Aquarelle de Gismonde Curiace
Dans un récent livre à la gloire des pommes de terre, on a confié à Claude Rich le soin de rédiger la préface. L’homme est aussi à l’aise pour écrire que pour parler ou jouer en scène. Claude évoque un souvenir de son jeune âge lorsque l’épicier de la rue Saint Jacques à Paris, pendant les années de guerre, lui en glissait trois ou quatre dans la main, comme si c’était de l’or, en lui disant « c’est pour ta mère ».
Ce « Grand livre des variétés de pommes de terre » publié aux Editions Ad Hoc, on le doit à Dorothée Bourget, ingénieur agronome, qui dans la vie est rédactrice en chef de « Potato Planet » revue professionnelle exquise autant dans son look que dans son contenu. C’est dire le sérieux du sujet !
La pomme de terre, il faut s’en régaler d’abord et avant tout. Depuis trois siècles elle a sauvé des populations de la famine (cher Parmentier !). Maintenant on la cuisine avec soin et diversité. Certains chefs de bonnes tables ont créé des recettes uniques. Joël Robuchon n’a-t-il pas lancé la mode d’une purée à la Ratte, une variété à « drôle de forme » mais au goût on ne peut plus exquis disent ses défenseurs.
Chacun dans son coin de potager peut tenter l’aventure. C’est le moment puisque les plants sélectionnés apparaissent sur les points de vente consacrés au jardin. Avant de planter, il faut faire germer le plant, dans une pièce claire à température oscillant entre 10 et 15 degrés, c’est l’idéal. Attendre le temps de la floraison du lilas pour mettre les tubercules germés en pleine terre, germe vers le haut en recouvrant d’une dizaine de centimètres de terre. A défaut de lilas comme point de repère, pas avant mi-avril (risque de gel). On peut attendre juin et même juillet et on aura des récoltes plus tardives mais toutes aussi bonnes. Et que les sans-jardin se rassurent. La Nature est bonne fille. Confiez un plant de pomme de terre à un pot rempli de terre un peu lourde et collante. Vous aurez aussi une récolte.
Les pommes de terre germées qu’on a oubliées dans le garde-manger peuvent être mises en terre pour espérer des tubercules très consommables. Il est toutefois plus sage de s’approvisionner en plants certifiés venant de lieux de production destinés à cet effet. Une étiquette bleue délivrée par le service officiel de contrôle témoigne de la certification. Choisir les plants certifiés germés disponibles par 10 ou 25 unités conditionnés en clayettes fermées. L’étiquette mentionne le nom de la variété. Si le choix porte sur quelques deux cents variétés, le jardin du débutant doit aller vers celles qui ont fait la preuve d’un maximum de qualités.
Le choix va commencer par la Ratte connue depuis 1872, peu productive mais résistant bien aux maladies. Quatre mois vont s’écouler entre plantation et récolte. Sa chair est fine et ferme, de couleur jaune. Bonne tenue en cuisson. Très haute qualité culinaire. En voici d’autres citées par ordre alphabétique. Amandine, la reine des primeurs avec une excellente qualité de bouche. Belle de Fontenay, le fleuron des années 1960-80, parfaite dans tous les cas. BF15, amélioration de la précédente avec de meilleurs rendements. Bintje, célébrée depuis 1935 et appréciée pour sa productivité. Charlotte, bonne conservation et toute forme de cuisine, à choisir si l’on devait n’en garder qu’une. Franceline, sur le marché depuis une vingtaine d’années, à peau rouge et chair jaune, mi-précoce pour faire en salade, en chemise ou rissolée. En raison de sa ressemblance avec la précédente, on la nomme aussi Charlotte rouge. Mona Lisa, déjà trente ans de bons et loyaux services. Bon rendement de tubercules assez gros. Résistance notable à la maladie du mildiou. Pompadour, adaptée aux cuisines délicates, excellentes qualités culinaires. Bonne conservation. Roseval, grand classique des années 1950 avec beaux tubercules rouges à chair jaune et ferme. Excellent rendement, mais sensible au mildiou. Safrane, connue pour ses très hauts rendements. On peut commencer à la récolter après trois mois de culture, puis au fur et à mesure des besoins. Assez bonne tenue en cuisine quelle que soit la recette. Spunta, remarquée dans les années 1970 et toujours appréciée autant dans les cercles professionnels que chez les jardiniers amateurs.
Commercialement, il faut savoir se distinguer de la concurrence ! A cette fin, la société Bernard dans la région Nord, opérant la sélection des plants de pommes de terre, a créé « Le club des jardiniers gourmands » et sous cette appellation distribue des variétés nouvelles disponibles en BIO ! Voici quelques noms à repérer sur vos lieux de vente habituels afin de tester ces nouveautés : Bernadette, Rose de France, Corne de Gatte, Bleue d’Artois, Jeannette.
http://biblio.rsp.free.fr/Pdf/pdt1.pdf
http://www.larattedutouquet.com/joel-robuchon-puree-ratte/
http://plantdepommedeterre.org/index/la-parade-des-pommes-de-terre-au-jardin
SAS Bernard à Gomiecourt, Pas-de-Calais « Le club des jardiniers gourmands »