UNE ORIENTATION NATURE POUR LES JARDINS

Comment les plantes dans un jardin peuvent-elles se succéder au fil des saisons sans nécessiter d’interventions, nouvelles plantations, désherbage et arrosage ? Et comment peuvent-elles durer dans le temps avec un budget d’entretien le plus limité possible. Nigel Dunnett répond à ces deux questions dans « Naturalistic Planting Design » livre publié  par Filbert Press en 2019 et traduit en français cette année par les Editions Ulmer sous le titre « Plantations naturalistes ». Nigel est un des meilleurs experts mondiaux des jardins s’apparentant à la nature idéalisée. A la fois scientifique et paysagiste, il affiche à son palmarès de nombreux projets qui ont marqué la profession. Sur plus de 200 pages grand format illustrées par une foule de photos, le livre se dévore tant son contenu est passionnant, très bien documenté et surtout -belle qualité- d’une lecture facile ! On en sort porteur d’idées nouvelles fort dynamisantes.

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Quelques lignes tirées de l’introduction de l’ouvrage donnent le ton. « Nous sommes liés à la nature. Et si nous avons autant besoin de nature, c’est que nous en faisons partie. Le désir humain de faire des jardins et de créer des espaces verts est l’expression même de ce lien inné avec la nature. Planter des végétaux, créer nos propres expressions du monde naturel, nous permet de nous sentir proches du reste du monde vivant. »

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Piet Oudolf, autre expert international, à la réputation bien établie et qui a rédigé la préface, témoigne : « Nigel est un des rares paysagistes dont le travail sur les plantations naturalistes concerne aussi bien les jardins privés que les aménagements urbains et les lieux publics. Dans le contexte actuel, où les enjeux liés aux changements climatiques sont omniprésents, l’apport de Nigel sur la question des aménagements nécessitant peu d’interventions (amendements, arrosages, entretien…) tout en générant un impact visuel intense est capital. »

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Avant de développer ses thèses, Nigel Dunnett évoque celles de ces prédécesseurs car se sont eux qui, dès la fin du 19ème siècle, ont mis en oeuvre de nouveaux principes de plantation pour tempérer les fastes des jardins de manoirs et châteaux des siècles précédents. A ce titre, William Robinson s’impose. C’est dans dans son livre « The Wild Gardening » (1870) que l’on trouve les prémices écologiques du mouvement alors que le terme « écologie » n’a pas encore été inventé. Robinson propose de naturaliser des plantes rustiques dans les habitats existants de prairies, de bois et de zones humides. Cette idée synthétise la célèbre maxime « la bonne plante au bon endroit », selon laquelle les plantes doivent être cultivées dans des conditions qui correspondent à leur habitat naturel. Plus près de nous, Gertrude Jekyll (1843-1932) prolonge son effort en ajoutant des théories sur les associations de couleurs plus avancées.

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Après avoir évoqué les événements qui structurent le goût et les envies du jeune Nigel, l’auteur prend de la hauteur. Il a passé toute sa jeunesse à décortiquer les bibliothèques consacrées aux plantes et à l’art des jardins au point d’être devenu un excellent jardinier autodidacte. A 18 ans, au moment du choix des études supérieures, il fait un break horticole, si l’on peut dire, pour s’orienter vers une formation scientifique en botanique et en écologie car il pense alors ne pas pouvoir assimiler tout ces savoirs par lui-même. Sa vie professionnelle prend un tour décisif quand il rencontre les « Pictorial Meadows », termes qu’on peut traduire par « Prairies picturales », en référence à l’art de la peinture.

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L’histoire des Pictorial Meadows par Nigel Dunnett.
« L’une de mes premières expériences relatives au potentiel des plantations pour déclencher de puissantes réactions émotionnelles a été le développement des Pictorial Meadows dans le cadre d’applications urbaines. Ce processus a débuté avec de petites réalisations pour atteindre son apogée au parc olympique Queen Elizabeth pour les Jeux Olympiques de 2012 à Londres. Les Pictorial Meadows constituent des espaces où la nature est en quelque sorte enrichie. Ces prairies picturales sont particulièrement adaptées à des sites urbains artificiels et visent à créer des territoires incarnant la quintessence de la prairie, avec des fleurs et des feuillages chatoyants, où papillons et abeilles butinent. Elles procurent le sentiment de travailler avec la nature, plutôt que contre elle. L’objectif est de susciter l’intérêt visuel et la sensation émotionnelle d’une prairie naturelle mais de manière condensée. »

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Au fil des pages, chapitre après chapitre, on découvre des participations de Nigel :
* aux prairies du parc olympique de Londres, UK
* aux champs de fleurs des jardins de Trentham, Staffordshire, UK
* au complexe immobilier Barbican de Londres, UK
* et beaucoup d’autres dans le monde.

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https://www.editions-ulmer.fr/editions-ulmer/plantations-naturalistes-introduire-la-nature-dans-les-espaces-verts-et-les-jardins-714-cl.htm  39,90 euros
https://www.pictorialmeadows.co.uk/news/nigel-dunnett-discusses-pictorial-meadows/
https://www.trentham.co.uk/trentham-gardens/
https://www.nigeldunnett.com/a-barbican/

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