La forêt-jardin est devenue un élément incontournable des productions qui font les yeux doux à la permaculture. Elle consiste à associer au même endroit plusieurs types de plantes de hauteurs différentes. On retrouve alors sur une même parcelle de grands arbres comme cerisiers, noyers, châtaigniers… de petits arbres comme amandiers, sureaux, mûriers… des arbustes comme groseilliers, noisetiers, vignes… et d’autres espèces dont on peut espérer trouver un profit pour se nourrir. Bien menée, cette technique d’agro-foresterie permet d’obtenir des récoltes abondantes si l’on en croit les enseignements et les essais d’Antoine Talin et de Jean-Philippe Beau-Douëzy. Les Editons Ulmer leur offrent une tribune en publiant actuellement leurs travaux dans un livre « Forêt comestible & Haie fruitière. 19,90 euros.
Antoine Talin : « C’est avec le rêve d’une forêt comestible partagée que j’ai quitté Grenoble en 2013 pour m’installer dans la Drôme et y expérimenter différentes formes de jardins agro-forestiers. Mon approche n’est pas celle d’un scientifique qui chercherait à démontrer une hypothèse, mais plus celle de l’artiste qui cherche à exprimer l’harmonie, de manière presque intuitive, celle du jardinier qui se laisse surprendre par le vivant ». Antoine se défend de vouloir enseigner comme un gourou ! Il souhaite transmettre à travers son livre une méthode pour explorer et cultiver l’héritage des prochaines générations.
La première étape du projet consister à préciser l’intention ou le rêve qui vous anime. Qu’attendez-vous de votre futur jardin agro-forestier ? Aura-t-il une fonction d’agrément ? Si le beau est essentiel pour vous, la marge est vaste. Votre jardin sera un loisir, donc pas de règles trop strictes. Souhaitez-vous plutôt un jardin vivrier ? Ou sera-t-il orienté vers la régénération de l’espace si les occupants précédents ont utilisé trop de pesticides ?On peut aussi s’interroger sur une dimension économique en vendant ou en échangeant une partie de la production. Antoine Talin vous accompagne dans les réponses à fournir à ces questions.
Organiser le jardin pour définir la trame du paysage. Cette trame tend à trouver un espace aux différents éléments du projet, même si ce dernier va s’affiner et évoluer au fur et à mesure de l’installation. Antoine déclare définir différents scénarios dans lesquels il dispose les éléments structurants comme brise-vent, cabanons, abris, gestion de l’eau, cheminements. Cela l’aide à explorer différents possibles pour trouver le meilleur compromis entre les spécificités du terrain, ses objectifs et les ressources disponibles. Par une série de questions-réponses, en bon maître de stage qu’il est pour des organismes de formation, et des croquis, les réponses vont immanquablement se mettre en place. Ne pas hésiter à passer du temps sur ces analyses de situation car elles évitent des erreurs aux débutants.
Et la mise en oeuvre pour terminer. On aborde le concret avec des exemples de plantations. D’abord la haie fruitière tous terrains, qu’il nomme avec humour 4×4, pour terrains peu fertiles, présumée résistante au sec et au froid. Puis la haie brise-vent, mellifère en toute saison puisque nous sommes tous tenus de penser à nourrir les abeilles et autres pollinisateurs. Ensuite la haie des vignes et des poules car elle convient à un parcours de volailles qui se régalement de fruits tombés tout en enrichissant le sol en azote et en phosphore. Deux autres proposions suivent. Et enfin la deuxième moitié du livre présente ce que l’auteur nomme les facteurs limitants, la forme des plantes et tout ce qu’il est utile de connaitre quand on veut se faire jardinier. Voici donc un livre très complet présenté de manière bien inhabituelle. Il ne faut pas se décourager, mais plutôt entrer dedans avec soif d’apprendre.