Interview de Marie-Paule Guilbaud

Guilbaud

Marie-Paule Guilbaud est la jardinière en charge de la bonne santé des rosiers à Chédigny, un village de roses en Touraine. Elle explique pour « Claire en France » les points essentiels de son travail et la taille en particulier.
CEF : Vous avez en charge la plus grande partie de la taille des rosiers à Chédigny, village de roses. Depuis quand ?
MPG : Je suis à Chédigny depuis septembre 2009.

CEF : Où avez vous appris la taille ?
MPG : C’est par Pierre Louault, le maire du village qui a eu l’idée du fleurissement avec les rosiers, que j’ai appris à tailler les rosiers. J’ai aussi appris via ma formation de bac pro Travaux Paysagers à Tours-Fondettes ainsi que par Guy André des roses André Eve, lors de ses venues à Chédigny dans le cadre de stages taille de rosiers.

CEF : Quelle est la meilleure époque pour la faire ?
MPG : En mars la taille doit être finie. L’idéal est de tailler les rosiers en février, par une journée pas trop froide (température au dessus de zéro). Il vaut mieux tailler tôt car, si les bourgeons sont déjà trop développés, on risque de les faire tomber en les touchant, en retirant les branches que l’on coupe.

CEF : Une année comme 2013 où l’hiver se prolonge, pensez vous que fin mars début avril il n’est pas trop tard ?
MPG : en Touraine, il faut tailler avant mars. Avril est beaucoup trop tard. Sauf certaines variétés, les rosiers craignent peu les gelées tardives.

CEF : En plus de la taille d’hiver, intervenez vous le reste de l’année et comment ?
MPG : Il est préférable de tailler les rosiers non remontants juste après la floraison, mais ce n’est pas toujours facile car le feuillage est développé et la ramure moins visible. A Chédigny, on passe beaucoup de temps à supprimer les fleurs fanées des rosiers remontants. Une autre tâche à ne pas négliger est le palissage des nouvelles pousses d’août à octobre, c’est important pour les rosiers grimpants. Il s’agit juste d’attacher en souplesse les jeunes pousses, surtout celles qui partent du pied du rosier et qui dans 2 ou 3 ans constitueront les branches principales du rosier.

CEF : La taille d’hiver : comment procédez vous ?
MPG : Nous appliquons la même méthode que les roses anciennes André Eve : suppression des vieilles branches le plus bas possible pour faire place aux jeunes. Quand on observe un rosier sauvage dans la nature, on voit que les vieilles branches s’arquent, noircissent et meurent au bout de 3 à 5 ans. Ce sont les jeunes qui ont poussé au centre qui prennent le relais. Cette méthode est appliquée sur les rosiers de toute taille, même si la branche à supprimer fait 3cm de diamètre (ou +). Autre action très importante: palissage des branches jeunes à +/- 45° pour provoquer la ramification et donc la floraison.

CEF : Faites vous des traitements anti-parasitaires et lesquels ?
MPG : C’est Pierre Louault qui les réalise. Il traite en préventif contre la tache noire les rosiers sensibles. En 2012, nous avons eu plusieurs rosiers touchés par des cochenilles. Ils ont été traités par un insecticide. En fait, je préfère supprimer les rosiers comme Marie-Claire qui sont systématiquement envahis par la tache noire et couper les branches atteintes par les cochenilles pour avoir une meilleure ventilation du rosier.

CEF : A Chédigny, quels outils vous sont utiles pour bien travailler ?
MPG : L’indispensable, c’est le P16 de BAHCO, un sécateur à longues poignées avec une lame en tête de perroquet très précise. Il permet de couper de gros diamètres. Un sécateur plus petit adapté à la main de l’utilisateur, BAHCO toujours. Nous attachons avec de la ficelle de sisal qui est solide et prend une teinte grise très discrète avec le temps. Une scie de marque japonaise est toujours très utile.

CEF : Pour les pieds qui vieillissent mal en se dégarnissant : remèdes ?
MPG : Il faut les régénérer en coupant les plus vieilles branches, arquer les jeunes pousses pour provoquer la ramification. Si cela ne suffit pas, une belle clématite à grande fleurs peut habiller le bas d’un rosier. Des vivaces plantées à 50cm peuvent joliment habiller un pied de rosier mais il faut que le pied du rosier voit toujours la lumière du soleil. Et puis il y a l’arcure qui favorise le développement des bourgeons placés tout le long de la partie inclinée de la branche. L’idéal est d’incliner la branche à 45°. On peut palisser un rosier en éventail, ou alors faire comme des S et ainsi guider un rosier dans un cadre plus étroit.

CEF : Pour les palissages, quels type de liens ?
MPG : Les attaches plastiques sont cassantes après le soleil cuisant d’août. De plus je les trouve peu esthétiques. Le raphia n’est pas assez solide. La ficelle en sisal que nous utilisons est achetée en magasin agricole : MAISA 37, Loches.

CEF : Un ultime conseil ?
MPG : L’essentiel est de bien choisir son rosier avant de le planter. Pour un grimpant, il sera plus facile de faire pousser plus haut un petit grimpant que de contenir un géant dans un petit espace. Les rosiers aiment être nourris : un fumier de cheval ou de vache est parfait, à apporter après la taille de février. Je le répète: ne coupez pas les jeunes branches vigoureuses; arquez-les !