LE BOIS DES MOUTIERS, UN CHEF-D’OEUVRE BIEN VIVANT

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On a longtemps dit que Dieppe était la ville de bord de mer la plus proche de Paris. Cet avantage en a fait depuis les années 1900 un lieu touristique de premier ordre. Certes, pas de plage de sable fin, seulement des galets ! Mais quelques bons restaurants dans le quartier du port, quelques jolis marchés, un château-musée qui parle de la mer et des grands navigateurs dieppois, de belles boutiques et une ribambelle d’hôtels sur le bord de mer, tout cela à des prix raisonnables. Un week-end à Dieppe est donc à organiser. l’air y est tonique, les huitres goûteuses et les promenades variées.

Les plus beaux rhododendrons à voir en France

En voiture ou à vélo, une promenade hors de la ville s’impose. Roulez jusqu’à Varengeville-sur-Mer, une dizaine de kilomètres tout au plus. Varengeville : village chic, beaux arbres, belles maisons, bâtiments historiques, une église décorée des vitraux de Georges Braque et de peintures de Michel Ciry. On la trouve au bout de la rue de l’église, à côté du cimetière marin. Belle vue sur la Manche ! Pour l’atteindre, on passe devant un panneau qui mentionne « Bois des Moutiers ». Si vous êtes parvenu jusque là, il faut stopper impérativement. Le Bois des Moutiers est ouvert à la visite de mi-mars à mi-novembre, contre une dizaine d’euros. Cela va prendre une heure si vous êtes pressé, une demi-journée autrement car on se sent happé par l’atmosphère grandiose qui s’en dégage. Ce sont douze hectares de pelouse, de chemins, d’allées, de site forestier dans lequel se détachent des arbres géants et des rhododendrons hauts comme des maisons de deux étages. Et puis une construction à nulle autre pareille qu’on ne visite qu’en groupe et sur rendez-vous. C’est la seule oeuvre en France de l’architecte britannique Edwin Lutyens, jeune architecte alors mais devenu célèbre par la suite.

Cet ensemble « manoir à lignes singulières et parc d’une luxuriance achevée » a été rêvé puis voulu par Guillaume Mallet, issu d’une famille de banquiers protestants, qui a passé ses jeunes années outre-Manche, dans l’Ile de Wight en particulier où il visite de nombreux jardins. Ce goût pour les jardins, il le développe chez son bisaïeul Oberkampf dans le beau parc du Montcel à Jouy-en-Josas, près de Paris. L’homme aime la botanique et les scènes paysagères qu’il reproduit sur la Toile de Jouy dont il est a fondé la manufacture.

Le Mouvement Arts & Crafts

Guillaume Mallet achète de Domaine des Moutiers en 1897 pour y aménager une demeure et y vivre avec sa jeune épouse Marie-Adélaïde Grunelius. Des amis lui parlent de Lutyens, qu’il fait venir. Quitte à avoir les meilleurs conseils, autant les demander aux célébrités de l’époque. Pour les jardins, la réputation de l’Anglaise Gertrude Jekyll la recommande. A des degrés variés, tous ces gens ont été influencés par le « Mouvement Arts & Crafts » (qui s’est prolongé en France par l’Art Nouveau). Le Manoir de Lutyens pour Guillaume Mallet est la référence ultime de la période.

Quant au parc, c’est un lieu de paix. Antoine Bouchayer (arrière petit-fils de Guillaume) prolonge l’oeuvre des trois générations précédentes. Un parc comme le Bois des Moutiers, soumis aux aléas climatiques avec les nombreuses tempêtes dont la Manche est coutumière, voit régulièrement des arbres très hauts s’abattre sur de plus jeunes. Il faut tronçonner, transporter, nettoyer, renouveler tout en équilibrant les masses et les couleurs. Pas seulement celles que l’on voit en le faisant mais imaginer la pousse des nouveaux venus. Travail de prévoyance et de sûreté dans le jugement, auquel on arrive seulement par une grande connaissance de l’architecture, des arts et du jardinage bien entendu.

http://www.boisdesmoutiers.com/PresseMagazine/BoisdesMoutiers-CountryLife.pdf
http://lartnouveau.com/artistes/autres_pays/morris.htm
http://larevuecycle.free.fr/images/morris/morrishh.htm