LA VENDÉE DES JARDINS

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L’Association des Parcs et Jardins de Vendée a participé à la publication d’un ouvrage richement illustré qui révèle l’importance de son patrimoine où l’Art des Jardins s’exprime depuis la Renaissance jusqu’à nos jours.

La visite commence par un mot de bienvenue encourageant d’Erik Orsenna, de l’Académie Française et qui fut un temps président de l’Ecole nationale supérieure du paysage à Versailles : « Qui devinait la Vendée si riche ? Et si diverse ? Qui aurait pu imaginer tellement de trésors derrière les murs ? Et quel bonheur quand les secrets se dévoilent. On se sent invité. Personnellement convié. Pas pour des portes ouvertes. Elles se sont pour nous entrebâillées. Feuilleter ce livre, c’est se promener. Ses pages sont des pas. »

En 1999, de violentes tempêtes ravagent l’Ouest de la France, ses parcs et ses jardins. Créée dès 2000 pour les sauvegarder, l’Association des Parcs et Jardins de Vendée (APJV), en collaboration avec le CAUE 85, a immédiatement procédé à un inventaire de ces sites. Il s’appuyait sur un recensement préliminaire effectué par la DRAC des Pays de la Loire. A ce jour, plus de trois cents lieux ont ainsi été répertoriés. Des sites datant de la Renaissance ont été découverts ainsi que des jardins du XVII° siècle. Subsistent aussi quelques parcs du XVIII° qui ont survécu à la tourmente révolutionnaire. Le XIX° siècle fut le temps de la multiplication des parcs paysagers, lié à la reconstitution des domaines fonciers. Aujourd’hui, le temps est à l’éclectisme.

Nous sommes avec ce livre en présence d’un ouvrage érudit de plus de 400 pages, grand format, fabriqué à partir d’un excellent papier sur lequel les meilleurs esprits, souvent doublés de belle plume, ont résumé leur savoir. Les intervenants peuvent être professeur, historien, directeur au CNRS, archiviste, conservateur, architecte, directeur, propriétaire de jardin ou encore doctorante en histoire de l’architecture comme Pauline Retailleau qui partage avec Olivier Rialland l’imposant chapitre « Châteaux neufs et mises en scène du paysage au XIX° siècle en Vendée ». Voici quelques lignes extraites du livre et qui commentent trois jardins contemporains réalisés par leurs propriétaires actuels.

Le jardin de Chaligny à Sainte-Pexine, pages 360
par Alain Durante
« Natif du Pays Niçois, je rêvais de devenir architecte. A cinq ans déjà, j’aimais dessiner des maisons. Mes parents m’ont initié très tôt au jardinage. Ils étaient tous les deux issus de familles d’horticulteurs. Mon arrière-grand-père maternel était rosiériste à Cagnes, voisin du peintre Renoir aux Collettes, à qui il avait dédié une rose. Ma mère jouait du piano et me l’a fait apprendre, ce qui m’a permis de découvrir le monde de la musique qui m’est devenu si nécessaire. Toute ma carrière s’est déroulée à Paris dans le domaine bancaire. Anticipant très en amont ma retraite, une recherche architecturale ciblée m’a conduit en Vendée en 1991. L’objectif était un projet de restauration à long terme d’un bâtiment du début du XVII° siècle, situé dans une région ensoleillée, proche de la mer, entouré d’un jardin, d’un bois, d’une rivière. La découverte du Logis de Chaligny a été un réel coup de foudre. Pour la réhabilitation des jardins, le rencontre en 1997 de Marc Barbaud, jardinier de l’Elysée et du Jardin des Serres d’Auteuil a été déterminante. » Le reste de l’article mentionne les intervenants qui ont apporté leurs savoirs et leurs idées, dont celle d’ouvrir le jardin au public à l’occasion des Rendez-vous aux Jardins, au début du mois de juin. Les visites se sont multipliées ensuite et visiter Chaligny est un bonheur en raison de son histoire, de sa richesse botanique et de la singularité de sa composition.

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Le parc du domaine de l’Auneau, pages 369
par Hubert David
L’histoire de la Maison de l’Auneau est en tout point passionnante. Elle avance une hypothèse romantique qui a conduit la famille Grimaux à convaincre l’architecte Joseph Libaudière d’édifier une maison simple, carrée, dans l’esprit d’une villa-castel italianisante, très avant-gardiste pour l’époque. Sa construction s’achève en 1899. Les parents d’Hubert David héritent du domaine et s’y installent en 1950. « Malgré mon très jeune âge, je me souviens très bien de notre arrivée à l’Auneau. Dans les premières années de l’enfance, il y a un jour où la perception du monde qui nous entoure devient tangible. Ce jour-là, j’ai instantanément ressenti que ces paysages du bocage vendéen entourant l’Auneau m’habiteraient jusqu’au dernier souffle. Par sa position en belvédère, notre maison bénéficie d’une vue à 360 degrés dominant ce grand paysage encore très préservé, ayant échappé à des remembrements abusifs. La grosse tempête de 1971 a fait d’énormes dégâts. Nous décidons d’effectuer d’importants changements et de nous séparer des massifs de fleurs et d’une végétation trop envahissante aux abords du bâtiment. Le potager trop important est supprimé et remplacé par du gazon en 1976. Des plantations d’arbres suivent. Le long mur du jardin est palissé de nombreuses roses, en majorité anglaises, complètent les variétés anciennes existantes. »
Pour dates des visites : www.chateaulauneau.com/www.chateaulauneau.com

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Les jardins du Bâtiment à Thiré, pages 376
par William Christie
« La musique ancienne m’a mordu très tôt. Ma famille aimait assurément la musique, mais également le jardin. C’était, je crois, dans le gènes. Une famille qui aimait plutôt la campagne que la ville, une mère qui adorait le jardinage, une main verte. J’ai commencé la musique à 5 ans. La passion pour les jardins est venue à peu près au même moment. Je découvre très vite avec intérêt et passion la musique des XVII-XVIII° siècles. Déjà à 17 ans, après quelques mémorables voyages avec mes parents en Europe, l’idée était déjà assez forte et évidente que je deviendrais un jour européen. Mais il y a un moment où l’idée d’être un simple mélomane ne suffit plus. L’idée de créer mon propre jardin est venue en 1970, au moment où j’ai décidé de quitter les Etats-Unis pour venir en France. J’ai trouvé là ce que j’aime vraiment. Arrivé en 1974 en Vendée, mon goût devient presque obsessionnel pour les vieilles pierres, le patrimoine, le jardin. J’ai d’abord vécu au petit séminaire de Luçon, puis à La Petite Coudraie. En 1982, je trouve la maison de mes rêves dans un site romantique extraordinaire, avec un étang creusé au XIX° siècle. Tout était là pour créer un jardin anglais. Mais la maison était dans l’indivision et nous n’avons pas pu concrétiser. C’est en 1985 que je trouve le Bâtiment de Thiré. Je me suis dit contente-toi de ce que tu trouves ici. C’est une maison que tu peux restaurer, qui a besoin de toi et il n’y a rien autour. J’ai ressorti les croquis que j’avais dessiné depuis quelques années et ma rencontre avec Sophie Matringe a pu mettre du sens purement technique à mes idées. Le résultat, c’est une grande confrontation. Au début, des personnes étaient sublimement arrogantes et disaient : mais ce n’est pas tout à fait français, pas tout à fait italien, mais c’est quoi exactement ? Je me suis rendu compte que j’avais brisé toutes les règles, que je n’obéissais à aucune idée reçue.» En 2017, le jardin de William Christie est mûr et il est assez facile de le visiter, en particulier l’été à l’occasion de concerts en plein air au coeur du jardin, dans son théâtre de verdure et au bord de la belle pièce d’eau sortie d’un rêve de cet artiste tout à fait exceptionnel www.jardindewilliamchristie.fr

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La Vendée des jardins au fil de l’histoire, 39 euros.
Editions du Centre vendéen de recherches historiques, 2017
85000 La Roche-sur-Yon
www.histoire-vendee.com