Revoir un ami qu’on a délaissé depuis longtemps est chose délicate. Et son jardin, naguère si élégant et plein de finesse, comment a-t-il vécu l’épreuve du temps ? C’est souvent par des propos liés aux années oubliées que la conversation se met en place. L’ami dont je parle est Michel Berrou. Le jardin a gardé le nom du lieu-dit : « Le Petit Bordeaux ». En faisant le tour de ce jardin resté sublime, nous avons évoqué Pierre-Jules, l’enfant de la maison qui collectionnait toutes sortes d’insectes, trouvés dans le jardin, ou dans la forêt guyanaise à l’occasion de vacances en famille, les plaçait dans des boites à couvercle transparent et découvrait comme un jeune savant leurs noms et leurs caractéristiques. Il n’aide plus son père dans la marche du jardin depuis qu’il a entamé une période d’études scientifiques en entomologie qui promet d’être longue. Voici quelques propos pour donner à chacun l’envie d’aller sur site à sa découverte.
Pendant ce temps, le jardin sortait de terre et trouvait son esprit. Michel tentait d’obtenir une succession d’espaces tantôt ouverts et tantôt confinés pour générer des atmosphères de liberté réjouissantes. Dans le cadre boisé qui était imposé par les lieux, il fallait éclaircir. Le mot « clairière » aurait pu convenir quand il fut décidé d’ouvrir le jardin au public. Michel lui a préféré « Le jardin d’atmosphère du Petit-Bordeaux ».
Michel Berrou est un poète féru de lectures d’auteurs classiques et de philosophes. A ces derniers, il a emprunté des pensées qu’il a copiées à l’encre blanche sur des ardoises piquetées en rive des allées les plus étroites, là où le visiteur cherche son chemin, perdu dans sa quête de la beauté végétale et de l’étonnement.
Michel fait remarquer que ma dernière visite remonte tout de même à une dizaine d’années, époque où j’avançais encore sur la route des jardins allant à la rencontre des bonnes adresses du moment pour le magazine Mon Jardin & Ma Maison. J’ai retrouvé mon dernier article sur Le Petit Bordeaux -MJ&MM janvier 2011- En voici les grandes lignes.
« Michel & Sylvie Berrou se sont arrêtés un jour, sur le chemin de la Bretagne, au Petit Bordeaux. Ils ont trouvé là deux maisons forestières dissimulées dans une clairière. Vingt années ont passé depuis. Ils ont su créer, au milieu de la forêt, le jardin qu’ils espéraient et leur fils Pierre-Jules y est né. C’est avant tout un jardin d’atmosphère qui capte au mieux dans une belle élégance la ronde des saisons. Oui, c’est bien un jardin que l’on aime revoir tout au long de l’année, pour s’attarder dans les méandres de ses allées qui conduisent vers de riches collections d’arbres, d’arbustes, de plantes vivaces et de rosiers.
« Dans un labyrinthe sensuel où tout est courbes et rondeurs, on peut facilement s’égarer si l’on ne suit pas attentivement un fléchage discret. C’est un des points forts du jardin qui occupe un hectare et demi. La composition d’ensemble est brillante. Elle s’enroule autour de plans d’eau aux harmonieuses proportions et propose plusieurs haltes poétiques si propices à la méditation. La futaie de bouleau, émergeant des vagues de charmille taillée en douceurs émouvantes, est un bel exemple des surprises dont Michel Berrou a le secret. Les verticales blanches des troncs de bouleaux imposent leur force graphique en surgissant des haies serpentines qui les isolent en un bouquet insulaire.
« Au Petit Bordeaux, on rêve de pouvoir se perdre quelques heures, s’asseoir sur chaque banc, sous chaque tonnelle, sentir couler le temps comme coulent les sources, d’évidence tranquille. Ce jardin classé Jardin Remarquable par le Ministère de la Culture a reçu de nombreuses distinctions. La visite est possible du printemps à l’automne. C’est à dire du premier coup de feu des floraisons jusqu’au sommet des couleurs des feuillages d’automne. Le choix des espèces a été opéré dans l’idée d’obtenir les meilleurs effets théâtraux. »
Voir conditions d’accès sur site internet : http://www.jardindupetitbordeaux.fr
A Biez-en-Belin, Sarthe, au sud du Mans et à l’ouest du Grand Lucé