JEAN-PIERRE COFFE JARDINIER PASSIONNÉ

La voix de Jean-Pierre Coffe, personnage de légende dont le décès remonte à quatre ans déjà -mars 2016- résonne encore à nos oreilles grâce aux rediffusions d’émissions et aux articles élogieux qui ont accompagné son départ. Sa place assurée les dimanches à la télévision aux côtés de Michel Drucker l’avait rendu populaire. On le savait drôle et impertinent. Personne n’ignorait son goût pour la nourriture -la bonne bouffe- et le vin. Mais on connaissait moins sa passion pour la nature, les plantes, les arbres et les jardins. Et le sien en particulier.

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Jean-Pierre Coffe, grand collectionneur de plantes, était heureux de faire découvrir son jardin, assez grand pour qu’on parle de parc, et dans lequel subsistaient de grands arbres plantés par des générations précédentes. Il avait trouvé le lieu presque par hasard en se promenant dans la campagne beauceronne, entre Châteaudun et Lanneray. Après avoir totalement remodelé le bâti, il s’était intéressé au jardin. Sur deux hectares, on peut tout imaginer, pour peu qu’on soit bien conseillé et attentionné à accepter la lenteur de la pousse des plantes dans leurs premières années. Quand ses amis lui rendaient visite pour diner ou déjeuner, un tour de jardin était obligatoire. Ce rituel intervenait avant ou après le repas, selon l’heure et l’humeur du maître. Car Jean-Pierre tenait absolument à communiquer sa passion et expliquer la beauté de la nature et tout ce bonheur en vert dont il ne pouvait plus se passer.

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L’évocation du Jardin Coffe à Lanneray « La Duchaylatière » a fait l’objet d’un livre édité par Larousse l’année suivante : «  Le Jardin secret de Jean-Pierre Coffe », à l’instigation et sous la surveillance du compagnon de Jean-Pierre : Christophe Dolbeau, avec l’aide de la journaliste Catherine Delvaux et l’amicale préface d’Alain Baraton, plume fameuse et responsable des jardins du Trianon à Versailles. Sa lecture nous révèle la sensibilité incroyable de la vedette médiatique capable de s’émouvoir de la ronde des saisons, de la splendeur des écorces et des portraits de toutes les plantes nouvelles qui arrivaient dans son domaine au rythme des rencontres jardinières de plus en plus pointues. Ces émotions communicatives ont incité ses meilleurs amis à témoigner au fil des pages des plaisirs rencontrés au contact de cet épicurien à nul autre pareil.

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Par Jean-Claude Carrière, écrivain, scénariste, metteur en scène : « Qu’on ne s’y trompe pas, Jean-Pierre Coffe était lui-même un jardin. Un grand, beau et aimable jardin. Il acceptait avec le sourire qu’on se promenât dans ses allées, dans ses buissons, parmi les fleurs qu’il avait semées, et qu’il se gardait de couper. Il était un jardin ouvert, spacieux, verdoyant, constamment renouvelé et remodelé, par sa vie même, qu’il voulait joyeuse. Les peurs du monde s’arrêtaient à la grille. On trouvait toujours chez lui un banc pour s’asseoir, un arbre pour se protéger de la pluie comme du soleil, un oiseau pour chanter et d’autres pour lui répondre. »

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Par Claude Sérillon, journaliste, écrivain : « Ce jour-là, la terre est gorgée d’eau. Elle s’affaisse sous les pas. Les herbes semblent prises d’ivresse collective et les arbres gouttent comme des nez pris par un vrai rhume de fin d’automne. Il n’empêche qu’une odeur d’humus vient s’installer entre les allées, les branchages disparates et les haies hautes de trois mètres déjà promises à une taille militaire. Le maître des lieux nous devancent. Il sait où il va, il ne se promène pas, il n’erre pas comme quelqu’un qui voudrait laisser une apparente liberté aux visiteurs, il dirige … et nomme les fleurs rescapées, les plantations de l’an passé, celles qui vont disparaitre, les projets. »

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Par Julien Cendres, écrivain : « Notre rencontre a eu lieu dans je ne sais plus quelle ville, au milieu des années quatre-vingt dix, à l’occasion d’un salon du livre où nous étions tous deux invités….  J-P. Coffe : Vous et moi, on devrait bien s’entendre. On a au moins deux points communs. L’amour des mots et l’amour d’un jardin. Pour les mots, je vous enverrai des choses dont aucun éditeur ne veut … Pour le jardin, ne vous inquiétez pas non plus. Je préfère la folie raisonnée du Désert de Retz à la rigueur délirante de Versailles. »

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Par Lydia Polster, fidèle employée de maison : « La première année au service de Jean-Pierre a été difficile. Il fallait que je devine ce qu’il pensait avant qu’il l’ait exprimé. Il pouvait s’irriter d’un rien si cela n’allait pas assez vite. Comme il n’aimait pas être seul, il y avait souvent de grandes tablées. Et la visite du jardin était le passage obligé avant le repas. Elle pouvait durer jusqu’à 15 heures ! A moi de me débrouiller avec des plats qui se réchauffent. Ou qui se préparent au dernier moment. Au choix ! »

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Par Guillaume Henrion, propriétaire du Jardin du Plessis-Sasnières : « Jean-Pierre est arrivé au Jardin du Plessis-Sasnières quand nous avons créé la Fête de la Soupe, en 2012, et nous l’avons sollicité pour faire partie du jury. Ce qui m’a tout de suite frappé, c’est sa simplicité. Il n’était pas là pour imposer son point de vue, il vivait sa journée, tranquillement. Et l’alchimie entre nous a immédiatement fonctionné. Nous nous sommes revus. Quand il faisait le tour de notre jardin, il était perplexe devant l’étendue, la complexité et le poids de l’entretien d’un tel lieu. Christophe à l’époque évoquait déjà l’idée d’ouvrir le jardin de Lanneray à la visite. Mais Jean-Pierre avait bien compris que le risque était que les gens allaient venir voir à quoi ressemblait la propriété de Coffe mais pas le jardin lui-même. »

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Par Gérard François, producteur et négociant de plantes à Rungis : « J’ai côtoyé Jean-Pierre bien avant de le connaitre. Nous travaillions à 40 mètres l’un de l’autre. Moi, sur le parvis du Centre Pompidou, où je dirigeais la Table verte, une entreprise d’horticulture et de fleuristerie, et un café-restaurant qui se transformait en salle de concert le soir. Et Jean-Pierre, juste au dessus de mes locaux rue Saint-Martin, où il tenait son merveilleux restaurant La Ciboulette (troisième du nom) nichée dans un hôtel du XVIIIe. Il recevait ses hôtes (on peine à dire ses clients) en maître de maison. Les incroyables bouquets qu’il faisait, à la fois champêtres et sophistiqués, ont marqué ma mémoire. Mais nous ne nous connaissions pas ou à peine. A l’occasion de la fermeture de La Ciboulette, il m’a demandé de déménager ses orangers. Alors que tout allait si mal à ce moment-là dans sa vie, et cet homme qui pensait à la survie de ses orangers m’a touché. »

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Depuis et grâce à l’enseignement de son mentor, Christophe Dolbeau a revêtu le costume et devient à son tour celui qui reçoit, explique et communique sur le « Jardin de Jean-Pierre ». Pour découvrir le jardin avant la visite et connaitre ses dates d’ouverture 2020 après confinement :
https://laduchaylatiere.com/le-jardin/
https://www.editions-larousse.fr/livre/le-jardin-secret-de-jean-pierre-coffe-9782035926883  29,95 euros

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