PROMENADE AÉRIENNE DANS LE CIEL D’ALSACE

« Vue du ciel, l’Alsace est encore plus belle ! » C’est ainsi que Gilles Pudlowski démarre son dernier livre « L’Alsace vue du Ciel » publié aux Editions Hervé Chopin. En la personne du photographe aérien Tristan Vuano, élevé au milieu des avions et qui vole désormais muni d’un appareil photo, le célèbre chroniqueur gastronomique a trouvé un complice de choix pour évoquer les charmes de l’Alsace, terre de régal autant en mets qu’en boissons. Nous avons au final un grand livre luxueux fait de plus de 150 pages de superbes photos accompagnées de poésie et références littéraires fort agréables à lire.

ALSACE VUE DU CIEL

Cette Alsace vue du ciel qui est guettée avec amour ne manque ni de diversité, ni de beauté, ni de belles surprises. On passe allègrement de la cité de Molsheim, par exemple, moderne et ancienne à la fois, au si poétique Grand Ballon photographié sous la neige. Puis on découvre tour à tour le Donon aux riches vestiges romains, le méconnu village vigneron de Rodern, au pied de la forteresse reconstruite du Haut-Koenigsbourg, la surprenante abbatiale baroque d’Ebersmunster comme un trésor autrichien au coeur du Ried, autant que les parages forestiers de la Petite-Pierre que chanta si bien René Char. Gilles Pudlowski se fait poète pour évoquer une montgolfière sur Blienschwiller, les tours magiques de l’Abbaye de Murbach, les ruines fortifiées d’une forteresse franco-suisse à Leymen, le ligne bleue du Rhin entr’aperçue au crépuscule, celle verte et grise des Vosges dans sa poésie végétale et naturelle. Il se plait à nommer par maints exemples cette Alsace qui se livre ici avec bonheur, romantique et attachante car uniformément belle.

On passe ainsi par la route des airs de villages en villages. Dans ses descriptions, notre guide évoque ses connaissances de routard de la gastronomie. Pour accompagner une magnifique photographie d’Epfig dans la brume, par exemple, il laisse parler sa flamme : Six bonnes raisons de visiter Epfig : découvrir André Ostertag, son vigneron star, le créateur et propagateur de la distinction entre les « vins de fruits » et les « vins de pierre », prendre place chez les Kirmann, dans une belle demeure à colombages, pour une joyeuse soirée « tartes flambées », faire un saut chez Corinne Conrad qui produit à l’enseigne « Foies gras du vignoble » des foies gras de canard et d’oie de qualité, voir la chapelle et son ossuaire, mais aussi l’église Saint-Georges bâtie en 1790 sur le site de l’ancien château, enfin, le sentier du vignoble et découvrir un panorama époustouflant sur toute la région. Gilles confie trois descriptions de sites à d’autres auteurs qui ont aimé l’Alsace. Les photos sont remarquables.

197 Cigogne sur Blienschwiller

Vol de cigogne sur Blieschwiller.
« J’ai toujours professé une haute estime et même une sorte de vénération pour le noble vin du Rhin ; il pétille comme le champagne, il réchauffe comme le bourgogne, il lénifie le gosier comme le bordeaux, il embrase l’imagination comme les liqueurs d’Espagne, il nous rend tendre comme le lacryma-christi ; enfin, par dessus tout, il fait rêver, il déroule à nos yeux le vaste champ de la fantaisie. » Erckmann-Chatrian, L’Illustre Docteur Mathéus, La Librairie Nouvelle, 1859.

123 Grand Ballon

Le Grand Ballon sous la neige.
« Au hasard d’un voyage en Alsace, pays où je n’étais jamais allé et qui m’apparaissait aussi légendaire que la Courlande ou la Dalécarlie, je découvris au fond de la vallée de Munster, au pied même du Petit Ballon, le village dont je portais en moi l’image pour l’avoir vue en rêve ; je m’imaginais que j’allais y goûter une espèce de bonheur. Pareil au cavalier fourbu, mais content d’avoir fourni une longue étape, je me dis que j’étais arrivé, que j’étais enfin chez moi. » Marcel Schneider, La Lumière du Nord, Grasset. 1982.

P138-Mont Sainte-Odile

Le mont Sainte-Odile.
« Le mont Sainte-Odile est, avec la cathédrale de Strasbourg, le plus fameux monument du pays ; et, si l’on veut prendre en considération que son mystérieux ‘mur païen’ fut construit par une peuplade qui venait de bâtir Metz, on admettra que ce site fameux préside l’ensemble du territoire annexé. (…) Sainte-Odile est le vrai sommet d’où l’on peut sentir et comprendre avec amitié la continuité de l’Alsace et du pays messin. (…) Je m’enfonce dans ce paysage, je m’oblige à le comprendre, à le sentir : c’est pour mieux posséder mon âme. Ici je goûte mon plaisir et j’accomplirai mon devoir. C’est ici l’un de mes postes où nul ne peut me suppléer. A travers la grande forêt sombre, un chant vosgien se lève, mêlé d’Alsace et de Lorraine. Il renseigne la France sur les chances qu’elle a de durer. » Maurice Barrès, Au service de l’Allemagne, Plon, 1905.

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