PRÉSENTATION D’UN LIVRE SUR L’HISTOIRE DU CIEL

Que savons-nous de la naissance de l’Univers ? Qu’en disaient les Grecs ? La mythologie chinoise ? Les Aztèques ? La Bible ? Galilée ? Et Einstein ? La terre est-elle plate ? Ou ronde ? Tourne-t-elle autour du soleil, ou est-ce l’inverse ? Le ciel est-il une mer sur laquelle naviguent les étoiles ? Et d’ailleurs, que sont les étoiles ? Voici un livre qui retrace les différentes réponses à ces interrogations : « Une histoire du ciel » de Edward Brooke-Hitching, publié le mois dernier par Delachaux et Niestlé, l’éditeur nature. C’est une traduction de « The Sky Atlas » édité en 2019 par Simon & Schuster UK Ltd.

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Que savons-nous de la naissance de l’univers ? Tout dépend de la personne à qui vous posez la question. Un cosmologiste moderne mentionnera bien sûr le Big Bang, une théorie développée en 1927 par un prêtre belge Georges Lemaître qui postule l’existence d’un « oeuf cosmique » ou d’un « atome primitif » qui a explosé et ainsi fait naître l’univers. Si vous vous tournez vers un autre, il pourrait vous indiquer les modèles de mécaniques quantiques, fondés sur les lois d’Einstein qui suggèrent que l’Univers existerait depuis toujours sans début ni fin. Cette vision est d’ailleurs la même que celle d’Aristote, voici plus de 2300 ans, car quoi de plus grandiose comme preuve du Divin que la perfection de l’Eternité !

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L’astronomie occidentale prend ses origines chez les Sumériens, peuple inventif du sud de la Mésopotamie (sud de l’Irak actuel) qui a imaginé, entre autres innovations, la façon de diviser un cercle en 360 degrés, ainsi que le plus vieux système d’écriture le « cunéiforme », +/- 3200 ans avant J.C. Un mythe raconté dans la Genèse a donné lieu à différentes représentations : « La Tour de Babel », comme celle de Martin van Valckenborch, de 1595, pour expliquer la multitude des langues dans le monde. Après le Déluge, l’humanité migra vers l’est jusqu’aux terres de Shinar, où le peuple ne parlait qu’une seule langue, et commença, avec arrogance, à construire une tour assez haute pour atteindre le Paradis. En réaction, Dieu embrouilla leurs paroles et les répartit tout autour du monde. La tour en question a été associée par des historiens à des structures qui ont existé, comme Etemenanki, une tour circulaire en forme d’escalier de 91 mètres de haut dédiée au dieu mésopotamien Marduk par Nabopolassar, roi de Babylone, vers 610 avant J.C. Alexandre le Grand en ordonna la destruction quelque trois cents ans plus tard.

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Le Cosmos de Ptolémée. Deux siècles après J.C. on trouve enfin une base documentaire plus solide. Celle du mathématicien géographe et astronome Claude Ptolémée. Grâce à ses écrits, nous savons que le savant d’Alexandrie admirait Hipparque et le considérait comme son prédécesseur le plus influent. Dans son ouvrage d’astronomie « L’Almageste » (vers 150), Ptolémée intégra, sans le modifier, le modèle d’Hipparque sur le mouvement du soleil. Ptolémée ajouta également des étoiles au catalogue d’Hipparque, leur attribua des coordonnées et y inclut les nébuleuses visibles. Ses 48 constellations allaient rester le fondement d’autorité en astronomie pendant plus de 1000 ans.

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On a cru pendant longtemps que les constellations étaient étroitement liées à la santé du corps humain, comme illustré ci-dessus avec cet « homme zodiacal » anatomique, datant de 1416 environ. Sur cette image, chaque signe du zodiaque correspond à une partie du corps. Les Poissons sont liés aux pieds et le Bélier, associé à des notions sacrées, correspond à la tête. Les inscriptions en latin, dans les quatre coins, indiquent les propriétés médicinales des signes du zodiaque. L’astrologie médicale connut un pic de popularité désespéré au cours du XIV° siècle lors des ravages de la peste noire.

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La mer au-dessus du ciel. Alors que la cartographie céleste attendait d’être inventée, la synthèse des sphères aristotéliciennes et de la vision chrétienne de l’Univers laissait encore des questions fondamentales en suspens : par exemple, quelle force était à l’origine de la rotation progressive de la sphère étoilée, arrière-plan du ballet des planètes ? La carte ci-dessus intitulée Coeli stellati Christiani haemisphaerium posterius (1660) est l’oeuvre de l’avocat et astronome amateur bavarois Julius Schiller. Il est le premier à avoir abandonné la mythologie et dessiné les constellations en suivant des symboles chrétiens.

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La révolution copernicienne. On date le rejet du modèle de Ptolémée par Nicolas Copernic (1473-1543) au moment de la publication l’année de sa mort de son ouvrage « Des Révolutions des sphères célestes ». Cette vision allait initier une toute nouvelle façon de penser ce que l’on comprenait de l’Univers. Comment Copernic en était-t-il arrivé à concevoir une idée aussi subversive ? Parmi les points de désaccord, il y avait la situation de la Lune. Dans l’astronomie de Ptolémée, les planètes et la Lune se déplaçaient en petits cercles qui, eux-mêmes, tournaient sur de plus grands cercles autour de la Terre. En appliquant les mathématiques modernes, on pouvait voir que le système jusqu’alors admis était incohérent.

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Situs terrae circulis coelestibus, une carte du système de Ptolémée extraite de Harmonia macrocosmica d’Andreas Cellarius. Publiée en 1660 par Johannes Janssonius, cet ouvrage est communément reconnu comme le plus bel atlas céleste jamais réalisé.

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Ci-dessus : autre atlas céleste considéré comme un des plus magnifiques. C’est l’Atlas coelestis de John Flamsteed, publié en 1729. On y remarque les constellations du Taureau et d’Orion.

Ci-dessous : en août 1835, les lecteurs du Sun, journal à sensation new-yorkais, furent abasourdis de lire les nouvelles découvertes astronomiques supposées de John Herschel, fils de William Herschel célèbre astronome. Le jeune homme avait quitté Londres en 1833 pour se rendre au Cap, où il avait construit un énorme télescope afin d’étudier le ciel du Sud, la Lune ainsi que la comète de Halley. Dans son livre éminemment scientifique, Edward Brooke-Hitching reprend l’histoire farfelue de cette farce journalistique qui restera sans doute le plus grand canular lunaire de l’histoire.

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https://www.delachauxetniestle.com/livre/une-histoire-du-ciel Publication 14 octobre 2021 29,90 euros

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