A deux pas du Château de Versailles, à proximité immédiate de la Cathédrale Saint-Louis, le Potager du Roi est un lieu d’enseignement, tout autant qu’un site d’expérimentation et de transmission. Aujourd’hui cultivé par l’Ecole nationale supérieure du paysage, il offre à ses étudiants promis au métier de paysagiste, à ses jardiniers et à ses visiteurs une accumulation de sensations diverses fort réjouissantes. La dessinatrice Raphaèle Bernard-Bacot s’y est promenée en toute saison et en toute liberté pour croquer fruits et légumes. Son carnet de voyage a été publié par les Editions Glénat en 2017 « Le Potager du Roi, dessins de saison à Versailles ».
Le carnet dessiné raconte un voyage qui a duré trois ans et qui décline les neuf hectares faits de différents jardins et carrés et qui comptent au minimum 450 variétés fruitières et 400 variétés légumières. Formée à l’Ecole supérieure des arts graphiques Penninghen à Paris, Raphaèle a d’abord mis la danse au coeur de son travail d’artiste, avec des années passées au contact des danseurs et des chorégraphes. Depuis 2012, c’est au rythme des saisons que mûrit son oeuvre. Elle s’est prise de passion pour les fruits, les légumes, les jardins en général, a découvert l’agroécologie et créé une série intitulée « Les fruits dansés ». Le Potager du Roi l’accueille depuis 2013 et elle continue d’y dessiner régulièrement. C’est ainsi que Glénat présente son auteur à la sortie du livre. D’où l’idée de l’inviter au Château du Rivau, lieu d’expositions et d’événements toujours hauts en couleurs. Doté d’un superbe potager, une création de Patricia Laigneau, l’expérience a eu lieu à l’occasion de la fête de la citrouille et du potager le 9 septembre dernier. Le Rivau avait confié à Raphaèle le soin de conduire un atelier nomade autour du potager en proposant aux visiteurs d’apprendre à croquer les légumes et l’ambiance du Potager de Gargantua. Voici comment elle définit son parcours artistique.
Raphaèle Bernard-Bacot
« En 7 ans, ma démarche artistique s’est transformée en expérience de vie. Je dessine les fruits dansés au pastel sur monotype (voir lien ci-dessous) avec une attention particulière aux fonds qui sont des fonds imprimés au monotype, avec des recherches de matières et couleurs. Dans un 2ème temps, je sélectionne le fruit ou le légume, à la fois décrit et suggéré avec un trait vif, souvenir de mon expérience avec les danseurs où il fallait dessiner dans l’urgence. Pour les fruits, il faut faire vite aussi car ils sont périssables. Quand je dessine un fruit dans son intégralité, racines et feuilles comprises, il reste un modèle vivant comme l’étaient les nus artistiques que j’ai pratiqués. Donc les fruits dansés en deux temps, d’abord le fond, travail long de recherche et expérimentation de peintre, puis le fruit, travail rapide au pastel. L’alliance des deux en fait une nature morte contemporaine en mouvement, d’où le nom de fruit dansé. Mon agent appelle ça du figuratif transitionnel, ça fait sérieux !
Potiron Galeuse d’Eysines
« En cherchant des fruits variés parfois rares, je découvre le Potager du Roi où on m’accorde l’autorisation exceptionnelle de venir sur place avec mon carton à dessin. Là, je fais des rencontres de jardiniers et de bénévoles. Approches à la fois concrètes, quand et comment ça pousse, mais surtout humaines. Le travail des jardiniers, comme celui des danseurs, est inestimable et incroyablement varié. Chacun cultive à sa manière, selon ses maîtres et les circonstances. Cela est passionnant et je commence à le restituer sous la forme d’un carnet de bord publié en 2017 par Glénat. C’est à la fois un travail de dessinateur, mais aussi botanique et littéraire. Je le prolonge aujourd’hui dans les jardins ouvriers, qu’on dit aussi familiaux, avec l’idée de faire un deuxième livre.
Atelier nomade de croquis au Château du Rivau
« L’Association des Amis de Versailles me contacte grâce au livre car elle cherche à faire une animation dessin. Je propose des ateliers nomades de croquis en choisissant des haltes qui correspondent à un point de vue particulier dans le jardin du Petit Trianon : une perspective, un massif, une plante, un détail. C’est à chaque fois une surprise visuelle que le promeneur ne voit pas forcément. Mais avec un crayon et un carnet, le temps s’arrête et le regard s’affine. Au Château du Rivau, il y a beaucoup de surprises qui amusent l’oeil, en plus de la beauté de l’architecture Renaissance et du jardin. Il y a des installations pleines d’humour et de poésie de la part des artistes invités par les propriétaires. J’aime partager cela avec les élèves et souhaite développer ces ateliers nomades de croquis ailleurs, car c’est vraiment un bon moyen pour visiter un lieu. Pour conclure, je me décris comme une artiste butineuse et infatigable qui aime partager son miel avec tous les amateurs de jardins potagers ou d’agrément. »
Patricia Laigneau au moment de la pesée des plus gros potirons et citrouilles
http://www.rbernardbacot.com
https://www.chateaudurivau.com/fr/
http://georgeslevequejardins.com/trois-siecles-de-legumes-et-de-fruits-en-aquarelle/
http://culturehumaniste66.ac-montpellier.fr/06_ARTS_VISUELS/PROJET_DEPARTEMENTAL/expo_arts_2017/techniques/technique_monotype.pdf
Collections d’art contemporain et classique au Château du Rivau