D’emblée, la méthode Denis Pépin ne s’embarrasse pas d’à peu près. Dans son dernier livre aux Editions Terre Vivante « Stop aux maladies dans mon potager », cet ingénieur écologue et agronome, auteur, conférencier et formateur dans la pratique du jardinage écologique va droit au but. Après plus de vingt ans d’expérience, il déclare qu’il n’existe pas de moyens de lutte curative contre les maladies des plantes. On doit faire tout son possible, explique-t-il dans son livre, pour ralentir leur venue et apprendre les techniques culturales qui découragent les parasites en tout genre de s’installer dans le jardin. Pour cela, plus de cent pages de textes accompagnées de photos et un condensé d’observations faciles à mettre en pratique ont été nécessaires. En bas de page : Denis et sa compagne Christine dans leur jardin nommé en l’occurence « Le jardin des Pépins » http://www.jardindespepins.fr/
Pourquoi les plantes deviennent-elles malades ? Pluie, humidité de l’air, température, ensoleillement jouent un rôle important dans le déclenchement des maladies. A cela, le jardinier n’y peut pas grand chose. La plupart des bactéries et des champignons responsables des maladies sont présents dans les sols et les débris végétaux. Quand les cultures sont bien conduites et les équilibres nutritifs observés, les micro-organismes bénéfiques assurent un état général satisfaisant. D’où l’importance d’une bonne documentation comme ce livre la propose. Excès d’humidité (pluie, arrosage sur les feuilles par exemple) et différence de températures entre le jour et la nuit sont nuisibles. On réduit donc ces aléas climatiques par la construction d’abris, de tunnels, d’une serre. De mauvaises pratiques de culture sont autant de facteurs aggravants. Comme excès de fertilisation azotée (même si elle est bio), apport excessif de matière organique (fumier, compost), compostage mal maitrisé, terre laissée nue, arrosage par aspersion en fin de journée, plantations trop serrées et semis trop denses. Et bien entendu, le maintien sur place des plantes et des fruits malades qui sont des sources de contamination.
Contrôle microclimatique. Au potager, en plein air comme en serre, les légumes doivent profiter d’un bon ensoleillement, d’une bonne luminosité et d’une excellente aération. Pour la plupart d’entre eux, comptez six à huit heures de soleil par jour. Et pas de proximité immédiate avec les arbres et les arbustes qui font de l’ombre, puisent l’humidité et encombrent le sol avec leurs racines puissantes. Quelques exceptions si une ombre légère survient tout de même en milieu de journée pour laitues, épinards, poireaux, navets, radis, fraises. Il faut aussi éviter des haies persistantes compactes ou trop hautes qui freinent l’aération du potager. Gardons à l’esprit qu’un espace productif doit toujours être aéré.
Associations et rotations des cultures. Ce geste est impératif ! Il faut s’interdire la monoculture. Pas de grandes parcelles de pommes de terre par exemple. Mieux vaut les fragmenter en préférant des plates-bandes étroites qui retardent les contaminations, faites de deux ou trois rangs soit 1,20 m de large au maximum. La surveillance devient ainsi plus facile, comme la pratique du buttage en cours de culture. De nombreuses maladies et ravageurs sont spécifiques d’une famille botanique et la plupart des légumes d’une même famille ont en commun certains parasites. Le mildiou de la pomme de terre par exemple peut contaminer la tomate, plus rarement l’aubergine. Les germes de ces maladies pouvant survivre dans le sol et dans les déchets végétaux non décomposés, il est capital de ne pas loger une culture deux ans de suite au même endroit. Denis Pépin mentionne celles qui réclament le plus d’attention sur ce point.
Les maladies les plus communes dans l’ensemble du jardin. Les maladies ne sont pas faciles à déterminer et restent l’affaire de spécialistes. Pourtant le livre de Denis Pépin qui est largement illustré identifie les plus courantes. En cas d’attaque majeure ou de doutes, Denis conseille la consultation de site internet comme « Jardiner autrement » de la SNHF et « Ephytia » de l’INRAE. En écologiste convaincu, il recommande la prévention et, pour les espèces passées en revue, il conseille au cas par cas. Voici quelques exemples. Pour l’ail : planter sur petites buttes pour favoriser le drainage et éviter le paillis organique pour limiter la stagnation de l’humidité. Pour l’artichaut : couper l’ensemble des tiges et des feuilles après la première récolte pour favoriser la production de nouveaux drageons vierges de contamination. Pour les haricots qui sont des plantes présumées faciles à cultiver, l’auteur recommande d’utiliser des variétés récentes car les anciennes présentent de la fragilité vis à vis des botrytis, anthracnose, sclérotiniose et fonte des semis. Les prescriptions sont bien détaillées pour contourner les attaques. Pour la mâche qui a bonne réputation côté maladies, la rotation des cultures est conseillée : pas deux ans de suite sur la même parcelle. Pour l’oignon sensible au mildiou, on découvre un procédé inattendu : 15 jours avant la plantation faire tremper les bulbilles dans de l’eau chaude à 43°C pendant 2 heures suivi d’un séchage soigné. Melon, courge, pomme de terre, rhubarbe, tomate sont ainsi passés en revue.
Faut-il traiter ? et avec quoi ? les précautions à observer. C’est bien là l’affaire de chacun car l’objectif au jardin bio est bien de tout faire pour éviter d’avoir à utiliser le moindre produit. Quand vous aurez lu de bout en bout la bible Denis Pépin et serez prêt à observer les conseils qu’elle convient, vous aurez moins de craintes à avoir. Et grâce à l’entrée en vigueur de la loi Labbé, en janvier 2019, sachez que les produits chimiques de synthèse ne sont plus autorisés à l’achat et à l’utilisation par les jardiniers amateurs. Ce qui veut dire que les préparations qui vous seront proposées à la vente, en jardineries, auront un seuil de dangerosité minoré par rapport aux temps anciens. A cela s’ajoutent les préparations naturelles peu préoccupantes qui sont des macérations dans de l’eau (dites aussi purins) de feuillages d’orties, de consoudes, de fougères, de prêles et quelques autres.
Identifier les substances actives. Toutefois et par curiosité intellectuelle, il n’est pas interdit de connaitre le nom des substances actives qui constituent le produit qu’on va utiliser. Il faut donc lire l’ensemble des informations présentes sur la boîte. Denis s’est donc intéressé sur ce point et présente l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour « décrypter un emballage ». On prend alors connaissance des spécialisés de notre époque : Bacillus subtilis, Bicarbonate de potassium, Chitosan, Cos-Oga, Cuivre, Huile essentielle d’orange douce, Lécithine, Levure de bière, Soufre. Vous voici alors bien armé pour envisager la culture d’un jardin potager avec les meilleures chances de réussite.
https://boutique.terrevivante.org/librairie/interview/collaborateur/42/458-livres.htm
https://boutique.terrevivante.org/librairie/livres/4555/facile-et-bio/458-stop-aux-maladies-dans-mon-potager.htm Publication Février 2021 14 Euros