PABLO PICASSO AUX INVALIDES JUSQU’AU 28 JUILLET

Les conflits armés ont ponctué l’existence de celui qui, Espagnol résidant en France de 1901 à son décès en 1973, n’a paradoxalement jamais participé activement à une guerre, ni même été soldat. Libéré de l’obligation de service militaire, l’artiste a vécu les conflits en tant que civil. Mais considéré comme un phare et célébré dès la Libération en artiste résistant et militant, ses prises de positions politiques lui confèrent un rôle inédit dans l’Histoire en cours. Cette exposition est organisée par le Musée de l’Armée, à l’Hôtel national des Invalides à Paris, et le Musée national Picasso-Paris, en partenariat avec le Musée de la Résistance national à Champigny-sur-Marne.

IMG_4480 - copie

Né en 1881 et mort en 1973, Pablo Picasso a été le contemporain de conflits majeurs. Sa relation avec la guerre est complexe. Les représentations de guerres sont très rares dans son oeuvre, et les prises de position publiques de l’artiste ponctuelles en regard de ses 92 années d’existence. Il a pourtant vécu deux guerres mondiales, la guerre d’Espagne, la guerre froide et les conflits liés à la décolonisation. Comment Picasso parvient-il à toucher ses contemporains par son oeuvre et ses moyens picturaux. L’une de ses oeuvres, Guernica,  est devenue l’icône universelle du pacifisme. La toile monumentale peinte dans les jours qui suivent le bombardement de la ville basque Guernica, le 26 avril 1937, scinde le siècle de Picasso en deux. Dans sa relation à la guerre, il y a un avant et un après Guernica.

IMG_4438

IMG_4440 - copie

La Seconde Guerre mondiale constitue d’un moment de repli pour Picasso qui demeure « dans l’atelier ». Après l’invasion de la Pologne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939. En août il retourne à Paris, dans son atelier des Grands-Augustins où il demeure pendant toute la durée de l’Occupation et se consacre à son art. Il multiplie les moyens d’expressions : de ses carnets aux fragiles sculptures, de ses écrits aux peintures, l’utilisation des couleurs sombres et les motifs des crânes et le thème de la mort font écho à cette période. L’atelier est toutefois un lieu de réunion pour ses proches et pour la communauté espagnole. Ainsi en 1944, lors de la Libération de Paris, ce sont des soldats américains qui se rendront dans l’atelier de Picasso comme en témoigne cette photographie de Robert Capa, faite le 1er septembre 1944.

FRANCE. Paris. September, 1944. Pablo PICASSO with US soldiers shortly after the liberation of the city.

Resté à Paris pendant l’Occupation, Picasso devient une célébrité à la Libération. Le 5 octobre 1944, le journal L’Humanité annonce son adhésion au Parti communiste français. Picasso répond aux sollicitations et commandes qu’il reçoit du Parti et des associations qui en sont proches. L’immédiat après-guerre  est marqué par le début des conflits liés à la décolonisation et, à partir de 1947, la guerre froide divise le monde en deux camps opposés. Le PCF suit la ligne de Moscou. Artistes et intellectuels communistes font de la paix leur thème de prédilection dans leur combat contre l’impérialisme américain. Mais Picasso occupe une place à part. Il met son image au service du Parti. C’est une personnalité au poids symbolique essentiel. Il conserve toutefois son style distinct du réalisme socialiste, ce qui lui vaut des critiques internes du mouvement. Ci-dessous, couverture de L’Humanité Dimanche du 27 décembre 1953 entièrement composée par Picasso.

IMG_4401 - copie

Massacre en Corée est un tableau de Picasso peint en 1951, dans le style expressionniste (femmes et enfants) et dans le style cubiste (soldats américains). Le tableau est conservé au musée Picasso de Paris. Il date de 1951, six mois après le début de la Guerre de Corée. Cette œuvre est inspirée du massacre du pont de No Gun Ri où 400 civils coréens furent assassinés en juillet 1950. C’est une reprise d’un tableau de Francisco de Goya, Tres de Mayo (conservé au musée du Prado de Madrid) qui présentait les troupes françaises de Napoléon 1er fusillant des civils en Espagne, sous les ordres de Joachim Murat, et aussi d’un tableau de Manet, L’Exécution de Maximilien. Dans ces années-là, Pablo Picasso s’affranchit des idées communistes. Cependant, cette œuvre est une œuvre engagée, rejoignant la propagande maoïste de l’époque selon laquelle la Guerre de Corée n’était rien d’autre que le massacre de ses habitants par les troupes américaines.
(Informations extraites de : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_en_Corée).

IMG_4406

https://www.musee-armee.fr/au-programme/expositions/detail/picasso-et-la-guerre.html