’hui sont le résultat d’un généreux mécénat. Celui du philanthrope américain Stephen Schwarzman.

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CHAUMONT-SUR-LOIRE
Au sommet d’un coteau qui domine la Loire, un château Renaissance aux allures féodales porte encore le souvenir des fastes déployés à la Belle Epoque par les derniers propriétaires, le prince et la princesse de Broglie. Fastes qui engloutirent leur fortune, contraignant la princesse à céder le domaine à l’Etat en 1938. Depuis 2008, Chaumont est aux mains de la région Centre-Val-de-Loire qui en a fait un Centre d’Arts et de Nature. Depuis, le domaine n’a cessé de créer et de transformer les espaces disponibles. Un célèbre Festival des Jardins a lieu ici chaque année.

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AMBOISE
Le château d’Amboise domine la petite vile de tuffeau et d’ardoise dont le reflet s’étire sur les eaux calmes du fleuve. De cette forteresse transformée en palais royal sous le règne de Charles VIII, on retiendra surtout le style gothique flamboyant et les premières inflexions de la Renaissance qui ornent ses murs. Des jardins ont pris la place de murailles et bâtiments qui ont disparus au fil des siècles. Un majestueux cèdre du Liban date du XIXème. Un moutonnement de buis taillés en boule habille astucieusement les talus d’un bout à l’autre de la promenade.

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LA PAGODE DE CHANTELOUP
Les jardins de Chanteloup ont disparu, dévastés pendant la Révolution française. Le château quant à lui, après avoir été vidé de son contenu, a été vendu en pièces détachées ensuite. Avec le parc qui l’entoure, la grille d’entrée et le miroir d’eau, une sublime pagode constitue le dernier vestige des fastes déployés par le duc de Choiseul, pendant douze ans ministre de Louis XV. Cette folie, création de l’architecte Le Camus, est inspirée de la mode anglo-chinoise alors en vogue dans les parcs britanniques. Restaurée en 1908 sous la direction du paysagiste Edouard André, elle appartient aujourd’hui aux descendants de celui-ci.

VILLANDRY
Depuis qu’il s’est porté acquéreur de Villandry en 1906, le Docteur Joachim Carvallo, n’a cessé d’oeuvrer pour rendre au château et à ses abords le caractère de la Renaissance qui avait été effacé au gré des modes et des goûts par ses prédécesseurs. Les recherches historiques, archéologiques et iconographiques vont alimenter son projet ambitieux de restitution d’un état proche de celui d’origine de l’époque de François 1er. Des multiples thèmes développés, il y a celui du potager qui forme une véritable mosaïque de buis taillé intégrant des alignements de légumes aux couleurs contrastées. Toujours dans la famille Carvallo, le domaine de Villandry ouvert toute l’année compte au nombre des jardins les plus visités en France.

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LE RIVAU
Contrairement à la plupart, le jardin du Rivau est récent. Et ses propriétaires, Eric & Patricia Laigneau, ont tout imaginé par eux-mêmes sans avoir recours à un paysagiste externe. Ils l’ont nommé « Un jardin de conte de fées «  car, en restaurant le château féodal en ruines, ils ont su lui communiquer une allure proche de celle qu’on imagine en lisant les livres de contes pour enfants. Lové dans la campagne chinonaise près de Lémeré et entouré de murs, il accueille avec talent une douzaine de thèmes et des collections végétales. La plus connue est celle des roses anglaises parfumées. Multiples attractions pour tous les âges entre Pâques et Toussaint. Et superbe collection d’art contemporain.

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ANGERS
Campée sur les rives de la Maine, la forteresse d’Angers, avec ses 17 tours de schiste et de calcaire, est l’un des monuments les plus imposants de la région. La sévérité de l’édifice dissimule une vie de cour raffinée, notamment sous le règne de René d’Anjou qui fait aménager un jardin dès 1450 en introduisant des essences connues en Provence telles cyprès, mûrier, abricotier. A partir de l’ouverture des lieux au public en 1947, de nouveaux aménagements voient le jour. Inclus un jardin de plantes aromatiques, médicinales et tinctoriales dont certaines figurent sur la fameuse tapisserie de l’Apocalypse conservée au château.

Jardins des châteaux de la Loire   32 euros
https://www.editions-ulmer.fr/editions-ulmer/jardins-des-chateaux-de-la-loire-713-cl.htm

LE JOYAU DE LA FOLTIÈRE À DÉCOUVRIR

Le Château de La Foltière tient son nom de l’ancien français FOL qui désigne le hêtre. Il entre dans le paysage au 16ème siècle comme un simple manoir champêtre, puis comme un haut-lieu de la Chouannerie française et de la riposte royaliste avant de devenir la résidence tranquille d’une illustre famille fougeraise : les Frontin des Buffards. Cinq siècles se sont écoulés avant de trouver en ces lieux un parc et un jardin japonais d’une grande poésie.

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Un point d’histoire.
De 1513 à 1618, il appartient aux seigneurs du Châtellier et à leurs descendants. Jusqu’en 1818, la Foltière est le domaine de Monsieur et Madame de Saint-Gilles et c’est l’année du partage en cinq lots, attribués par tirage au sort. La Foltière échoit à Virginie de Saint-Gilles qui dès 1820 vend le château et différentes fermes à Jean-Marie Alexandre Frontin des Buffards. Une nouvelle page d’histoire s’ouvre alors. Les Buffards, propriétaires de plusieurs métairies sur les communes du Pays de Fougères et plus loin, étendent progressivement leur domaine foncier au cours du 19ème siècle et s’entourent de plusieurs centaines d’hectares sur les communes du Châtellier et de Saint-Germain-en-Coglès. Si l’ancien manoir de La Foltière se trouvait au bord de l’étang, le château actuel est construit plus haut entre 1830 et 1854 par Jean-Marie Frontin des Buffards, capitaine de la Garde Impériale. A sa mort prématurée en 1837, c’est son fils Gustave-Marie qui réalise la fin des travaux. Le domaine reste dans la famille jusqu’en 1994.

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Alain Jouno en 1994.
Alors Monsieur Alain Jouno fait l’acquisition du château et du parc avec l’idée d’y créer le Parc Floral de Haute-Bretagne ouvert au public. A cette époque la propriété est partiellement abandonnée aux ronces, aux érables sycomores et aux herbes folles. Commence alors une véritable course contre la montre. Les travaux d’aménagement démarrés en septembre 1994 doivent être finis 18 mois plus tard afin d’accueillir les premiers visiteurs. Conception, réalisation par tous les temps, recherche et achat des différentes espèces sont conduits tambour battant. Après beaucoup de travail qu’on imagine sans mal et une foule de péripéties, le parc ouvre ses portes au printemps 1996.

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25 ans plus tard.
En octobre 2019, soit 25 ans après l’idée initiale et afin de dynamiser la communication, Alain Jouno rejoint par sa fille Oriane propose un concours de photographies. Il invite amateurs et professionnels à séjourner à leur guise dans le parc du 25 au 27 octobre. Voir lien ci-dessous. Le jury est composé de trois membres dont je fais partie. Les lauréats sont primés et les résultats diffusés dans la presse. La lumière du samedi 26 convient parfaitement à l’exercice, surtout le jardin japonais que j’apprécie par dessus tout et qui se compose de deux parties : le jardin du soleil levant et le vallon des poètes. On passe de l’un à l’autre sans transition et l’on se trouve dans une sorte de jungle où l’on avance à petits pas au milieu des espèces à l’aise dans l’humus et la fraîcheur de l’eau toujours présente.

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Exotisme botanique.
Au fil du temps, le Parc Floral a modifié sa dénomination pour devenir le Parc Botanique de Haute-Bretagne. Le fait d’abandonner floral au profit de botanique accompagne la mutation des décors. Pour être attractif dès ses débuts, le parc a recours aux fleurs saisonnières du printemps à l’automne. Les plantations arbustives d’essences rares ou spectaculaires comme cornouillers, magnolias, cerisiers du Japon, ainsi que des centaines de rhododendrons, azalées, camélias dans toutes les variétés ont besoin de temps pour affirmer leurs formes et leurs riches floraisons. Ce temps est arrivé et la richesse botanique est visible de toutes parts. Alain Jouno avait misé sur des sujets assez grands de conifères taillés en nuage. Les érables du Japon auxquels ils étaient associés ont grandi et les parent de chaudes couleurs entre septembre et novembre. C’est dans ce décor grandiose que les participants au concours devaient trouver leur chemin en avançant par des sentiers très étroits. Une marche lente obligeant à voir les détails qui composent cette interprétation des jardins du Soleil Levant : détails de fruits, de fleurs, d’écorces. Et même de vie animale devant laquelle on s’arrête, tel ce participant au concours qui passa bien dix minutes à tenter de photographier une toile et son araignée à contre-jour.

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Et maintenant, l’avenir !
Devant la quantité colossale de végétaux plantés à La Foltière, il fallait prendre un virage. Dans un jardin botanique, l’identification des plantes a toujours été le point délicat, car beaucoup d’étiquettes nominatives disparaissent. Alain travaille sur un projet de géolocalisation qui devrait prendre corps en 2020. A sa mise en place, les visiteurs pourraient se voir prêtés une tablette numérique ou une application à installer sur leur smartphone. Ainsi parés, les amateurs d’informations botaniques seraient instantanément renseignés sur les plantes rencontrées et leurs caractéristiques. Une perspective qui devrait en réjouir plus d’un et qui à terme devrait être mise à profit par d’autres jardins de Bretagne.

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https://www.chateau-garden.com
https://www.jardinbretagne.com/concours-2019.html
https://www.parcs-et-jardins.net
https://www.parcs-et-jardins.net/rappel-historique.html
http://www.infobretagne.com/famille-frontin.htm

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