Jardins et Nature sont peuplés de plantes à fleurs dont la beauté est tellement évidente qu’elle réjouit la plupart d’entre nous. C’est pour cela que nous les plantons, les admirons, les photographions et que nous en voulons toujours plus. Parallèlement à ce monde qu’on pourrait dire « décoratif », il en est un autre qu’on a longtemps considéré comme un monde inférieur. Mais inférieur à quoi ? Les botanistes et les scientifiques qui ont étudié l’univers des végétaux sans fleurs ont un autre avis. Au point d’avoir réuni dans un Guide Delachaux à paraître fin février 2021 les portraits de 290 espèces de mousses et de lichens faciles à identifier.
Les lichens se rencontrent sur les arbres, les rochers, les murs et les sols maigres. Ce sont des organismes vivants de couleur grise, gris verdâtre, jaunâtre ou brune. De formes variables, ils peuvent ainsi former des croûtes, être constitués de lobes ou de feuilles, ou se diviser en structures ramifiées et bouillonnantes. Contrairement à une croyance, ils ne parasitent pas les arbres sur lesquels il leur arrive de se développer. Bien qu’au premier coup d’oeil, le lichen puisse apparaître comme un organisme homogène, sa structure est plus complexe qu’il n’y parait. Cette dernière est en fait une association entre un champignon et une algue.
A l’égal des lichens, les mousses se rencontrent partout dans notre Europe tempérée. Elles recouvrent de leurs tapis souvent étendus le sol de nos forêts et les souches d’arbres. Les pierres comptent aussi parmi leurs habitats favoris. Sur les rochers secs ou humides, elles colonisent les niches les plus infimes, tout comme des parois entières. Dans les prairies humides et les pelouses clairsemées prospèrent de nombreuses espèces, tout comme sur les chemins peu fréquentés. Dans les tourbières d’altitude, elles dament le pion aux espèces à feuilles et fleurs qui les dominent partout ailleurs. Ce livre est le résultat d’une collaboration entre Volkmar Wirth, Ruprecht Düll & Stephen Caspari en 2018 chez Eugen Ulmer en Allemagne, puis dans son édition française de 2021 chez Delachaux et Niestlé. Ci-dessous, une dizaine de portraits des espèces rencontrées.
CLADONIA PORTENTOSA. Lichen à thalle complexe, abondamment ramifié, jaune verdâtre pâle à blanc verdâtre, à ramifications généralement orientées de tous côtés. Localisation : landes basses, pelouses maigres, forêts claires, zones rocailleuses dénudées, dans les biotopes éclairés des régions atlantiques et subatlantiques.
XANTHORIA ELEGANS. Lichen foliacé rouge orangé, à lobes étroits formant souvent des rosettes sur les murs et sur roches calcaires. Répartition : sur roches naturelles ou artificielles riches en calcaire telles que murs, tuiles des toits, pierres tombales. Assez fréquent dans toute l’Europe.
DIBAEIS BAEOMYCES. Lichen à thalle crustacé blanc et fructifications en forme de champignon à tête rose et pied blanchâtre. Répartition : sur sols acides, sableux ou limoneux, dans les tonsures au sein des pelouses maigres, ou sur talus clairsemés au bord des chemins bien éclairés. Nord et centre Europe. Très rares dans les régions calcaires.
CALOPLACA FLAVESCENS. Lichen crustacé jaune à orange, en rosette arrondie, lobé sur le pourtour, croissant sur roche calcaire de préférence proche de la verticale. Répartition : en milieux ouverts et forêts claires. Assez rare et pourtant bien présent dans les zones calcaires de la région méditerranéenne, en Grande-Bretagne et dans le sud de la Scandinavie.
RHIZOCARPON GEOGRAPHICUM. Lichen crustacé jaune à vert jaune à hypothalle noir, aréolé, avec des fructifications noires. Répartition : espèce caractéristique des rochers siliceux acides et ensoleillés. Moyennement fréquente. Mais pousse en masse tout de même dans les régions rocheuses de l’ensemble de l’Europe.
LOPHOCOLEA BIDENTATA. Tiges feuillées vert jaunâtre à vert pâle larges de 3-4 mm et longues de 1 à 3 cm poussant isolément parmi d’autres mousses en formant des plaques. Assez commune en dehors de la haute montagne dans les biotopes frais et humides, ainsi qu’au sein des pelouses des parcs, prairies, marais, friches, roselières, talus herbeux, plantations de résineux.
TRICHOCOLEA TOMENTELLA. Pousses vert pâle, ou vert jaune au soleil, longues de 3 à 5 cm, larges de 2 cm. Elles sont réunies en tapis feutrés pouvant dépasser 1 M2. Les feuilles entièrement découpées en fines lanières confèrent à la plante un aspect velouteux. Répartition : lieux à humidité permanente comme les marais, aulnaies marécageuses et berges de ruisseaux.
SPHAGNUM FIMBRIATUM. Mousse robuste faite de nombreuses tiges ne dépassant pas 10 cm de long, vertes à vert jaunâtre, bourgeon apical très visible, et décoratif oserais-je dire. Répartition : forêts humides à marécageuses de plaine et basse montagne des deux hémisphères. Les sphaignes peuvent stocker dans leurs tissus jusqu’à trente fois leur propre poids sec d’eau.
Ci-dessus : SYNTRICHIA RURALIS. Forme des tapis ou coussinets épais de 1 à 10 cm. Sa pousse est favorisée par les activités humaines qui apportent de l’azote. Souvent observé sur murs et rochers secs et ensoleillés, au sein des pelouses sèches, sur les places, chemins, versants, plaques de béton et les toits.
Ci-dessous : ENTODON CONCINNUS. Mousse très élégante formant des tapis de pousses vert doré à brunâtre longues de 3 à 5 cm, couvrant des surfaces pouvant aller jusqu’à 1 m2. Souvent présente sur les pelouses calcicoles à déneigement précoce. Répandue dans les montagnes calcaires où elle atteint l’étage alpin. Zones tempérées de l’hémisphère nord. Rare en plaine.
https://www.delachauxetniestle.com/livre/mousses-et-lichens 35,90 euros A paraître le 25 février 2021